Amanohashidate, réputé comme le "Pont vers le Paradis", déployait son éclat majestueux. C'était un endroit vénéré par beaucoup, un lieu où le temps semblait se diluer dans la contemplation profonde. Au cœur de cette scène, Takeshi, enveloppé par la lueur douce de la lune, marchait lentement, ses pas résonnant comme une mélodie discrète dans le silence de la nuit.
La langue de terre étirant sa forme élégante au-dessus des eaux calmes, était réputé pour être une passerelle vers des sphères divines. La plage, caressée par des vagues douces, murmurait aux divins, tandis que le vent marin transportait le parfum salé de l'océan, emplissant l'air de son essence vivifiante. Les étoiles éparpillés à travers la voûte céleste, témoignaient silencieusement des siècles d'histoires et de légendes.
Le ciel nocturne était d'une profondeur infinie, sa richesse dévoilée par la lumière argentée de la lune. Le regard vide du métisse était tout aussi profond que le ciel nocturne, mais n'apportait nulle richesse. Le jeune garçon venait d'entrer il y a quelque semaines à l'école d'exorcisme et il sentais déjà une pression abyssale le submerger, prête à engloutir son être. Ici Takeshi était à la recherche d'une bulle hors du temps où les frontières entre le passé, le présent et le futur s'estompaient.
Dans un hurlement rageur, l'exorciste purgeait le trop plein de négativité en lui, invitant le couple céleste à s'emparer de ses peines. Takeshi se sentait connecté à quelque chose de plus vaste ici , une toile invisible qui tissait les destins et les aspirations. Les émotions retenues, les non-dits, tout se libérait dans cette cathédrale naturelle où la mer était le chœur et le ciel, la voûte céleste.
Takeshi, se tenant près du bord, laissa échapper un soupir, ses paroles se perdant dans l'infini. "Père," murmura-t-il doucement, comme si les vents pouvaient porter ses paroles au-delà des frontières de la vie et de la mort.
Il se retrouva à parler à l'invisible, exprimant à voix haute les tourments de son cœur. L'échelle céleste pouvait peut être passer son message dans l'au delà. Les minutes pouvaient sembler des heures, et les heures, des instants éternels. Takeshi, immergé dans cette expérience presque onirique, se perdait dans les méandres de ses propres pensées. La lueur de la lune semblait être une complice silencieuse, éclairant son chemin à travers les ombres de son passé. Les vagues semblaient être un écho des épreuves traversées, des batailles intérieures et des moments de paix retrouvée. La mer était à la fois une force mystérieuse et une compagne silencieuse, écoutant les confessions murmurées dans la nuit.
Pour beaucoup, c'était un lieu de contemplation profonde, mais pour Takeshi, c'était surtout une échappatoire, un refuge loin des tourments de sa vie quotidienne.
Takeshi, les poings serrés, sentait les vagues de colère se retirer lentement, laissant derrière elles un calme fragile. Ses yeux, brillant d'une lueur sauvage, cherchaient des réponses dans le ciel étoilé, comme si les constellations pouvaient dévoiler les secrets de son existence tourmentée.
Il se retourna pour faire face à la mer infinie, ressentant une présence invisible qui l'entourait. "Mère," cracha-t-il, le mot porté par le vent marin. Sa voix exprimait un mélange d'abandon et de trahison, une blessure ouverte qu'il ne savait pas comment refermer.
"Peut-être que c'est ici que je trouverai des réponses," murmura-t-il à lui-même. Il se laissa tomber sur le sol du pont, fixant le ciel étoilé comme s'il attendait des signes divins. Les étoiles semblaient danser au-dessus de lui, formant des constellations qui n'existaient que dans son imagination tourmentée.
Ce n'est pas parce que tu ne joue plus que le jeu s'arrête.
"Le pont vers le paradis" il parait, que c'est l'une des 3 plus belle vues du japon. Un titre probablement vrai, surement qu'un Taoïste kui y aurait ajouté une long dissertation sur le sens profond de se paysage, mais Hôu Huâ a laissée cette période de sa vie derrière elle. Les grands principes, les grandes réflexions, que les exorcistes de son clan garde ça pour eux.
Si la trentenaire s'est rendue devant la langue de terre c'est surtout pour son propre plaisir. Elle a toujours aimée l'endroit. A l'époque où elle était encore exorciste c'était un lieu idéal pour décompresser, faire redescendre la pression après des missions où ce que l'on y voit peut être éprouvant pour le moral.
Comme à l'époque, la cultiste respecte la tradition observant la vue à l'envers entre ses jambes. En s'inversant le paysage se transforme, paraissant créer une voie vers le ciel. Un instant suspendu où la femme a peut-être l'air ridicule, mais profite de l'expérience, sans vraiment se soucier d'un potentiel public.
Après quelques secondes, elle se redresse, l'air toujours nonchalant, avant de s'étirer de tout son long comme si l'exercice fut un effort inhabituel.
La Kui malgré sa tranquillité est pourtant toujours une maître des fléaux recherchée. Mais c'est aussi parce qu'elle a fait partie du monde occulte qu'elle ne s'en inquiète pas davantage. Hôu Huâ est au fait que les profils de son genre ne sont pas une priorité pour le QG, le problème de son crime étant probablement pour les grandes familles surtout celui d'un conflit interne au clan Kui. Puis avec sa tendance à l'inaction personne ne doit vraiment penser que la jeune femme sert un but plus grand que simplement s'être vengé de sa famille.
Continuant sa promenade la nécromancienne finie par se poser sur un banc, mais bien vite son attention se détourne de la vue pour remarquer un jeune qui n'a pas l'air au mieux de sa forme. A sa tenue, elle reconnait l'uniforme de l'école d'exorcisme de Kyoto, qu'elle a elle-même faite. la chose aurait pu l’inquiéter si celui-ci semblait activement à sa recherche, mais vu comme il se tiens, la femme a un très gros doute.
Alors dans une curiosité machinale pour Hôu Huâ, elle interpelle le jeune homme en levant la main, toujours assisse sur les lattes de bois.
Takeshi se retrouvait plongé dans une communion avec l'atmosphère divine qui régnait sur le Amanohashidate. L'étudiant se redressa lentement du sol du pont. La question simple de Hûo, empreinte de compréhension, flotta dans l'air comme une brise apaisante.
"Ça va," répondit Takeshi, hésitant un instant avant de poursuivre, "enfin, autant que possible, je suppose. Merci madame."
Il se laissa retomber sur le banc à côté d'elle, ses yeux se détournant vers la mer infinie. Les émotions tumultueuses qu'il avait libérées semblaient encore danser dans l'air autour de lui. Un silence s'installa, juste le murmure constant de la mer en arrière-plan. Takeshi hésita un instant, puis se lança dans une confidence.
"En fait j'ai perdu mon père il n'y a pas très longtemps et aujourd'hui je vais devoir m'adapter à un environnement assez spécial..."
Il détourna le regard, fixant les vagues comme s'elles allaient apporter des conseils jusqu'au rivages. Il observait avec tendresse son aîné : excepté son parrain personne ne lui avait montré de compassion depuis de nombreuses années.
"Cette endroit est apaisant vous ne trouvez pas ? J'espère y trouver quelque chose, même si je ne sais pas encore quoi."
Le murmure des vagues était maintenant accompagné par le soupir du jeune exorciste.
"Vous devriez faire attention, une femme seule dans la..."
Plongé dans ses pensées, l'étudiant venait à peine de se rendre compte que la personne qui était en face de lui savait contrôler son flux d'énergie occulte. D'habitude perspicace il avait été lent à la détente cette fois-ci.
"Pardon je n'avais pas de suite remarqué que vous étiez exorciste, vous êtes en mission ?" demanda le métisse curieux.
Elle ma demandé combien sa coûte comme si j'avais regardé le prix...
Le plus jeune n'est clairement pas au mieux de sa forme, une vraie tête d'enterrement. Mais la raison en devient plus claire lorsque celui-ci continue de s'exprimer.
Au fond d'elle Hôu huâ ne se sent pas vraiment désolé pour lui, pas quelle est non plus heureuse de voir un jeune traverser un moment difficile, mais avec l'éducation de son, elle a été confrontée a tellement de personnes endeuillés, venant pleurer leur mort qu'elle prend maintenant automatiquement une distance clinique avec la chose. Elle se contente donc d'un simple.
"Condoléance."
Malgré l'atmosphère pesante la trentenaire reste assez détendue. Le sérieux et les émotions fortes, elle a laissé ça en même temps que son ancienne vie, maintenant son credo est de suivre le mouvement, sans faire de zèle.
La question sur les lieux fit pouffer légèrement de rire l'ex-exorciste.
"Si l'endroit est reposant ? On peut dire ça. J'y venais souvent avant mais maintenant plus tant que ça. Mais la vue est agréable c'est sûr. Par contre je ne pourrais pas vraiment t'aider sur la partie introspection. Ce n'est plus vraiment mon truc. En tout cas, je n'ai jamais eu de grande révélation juste en regardant un paysage sympa. Ça serrait un peu trop simple."
Hôu Huâ n'est plus vraiment à un âge où elle se cherche des repères ou se questionne sur sa vie, donc elle ne tient pas vraiment à accompagner l'étudiant dans son élan mélancolique. Mais le conseil suivant coupé court par le jeune homme en remarquant son erreur amusa à nouveau la Taoïste.
"Je t'avoue que tu es un peu trop jeune pour t'occuper de ma sécurité, je dois avoir presque le double de ton âge."
Mais vu sa question, il n'est pas au fait de qui est vraiment la Kui. Mais ça elle s'en doutait un peu.
"On peut dire que je suis en repos plutôt. Mais je pense arrêter l'exorcisme pour tout dire."
En l’annonçant Hôu Huâ ne parait pas plus triste que ça, elle l'exprime comme elle pourrait dire que tout à l'heure elle ira acheter du pain. Un mensonge minimisant grandement l'aversion qu'elle a put avoir un temps envers le monde occulte.
"Je ne sais pas ce qui te motive pour faire ce métier. Mais personnellement j'ai eu ma dose, ça commence à devenir de plus en plus une corvée et de moins en moins une routine."
Pourtant, elle aussi avait l'étincelle dans le regard lorsqu'elle a intégré l'école et sa nomination comme exorciste fut un véritable honneur. Mais c'était avant. Maintenant la réalité c'est que même si un fléau attaquait quelqu'un sous ses yeux, elle ne l'aiderait pas. Pas par sadisme mais plutôt qu'elle ne ressent plus le besoin de sauver qui que ce soit, pas dans une logique d'idéologie malveillante, mais l'idée de devoir donner de sa personne pour un autre dont au fond, elle se fiche royalement, est quelque chose qu'elle assume pleinement de ne plus vouloir faire. "Dis-moi tu es à l'école de Kyoto non ? Quel année ?"
Les condoléances étaient un simple murmure dans la symphonie de ses pensées tourbillonnantes, mais il inclina légèrement la tête en signe de reconnaissance. Takeshi souriait démontrant avoir accepté la nature froide et distante de la femme en face de lui. La vie d'un exorciste, avec ses hauts et ses bas, semblait avoir laissé une marque indélébile sur elle. Un rire peut importe son origine était toujours agréable aux oreilles du jeune métisse, ce sont avait depuis longtemps quitté son paysage.
Takeshi fit un signe de sa main balayant depuis son coeur vers le rivage comme pour montrer de ne pas faire attention a ce qu'il disait. L'adolescent ne se laisserait pas abattre si personne ne lui donnerait de réponse.
"Oh vous savez tant qu'on a du talent, on ne parle pas d'âge !" admit Takeshi avec un léger sourire, esquissant une pointe d'auto-dérision. "
Il se leva et fit quelques pas formant un cercle autour de lui le temps de rassembler ses pensées.
"Et je n'ai pas encore acquis l'habitude de discerner l'énergie des gens aussi facilement que vous. Cela viendra peut-être avec le temps, cela ne fait que quelques mois que j'ai le droit de m'exercer."
La décision de Hôu Huâ d'abandonner l'exorcisme n'étonna pas complètement Takeshi. Il pouvait comprendre, à un certain niveau, l'épuisement qui pouvait découler de la vie d'un exorciste. Il cherchait à comprendre non seulement le monde occulte qui l'entourait, mais aussi les nuances subtiles de l'âme humaine. Cependant, il garda ces autres question pour lui, ne voulant pas ajouter de poids aux épaules de la femme qui semblait avoir déjà beaucoup porté.
"La troisième année doit être un tournant décisif," dit Takeshi, revenant au fil de leur conversation.Beaucoup de pression et d'attentes. J'imagine que c'est aussi une période où l'on commence à se demander où l'on veut vraiment aller."
Il se tut un instant, laissant ses pensées flotter dans l'air nocturne. La mer continuait son murmure régulier, un fond sonore apaisant qui semblait accompagner les réflexions de Takeshi.
"Moi je viens d'entrer en première année, mais c'est assez dur. Les autres élèves ont appris de leur famille étant plus jeune, alors il faut que je m'accroche pour être au niveau."
Le clair de lune baignait Amanohashidate d'une lumière douce et argentée, créant un paysage onirique où les frontières entre le réel et l'irréel semblaient s'estomper. Le soupir qui s'échappa de Takeshi portait le poids de ses préoccupations, un fardeau qu'il n'avait partagé qu'avec quelques âmes choisies.
"Vous avez parlé de votre retrait de l'exorcisme, vous avez choisi de vous protéger en prenant cette décision je suppose ?"
Takeshi était curieux, mais il posa la question avec une certaine délicatesse, conscient que certains souvenirs pouvaient être des terrains glissants. Sa propre quête d'identité et de compréhension le conduisait à chercher des réponses auprès de ceux qui avaient parcouru le chemin avant lui.
Ce n'est pas parce que tu ne joue plus que le jeu s'arrête.
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Ven 29 Déc 2023 - 14:33
