Oroshi n'est ni homme ni femme, il n'est qu'une existence qui a comme leitmotiv de faire disparaître le sang de celui qui l'a abandonné. Ses yeux sont des flammes qui illuminent même l'obscurité la plus profonde. Son corps est en réalité un crâne soutenu par un constant amas de vent à la forme humanoïde pourtant invisible. Il se recouvre d'une armure et drape celle-ci autour d'un voile de tissu. Il n'a plus d'humain que sa silouhette bipède, le regard et le visage inexistant.

u.c

De sa vie passée il était un archer à la silhouette élancée, préférant l'art et le théatre à la violence des combats armés. Dira-t-on si on se souvenait encore de lui qu'il était bon et charitable, artiste aux mains délicates en qui feraient la jalousie des concubines des seigneurs. Il était peintre et avait une vie des plus ordinaires; loin d'ignorer que de son talent ferait naître la plus vile des conspirations.


Aussi longtemps qu'il s'en souvenait, tetsuya ne dormait pas comme il ne s'était jamais éveillé. Après sa mort, il n'était plus qu'un amalgame de sentiments qui maintiennaient ses bras et ses jambes et ses yeux enflammés.

Il ne possèdait plus aucunes envies ni ambitions; seulement le désir de tuer tout ceux qui portaient encore le sang de ceux qui l'avait abandonné. Il ne possède ni malice, ni cruauté, mais ne peut plus comprendre l'empathie. Il n'est pas oeuvre charitable et préfère ignorer la détresse plutôt que la secourir. Il préfère le silence des cimes au bruit déconcertant de la ville. Tokyo et ses stroboscopes qui lui rappellait qu'il aurait du mourir il y a bien de longues années. Car il ne se sent et ne s'est jamais senti à sa place ici. Au fond, il aurait préféré la mort à une existence nourrie par la haine; mais après trois cents années d'errance il avait tant brûlé et maintenu ce brasier que l'abandon n'était plus une possibilité.

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Au tout début, sa quête de vengeance il la voyait comme une évidence. S'il s'était relevé après la mort, le souffle et les battements de son coeur pourtant absent, il l'avait vu comme un signe d'un dieu tout puissant. Croyant en une puissance suprême depuis sa jeune enfance, il s'était alors vu comme un apôtre qui se serait fait prendre de pitié pour son pauvre destin. Il était alors devenu un esprit errant terrifiant, nourri par cette quête sacro-sainte de vengeance assoiffée.

Si dieu l'avait sauvé, c'était pour qu'il se venge de celui qui l'avait jeté. Mais une fois arrivé sur les lieux, il avait déja rendu son dernier souffle, rendant alors toute cette quête qu'il s'était imaginée insensée. S'il était déja mort, sa ressurection divine n'avait donc aucun sens; son existence en avait-elle encore un? Il refusait de croire à ce qu'il soit devenu un fantôme errant, convaincu d'être un élu; il s'était alors fabulé un nouveau but : que la mort d'un homme était bien trop simple, et que pour se venger il suffisait alors d'éradiquer la moindre trace de son existence. En commençant par ses proches, puis par sa famille éloignée, Oroshi s'était assuré qu'il n'y avait plus aucun enfant qui descendrait de sa famille. Pourtant, après trois cent années il était encore vivant; c'est qu'il n'y avait qu'une seule raison à tout cela : il y avait encore des membres de son clan en vie.