Son visage, sculpté par le temps et les épreuves, reflète une maturité précoce. Les lignes autour de ses yeux témoignent de sourires passés, mais aussi de souffrances endurées. Ses yeux de couleur parme , captivent quiconque a l'audace de croiser son regard. Ses cheveux, d'une blancheur immaculée coiffés en un undercut sophistiqué, exprime la froideur du blanc qui contraste avec le coeur bouillonnant de Takeshi.

Son teint délicat et d'une teinte de miel, évoque ses racines venues de l'autre bout du monde. Sa carnation révèle une résilience forgée dans les feux de l'adversité. Il est habituellement vétû d'un tailcoat aux motifs floraux noirs d'une conception raffinée, enveloppe son corps avec une élégance éthérée. Chaque couture, chaque pli, semble narrer une épopée singulière, comme si le tissu lui-même portait la mémoire de batailles endurées et de triomphes silencieux.

Les éclats métalliques des boucles d'oreilles de Takeshi, inspirées du Hanafuda, suspendent des symboles intemporels au-dessus de ses épaules. Chaque pétale évoque une saison différente de son existence, et les feuilles éternellement vertes semblent symboliser une résilience qui transcende les cycles du temps. Ces joyaux délicats scintillent telles des étoiles lointaines avec la fleur de cerisier symbole d'une amitié perdue. Sa démarche, à la fois calme et déterminée, suggère une autorité née de l'expérience, et chaque geste semble être une déclaration silencieuse de sa puissance contenue. Ses mains, agiles et fortes, portent les stigmates de l'entraînement régulier et des confrontations avec des forces surnaturelles.

Élevé dans une atmosphère où le surnaturel se mêlait à la réalité quotidienne, Takeshi a dû faire face à une discrimination implacable au sein de sa propre famille exorciste. Les murmures méprisants, les regards en coin, les insinuations subtiles ont forgé les premières notes d'une mélodie discordante qui résonne encore dans son esprit. Pour lui, la crainte de décevoir est née des épisodes douloureux où il a été rejeté, non pas en raison de ses compétences ou de sa détermination, mais en raison de ses origines diverses.

Dans ce microcosme exorciste, Takeshi s'est trouvé au centre d'une danse complexe entre son désir ardent d'appartenir et la réalité cruelle de l'ostracisme. Sa vie est une toile tissée de contradictions, un kaléidoscope d'expériences qui ont laissé des cicatrices invisibles mais profondes sur son âme. À travers ses yeux, nous pouvons explorer les nuances de la condition humaine, les lueurs de résilience face à l'adversité, mais aussi les ombres de la vulnérabilité qui se cachent derrière un masque façonné par la nécessité.

Derrière cette façade, Takeshi dissimule une lutte intérieure, un dialogue silencieux entre sa volonté d'être fort et la fragilité de son être. Sa determination est semblable à une flamme vacillante qui coexiste avec la perdition de être, comme les vagues inconstantes d'un océan intérieur insondable. Sa psyché est une mosaïque complexe de sentiments refoulés, de peurs enfouies sous des couches de détermination affichée.

Takeshi oscille entre résilience et vulnérabilité, une énigme émotionnelle qui défie toute simplification. Il porte en lui une haine bouillante, non dirigée contre autrui, mais plutôt contre les circonstances de sa vie qui l'ont sculpté de manière si complexe. Sa nature instable tend vers la violence, une violence qu'il tente constamment de réprimer.

Sa détermination émerge comme un phare, guidant son chemin au travers des vicissitudes de son passé. Takeshi s'accroche à cette mentale comme à une bouée de sauvetage dans les eaux troubles de sa vie. C'est une force indomptable qui le pousse à avancer malgré les vents contraires, à relever le défi de chaque jour avec une résolution farouche.

Au cœur de cette quête intérieure, Takeshi essaie de développer sa maîtrise de soi, grâce une volonté farouche de contrôler son destin au milieu des tempêtes émotionnelles. Pour l'instant sela se résulte a une inclination pour la solitude, pour porter seul le fardeau de ses émotions. Cette tendance est le reflet de sa quête silencieuse de stabilité dans son monde régit par la frustration et la violence.

Sa peur de décevoir et son désir profond d'appartenance s'entrelacent comme les fils d'une danse complexe. Au cœur de ce tourbillon émotionnel, une caractéristique singulière émerge : Takeshi ressent désespérément le besoin d'une famille. C'est une aspiration profonde, ancrée dans son être comme une racine cherchant un sol fertile. La quête de cette famille, de cette unité qui transcende les liens sanguins, est le fil conducteur qui guide Takeshi à travers les méandres de son existence.

Cette quête incarne la beauté brisée d'un individu qui aspire à être compris.

Takeshi Ahaad émerge comme une étoile singulière, une lumière née d'une union interdite. Les origines de sa saga familiale sont tissées dans un kaléidoscope de cultures disparates, où les fils de l'Algérie se mêlent à l'étoffe exquise du Japon. Un mariage non conventionnel, une alliance audacieuse entre deux âmes épris d'un amour qui transcende les frontières culturelles, comme une échappée poétique dans un monde empreint de mystère.

Les voiles de l'interdit flottent dans l'air, tandis que le souffle des amants emprisonne l'atmosphère de leur passion défiant les conventions. Le père de Takeshi, un homme aux yeux empreints de désert, porte sur ses épaules les cicatrices d'un passé lointain. Son amour pour la mère de Takeshi, une exorciste aux traits japonais délicats, transcende les barrières érigées par les traditions.

Cependant, le clan, gardien vigilant des traditions anciennes, découvre les éclats de cette idylle transgressive. Comme des marionnettistes manipulant les fils de leur destins, ils condamnent cette union, jetant la mère de Takeshi dans les abysses.

Takeshi, l'enfant issu de cette union proscrite, grandit dans les méandres de la désapprobation. Le regard froid du clan, tel un blizzard glacial, s'abat sur lui, transformant son enfance en un hiver perpétuel. Les murmures méprisants, les regards dédaigneux, chaque brise de mépris devient une épine dans le cœur du jeune garçon. Il navigue à travers son existence comme une âme égarée dans un désert de désapprobation, cherchant un oasis d'acceptation.

Les figures artistiques des couloirs du clan s'étendent devant lui, mais il est exclu de ce labyrinthe sacré. Les portes se referment comme des paupières hostiles, isolant Takeshi dans l'obscurité des rejets. Sa mère, repoussée par les siens, lui offre un amour teinté de chagrin. Chaque étreinte maternelle devient un remède contre le froid de l'ostracisme.

Les traits métissés de Takeshi, perçus comme une anomalie, attiraient l'animosité constante de son entourage. Les moqueries et les regards condescendants étaient son lot quotidien, une cacophonie d'indignités à laquelle il ne pouvait échapper. Ses cousins du même âge, au lieu d'être des compagnons de jeu, devinrent les instruments d'une exclusion cruelle. Dans cet univers familial étroit, Takeshi était le paria, condamné à être traité avec mépris.

La cour du clan, habituellement remplie des rires d'enfants, était un lieu interdit pour Takeshi. Les jeux auxquels il n'était pas invité étaient les rites d'une exclusion persistante, les rites de passage qui le maintenaient aux marges de l'acceptation. Le jeune garçon cherchait refuge dans les coins oubliés du sanctuaire, cherchant solace dans les ombres où il était invisible.

Le père de Takeshi, déchu mais inflexible, tentait d'être son rempart contre cette tempête de rejet. Elle l'entourait d'un amour protecteur, lui murmurant des histoires d'espoir, d'une étoile métisse destinée à briller malgré l'obscurité. Elle était son havre, pansant les blessures invisibles avec des mots de réconfort.

Un après-midi, Takeshi, cherchant refuge sous l'ombre d'un cerisier ancestral du sanctuaire, fut surpris par la présence d'un jeune garçon aux yeux compatissants. Le cousin plus jeune, Yukio, semblait décidé à briser la chaîne d'hostilité qui entourait Takeshi. Avec un sourire chaleureux, il s'approcha et lui tendit une branche de cerisier en fleurs.

"Tu aimes les cerisiers, Takeshi ?" demanda Yukio d'une voix douce, brisant la glace entre eux.

Intrigué et ému par cette soudaine bienveillance, Takeshi hocha la tête, incapable de trouver les mots. Yukio s'assit à ses côtés, partageant le simple plaisir de contempler les pétales rosés se détacher et flotter dans la brise légère. Pour la première fois, Takeshi ressentit une connexion sincère, une étincelle d'amitié dans cet océan d'indifférence.

"Tu ne devrais pas parler avec moi, tu va te faire punir." retorqua Takeshi

Yukio, cependant, ne se laissa pas décourager. Son sourire persista, empreint d'une innocence qui ignorait les barrières sociales imposées par le clan. "On ne devrait pas se faire punir pour être amis, Takeshi. Regarde, les pétales tombent pour renaitre, c'est un peu comme accepter de perdre quelque chose pour gagner non ?"

Takeshi, bien que méfiant, ne pouvait s'empêcher de trouver une certaine sagesse dans les paroles simples de Yukio. Les deux enfants, âgés de seulement sept ans, partagèrent ce moment sous le cerisier, observant les pétales virevolter dans l'air.

Les deux garçons grandirent, partageant leurs rêves, leurs espoirs et leurs peurs. Les pétales du cerisier étaient témoins de leur complicité, de leur rire enfantin résonnant parmi les branches. La fraternité qui se développait entre Takeshi et Yukio était une fleur rare, éclose malgré les terres hostiles de la désapprobation.

Cependant, alors que Takeshi s'efforçait de maintenir ce lien clandestin, la pression des responsabilités familiales et les attentes du clan pesaient de plus en plus sur ses épaules. Les rencontres secrètes devinrent moins fréquentes, comme des étoiles filantes disparaissant dans l'obscurité de la nuit.

Le cœur de Takeshi s'alourdissait à mesure que Yukio, autrefois proche, semblait s'éloigner. Des barrières invisibles se dressaient entre eux, et l'amitié qui avait été leur refuge se dissolvait peu à peu comme du sable entre les doigts. Takeshi ressentait la distance grandissante, mais il ne pouvait pas comprendre les raisons qui éloignaient son ami.

Un jour, Takeshi attendait sous le cerisier, espérant une rencontre qui semblait de plus en plus incertaine. Quand Yukio arriva enfin, son sourire d'autrefois avait perdu de son éclat, et ses yeux exprimaient une tristesse que Takeshi ne comprenait pas.

"Takeshi, il faut que l'on arrête de se voir ainsi," déclara Yukio d'une voix empreinte de douleur, comme si chaque mot était une épine dans son cœur.

"Pourquoi ?" demanda Takeshi, désemparé. "Qu'est-ce qui se passe ?"

"Je suis prédestiné à devenir le prochain maître de la famille, Takeshi. Si je veux être l'héritier, je ne peux plus fréquenter un bâtard comme toi," expliqua Yukio, ses yeux évitant le regard de Takeshi.

La réalité s'abattit sur Takeshi comme une vague glaciale. La cruelle hiérarchie sociale et les préjugés du clan avaient réussi à fracturer l'amitié qui avait été leur havre de paix. Le cerisier, autrefois témoin de leur complicité, semblait pleurer des pétales fanés, reflétant la tristesse dans le cœur de Takeshi.

"Yukio, pourquoi te caches-tu derrière cette façade ?" demanda Takeshi, ses yeux reflétant une douleur profonde.

Yukio baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de son ami.

"Tu préfères ta carrière à notre amitié ?" s'exclama Takeshi, sa voix trahissant à la fois de la déception et de l'amertume. "Je suis vraiment aussi maudit que ça pour que ma seule présence t'empêche de t'élever !?"

Yukio se raidit, ses épaules tendues sous le poids des choix difficiles. "Ce n'est pas aussi simple, Takeshi. Tu ne comprends pas les responsabilités qui pèsent sur moi."

"Non, je ne comprends pas !" répliqua Takeshi, sa voix empreinte de colère contenue. "Je ne comprends pas comment tu peux abandonner notre amitié comme si elle n'avait jamais eu d'importance."

La dispute s'intensifia, les paroles acerbes volant entre eux comme des flèches empoisonnées. Les rires complices et les secrets partagés semblaient s'effacer, remplacés par une réalité amère. Takeshi, blessé dans son orgueil et sa dignité, ressentait l'abandon de Yukio comme une trahison personnelle.

Finalement, Yukio, ne supportant plus la tension, déclara d'une voix résolue : "Peut-être que tu ne comprends pas, Takeshi, mais je ne peux pas ignorer mon destin. "

Le cerisier, témoin silencieux de leur histoire, sembla pleurer des pétales.

"Je ne veux pas que notre amitié compromette ton avenir," affirma Takeshi, sa voix brisée. "C'est mieux ainsi, Adieu."

Les adieux résonnèrent dans l'air comme un écho douloureux. Takeshi, abandonné sous le cerisier qui avait été le témoin de leur amitié, se sentit comme une étoile éteinte dans une nuit sans fin. La distance entre eux était devenue insurmontable, et le poids de l'interdit avait transformé leur oasis secrète en un désert de solitude.

Les années qui suivirent cette douloureuse séparation furent comme une toile tissée de larmes et de solitude pour Takeshi.  La froideur du clan exorciste ne fit que s'accentuer, accentuant son isolement. Les regards méprisants, les chuchotements dédaigneux l'assaillirent, mais Takeshi préféra enfouir sa douleur au plus profond de lui-même. Il avait appris à masquer ses cicatrices, à dissimuler son mal-être derrière un masque d'indifférence.

Chaque larme versée était une goutte d'eau irriguant le jardin de sa résilience. Les années passaient et Takeshi devenait une fleur courageuse dans un jardin de préjugés, cherchant la lumière même au cœur de l'ombre.

Les échos de la dispute avec Yukio résonnaient encore dans son esprit, créant une fissure invisible dans son âme. La haine bouillante, autrefois contenue, commença à émerger comme une marée montante. Takeshi se surprit à ressentir une colère irrationnelle envers ceux qui le traitaient avec mépris, un feu intérieur qui menaçait de le consumer.

Quand un beau jour

Le sanctuaire était baigné par la lueur douce du crépuscule, les pétales de cerisier prenant des teintes rosées sous le dernier souffle du jour. Takeshi se tenait devant la tombe de son père, les yeux empreints de tristesse contenue. Son père, l'homme qui avait incarné la moitié de ses origines, avait été emporté par la mort dans des circonstances mystérieuses, laissant derrière lui un fils orphelin de réponses.

Le deuil pesait sur Takeshi comme un manteau lourd, mais l'absence de réconfort familial rendait le fardeau encore plus écrasant. Sa mère, dévastée par la perte de son époux, s'était tournée vers le clan exorciste pour trouver du réconfort. Une décision qui scellerait le destin de Takeshi dans les ténèbres de l'injustice.

Les regards froids et les murmures étouffés qui l'accueillaient chaque jour dans le sanctuaire n'étaient rien comparés à la négligence grandissante de sa propre mère. Elle, qui aurait dû être son roc dans la tempête, était devenue une étrangère, obnubilée par son chagrin et la quête de réponses à la mort de son mari. Takeshi se retrouvait de plus en plus isolé, laissé à la merci d'une famille qui ne voyait en lui qu'un fardeau.

La tristesse initiale qui enveloppait Takeshi laissa place à une colère sourde, une rage qui grandissait au fil des jours. Les humiliations infligées par ses cousins du même âge devinrent monnaie courante, et chaque sourire ironique, chaque commentaire méprisant, creusait un peu plus profondément les cicatrices de son âme. Pour eux, Takeshi était l'étranger, l'indésirable, le bâtard à la lisière de leur monde pur.

Un jour, alors que le crépuscule teintait le sanctuaire d'une lumière dorée, Yukio se retrouva seul avec Takeshi sous le cerisier qui avait été le témoin de leur passé. Il n'y avait pas de paroles, seulement un échange de regards empreints de nostalgie et de regret. Yukio tendit une branche de cerisier en fleurs à Takeshi, un geste qui évoquait leur amitié perdue. Mais, au lieu de réconfort, cela raviva la douleur dans le cœur de Takeshi.

"Tu as changé, Takeshi," murmura Yukio, sa voix oscillant entre la tristesse et la détermination.

Le silence persista, pesant comme un fardeau sur leurs épaules.

Takeshi, les yeux perçants, déclara d'une voix cinglante  "Alors, Yukio, tu es venu ici pour me montrer à quel point tu es désolé ?"

La tension dans l'air était presque tangible, et les pétales de cerisier semblaient tomber plus lentement, comme si le temps lui-même retenait son souffle.

"Les choses ont changé, et nos chemins se sont séparés." commença Yukio, choisissant ses mots avec une prudence mesurée.

"Ah, bien sûr, les choses ont changé," rétorqua Takeshi d'un rire amer. "Toi, tu as choisi ton destin, et moi, je suis resté ici à ramasser les morceaux."

Yukio, crispé, ne put réprimer un froncement de sourcils. "Je n'ai pas le luxe de me permettre d'être différent. J'ai une responsabilité envers ma famille."

Le vent s'était levé, faisant danser les pétales de cerisier entre eux comme des spectateurs anxieux de la confrontation qui se déroulait sous leurs branches. Takeshi, dans une explosion de rage, saisit un objet à portée de main et le lança avec force, le projetant dans l'air avec une fureur contenue.

"Responsabilités ?" ricana Takeshi. "J'ai cru que tu étais différent, Yukio. Mais tu n'es qu'un lâche qui se cache derrière des traditions dépassées."

Yukio baissa les yeux, incapable de soutenir le regard intense de Takeshi.

La tension entre eux était comme une corde prête à se rompre. Takeshi, ne pouvant plus contenir sa colère, se laissa emporter par un accès de rage. Il frappa violemment le cerisier laissant la marque indélébile de ses sentiments.

En guise de réponse Yukio se contenta de tourner les talons. Ses pas résonnèrent légèrement sur le sol, s'éloignant lentement du cerisier qui avait jadis abrité l'innocence de leur amitié. Takeshi, resté seul, ressentit une solitude glaciale s'installer autour de lui, une solitude teintée d'une tristesse profonde.

Le crépuscule enveloppa le sanctuaire d'une obscurité douce, faisant des pétales de cerisier des silhouettes fantomatiques dans l'air. Takeshi, délaissé par son ami d'enfance, se laissa tomber à genoux, sa colère se dissipant dans la détresse. Le cerisier, témoin muet de leur drame, laissa échapper ses dernières larmes florales, une pluie silencieuse sur l'histoire brisée.


Le cimetière était baigné dans une lueur pâle de la lune, laissant entrevoir les tombes alignées comme des sentinelles silencieuses. Takeshi se tenait devant la pierre tombale de son père, une bougie vacillante à la main. Les souvenirs empreints de chaleur et de rires partagés dans leur modeste demeure flottaient dans son esprit, contrastant cruellement avec la froide réalité de la tombe. Les pétales de cerisier tombaient lentement, comme des larmes silencieuses, ajoutant une touche de mélancolie à la scène.

La douleur dans le cœur de Takeshi se mêlait à une rancœur grandissante envers la famille qui l'avait rejeté. Le sentiment d'abandon, exacerbé par la perte de son père, se transformait en une haine bouillante, une force obscure qui prenait racine au plus profond de son être. Il serrait les dents, refoulant cette colère qui menaçait de submerger sa raison.

Soudain, un frémissement sinistre agita l'air, faisant voler les pétales autour de Takeshi. Une présence maléfique s'insinuait dans le cimetière, soulevant des ombres parmi les tombes. Le vent murmura un avertissement silencieux, mais Takeshi était trop absorbé par sa propre douleur pour le remarquer.

Le sol trembla sous un rugissement sourd, et une figure éthérée émergea de la tombe .  Une créature dont les yeux étaient vides, imprégnés d'une obscurité maléfique.  Les entrailles de Takeshi se nouèrent, confronté à la manifestation d'une tragédie qu'il avait espéré ne jamais vivre.

Ce n'est pas réel, ce n'est pas mon père," chuchota-t-il pour se convaincre lui-même, mais la terreur qui tordait son estomac disait le contraire.

Il se précipita en arrière, trébuchant sur une tombe. Il sentit la terre froide sous ses mains, laissant la colère refouler sa peur.

La créature avançait lentement, ses mouvements saccadés et dépourvus de la grâce humaine. Le père de Takeshi, désormais transformé en un fléau animé par des énergies négatives, se dressa devant lui sous une forme à la fois familière et déformée. L'aura maléfique qui l'entourait donnait à sa silhouette une teinte sombre et menaçante, comme si la douleur et la colère qui avaient marqué sa vie s'étaient incarnées dans cette créature.

Takeshi..." murmura le fléau d'une voix déchirée, les échos de la vie passée se mêlant à la menace présente.

Takeshi, bien que terrifié par cette transformation macabre de son père, sentait également une lueur de l'homme qu'il avait connu. Une connexion spirituelle persistait entre eux, comme une mince corde qui liait l'âme de son père à cette créature déformée.

Le fléau émit un grognement guttural, une réponse indistincte qui résonnait comme un écho lointain. Les énergies négatives qui l'animait semblaient fusionner avec ses paroles, créant une aura d'hostilité palpable. C'était comme si une force étrange le poussait à survivre, à lutter contre cette aberration qui avait été son père.

"Je ne t'abandonnerai pas," murmura Takeshi, luttant contre la douleur de l'effort. "Pas une seconde fois."

Le fléau rugit, sa forme se tordant dans une rage impie. Il chargea Takeshi, déchaînant une force spectrale. Takeshi, instinctivement, leva la main, comme si une force invisible le guidait. Une lumière éthérée émana de ses doigts, créant une barrière d'énergie occulte.

Le choc entre le fléau et la barrière fit trembler le cimetière, des échos surnaturels résonnant entre les tombes. Takeshi sentit la pression intense, la lutte pour maintenir la barrière menaçant de le submerger. La scène était devenue une danse entre deux forces opposées, une lutte pour la survie qui transcendait le monde des vivants.

"Vengeance... paix," marmonna le fléau.

Takeshi, hésitant, se demanda s'il pouvait vraiment sauver l'âme de son père ou si la créature ne faisait que simuler une émotion qui lui était étrangère.

Takeshi, puisant dans une force intérieure qu'il ne comprenait pas, canalisa l'énergie occulte à travers ses mains tremblantes. L'énergie libérée se matérialisa en une rafale obscure qui au contact de la barrière se transforma en un rayon de lumière.  Une lueur vive illumina le cimetière, contrastant avec l'obscurité qui tentait de l'engloutir frappant le fléau de plein fouet. Takeshi s'effondra, épuisé par la confrontation avec le surnaturel.

Le fléau réagit violemment, un trou dans son corps témoignait d'une douleur indicible. Il avança d'un pas, ses mains griffues s'étendant vers Takeshi. L'aura maléfique qui l'enveloppait semblait prête à dévorer toute l'humanité résiduelle qui pouvait subsister en lui.

Soudain, une silhouette inconnue émergea des ténèbres.

Ses yeux bleus perçants la nuit, il se tenait là, évaluant la scène avec une froideur calculatrice. Une énergie occulte émanait de lui, formant une barrière invisible entre lui et le fléau. Sans un mot, Armando concentra cette énergie dans son poing et, d'un mouvement précis, frappa le fléau en plein cœur.

Le cri du fléau résonna dans la nuit, une agonie palpable à mesure que l'énergie occulte d'Armando pénétrait ses entrailles. Le fléau vacilla, puis s'effondra dans un tourbillon de ténèbres dissipées.

Takeshi, les yeux embués de larmes, observait la scène avec une mixture d'espoir et de désespoir. L'agonie du fléau était palpable, mais au fond de cette douleur, une lueur familière persistait. Les yeux de son père, redevenus humains, le fixaient avec une gratitude teintée de tristesse.

L'homme s'approcha de Takeshi, son regard perçant la nuit.

"Tu es hors de ta ligue, gamin. Apprends à maîtriser cette force, sinon tu te perdras dans les ténèbres que tu cherches à combattre," déclara-t-il d'un ton neutre.

Sans attendre de réponse, l'homme s'éloigna brièvement dans l'obscurité, laissant Takeshi avec le poids de son nouveau destin. Le jeune exorciste, épuisé et tourmenté, sentit une main le soulever doucement.

Alors que Takeshi gisait presque inconscient sur le dos de son sauveur, son regard tourmenté cherchant des réponses dans le ciel étoilé, une question émergea de ses lèvres tremblantes.

"Qui es-tu?" demanda Takeshi, la voix à peine audible, un murmure dans l'obscurité de la nuit.

Portant le fardeau de Takeshi avec une aisance apparente, esquissa un sourire léger. "Un autre métisse qui cherche à faire son trou à Kyoto," répondit-il d'une voix calme, dénuée d'émotion. "Et toi, Takeshi, tu es celui qui vient de découvrir que le monde est bien plus sombre qu'il n'y paraît."

Quatre années s'étaient écoulées depuis cette nuit fatidique au cimetière, où Takeshi avait affronté les ténèbres sous le regard vigilant de son parrain. La vie de Takeshi avait subi une transformation profonde, marquée par la douleur, la perte, mais aussi par la découverte de sa propre force intérieure.

Le jeune homme, qui avait survécu à l'obscurité de son passé, se tenait maintenant devant les majestueuses portes de l'École d'Exorcisme de Kyoto. L'air était imprégné d'une énergie surnaturelle, et le sanctuaire éducatif semblait vibrer d'une aura mystique. Takeshi poussa les grandes portes, marquant son entrée dans un monde où les démons et les esprits maléfiques étaient apprivoisés par la volonté des exorcistes.

Son regard déterminé, reflétant la résilience forgée au fil des années, scannait chaque recoin de l'école. Les visages des étudiants curieux se tournaient vers lui, certains dégageant une aura de respect, d'autres jetant des regards méfiants à l'intrus. Takeshi, cependant, ne se laissait pas déstabiliser par les regards scrutateurs.

Au loin se tenait, l'homme qui avait croisé le destin de Takeshi lors de cette nuit traumatisante. En tant que parrain et guide, qui avait enseigné à Takeshi non seulement les arts exorcistes, mais aussi la maîtrise de ses émotions tumultueuses. Son regard , empreint de fierté et d'approbation, suivait Takeshi alors qu'il s'avançait dans la cour de l'école.

Fin

PS : le lien discord ne marche pas chez moi