Dans l'obscurité de la nuit, après une journée consacrée à l'apprentissage des bonnes manières et à la maîtrise du kendo, Miyuki décide de regagner sa chambre.

Enveloppée dans son kimono, elle se fraye un chemin à travers les pavillons caractéristiques de la demeure japonaise qui abrite sa vie. Traversant le pavillon principal, elle se trouve nez à nez avec le grand portrait de sa grand-mère.

Le tableau saisit l'essence de la femme qui portait le même nom qu'elle : Miyuki. Ce prénom était une tradition imposée à chaque membre de la famille héritant du pouvoir de la glace. Avant elle, c'était sa grand-mère qui avait été l'héritière de cette capacité extraordinaire, et avant cette dernière, elle aussi avait connu cette existence confinée.

Miyuki : Il est vrai que je lui ressemble énormément. Les cheveux d'un blanc éclatant, presque éthéré, et ces yeux d'un bleu semblable à la glace, presque identiques aux miens. Cependant, il semblerait que je sois plus grande qu'elle. Maman m'a raconté qu'elle était petite de taille. Elle maniait une lance de glace à son époque, tandis que moi, je préfère manier le katana. C’est surprenant de réaliser que, à travers les générations, je porte toujours les mêmes types de vêtements qu'elle : des kimonos et des tenues traditionnelles japonaises. Cela me donne l'air d'une apprentie samouraï, bien que, je l’avoue, j’ai préféré couper mes cheveux. C'est beaucoup plus pratique pour combattre, même si pour l’instant, je suis tellement confinée ici que je ne risque pas d’engager un combat de sitôt.

Le père de Miyuki entre dans la pièce. Il s'avance et entame la conversation en ajoutant quelques informations : "Bonsoir, ma chère. Tu contemples le portrait de ta grand-mère. Chaque fois que je te vois, elle me vient à l'esprit. Étrangement, tu portes son parfum, un mélange de jasmin et de Wattakaka sinensis. Bientôt, tu auras sa prestance et sa noblesse. Tu dois nous rendre fiers." Puis, il quitte la pièce. Miyuki laisse échapper un soupir, comme si elle pouvait enfin se tenir droite et respirer normalement.

Cher journal,

Je me sens complètement perdue, comme une feuille emportée par le vent, incapable de trouver un sol stable où atterrir. La révélation que ma vie entière n'est qu'un vaste mensonge, ourdi par ma propre famille, continue de tourmenter chaque fibre de mon être. Chaque moment, chaque souvenir, chaque leçon que j'ai reçue semble être façonné par des mensonges soigneusement tissés.

J'ai passé des années à voyager, à explorer un monde que je ne connaissais pas, espérant trouver des réponses, une once de vérité dans cette toile de mensonges. Ces voyages m'ont plongée dans une solitude déconcertante. Rencontrer différentes cultures n'a fait qu'accentuer mon sentiment de déracinement, comme si je ne pouvais jamais trouver ma place, comme si je ne savais même pas qui j'étais réellement.

Maintenant, je me retrouve contrainte, entraînée dans une spirale obscure alors que je rejoins un clan dont les intentions sont encore voilées de mystère. C'est un choix difficile, mais une voie que je me sens obligée d'explorer pour démêler les fils emmêlés de cette fausse vie.

Je me sens dépassée par la confusion, incapable de discerner la vérité dans cet océan de mensonges. La douleur d'avoir été dupée par ma famille me ronge de l'intérieur, me laissant dans un état de méfiance, de colère et de tristesse. J'aimerais comprendre, trouver un sens à tout cela, mais pour l'instant, je me sens simplement perdue, cherchant désespérément une lueur de vérité dans l'obscurité de cette situation.

À bientôt,
Miyuki

Je suis né dans un temple isolé, entouré de membres de mon clan, les Kori, dévoués aux pratiques occultes et à la maîtrise de la glace. Dès ma naissance, j'ai été élevé loin du monde extérieur, caché derrière un voile mystique, ignorant tout de la réalité au-delà de ce rideau.

Grandissant dans ce temple, j'ai été maintenu dans l'ignorance totale de la technologie moderne, des avancées du monde, et même des aspects les plus basiques de la vie en dehors de cet endroit clos. J'ai été élevé selon les traditions ancestrales de mon clan, préparé à devenir l'héritier des pouvoirs occultes de glace.

Mon existence était cloîtrée, passée à étudier les arts anciens, à maîtriser mes pouvoirs glaciaux sous la tutelle des anciens membres du clan. J'étais tenue à l'écart du monde réel, limitée à une connaissance du monde extérieur basée sur des légendes et des récits de mon clan.

Cependant, à l'âge de 17 ans, un événement inattendu s'est produit. Un jour, le rideau cachant la réalité du monde extérieur s'est déchiré accidentellement, me permettant de voir au-delà de ce que je connaissais. Cela a bouleversé complètement ma perception du monde. J'ai découvert un monde vaste, peuplé, et surtout, d'une richesse impressionnante.

La réalité m'a frappé de plein fouet : je ne m'attendais pas à ce que le monde soit si vaste, si peuplé, si diversifié. Cette révélation a été un choc pour moi, remettant en question tout ce que j'avais appris et cru jusque-là. Je me sentais complètement perdue, démunie dans un monde que j'ignorais et ne comprenais pas.

J'ai alors compris certaines choses en menant l’enquête : mon clan travaillait en secret avec le culte astral, une organisation ayant pour but de répandre les fléaux sur terre. Cette découverte m'a révoltée. J'ai réalisé mon "rôle" dans tout ça : être une façade pour que mon clan conserve une bonne réputation, leur permettant de manœuvrer en secret. J'ai compris pourquoi j'étais placée si haut dans ma famille, je suis l'arbre qui cache la forêt.

Ce moment a été crucial dans ma vie, marquant le début de ma quête pour découvrir la vérité sur les fléaux, sur mon clan et sur le monde extérieur que j'ignorais jusqu'à présent.

Après avoir découvert la vérité sur les pratiques sinistres de mon clan, j'ai ressenti une révolte intérieure inébranlable. Déterminée à ne plus être complice de telles atrocités, j'ai pris la décision courageuse de fuir. C'était un acte audacieux, mais c'était ma seule option pour découvrir la réalité de ce monde qui m'avait été caché.

Dès que j'ai eu l'opportunité, je me suis échappée du temple, traversant le voile mystique qui me tenait captive, m'engageant ainsi dans un périple vers l'inconnu.

Au début, ce fut un choc. Le monde extérieur était écrasant, vibrant, et je me suis retrouvée confrontée à une multitude de sensations nouvelles et étrangères. Tout m'était étranger, depuis les sons assourdissants des villes jusqu'aux lumières éclatantes des rues animées. Les technologies modernes m'effrayaient et me fascinaient à la fois, m'envahissant d'une curiosité sans bornes.

J'ai ressenti une vague de solitude profonde, me sentant étrangère parmi la foule anonyme. Pour la première fois de ma vie, je n'avais plus de repères. J'étais désorientée, incapable de comprendre les interactions sociales, de saisir les subtilités de la vie quotidienne.

Pourtant, au fil de mes voyages, j'ai commencé à m'adapter petit à petit. J'ai appris à me débrouiller, à me fondre dans la masse tout en préservant mon individualité. J'ai rencontré des gens, échangé avec eux, découvert des cultures variées, ce qui m'a permis de voir la beauté du monde malgré ses côtés sombres.

Mes expériences m'ont transformée. J'ai été touchée par la bienveillance de certaines personnes rencontrées en chemin, bouleversée par leurs histoires, leur humanité me rappelant la mienne. J'ai commencé à aimer les petites choses simples de la vie, à apprécier les sourires chaleureux des étrangers, les paysages majestueux, et même les différences culturelles qui enrichissaient mon parcours.

Au fil du temps, j'ai réalisé que malgré ma fuite et mon rejet du clan, une partie de moi restait attachée à mes racines, à ma formation, à mes pouvoirs. J'ai commencé à explorer et à perfectionner mes capacités de manipulation de la glace, les améliorant pour me défendre, mais aussi pour protéger ceux que je rencontrais en chemin.

Cependant, malgré ma découverte du monde extérieur et des merveilles qu'il renfermait, la quête de vérité sur les fléaux et sur les pratiques de mon clan persistait. Mon cœur restait troublé par les horreurs auxquelles j'avais été exposée.

Après avoir voyagé pendant des mois à travers des contrées diverses, je suis arrivée à Moscou, la capitale de la Russie. J'avais à peine commencé à me familiariser avec cette nouvelle atmosphère lorsque survint un événement qui bouleversa mon voyage.

Un fléau de rang 2, bien plus puissant que tout ce à quoi j'avais été confrontée jusque-là, attaqua soudainement. La confrontation fut intense, me plaçant dans une situation désespérée. Mon manque d'expérience face à un ennemi aussi redoutable faillit me coûter la vie. J'ai lutté avec acharnement, mais le fléau était implacable, prêt à m'anéantir.

C'est à ce moment critique qu'un exorciste chevronné, du nom de Takeshi Miyamoto, intervint pour me sauver. Avec une maîtrise exceptionnelle des pouvoirs occultes et une connaissance approfondie des fléaux, il parvint à repousser l'entité maléfique, évitant ainsi la catastrophe imminente.

Touché par ma détermination à me défendre malgré ma situation périlleuse, Takeshi décida de me prendre sous son aile. Il comprit la nécessité de guider cette jeune exorciste inexpérimentée, reconnaissant mon potentiel et désireux de me former pour que je puisse me défendre plus efficacement contre les fléaux.

Avec patience et bienveillance, Takeshi m'initia aux arcanes de l'occulte, partageant son savoir-faire, m'aidant à développer mes compétences et à renforcer mes pouvoirs de glace. Il devint mon mentor, m'apprenant les subtilités des combats occultes, mais aussi les valeurs fondamentales de protection des êtres innocents.

Le lien entre nous se renforça au fil du temps. Je commençai à voir en Takeshi bien plus qu'un mentor, mais un protecteur bienveillant, un guide qui me montrait la voie vers la maîtrise de mes dons tout en m'offrant un soutien moral et une amitié précieuse.

Après des mois passés sous la tutelle bienveillante de Takeshi, je commençai à me sentir plus confiante dans ma maîtrise de mes pouvoirs. J'avais trouvé en lui non seulement un mentor, mais un ami précieux, une présence rassurante dans ce monde tourmenté.

Cependant, notre tranquillité fut brutalement interrompue lorsque les ombres de mon passé refirent surface. Les membres de mon clan, déterminés à me ramener au sein de leur communauté, me retrouvèrent à Moscou. C'était un jour sombre où ma sécurité et ma quiétude furent fracassées par le retour de mon passé.

Sous la direction d'une haute figure de mon clan, ils m'encerclèrent, réclamant mon retour. Envahie par une myriade d'émotions contradictoires, je ressentis la douleur déchirante de me séparer de Takeshi, de l'amitié que nous avions construite, de tout ce que j'avais appris, aimé et espéré.

Le cœur serré, les larmes aux yeux, je fis face à Takeshi. "Takeshi-san," murmurai-je, la voix teintée de tristesse et de résignation. "Je ne sais pas comment exprimer ma gratitude pour tout ce que vous avez fait pour moi. Vous avez été ma lumière dans cette obscurité, ma force quand j'étais faible. Vous m'avez montré la voie, et pour cela, je serai éternellement reconnaissante."

Mes mots étaient empreints de détresse, d'un adieu difficile, d'une nécessité que je ne voulais pas accepter. Je lui serrai la main avec ferveur, l'expression de mon chagrin et de ma reconnaissance mêlés dans ce geste simple mais significatif.

Takeshi, le visage empreint de compassion, m'offrit un sourire empreint de réconfort. "Aisuru, tu es une personne remarquable, pleine de potentiel. Ne laisse jamais qui que ce soit te dicter qui tu dois être. Suis ta propre voie, trouve la vérité qui te résonne. Tu es plus forte que tu ne le crois."

Notre moment d'adieu fut interrompu par l'insistance des membres du clan. Malgré la douleur de la séparation, je me résolus à partir, sentant que je n'avais pas le choix pour le moment. Je promis à Takeshi que je reviendrais, que notre lien ne serait pas brisé malgré la distance imposée.

Les membres du clan m'emmenèrent, laissant derrière moi le seul véritable foyer que j'avais connu ces derniers temps, plongée dans une mer de sentiments confus, déterminée à trouver des réponses, mais brisée par la séparation d'avec celui qui avait été mon guide.

Après mon retour forcé au sein de mon clan, j'ai découvert qu'une certaine liberté m'était accordée. Les membres du clan semblaient me surveiller de loin, tout en m'offrant une marge de manœuvre plus grande, probablement pour s'assurer de mon allégeance. À l'âge de 21 ans, j'avais déjà acquis une certaine maîtrise de mes pouvoirs glaciaux.

Cependant, tout a changé lorsque j'ai découvert l'existence de l'Ordre Occulte, une organisation opposée à la fois à mon clan et au culte astral. Leur objectif radical était de détruire l'humanité pour éradiquer complètement les fléaux. Pour moi, cette idée était extrême, mais je partageais leur désir ardent d'éliminer les fléaux qui avaient causé tant de souffrance et que j’avais vus durant mes voyages.

Cette contradiction morale m'a plongée dans une profonde réflexion. Bien que je ne sois pas en faveur de la destruction de l'humanité, l'idée de voir les fléaux disparaître à tout jamais m'attirait irrésistiblement.

Dans un acte de trahison envers mon clan et le culte astral, j'ai pris la décision de rejoindre l'Ordre Occulte. J'ai jonglé pendant un certain temps entre les deux camps, jouant un double jeu, mais je me suis finalement sentie attirée par la perspective de faire partie de cette organisation, convaincue que c'était la meilleure chance de mettre fin à la menace des fléaux sans causer la destruction de l'humanité entière.

Sachant que l'Ordre Occulte regorgeait d'exorcistes puissants, j'ai anticipé que ma famille n'oserait pas tenter de me récupérer de force, du moins pas pour l'instant. Avec détermination, j'ai pris la décision de m'engager pleinement dans cette voie, consciente des risques et des défis auxquels je ferais face, mais déterminée à trouver une solution pour éradiquer les fléaux sans sacrifier l'humanité.

Mon choix était fait. J'avais choisi mon camp, mais j'ignorais encore les conséquences de cette décision et les péripéties qui m'attendaient dans cette voie où les lignes entre le bien et le mal semblaient de plus en plus floues.