Lorsque vous le verrez, il vous sera impossible de lui donner un âge.
« Entre 30 et 50 ans » diront certains, d’autre n’osant pas vexer l’Ogre ne répondront pas à la question.
Les premiers ne seront pas si loin de la vérité car Yone entame à peine son trentième printemps.

Cet effet « vieillissant, il le doit à son visage marqué et son impressionnante musculature. Si la génétique a forcément joué un rôle là-dedans, il ne faut cependant pas négliger le fait qu’il se soit entrainé jusqu’à l’épuisement de nombreuse années. Ce goût de l’effort, il a germé chez lui en grandissant. Développant une fascination pour les performances physiques du corps humain et les limites qu’il pouvait supporter. Jour après jour, il se forgea un corps titanesque qui lui désormais à écraser ses adversaires.

Tandis que sa plastique était pratiquement identique à celle d’un dieu grecque, son visage lui n’avait rien non plus d’un homme d’une trentaine d’année.

Bien qu’il soit dur et marqué, son visage n’était toutefois pas moche pour autant. Sa mâchoire carrée lui sied à ravir tandis que ses pupilles flamboyantes venant lui donner un beau regard. Le tout en accord avec sa chevelure vermeille qu’il appréciait coiffé avec une petite couette en arrière. Il avait fait attention à ne pas en faire une de chaque côté de peur qu’on le surnomme « Fifi Brindacier ».

D’un point de vue vestimentaire, sa garde-robe était relativement réduite. Un kimono pour les sorties, un kimono pour les entrainements, un… Kimono (Bien vu) pour se détendre chez soi et un… D’accord j’arrête.
Il serait plus simple de le résumer ainsi :

Hormis la tenue réglementaire que l’on vous donne lorsque vous entrer à l’académie, Yone dispose d’un karaté-gi usé. Il sera la plupart du temps dans cet accoutrement, bien qu’il puisse revêtir un t-shirt et un pantalon plus conventionnel dans de rare occasion.

Jusqu’à son début d’adolescence, Yone était un garçon sage, farceur et pour être tout à fait franc, on pourrait même dire qu’il était un peu niais. Ce n’est que lorsqu’il intégra sa classe d’exorciste qu’il changea. Certains diront qu’il a évoluer, qu’il s’est adapté à son nouvel environnement. Il n’y avait plus vraiment de place pour les farces et attrapes, plus de places pour la niaiserie et l’insouciance. Lorsque vous côtoyez la mort, ces sentiments sont des parasites qui vous tire vers le bas.

Si la bienveillance était son maitre mot il n’y a pas si longtemps, cette flamme tendait à s’éteindre.
Il n’en reste pas moins un homme serviable envers autrui. Et peut-être même un peu utopiste, pensant qu’une vie avec les fléaux serait possible sous certaines conditions. Cet état esprit lui vaut parfois certains commentaires déplacés. Mais rien qui ne puisse l’empêcher de dormir. Tout le monde a besoin d’un idéal pour avancer. Si certains ne veulent pas essayer c’est qu’ils ont peur d’échouer se disait-il.


Bien qu’il ait des convictions et des objectifs pour l’avenir du monde japonais, il n’en reste pas moins un exorciste. S’il doit tuer un fléau, il le fera. Lorsqu’il se bat, il n’est plus humain. C’est une bête. Un outil dont la seule fonction est la destruction de sa cible.

Tel un prédateur, il traquera sa proie nuit et jour pour la retrouver. Tel un animal sauvage, il entrera dans une rage bestiale s’il se sent acculé.
Ses convictions n’ont d’égale que sa férocité au combat.

2010 – Ecole Fukarawa

« Etant donné que tu n’as pas de parents qui accepte de te prendre en charge, nous allons devoir te placer en famille d’accueil…
Yone...Eh Oh Yone tu m’écoutes ? »

Un battement de cil le ramena sur terre.

« Tu as écouté ce que je t’ai dit ? »

La tête baissée, le jeune garçon tourna lentement la tête de gauche à droite.

« Je te disais que nous allions te placer en famille d’accueil. »

Assis sur sa chaise les pieds pendouillant dans le vide, le garçonnet releva le menton pour croiser le regard de Madame Uruka. Celle qui l’avait convoqué dans son bureau pour lui annoncer deux mauvaises nouvelles.

La première c’était que Madame Rina Onimusha était morte en service…


Au Watanabe Burgers.


C’était le restaurant dans lequel elle servait midi et soir depuis environs 10 ans.
Et ce midi il semblerait qu’elle ait servi son dernier «Bigu Notoriousu Burga ! » (Anglais prononcé à la japonaise).

Selon les dires du patron, elle se serait effondré alors qu’elle venait de récupérer une grosse commande (Les patrons savent ajouter les détails touchants pour adoucir les peines).
On apprendra plus tard qu’elle a été victime d’une rupture d’anévrisme, probablement due au stress. « Mais rien de sûr » dira le médecin.

La seconde mauvaises nouvelles c’était le placement de Yone en famille d’accueil.

Un père absent dès sa naissance, une mère décédé, pas de grands-parents connu…Hormis un miracle, aucun membre de la famille « éloigné » ne viendra le chercher…

Le téléphone de la cheffe d’établissement sonna brusquement.

UN MIRACLE ?!

« Uruka j’écoute ?...huh huh...D’accord...Très bien je transmet la bonne nouvelle. »

Le voilà ton miracle Yone se di-il

« Super nouvelle Yone !... » Elle se rappela l’origine de la présence du garçonnet dans son bureau et revis son enthousiasme à la baisse.
« Les services de l’enfances t’ont déjà trouvé une famille d’accueil, d’ordinaire les démarches sont beaucoup plus longues et fastidieuses...On peut vraiment dire que c’est un miracle ! »

« Oui...Comme vous dites...»

2012 – Maison des Nakiko

Emmitouflé dans une épaisse couverture type « pilou pilou », le petit Yone âgé de sept ans regarde un match de Baseball sur la télévision familiale.

« INCROYABLE FRAPPE DE KUROZAWA ! » Rugit le commentateur tandis que Yone s’empiffre de chips horriblement salées.

« TOUCHDOWN ! » s’exclama Jina Nakiko, la mère adoptive du jeune garçon.

« Presque Jina ! Au baseball c’est Homerun » Corrigea Yone d’un ton farceur.

Il ne l’appelait jamais maman. Bien que cela fasse désormais deux an qu’il vivait sous le toit des Nakiko, il n’arrivait pas à franchir ce cap. Il avait et n’aura qu’une seule mère dans sa vie.

« Je tacherais de m’en souvenir, aller maintenant...Direction le dodo ! » Dit-elle en lui tapotant le sommet de son crâne.

« Mais il n’est que Vingt heures trente ! et demain il n’y a pas école !»

« Je punis tout de suite ou j’attends encore un peu ? » Le ton se voulait plus sec.

« D’accord j’y vais...» dit-il en trainant les pieds jusqu’aux escaliers qui le menait à l’étage supérieur où se situe les chambres.

D’ordinaire lorsque Nao Nakiko, le père adoptif du garçon, est présent au domicile, Yone peut veiller jusqu’à vingt-deux heures.

Mais il était vingt heure passé. Et chaque minute qui défile et un verre de plus que Nao s’enfile.

Nao Nakiko est commerciale dans une grande entreprise qui vend de l’électroménager. Lorsque la journée se déroule correctement il est de retour aux alentours de vingt heure moins le quart. Tout manquement à cette règle signifiait que la journée ne s’était pas déroulé comme prévu et qu’il noyait ses problèmes dans l’alcool.
Ces derniers temps (pour ne pas dire depuis plusieurs années), l’entreprise vivait très mal la concurrence via internet et toutes les Marketplace bradant de plus en plus les produits.

Sobre il est un homme doux, aimant et répugnait toute forme de violence, qu’elle soit verbale ou physique.
Mais comme Docteur Jekyll, son côté obscur faisait de lui un véritable monstre.
Mister Nao Hyde était tout l’inverse. Grossier, froid et surtout violent.

Il levait régulièrement la main sur Jina et lorsque celle-ci s’effondrait trop tôt à son gout, il finissait de passer sa rage sur le mobilier de la maison.
Jamais Yone ne reçut de coups et ça il le devait à Jina. Elle faisait en sorte que son fils n’ait jamais à assister à ces scènes. La bête féroce que devenait Nao ne frappait que ce qu’il voyait. Loin des yeux, loin des poings comme dit l’adage (ou pas). Par ailleurs Yone ne s’était jamais vraiment aperçu des problèmes d’alcool de son père adoptif et des sévices qu’il faisait subir à Jina. De sa chambre, il n’entend la plupart du temps qu’un brouhaha lui faisait penser que le volume de la télévision est trop élevé.

Il est Vingt et une heure trente lorsque Mister Hyde fait irruption au domicile familial. A peine vient-il de claquer la porte que les noms d’oiseaux fusent. Jina tenta de raisonner son mari mais sa voix tremblante ne faisait qu’alimenter le plaisir sadique de l’ivrogne.

« Jina…Tu sais j’ai vraiment passé une sale journée…ALORS SI TU POUVAIS FERMER TA PU**IN DE GUEULE CA M’ARRANGERAIT ! »
« De toute manière les sal**es dans ton genre, elles ne sont bonnes qu’à une seule chose. Et tu vas me le prouver. » Dit-il d’une voix rauque comme s’il venait d’un être possédé par un démon.

Il allait franchir un cap sur l’échelle de la violence et de la cruauté. Jina le savait mais elle resta pétrifiée, que pouvait-elle faire face à l’Ogre qui se dressait face à elle...Et tandis que des atrocités étaient commise, Jina n’avait qu’un seul souhait. Que son fils dorme à poings fermés et n’entende pas ces horreurs.


C’était effectivement le cas.



Le lendemain matin, le réveil de Yone sonna comme à son habitude à neuf heures. Le temps de se frotter les yeux et le voilà debout prêt à engloutir un petit déjeuner de champion. Une banane et des flocons d’avoines, comme son joueur de baseball préféré !

Mais en ouvrant la porte de sa chambre, il fut saisi d’une étrange sensation. Tout était trop calme. Pas d’odeur de café chaud, pas de télévision allumé sur la chaine d’info en continue et surtout...Pas de Jina qui chantonne en préparant le petit déjeuner.

« Jina ?... » Dit le jeune garçon en hésitant à sortir de sa chambre.

Pas de réponse. Après quelques secondes de battement, il se décida de s’aventurer dans le couloir et descendre les escaliers. Pas après pas, son cœur ne savait pas s’il devait s’arrêter ou s’accélérer. Après avoir franchi la dernière marche qui mène au hall d’entrée, il put avoir la certitude que quelque chose n’allait pas.

Son cœur se stoppa net environs une demi-seconde afin de se lancer dans un solo de batterie digne d’un groupe de Rock.
Les pulsations étaient si forte qu’il avait l’impression que sa poitrine allait exploser.

Une mare de sang trônait au milieu du hall d’entrée. Le sol type parquet flottant avait déjà commencé à gondoler à cause du liquide, lui donnant un aspect encore plus horrifique comme si le parquet venait d’avaler un être humain. Une large trainée partait en direction de la cuisine.

« Jina...C’est bon ta gagné, j’ai super peur...Sort maintenant... » Dit-il d’une voix tremblante à la limite du sanglot.

Mais il n’eut aucunes réponses.

Se décalant de deux pas sur le côté pour élargir son champ de vision en direction de la cuisine, il se stoppa de nouveau lorsqu’il aperçut les jambes d’un corps étendu. Au vu des chaussures il devait s’agir de Nao.

Une odeur pestilentielle lui vint aux narines. Un haut le cœur pris soudainement le garçonnet qui arriva à se retenir probablement grâce au fait qu’il ait le ventre vide. Et tandis qu’il détourna le regard en direction du salon, il aperçut enfin Jina.

Du moins ce qu’il en restait.

Son corps désarticulé gisait face contre terre. Ne tenant plus que par les tendons, ses membres avaient été étiré jusqu’à leurs limites de rupture lui donnant presque un air de pantin.

« Ji...Jina... Dit-il en essuyant les larmes qui commençaient à lui brouiller la vue.
Ne me laisse pas...
Pitié ne me laisse pas tout se...»

Un craquement se fit subitement entendre dans la cuisine. On aurait dit un bruit d’os qu’on arrachait d’une carcasse.
Le son glaça immédiatement le sang de Yone.

Fuis

Son corps avait réagi bien avant que son instinct ne lui souffle de s’enfuir. Il avait détalé à toute berzingue sans se retourner. Laissant derrière lui le mystère de ce double homicide et une pantoufle qu’il perdit en courant.

Le garçon ne le savait pas mais il avait fait sa première rencontre avec un fléau. Né des sentiments de hontes, d’humiliation et tristesse de Jina mêlée à la frustration et la colère de Nao, celui-ci c’était occupé des deux parents mais ne c’était pas attarder à explorer la maison en quête d’une nouvelle proie. Les médias s’emparèrent rapidement de l’affaire mais fut peu à peu étouffer par les exorcistes. Aux yeux de la société japonaise, le petit Yone était mort à l’âge de sept ans. Il était désormais un fantôme.



2013 – Dans les rues de Tokyo


Un an s’est écoulé depuis le drame des Nakiko. Yone âgé de huit ans maintenant vit comme il peut. Vol à l’étalage pour se nourrir, faire la manche à la sortie de certains magasins pour ensuite acheter ce qu’il n’a pas pu voler et rechercher un endroit sûr et abrité pour dormir la nuit tombée. Au début il trouvait ça rigolo, il se disait que c’était comme faire du camping mais dans la ville. Le camping s’est vite transformé en opération de survie.

Bien que des adultes aient plusieurs fois tenté de l’aborder, Yone prenait à chaque fois la fuite. Il avait déjà entendu des histoires de kidnapping à la télé, cela lui donnait des frissons mais il continuait de regarder. Probablement à cause d’une curiosité mal placée.

Mais il y eut ce gamin et cet homme.

C’était en plein mois d’aout, la chaleur était insoutenable. Sous un soleil de plomb les gens arpentaient les rues abrité sous leurs ombrelles mais Yone lui était assis au coin du restaurant à burgers « Kobe’s Burger ». L’odeur de friture qui se dégageait à chaque entrée d’un nouveau client lui rappelait l’odeur de sa mère qui revenait de son service.
Il était bientôt midi et les gens commençaient à affluer dans le restaurant qui due refuser du monde.

Yone se contentait de saluer poliment chaque individu qui se pressaient en espérant pouvoir obtenir une table mais personne ne pris la peine de saluer en retour le garçon. Il n’en fit pas cas, il avait maintenant l’habitude de l’indifférence des gens. Et tandis que cette incessante valse continuait, il s’amusa à regarder les nuages et laissait cours à son imagination.

Des formes diverses et variés défilaient sous ses yeux. Un éléphant, un château, un...dauphin ? Non peut-être plus un requin. Oui un requin, c’est beaucoup plus stylé pensa Yone.

« Moi j’aurais plutôt dit un dauphin... »

Yone ne s’en était pas rendu compte mais un garçon s’était assis à côté de lui. L’inconnu contemplait également le ciel tout en lapant délicatement un peu de sa glace vanille qu’il tenait de sa main droite. Du même âge que Yone, il arborait une chevelure blanche qui venaient faire ressortir ses yeux azur. Coiffé en bataille, le garçon passa sa main dans ses cheveux avant de plonger son regard dans celui de Yone qui le regardait médusé.

« Comment tu... »

« C’est du mentalisme, j’ai vu ça à la télé. J’ai eu de la chance que ça marche du premier coup ! »

La réalité était que ce jeune étranger était doté d’une capacité qui lui permettait de lire les pensées des personnes avec qui il rentrait en contact. Il ne savait pas vraiment pourquoi ni comment mais il le savait et ça lui suffisait. Lorsqu’il s’était assis, il avait discrètement collé son pied à celui de Yone qui dévorait des yeux la glace de son interlocuteur.

« Tiens s’tu veux » Lui dit le garçon en tendant sa boule vanille sous le nez de Yone.

Le garçon tendit la main pour se saisir du cornet puis il hésita.

« Mais et toi ? T’en auras plus... » Répondit timidement Yone.

« Pff t’inquiète, j’en demanderais une autre au gros Gerudo, j’lui dirais que je l’ai échappé par terre. »

Yone le remercia puis pris le délice sucré dans sa main gauche et tendit celle de droite.

« Moi c’est Yone. » Il se sentit bête, ne sachant pas vraiment s’il était normal de se présenter comme ceci auprès de quelqu’un.

« Blue. » Lui répondit le garçon tout en lui serrant la main.

Aussi loin qu’il puisse se souvenir, Yone n’avait jamais eu de poignée de main avec quelqu’un. Et il était fier que son baptême soit en compagnie d’un garçon supposément de son âge.
Les deux jeunes garçons discutèrent de tout et rien comme deux amis qui s’étaient perdu de vue puis retrouvé des années plus tard. Pendant de longues minutes, qui devinrent des heures, les garçons apprirent à se connaitre. Blue parla de lui, de son abandon à la naissance puis de son adoption par Gerudo qui l’avait par la suite appelé ainsi en référence à ses yeux azur. Sa difficulté à se faire des amis parce qu’il n’habitait pas en ville. Il habitait dans une sorte d’académie, il y résidait seulement. Apparemment trop jeune pour suivre les pratiques enseignées là-bas. Yone lui parla de ses passions, le baseball, la nourriture, sa vie de fantôme et de sa mère qui était serveuse.

« Toi aussi on t’a abandonné ? » Demanda innocemment Blue.

« Non elle n’aurait jamais fait ça, c’était une super maman... »
Il marqua un temps d’arrêt.
« Elle est décédée. » Enchaina Yone d’un ton neutre.

« Si c’était une super maman, alors elle est montée au septième ciel. » Affirma fièrement Blue.

« Le quoi ? »

« Le septième ciel ! Apparemment c’est un truc un peu comme le paradis mais pour les adultes. » Expliqua Blue.

« Ça veut dire que si je meurs trop tôt j’irais au paradis plutôt qu’au septième ciel ? Et du coup je pourrais pas recroiser ma maman ? Et pour les personnes qui sont adulte mais qui agisse comme des enfants, ils vont où eux ? » S’interrogea Yone.

« J’sais pas, personne n’est jamais revenu nous donner l’infos du coup c’est la grande inconnue… » Répondit Blue en haussant les épaules.

« J’espère qu’il nous laisse le choix là-haut... »

Un ange passe...

La minute de silence fut douce, caressé par une légère brise fraiche qui vint caresser les joues des deux jeunes garçons.

« De toute façon ta pas intérêt à mourir tout de suite, je veux que tu vois les Buffaloes éclaté les Giants. » Taquina Blue en brisant ce moment paisible.

« Pfff leur batteur est un vrai manchot. Il n’a jamais réussi un seul Homerun cette saison. Les Giants par contre...Eux ils assurent ! »  Répondit passionnément Yone.

« Si tu le dit...Oh oh voilà la bête. »

A peine il eut terminé sa phrase qu’un homme se posta devant eux.
D’une imposante carrure, l’homme devait mesurer dans le mètre quatre-vingt-dix, les cheveux coupés court presque rasé. S’il portait un tatouage, on l’aurait facilement pu le prendre pour un Yakuza. Surplombant les deux garçons, il se plia pour arriver à leurs hauteurs. Il attrapa Blue par l’oreille.

« Tu sais que je me suis fait un sang d’encre à te chercher partout ! » Ronchonna le gaillard.

« Mais je m’étais fait un copain ! » Répondit Blue en se plaignant.

« C’est vrai monsieur ! Blue et moi on a discuté et il n’a pas vu le temps passé ! »  Dit Yone en s’agitant les bras

« Ne te fais pas l’avocat du diable jeune homme. Blue avait des consignes et il ne les a pas respectées. Ce qui signifie qu’il sera puni.»

« Alors punissez moi aussi ! C’est de ma faute s’il a été retenu ici. » Coupa presque Yona.

Gerudo leva un cil. Il commença à ouvrir la bouche mais Blue lui tira la manche.

« Non papa... » Souffla tristement le garçon aux cheveux blanc.

Blue pouvait lire les pensées et les paroles auxquelles Gerudo était justement entrain de penser n’étaient pas nécessaire.

Si tu insistes tant à être puni. J’en ferais part à tes parents Allait-il répondre.

Sa punition, sa peine. Yone l’avait déjà purgé depuis bien longtemps. Inutile de lui rappeler. Comprenant le pourquoi du comment, Gerudo afficha un air plus doux qui dénotait complétement de son physique de titan. Il relâcha l’oreille de Blue pour venir mettre sa main sur l’épaule de Yone.

« Le courage et la bienveillance sont des vertus rares... mais il ne faut pas non plus se sacrifier pour le premier venu.» taquina Gerudo

Le colosse se releva. Blue lui attrapa la main avant qu’il ne soit complétement déplié.

« Il nous reste suffisamment de Soba pour une personne de plus non ? » Sous entendant d’invité son nouvel ami à diner.

« Oh hmmm...Oui je crois. » Répondit simplement Gerudo qui fut pris au dépourvu par la demande.

Il se racla la gorge pour s’adoucir la voix.

« Blue et moi on pensait se faire des Soba devant des nanars à la télévision...Je suis sûr qu’une soirée entre copain lui ferait encore plus plaisir. Même s’il est censé être puni... » Proposa Gerudo.

Blue avait rarement l’occasion de se faire des amis et bien que leurs soirées entre père et fils soient des moments renforçant les liens, il était important qu’il puisse s’amuser avec des enfants de son âge.

Aussi alléchante soit la demande, Yone hésitait. Tout était trop beau pour être vrai. Son début d’amitié avec Blue, l’hospitalité de Gerudo... Dans l’individualisme de la société actuelle, pouvait-il encore y avoir des personnes aussi généreuse ? Le garçon aux yeux flamboyant voulait y croire, plus que tout au monde.

Il fallait toutefois se rendre à l’évidence. Sa résilience à la solitude, aux froids et à la faim avait des limites et elles commençaient à être atteintes.

« Ce serait avec grand plaisir...»  Répondit timidement Yone.


Ils rentrèrent tous les trois d’un pas vif, bien que la nuit tardait à pointer le bout de son nez en cette période de l’année, ils voulaient justement profiter de la lueur des derniers rayons de soleils pour diner à l’extérieur. Durant le trajet, Gerudo pris soin de laisser Blue et Yone côte à côte. Les deux compères riaient et avaient repris leurs débats sur la meilleure équipe de baseball de la ligue japonaise.


Dans une dépendance de l’internat de l’école d’exorcisme de Tokyo

La soirée se passa à merveille, une fois le diner englouti, les deux amis regardèrent des films de qualité médiocre mais cela les faisaient rire. Gerudo les avaient laissés tranquille le temps de fumer une cigarette à l’extérieur.
Il n’était pas sûr d’être autorisé à faire pénétrer un inconnu dans un lieu comme celui-ci mais il n’avait pas vu son fils autant s’amuser et rire comme ça depuis bien longtemps. Il regarda longuement les deux garçons se chamailler pour savoir lequel des deux héros du film étaient le plus fort.

Il sourit.

« L’enfer est pavé de bonnes intentions... » Murmura le colosse en soufflant la fumée de sa cigarette avant de l’écraser au sol.

Il rentra à l’intérieur pour nettoyer le peu de vaisselle qu’ils avaient utilisé et après quelques minutes il s’étonna de ne plus entendre de bruit. Jetant un coup d’œil furtif, il remarqua que les deux garçons s’étaient endormis devant le téléfilm.
Le titan caressa tendrement la tête de son garçon pour le réveiller.

« Il va falloir aller au lit maintenant...»

Encore à moitié endormi, le garçon au cheveux blanc se leva du canapé ce qui réveilla Yone à son tour.

« Ça vaut aussi pour toi. »

Se frottant les yeux pour se réveiller, le jeune homme se leva à son tour et se dirigea vers la porte d’entrée pour récupérer ses souliers.

« Les chambres c’est de ce côté... » Chuchota Gerudo en pointant la direction qu’avait prise Blue.

Yone assis et sur le point de lasser ses chaussures regarda le géant avec incompréhension.

« Quel genre d’hommes je ferais si je te laissais repartir seul à une heure si tardive pour dormir dehors ? »


« Je...je ne sais pas comment vous remercier... » Sanglota le garçon aux yeux vermeil.

Gerudo s’approcha de lui et le pris par la main pour l’aider à se relever et l’accompagna lentement jusqu’au pas de la porte de chambre de Blue.

« Sois à l’heure pour l’école demain...Ça ne devrait pas être trop compliqué étant donné que c’est moi qui fait cours à la maison mais sait-on jamais... »

Il sourit et entrouvrit la porte.

« Aller va, Blue te donnera de quoi te changer pour la nuit le temps que je fasse le lit. »

Yone essuya ses larmes.

« La bienveillance n’est pas si rare... »  soufflat-il en refermant la porte derrière lui.

Gerudo lui esquissa un sourire et alla chercher le nécessaire pour faire le lit de son invité.

« J’espère que l’avenir te donnera raison... »

Depuis ce jour Yone resta vivre chez Blue, faisant classe avec lui avec Gerudo en guise de professeur. Une vie saine et adapté pour un enfant de son âge. Il ne pouvait pas rêver mieux.

Arrivé à l’adolescence des deux garçons, Gerudo leurs expliqua le monde occule. Les exorcistes, les fléaux, la mort des Nakiko fut alors l’électrochoc pour Yone. Sans fléaux, Jina serait probablement encore vivante, lui n’aurait pas été à la rue. Restait le problème de Nao mais il se dit qu’arrivé un certains âge, il aurait pu se rendre compte des sévices qu’il faisait subir à Jina et la convaincre de partir vers de nouveaux horizons.

Mais était-ce vraiment la faute des fléaux ? Ce n’était peut-être que des créatures incomprises, Gerudo lui avait expliqué qu’il existait des classes différentes, impliquant ainsi une faculté de parole ou de sensibilité en fonction des spécimens observés. Deux options s’offraient à lui pour que personne n’ai à vivre ce qu’il a vécu. Trouver un moyen de vivre avec ces bêtes...Ou les éradiquer.