Rihito est un homme d’un mètre quatre-vingt. D’une musculature athlétique, il n’a pas toujours été ainsi. Ses cheveux rouges sont d’une longueur moyenne et souvent tirés en arrière. En effet, il n’aime pas avoir des mèches dans les yeux et a donc tendance à les recoiffer une peu trop souvent, une mauvaise habitude qu’il apprécie malgré tout. Il a aussi tendance à faire ce geste machinalement lorsqu’il réfléchit. Il n’aime pas la barbe et est donc toujours rasé de près. Ses yeux scrutateurs sont d’une belle teinte ambrée. De plus, il y a un détail qui n'échappent à personne lorsqu'il est torse nu, c'est l'énorme cicatrice qu'il a dans le dos, symbole de sa défaite contre un fléau.

Rihito aime porter des vêtements confortables et qui ne l’empêchent pas de se mouvoir comme il le souhaite. Un jean bleu sur des rangers noir et un tee-shirt, le plus fréquemment blanc, est sa tenue d’usage. Il porte également un perfecto en cuir noir surmonté d’un col en fourrure de la même teinte. Pour les petits accessoires, Rihito porte plusieurs bijoux dont des bracelets, des bagues, un ou deux piercings et des colliers. Dont l’un est un sautoir en cuir fermé par un bijou en forme d’étoile à six branches.

L’une des habitudes de Shinku est de fumer. Oui, c’est une mauvaise habitude, mais elle lui permet de se détendre et de réfléchir en paix. S’il n’est pas rare de le voir les mains dans les poches, une clope au bec pendant qu’il déambule dans la ville, on sait aussi que s’il retire ses mains des poches et jette sa clope, il devient sérieux.

Depuis la mort de sa mère, Rihito était devenu froid et distant. Même si la rencontre avec Mika lui avait redonné le sourire, sa perte tragique n’a fait que l’enfermer dans cette distance avec les autres. Il ne veut pas souffrir davantage et pour cela, il est prêt à éloigner tout le monde. Ce n’est pas qu’il refuse les autres, il ne veut plus voir son cœur être brisé.

En dehors de ce côté distant, l’exorciste aux cheveux rouges sait se montrer amical et sociable. Même s’il n’est pas très bavard, il sait se montrer à l’écoute. Professeur un peu agressif parfois, il sait aussi se montrer protecteur et bienveillant avec des personnes qu’il considère comme doués.

Accroc à la cigarette, il donne souvent l’impression d’un garçon un peu paresseux et qui ne s’intéresse à rien. Il se promène presque toujours les mains dans les poches apportant encore un peu plus à ce côté nonchalant, mais il sait aussi se montrer sérieux, notamment lors d’affrontements avec des Fléaux. Dès lors, fini le garçon désinvolte, on retrouve un combattant aguerri, réfléchi et résilient. Même s’il garde sa clope pour se battre la plupart du temps, il lui arrive de la jeter, si c’est le cas, c’est la preuve qu’il passe au niveau supérieur et est bien décidé à tout donné.

Je me nomme Rihito. Je suis Exorciste. Ceci est mon histoire.

Je suis né il y a vingt-trois ans à Tokyo. Je suis le dernier né d’une fratrie de trois. Je suis un membre de la famille Soda. Ma famille ne vous dira sans doute pas grand-chose, mais c'est parce qu'elle n'a réellement d'existence que dans le monde des Exorcistes. Mon père, Kendo, mon frère, Haraki, de cinq ans mon aîné et ma sœur, Yoriko, née deux ans avant moi, sont exorcistes. Les Soda produisent des exorcistes depuis six générations. Et je suis le dernier d’entre eux… et malheureusement, d’après les dires de mon père, le plus faible de ma famille.

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai été baigné dans ce monde dans le but de créer un nouvel exorciste capable de protéger le monde. La seule chose que j’ai connu, c’est ma formation. Dès mon plus jeune âge, j’ai été formé par mon père. J’ai eu des professeurs particuliers dès mes dix ans, moment où mon père décida de repartir à la chasse aux Fléaux. J’apprenais bien évidemment les cours de base, tel que les maths ou l’histoire. Mais tout était fait en fonction de mon futur, enfin celui que l’on m’avait choisi, celui d’exorciste. Je ne passai pas une journée sans avoir un entraînement au combat où à la maitrise de l’Énergie Occulte. A tel point que cela m’a dégouté. Haraki et Yoriko ont toujours aimé cette vie, j’en aspirais, à l’origine, à une autre. Je voulais être normal.

Mais tout à une fin ou presque. C’était peu avant mes quinze ans. Un évènement tragique m’a convaincu de changer de voix et de tout faire pour devenir un exorciste surpuissant. C’était un jour de pluie, comme il en arrive parfois à Tokyo. Ma mère s’était, comme chaque année, rendu au Grand Cimetière pour rendre hommage à ses parents morts trop tôt. Malheureusement, cette année-là, correspondit à l’attaque d’un Fléau de Classe S. Ce n’était pas rare de croiser des Fléaux dans les cimetières, mais ma mère n’en avait jamais croisé. Bien entendu, elle était capable de les voir, mais son Énergie Occulte n’était pas aussi grande que la plupart des membres de ma famille. Évidemment, contre une créature d’un niveau aussi élevé, ses pouvoirs ne suffisaient pas et elle y laissa la vie.

Lorsque j’appris la nouvelle, j’étais inconsolable. Mon père et mon frère aîné ne montrèrent même pas la moindre once de chagrin. Quand je demandais pourquoi à mon père, il me répondit froidement, qu’elle n’avait été qu’un réceptacle pour sa descendance. Je maudis mon père à partir de ce jour-là. Mon frère, quant à lui, était le parfait reflet du clan Soda : seule la puissance comptait et ma mère était faible, donc inintéressante. Seule Yoriko, ma sœur montra un peu de compassion à mon égard. Elle accepta même de m’aider à améliorer mes compétences.

De ce fait, armé de ma nouvelle détermination, j’entrai à l’école d’exorcisme de Tokyo, à l’âge de quinze ans. Cette année-là, j’avais commencé à teindre mes cheveux en rouge. Je le faisais depuis la mort de ma mère en fait. Dès le départ, j’avais connu un changement de caractère incroyable. D’un garçon pleurnichard, peureux et curieux de tout, j’étais devenu froid et distant. J’aurais pu être en colère et faire les pires âneries pour que mon père me remarque, au lieu de ça, j’avais choisi de garder cette colère froide au fond de moi pour la réserver aux Fléaux.

A l’école, à part l’entraînement et les missions, je ne participais à rien d’autre. Plusieurs fois lors des missions, je fus accusé, à juste titre parfois, de prendre des risques inutiles. Mais mes missions se soldaient presque toujours par la réussite. Pourtant, je restai toujours froid. La destruction de fléaux ne me réjouissait pas. J’avais comme un manque. Même la perte de camarades aux mains de fléaux ne me faisait rien. Avais-je hérité du cœur de pierre de mon père ? Non. Chaque soir, je leur rendais hommage, discrètement sans personne pour le voir. Il m’arrivait même parfois de pleurer leur disparition.

En deuxième année, je commençais à fumer, ce qui me valut les foudres de mon géniteur. Mais je m’en fichais, ce que je faisais ne le regardait plus, depuis qu’il m’avait annoncé que ma mère n’était rien pour lui. Je commençais enfin à m’attacher à quelques camarades. Après tout, nous n’étions pas nombreux et à force de travailler ensemble régulièrement, on finit par s’attacher les uns aux autres malgré tout. Surtout une jeune fille du nom de Miko. Elle faisait tout pour me dérider. Elle était tout le contraire de moi. Jeune orpheline, elle avait découvert par hasard ses capacités à voir les Fléaux. Souriante, pleine de vie et d’entrain, elle faisait ce qu’elle pouvait pour me rendre moins grognon, comme elle disait. Son combat fut long, mais elle parvint à ses fins et je devenais un peu moins grognon. Elle parvenait même à me faire rire. Si bien qu’à la fin de la troisième année, on entama une petite relation. Pour le plus grand plaisir de ma grande sœur.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin et la fin de cette idylle fut aussi prématurée que brutale. Encore une fois, ce fut un Fléau qui mit fin à mon bonheur. Miko et moi furent envoyé sur une mission visant à trouver et éliminer l’un de ces agrégats d’émotions. Malheureusement, nous avions sous-estimé la puissance de celui-ci. Nous étions pourtant trois Exorcistes expérimentés. Mais la puissance que nous avons affrontée était bien supérieure à ce qu’on nous avait préparé jusqu’ici. Le combat fut rude. Très rapidement, le professeur qui nous accompagnait fut mis hors-jeu. Mais celui-ci, grâce à ses pouvoirs étaient parvenus à blesser le Fléau. Malgré la perte d’environ un tiers de son corps, le Fléau parvenait à se mouvoir et à attaquer. Miko et moi combattirent vaillamment. J’avais promis de la protéger avec mes flammes écarlates. Cependant, c’est elle qui me sauva la vie… tout en sacrifiant la sienne. Lorsqu’on ressortit du lieu de l’infestation, Miko avait perdu la vie, un trou béant à la place du cœur. La douleur dans mon dos était cuisante et le sang qui poissait mon pantalon démontrait la violence de l’attaque. Mon Professeur, quant à lui, devint inapte au terrain mais pouvait toujours enseigner.

La mort de celle qui faisait battre mon cœur m’enferma encore plus dans un mutisme impassible. Je finissais mes études en étant redevenu l’iceberg ambulant que j’étais à mon entrée à l’École d’Exorcisme. Désormais plus rien ne parvenait à dégeler mon cœur pris dans un carcan de glace. Ma volonté était de me transformer en arme pour mettre fin à cette douleur. Pas pour moi, mais pour les autres. Éliminer toute menace due aux Fléaux. Même si je sais que l’homme ne cessera jamais de craindre ce qu’il ne comprend pas, mon combat sera celui-là.

Aujourd’hui, je suis devenu un exorciste à part entière. Mon père souhaite que je poursuive notre lignée. En effet mon frère ne peut plus procréer, résultat d’un combat malheureux avec un Fléau. Et ma sœur, ne le souhaite pas. Visiblement, une fois encore, je n’ai pas mon mot à dire, mais je refuse. Mon combat est celui de l’extermination, non pas de la procréation.