Je sais que tu n'étais pas vraiment en phase avec ce groupe, mais je ne peux pas te cacher plus longtemps l'intérêt singulier qui se déploie chez moi dernièrement. Je n'ai plus envie de forcer sur cette aventure toute écrite que tu m'as compté toutes ces années, je n'arrive plus bien à entrevoir la beauté humaine, le voile s'assombrit de jour en jour depuis que tu es partie. La brise qui emmêle mes cheveux ces jours-ci ne s'arrête pas à mon écorce, elle s'infiltre dans chaque pores de ma peau pour atteindre un peu plus chaque seconde, mon esprit embrouillé. Comment faisais-tu pour garder cette conduite exemplaire, maman ? Je ne trouve pas la réponse dans tes signes, je ne vois plus aucun signe. Les quelques coccinelles qui m'ont semblé être envoyé des dieux quelques jours après ta disparition pour me prouver ton éternelle présence, ne prennent plus place sur les murs de ma nouvelle chambre à Kyoto. Se lovaient-elles dans les rideaux de ma chambre d'adolescente simplement par plaisance de l'hygrométrie du lieu ? Je le crois bien, ce n'était pas toi maman, ce n'était pas ton signe, tu ne m'as rien envoyé n'est-ce-pas ? Comment puis-je aujourd'hui croire en la capacité des êtres humains à devenir bons lorsque moi-même je découvre l'horizon de mes propres difficultés ? Je ne veux pas laisser n'importe quel individu se laisser envahir, je ne veux pas me laisser envahir, je ne veux plus me mentir. Les autres sont bien souvent une trop grande menace, ne crois-tu pas ? J'aimerais tant rester si admirable, comme toi, mais sans toi, je ne me sens pas capable. J'avais besoin de toi et maintenant que tu n'es plus là, je veux juste trouver ma vérité. J'espère que tu ne m'en veux pas, je crois que comme tu l'as toujours fait, tu me soutiendras toujours. Hein maman...?
~
En s'éloignant de la pierre tombale de sa mère, les yeux embués de la mauve retrouvent peu à peu une vision correcte de l'ensemble du paysage. Entre les buissons colorés de fleurs sauvages et les quelques morceaux de roches taillées, Suri, songeuse, enfonçe ses écouteurs dans ses pavillons puis s'en va alors en direction de la gare. Elle ne peut plus passer dans la demeure familiale sans faire un saut au cimetière désormais.
De loin, elle aperçoit son train à quai. Ses pas pressants font rebondir son sac à dos en cuir foncé contre ses omoplates dessinées mais cela en vaut la peine puisque, les pieds à peine posés sur le sol cireux de la rame, l'annonce du départ imminent résonne tout autour d'elle. Il est désormais temps de se replonger dans le programme de la journée qui l'attend. Une fois installée, elle extirpe un carnet parmi ses quelques affaires puis se plonge dans ses élucubrations du moment... Ses doigts reviennent en arrière de quelques pages jusqu'à retrouver cette adresse notée au feutre rouge qui vient de flasher son esprit au passage, furtif. Un regard aux rangées alentours, peu de monde pour un train de milieu de matinée. Les iris violettes de la japonaise musardent sur le plafond, puis sur la traînée floue et verdoyante que laissent les arbres derrière eux, à travers la vitre parfaitement propre. La réflexion est lente comme l'ambiance tout autour d'elle, pas un bruit. La puissance fraîche du parfum de l'exorciste doit être pour l'heure, ce qui se dégage de plus fort dans cette rame. En notant ce raccourci sur cette page immaculée, elle y avait bien évidemment songé, mais depuis, oublié. « Et si j'allais voir...? » Les lunes se suivent et Suri n'en démord pas, elle veut visiter, elle veut approcher l'ordre de plus près et un hasard certain la pousse dans ses larges bras. L'image de cet homme à la pupille scintillante lui revient, souvent. Les histoires de tortures, de harcèlements et autres fables anciennes qui composent aujourd'hui son savoir sur le groupe, l'obsèdent à en perdre la tête. Comme si la maturité lui offre avec sa célèbre prudence, une forme d'étourderie.
~
Le goudron de Kyoto. Depuis cette gare centrale, plusieurs possibilités : rentrer dans son petit mais confortable appartement ou, s'aventurer plus loin, ailleurs. La journée ne fait que commencer et l'idée de louper son cours de sport ne l'ébranle pas plus que ça. Sous son chemisier de soie beige, un cœur qui bat pour l'aventure, qui ne lui offre pas de longues minutes d'hésitation. « C'est bon, j'y vais ! »
Si se rapprocher des membres de l'ordre occulte n'est pas une affaire si facile lorsque l'on vient d'une construction si droite que Suri, les vents lui soufflent dernièrement des airs de faveurs. Son élan d'optimisme n'y est pas pour rien et nous ne pouvons nier que cette rencontre avec le balafré l'aide très certainement à déployer un peu plus grandement, ses ailes timides. Mais l'exorciste reste un esprit réfléchi et bien que dernièrement, elle se risque à des brûlures, son âme calculatrice tend à rester sur ses gardes. Cheveux aux vent, après avoir passé quelques minutes supplémentaires enfermée dans un métro, voilà que ses hanches déambulent en direction de cette maison attaquée. Que dis-je, détruite par un confrère de l'école d'exorcisme. Cette guerre que la mauve n'a plus envie d'excuser ni de comprendre. À ce stade avancé de son implication pour interpréter les aventures des occultistes, il est certain que son issue se verra octroyer un penchant vers l'extrême. Restera-t-elle dans ce bon chemin frayé par ses parents ou trouvera-t-elle un cocon plus confortable auprès de ses soit disant ennemis ? Au fond, sa recherche est simple. II lui faut trouver son équilibre, cette passion de vivre qu'elle a toujours connue et qui s'essouffle peu à peu. Suri n'est pas ici pour voltiger sans regarder le sol, elle ne peut nier plus longtemps la vérité des autres, elle en a même besoin pour exister pleinement. Et même si cette cohérence l'amène à essuyer des difficultés, mieux vaut cela que de s'imposer des œillères. La fausse sérénité ne lui va pas, elle préfère largement devoir jongler avec un esprit un peu trop désireux, trop dérangé que de se voiler la face.
Le jardin de l'invocatrice, là, sous ses yeux. En réalité, la nippone n'a aucune crainte en pénétrant ce lieu désormais dépourvu de vie. Il ne s'agit que des ruines d'une pièce de théâtre bien orchestrée par Daisuke, un drame qui encore une fois, fit des victimes. La propriétaire de cette maison n'avait certainement pas les armes pour empêcher un tel désastre. En avançant autour du jardin, Suri remarque quelques traces des affres ici et là, pour s'approcher davantage elle préfère contourner un peu l'entrée principale tout de même. À l'arrière de la bâtisse, le prolongement du jardin est impressionnant et des structures étonnantes attirent sa démarche discrète. Le soleil est au zénith et les ombres vacillantes sont si délicates que, pendant quelques secondes, Suri végète le regard perdu dans cette nature à moitié démolie.
La première plante qu’Ibara a jamais fait pousser, c’était un haricot. Un petit exercice qu’elle devait faire en maternelle, et où elle avait fait pousser un très joli haricot dans du coton. C’était un tout petit moment, mais qui a mis le feu à une passion profonde en elle. Juste avec ce haricot, elle est tombée dans un trou de lapin et a continué encore et encore à étudier cette passion, si bien que maintenant, elle pourrait faire pousser n’importe quelle plante. Elle pourrait être une très populaire jardinière, ou décoratrice d’extérieur, si elle n’était pas déjà une exorciste.
Lorsqu’elle était donc à son plus bas, c’était dans la flore qu’elle s’est réfugiée. Pour faire son deuil, elle a passé ses journées entières à travailler une terre-neuve, jusqu’à s'endormir sur le sol, sans machine, mais avec des outils. Ce n’était pas un petit jardin qu’elle entretenait, sa création devait être à l’avenir comparée aux jardins touristiques de Kyoto, c’était avec ce but qu’elle avait acheté et commencé son travail sur un terrain abandonné. Elle avait pris celui avec la plus petite maison possible, pour avoir plus de place où planter, de toute manière, elle dormait dehors la plupart du temps.
Tous ces efforts avaient donné naissance à son sanctuaire. Un endroit qu’elle pouvait appeler “maison” après que la sienne ait été brisée, pas qu’elle était un lieu de repos dans un premier temps. Dans son sanctuaire ? Rien de tout ça. Elle pouvait s’allonger dans de l’herbe verte et taillée sans en être relevé de force, parce que “les insectes sont dangereux”, ou elle pouvait rentrer à n’importe quelle heure sans entendre un ivrogne gueuler Dieu sait quoi.
Non, elle pouvait se reposer, et ignorer tout ce qui pouvait bien se passer en dehors de son jardin. Jusqu’à ce qu’il lui soit pris, lui aussi. Des intrus ont mis le pied dans son sanctuaire, et elle n’était pas assez drastique pour le protéger. D’abord cette Hanako, qui a probablement mené à la visite de Daisuke Sato, et qui a mis en l’air tous ses plans de rester dans son sanctuaire jusqu’à la fin de ses jours. Il en dira le contraire, mais il n’y avait aucune solution “pacifique” à sa visite, c’était une invasion aussi longtemps qu'Ibara croit en ses idées, et lui en les siennes. Il ne serait jamais reparti, et le seul moyen que la sorcière aurait eu de protéger son sanctuaire, cela aurait été de le tuer, mais même là, d'autres exorcistes auraient fini par venir.
De toute manière, Ibara ne tuait pas les exorcistes, donc aussitôt son adresse et son nom avaient fini entre ses mains, la sorcière ne pouvait plus vivre dans son sanctuaire. Exprimer la colère qu’elle a ressentie en le comprenant était impossible, il n’y avait rien de plus énervant que de perdre ce qui lui était précieux, le fruit de ses efforts, de sa sueur et de son sang, sans rien pouvoir y faire, ou sans pouvoir diriger cette rage à une personne précise. Qui pouvait-elle vraiment blâmer pour avoir perdu à jamais son jardin, elle n’avait pas de preuve que Hanako a trahie sa promesse, si cela n’avait pas été Daisuke, un autre exorciste serais tout de même venu, aucun non-exorciste n’était impliqué, du moins qu’elle le sache ? Non, c’était quelque chose de “normal” pour un membre de l’ordre occulte d’être poussé dans ses retranchements par les exorcistes, l’ordre défiait ouvertement leur autorité en plus.
Quelles options lui restaient-elles, tout recommencer ? Laisser sa colère exploser sur quelqu’un sans se soucier de son implication ou non ? Garder tout cela en soit ? Rien de ce qu’elle pouvait imaginer faire n’était efficace à cent pour cent. Elle trouvait un semblant de consolation dans le fait que Haru la vengera bien assez tôt, et elle était rassurée que ce soit lui qui s’en charge, parce que si elle devait le faire, cela se finirait par l’un des deux exorcistes tuant l’autre. Mais ce n’était pas suffisant. Cela ne suffisait pas à éteindre sa colère, si bien qu’elle avait peur de ne plus réussir à la contrôler si un jour elle était face à l’un des responsables, et ce bien qu’elle ait promis à Haru de ne pas s’en mêler jusqu’à ce qu’il le lui dise de le faire…
Dans un but de se calmer, ne serait-ce que momentanément, la sorcière avait décidé de récupérer aujourd’hui le plus gros de ses affaires. Elle était officiellement déchargée de l’infirmerie de l’ordre, et pouvait voir ce que les exorcistes avaient laissé derrière eux. Tout ce qui restait, c’était un jardin détruit, et une maison fouillée de fond en comble. Ses vinyles ? Détruits. Ses vêtements ? Jetées au sol, volées ou bien déchirées. Ses plantes étaient jetées sur le sol aussi, il ne restait finalement pas grand chose d’intéressant à ressortir de toutes ces affaires, et c’était peut-être mieux ainsi.
“Nourrice.”
Le dragon apparut sans une seconde d’attente, ses beaux yeux et ses roses scintillants presque dans la pénombre de la maison. Ibara n’aimait pas l’invoquer en dehors des combats, parce que faire appel à elle, cela revenait à se souvenir des événements l’ayant mené sur cette voie, elle n’avait cependant pas le choix. Il y a quelque chose que les exorcistes ayant saccagé sa maison, ou leurs assistants, qui sait, ne pouvaient pas trouver sans avoir eux même un shikigami comme la nourrice. L’ordre était silencieux, mais ses ronces se plantaient tout de même dans le sol, puis soulevaient le parquet jusqu’à le détruire, portant avec le parquet une dalle de béton révélant un sous-sol caché. Ibara n’avait pas respecté l’absence de permis de construire du terrain, en même temps, pourquoi se soumettrait-elle aux lois des non-exorcistes ?
Ibara n’avait que peu d’objets qu’elle voulait garder absolument cachés, et ils se trouvaient juste devant elle. Les papiers sur lesquels figuraient les preuves de sa légitimité pour son héritage, autrement dit, la preuve que les parts des compagnies de ses parents lui reviennent de droit, un masque de porcelaine parfaitement moulé à son visage, mais l’anonymisant, et deux urnes funéraires. Leur contenu est évident, si on prenait le temps de réfléchir à la raison qui pousserait Ibara à garder des cendres. D’un mouvement de tête, le dragon sortit tout ça, les portant grâce à des ronces sans épines pour ne pas les abîmer, avant que la sorcière ne sorte de là. Elle avait tout ce qu’elle était venue chercher.
Mais elle faillit tout faire tomber en voyant quelqu’un perdu dans son jardin, du moins ce qu’il en reste. Elle se trouvait derrière la bâtisse, impossible de dire si elle a vu ou non la sorcière, ou si elle l’attendait, mais une chose était sûre, c’est une exorciste. Avant, si un exorciste l’attendait ainsi dans son jardin, elle savait que c’était un membre de l’ordre, seuls eux connaissaient son adresse, mais maintenant, elle ne pouvait s’empêcher de douter, et d’avoir peur que ce ne soit pas le cas. Sa priorité était de mettre ses affaires dans sa voiture, mais pendant que son dragon se chargeait de cela, elle ne put s'empêcher d’approcher l’intruse. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, elle devait savoir qui était cette personne et ce qu’elle faisait là.
“C’est encore une propriété privée, tu sais ? Autrement dit, pas ouvert aux touristes.”
Suri Seyama
Exorciste - Classe 2
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Puissance Occulte : 2099
Date d'inscription : 06/05/2024
Suri Seyama
Lun 1 Juil 2024 - 16:04
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
L'oisive n'a que faire de cette forme de désinvolture qui émane présentement de son personnage, elle n'a en réalité pas réellement conscience de l'audace dont elle fait preuve en pénétrant cette propriété. S'agissant là principalement de décombres, l'idée même de déranger qui que ce soit ne l'effleure pas un instant. La question ne s'étant pas posée en parcourant les alentours de la demeure, Suri rôde sans se soucier. Alors que son regard explore le moindre signe d'un passage précédant, scrutant au passage les quelques lianes, racines et autres buissons auparavant entretenus, son joli minois curieux renifle quelque-chose de particulier. Une sensation, un instinct. Et si, elle n'était pas la seule à vouloir chercher l'information passée entre les mailles ? Rapidement elle songe, que dirait-elle si un collègue passait par ici ? Elle n'a été missionné par personne pour étudier le terrain, pour élucider un quelconque mystère. Sa visite serait sans doute scrutée d'un mauvais œil, espérant un instant n'avoir à se justifier auprès de personne, elle réfléchit. Mais sa réflexion se voit interrompue par une voix portant l'accusation. Haussant les sourcils rapidement pour mimer sa surprise, son mouvement s'interrompt soudainement. Elle n'est pas seule ici et manifestement, ça dérange. Un sourire crispé s'affiche sur ses lèvres alors qu'elle relève son menton vers l'appel.
« Je ne veux déranger personne, je n'suis pas là pour importuner qui que ce soit. »
Ni une, ni deux, elle balance les épaules pour revenir sur ses pas et son regard croise alors celui de cette jeune femme. Elle ne semble pas bien plus âgée que la mauve, bien que son visage soit marqué d'une certaine expérience de vie. De loin, ses traits sont durs, une expression croisant la fâcherie et l'exaspération apparaît alors au travers des bris de vitre du bâtiment. Nul besoin d'une large contemplation pour deviner que son interlocuteur n'est autre que la propriétaire des lieux. Les rayons de lumière traversant l'ensemble du paysage irradient la couleur étincelante de ses mèches reconnaissables, rouges, vives. Aussitôt, ses lèvres s'étirent plus largement pour transformer ce sourire irrité dans une expression plus douce, sympathique. Le tourment s'étant installé au creux de son estomac dans ce court instant fût rapidement dissipé, Suri n'a pas spécialement peur. De nature plutôt combative, elle ne rencontre cependant, à aucun moment une envie d'affrontement. La mauve connait le niveau bien supérieur de l'exorciste en face, il serait malvenu de souhaiter la provoquer d'une quelconque manière. Encore faut-il que l'invocatrice comprenne rapidement que sa visite est réellement pacifiste.
Alors qu'elle relève doucement ses bras à moitié nus pour entortiller sur elle-même, sa longue chevelure, sa silhouette avance d'un premier pas timide vers la maison. La chaleur commence tranquillement à prendre ses aises et alloue naturellement à la jeune femme, une moiteur désagréable le long de sa nuque.
« La moindre des choses serait d'abord de me présenter, je suis Suri. Seyama Suri. » Dit-elle en relâchant son crin parfaitement lisse.
Dans une démarche de respect, l'exorciste se penche légèrement vers l'avant en annonçant son identité, espérant prouver encore une fois, toute sa bienveillance. En face, la jeune femme ne semble pas réagir de manière abrupte et ses gestes paraissent détendus bien qu'elle ne soit pas tout à fait à l'aise avec cette situation. Rien d'anormal dans le fait de se méfier d'un intrus, il va certainement falloir un peu plus de jugeote à la mauve pour se sortir de cet encombre manifeste. L'ambiance n'est étrangement pas pesante et le corps de Suri se glisse enfin dans l'ombre qu'offre le bâtiment, ses paupières s'ouvrent plus grandement pour observer plus en détail, la demoiselle. Il semblerait que les décombres soient encore présents tout autour d'elle, dans ce qui ressemble à une ancienne pièce de vie. Quelques agitations retentissent alors de l'autre côté des murs, elle ne serait donc pas seule ? Pas un seul instant, la japonaise se remémore le pouvoir de cette femme, impossible de deviner que des dragons puissent être en train de rôder dans le coin. Elle n'a finalement, pas très envie de voir la noirceur dans ce contexte cocasse. Suri n'est pas là pour se faire un ennemi, le contraire lui serait plus séduisant. De toute sa sympathie naturelle, sa curiosité piquée en son plein cœur face à cette occultiste, ses mots se lancèrent sans réflexion aucune.
« C'est une sacré épreuve que vous vivez-là. Si vous avez besoin d'aide, n’hésitez pas... »
Cela pourrait paraître risible de la part d'une étrangère à ces lieux, en pleine effraction ; mais l'essence de l'aventurière n'est vraiment pas mauvaise, qui plus est face à une personne intrigante. Toute la singularité de ces dernières recherches au sujet de l'ordre occulte l'ont amené à avoir un comportement qui semblerait certainement bizarre aux yeux des autres, mais aujourd'hui, Suri se sent déjà presque comme eux. Une sensation unique mêlant de l'empathie et de l'abnégation puis, une immense curiosité et l'envie profonde de pénétrer ce groupe.
Voilà qui la prenait au dépourvu, c’est rare que quelqu’un se retournant pour voir Ibara lui sourie. Est-ce qu’elle avait un boulon en moins ? Non, il est stupide de penser comme ça en premier. Il fallait penser rationnellement, et ne pas trop se compliquer la réflexion. La sorcière rouge s’asseyait sur le rebord de sa fenêtre, une fenêtre cassée, malheureusement, mais une aile de pétales rouges en balayait les débris, ne laissant donc aucun danger pour la sorcière. Est-ce que cette femme faisait partie de l’ordre ? Cela serait bien l’une, si ce n’est la seule raison qui pourrait expliquer que quelqu’un soit contente de voir l’invocatrice. Le problème ici, c’est qu'Ibara ne la reconnaissait pas, et ne voyait pas pourquoi une de ses sœurs explore les ruines de son ancienne habitation sans connaître Ibara ou directement lui demander la permission, ou tout simplement l’information qu’ils cherchent à trouver.
Cela devait alors être une exorciste, quelqu’un envoyé pour nettoyer le foutoir laissé derrière Daisuke ? Une assistante peut-être ? Est-ce qu’elle jouerait alors la comédie pour éviter une confrontation désavantageuse ? Ce n’était pas possible qu’elle soit un simple civil, mais peut-être qu’elle était une cultiste alors ? Pourquoi approcher Ibara alors, ils pensaient pouvoir la recruter ? Cela serait très insultant si c’était le cas, Ibara vivait pour l’ordre, ils devront la tuer s’ils la voulaient, et elle se tuerait elle-même pour empêcher son retour en temps que fléau vengeur.
“La dernière personne qui m’a dit ça, et bien, le résultat est sous tes yeux."
L’invocatrice n'aimait pas cette situation, elle ne savait pas quoi faire, et ce manque de direction l'angoisse. Ses nerfs n’étaient pas sa plus grande qualité, disons le clairement, et si elle pouvait utiliser sa cervelle en combat, elle ne servait pas à grand chose à autre chose… C’est quoi ça, une hyper fixation ?! Pourquoi elle ne dépassé les 90 de Q.I. que dans des situations dangereuses, ou dans des jeux de stratégie ! Raaaaah ! Bon si c’est comme ça, elle allait juste lui demander, ça ira plus vite !
…
Oh, bah, laissez tomber. Qui a besoin de réfléchir quand les réponses lui étaient servies sur un plateau d’argent un ? Pffffh… Non, ce n’est pas de la gêne ou de la rougeur qui se reflétaient sur son visage ! Aucun rapport, il faisait juste un peu chaud ! Bon, bah elle avait son prénom, et cela ne lui disait rien, donc ça ne devait pas être une membre de l’ordre. Mais quelque chose était évident. Elle était… Craintive. Allez savoir pourquoi, probablement parce qu’elle n’était pas bien forte, ou qu’elle savait qu’Ibara était une puissante dame ! Ou alors c’est une très bonne comédienne, qui sait. Dans tous les cas, elle semblait fondre sous le soleil à vue d'œil, et très honnêtement, ce n’était pas un spectacle bien intéressant à regarder. Elle soupirait, et la porte - cassée - de sa maison s’ouvrait.
“Met toi à l’ombre. Pas de geste brusque, je ne réponds pas de mes réflexes.”
Suri Seyama, donc, entrait dans ce qui était comparable avec l’antre d’un lion, sauf que l’antre était cassé, et le lion était quatre dragons de quatre couleurs différentes placé à différents lieus de la pièce principale. Les serviteurs de la sorcière avaient leurs yeux rivés sur son “invitée”, prêt à bondir en cas de danger. Si Ibara était assez renfermée et craintive de base, sa récente expérience lui a fait revoir à la hausse ses standards de méfiances, ce qu’elle ne pensait pas possible.
Quelque chose la gênait avec cette femme, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Son comportement était juste, incompréhensible, mais pas incompréhensible comme les gens l’étaient normalement, une autre sorte d’étrange qui lui donnait mauvaise conscience pour se méfier. Pourquoi est-ce que cette femme cherchait à proposer son aide ? C’était quoi le but ici, si c’était perturber la sorcière, cela fonctionnait. Elle ne savait pas où en donner de la tête avec elle.
“Je hum, attends. Cela va parraitre méchant, mais... On s’est rencontré avant aujourd’hui ? On se connaît ? Il existe un lien qui m’échappe entre ta personne et la mienne. “
À ce stade, c’est la seule explication qu’il lui restait. Parce que quel genre d’inconnu se comportait comme ça ? Pourquoi elle reconnaissait la sorcière, mais pas l’inverse, pourquoi lui proposer son aide si elle ne faisait pas partie de l’ordre ? Est-ce qu’on peut parler aussi de l’étrangeté des personnes allant chez Ibara ? La première, lui a demandé de tuer quelqu’un, le second voulait la capturer et lui a fait revivre ses pires traumas, et maintenant elle !.. Bon avec un peu de recul, c’était la moins pire du trio.
“T’es une meuf bizarre, tu sais ? J’abandonne. Je voulais essayer de deviner pourquoi tu étais là, mais je n'y arrive pas. Au moins, tu n’as pas l’air dangereuse, même si tu as l’air de me chercher, et je n’aime pas ça.”
Cette meuf… Elle allait être responsable de sa prochaine et répétée consommation de Doliprane. Les gens sont trop compliqués pour elle, c’était bien plus facile de déduire un sort inné et ses limitations. Dire qu’il y a des gens qui font de la psychologie leurs métiers…
Suri Seyama
Exorciste - Classe 2
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Date d'inscription : 06/05/2024
Suri Seyama
Mer 3 Juil 2024 - 14:44
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
Elle s'avance, le pas flottant, entre les brins d'herbe d'un vert bien vif, encore peu abimés par les températures de l'été naissant tout juste. La principale raison pour laquelle la mauve ne songe toujours pas un instant à se méfier de cette invocatrice se présente, involontairement à elle. Difficile à exprimer - les explications seraient bien alambiquées - mais, l'instinct de Suri ne se trompe quasiment jamais. Persuadée de tenir cela de sa mère, elle croit fermement en sa capacité à étudier les situations et propos auxquels elle est confrontée. C'est alors qu'aussitôt l'invitation prononcée, elle s'avance dans l'encadrure de la demeure. De majestueuses bestioles quadrillent la pièce de leurs uniques regards perçants. Dès lors que la jeune japonaise frôle le sol terreux de cette maison abîmée par ses confrères, une sensation de culpabilité traverse son esprit, suivi d'un sentiment curieux. Il est comparable à cette sensation particulière qui peut traverser un caractère sensible lorsqu'il passe les portes d'un musée plongé dans un silence époustouflant, résonnant. Un peu étourdie, Suri scrute sans trop s'attarder, l'originalité des dragons et offre au passage, un signe de tête respectueux à chacun d'entre-eux. Ses iris se posent enfin à nouveau sur le visage poupin de l'occultiste.
« On ne se connait pas, non. Pour être honnête, je suis affectée par la destruction de votre propriété et ma curiosité a été clairement déplacé, je l'admets. »
Sans dévoiler clairement son statut, la nippone, par ses paroles authentiques, venait alors de traduire sa position ambiguë. Bien qu'elle n'eut le cran d'annoncer son rôle primaire au sein de la société, il coulait de source en attestant de ses mots, qu'elle ne faisait effectivement pas - pour l'heure - partie de l'ordre. Difficile de déchiffrer le visage de la rougeoyante après ses mots mais il était certain que désormais, elle pouvait être sûr d'une chose. Suri n'est pas ici pour provoquer un ressentiment quelconque ni des provocations, quelles qu'elles soient. Apprendre a connaître cette demoiselle serait une quête assurément démesurée dans les circonstances actuelles mais ce premier par vers l'inconnu, vers un membre de ce groupe, était déjà une immense avancée dans son cheminement. La suite se dessine dès à présent et si l'accueil qu'elle reçoit en cet instant ne sera pas non plus décisif quant à son orientation prochaine, il est certain que cela donnera un ton à la suite. L'ordre occulte est, à bien des égards, une organisation assez secrète dans son mode d'opération et l'exorciste est bien placée pour le savoir tant il est difficile de l'approcher. La construction de ses membres semble intouchable depuis le trône parfait que Suri hérite de sa famille, les énigmes s'accumulent sans qu'elle ne puisse réellement toucher du doigts, l'éventualité d'un premier pas. Avec cette attitude à la limite de la désinvolture, il n'est pas inadapté de croire qu'elle cherche simplement et sans se l'avouer, une main tendue.
« Je comprends, j'ai vraiment pas envie de te prendre la tête tu sais. Je me permets de te tutoyer au passage puisque ça semble naturel de ta part. On doit avoir dans la même tranche d'âge en plus, je suppose... »
Ce n'est pas chose aisée pour la jouvencelle d'utiliser le tutoiement avec quiconque d'étranger à ses connaissances, cela vient sans aucun doute de son éducation un brin formelle. Mais elle n'est qu'une jeune femme de son époque après tout et arrive aisément à se fondre dans les masses environnantes. Si la norme correspond alors à l'utilisation d'un langage plus familier, elle accordera sans problème ses violons parfois un peu trop lustrés.
« Je sais pertinemment que cette guerre persiste encore et encore mais je n'y adhère pas. J'vais être sincère avec toi et éviter de tourner autour du pot plus longtemps, je suis exorciste et pas pour l'ordre. Mais... » Une hésitation. Trouver les mots justes sans pour autant brusquer la situation, sa vision. « Je m'intéresse à vous. »
Une formulation simple. Les mots étaient prononcés, plus de retour en arrière possible, la jeune femme venait pour la première fois de confier à cette inconnue, ce qui pourrait ressembler à des élucubrations pour la plupart des gens. Il ne s'agissait pas de grand chose pourtant, aux yeux des autres. Mais pour Suri, l'immensité de cette révélation la submergeait assez pour tourner son buste et enfouir son regard dans les débris entassés au coin de la pièce. Une trace de culpabilité soulignait ses prunelles, l'allégeance de sa jeunesse dévoilait ses fêlures profondes. Cette situation mêlait désormais un mélange audacieux de sentiments. D'un côté une occultiste de talent, à la carapace coriace, émanant d'une aura rouge primaire primaire tel que celui du sang frais. De l'autre, une combattante déterminée mais à l'allure gracile, se présentant dans la douceur de ses ondes violines.
Alors pleine de doute, la mine de Suri se contracte et son tâtonnement s'évapore en un rien de temps. Elle plie alors ses jambes pour poser son arrière train contre ses talons et dans un geste d'une délicatesse sans pareil, tend l'index vers ce qu'il reste d'une poutre encore à moitié accrochée à son mur. Une araignée venait de descendre de son fil et se présentait à elle comme pour écouter ses craintes. La mauve positionne alors son doigt pour l'inviter à rejoindre sa paume et son visage revêt son masque audacieux avant de se relever en direction de son interlocutrice.
« Maintenant que je suis face à toi, il y a deux options. Tu peux décider de te laisser emporter par l'envie de vengeance qui doit te ronger, j'en suis certaine. Ou alors on peut discuter, peut-être même faire connaissance toi et moi... »
Elle se relève en compagnie de sa petite protégée qui parcourt désormais les veines qui traversent le dessus de sa main, un air déterminé et convaincu s'affiche à travers ses traits poupins.
Ah. Oui, c’était probablement là une possibilité. Et qu’elle n’y ait pas pensé était ou un testament à son inutilité hors d’un combat, ou à l’ironie de la situation. Pour les grandes tirades que cette femme aimait faire, la raison de sa venue ici était vraiment bien simple. Malheureusement, pas le genre de simple qu’elle aime. Elle poussait un soupir à en déchirer le continuum espace temps, un serviteur se glissa hors de la pièce, revenant avec une bouteille de vin entre les dents, qu’Ibara portait son nez, puis l’ouvrit avec la gueule de son dragon, avant d’en siphonner quelques gorgées.
“Ok, ok, je vois ce que tu veux. Mais tu vois, dans le grand plan du plus grand encore, on est deux bouffonnes avec très peu de chance.”
Descendant de son perchoir, non sans craquer des débris de verre sous son talon, la sorcière s’approchait de la jeune femme aux cheveux violets, la supplantant en taille, mais cela n’importait pas beaucoup. Quel adorable minois, plein de rêve et d’espérance, de compassion, probablement aussi. Cela serait bien plus facile si elle mentait, mais elle n’était pas en train de la pipoter. Du moins, Ibara n’en avait pas l’impression, et son honnêteté était assez transparente. Problème, comme elle l’a dit, la paire n’était pas chanceuse pour un sous.
“Je suis désolé pour toi, mais t’es tombé sur probablement la pire, non, l’une des trois pires personnes sur qui tu pouvais tomber et dire ça. Pas parce que je te crois pas, non, t’en fais pas de ce côté, je te crois presque à cent pour cent.”
Ce qui était aussi proche que l’on pouvait avoir d’une confiance totale avec Ibara lorsque l’on était qu’une inconnue. La sorcière lui tapotait l’épaule, avant de retourner se mettre à son aise. Malchanceuse comme elle était, au moins, cette Suri n’était pas tombée sur un des plus, mh, direct membre de l’ordre occulte. Juste, l’une des moins qualifiées pour recruter quelqu’un.
“Vois-tu, j’ai proche de zéro compétence en ressources humaines. Ce n'est clairement pas mon job, et je pourrais appeler la dite personne chargée de ça, mais c'est un peu compliqué. Donc tu es avec l’une des pires occultistes possible pour ça. Mais c’est pas complètement perdu non plus ! Il y a plus asocial que moi. Même si tu arrives à un très mauvais moment.”
Assez but pour elle, il était temps d’être sérieuse. Sa proposition la tentait tellement, de passer ses nerfs sur une exorciste, c’est à cause de sa société de merde que toute la vie d’Ibara était partie en couille, et que même maintenant, ils continuaient à lui prendre ce qu’elle avait de plus précieux. Mais quel intérêt ? Ce n’était qu’un écrou tenant en place la tour depuis laquelle les grandes familles contrôlent le Japon. En détruire un ou deux ne changera rien, il faudrait en tuer des centaines pour commencer à les inquiéter un tout petit peu, mais alors est-ce qu’ils seraient vraiment différents d’eux ?
“Même si j’ai envie de me venger, de tous, de tes supérieurs, de tes collègues, de toi-même pour en avoir fait partie si longtemps. Parfois, j’ai envie de tout simplement le faire. De vous passer à tabac lorsque l’on s’affronte sans m’arrêter, que vous y surviviez ou non. D’arrêter de vous protéger lorsque l’on se croise en mission.”
Elle ne mentait pas, pendant un instant, elle considérait vraiment le faire. Mais elle claquait dans les mains, et la tension qui commençait à monter s’évaporait. Elle le voulait, mais ce n’était pas ce que l’ordre occulte voudrait, ni pour elle, ni pour les exorcistes sur qui elle se lâcherait. Il n’y avait pas beaucoup de règles dans l’ordre occulte, mais ne pas tuer d'autre exorciste, sauf en cas d’extrême nécessité en était une.
“Mais nous sommes meilleurs que vous, donc je ne le fais pas.”
Il ne restait donc qu’une seule option, faire connaissance. Enfin, elle n’allait pas dire grand-chose, c’était à elle de se vendre. L’ordre avait beaucoup à perdre d’information donnée au premier venu, en comparaison, ce qu’elle pourrait offrir était ridicule. De plus, l’invocatrice était bien plus curieuse sur ce qu’elle avait à lui dire. Comment quelqu’un en venait à prendre le parti de l’ordre occulte sans en avoir vécu les tourments ? Enfin, normalement, c’est ce qu’il faudrait faire, mais elle avait depuis longtemps arrêté de compter sur le bon sens des exorcistes.
“Donc parlons ! Enfin, tu vas parler, pour des raisons évidentes. Qui sait, peut-être, j’aurais quelques trucs à dire aussi.”
Il ne faudrait pas non plus que cela ne soit qu’un monologue. Commençons par des questions simples, un petit interrogatoire pour un recrutement en bonne et dû forme. Même si cette fan d’histoire larmoyante allait probablement avoir un interrogatoire bien plus serré avec Morgan, si elle comptait s'intéresser jusqu’au bout à l’ordre, et finalement en faire partie.
“Alors, Suri Seyama. Dit moi tout, pourquoi risquer d’être une traîtresse à l’ordre établi pour papoter avec le camp d’en face ? Lorsque l’on n'adhère pas à une guerre, ou on l’arrête ou on s’en distancie, on cherche rarement à aider le camp adverse. “
Dommage que sa maison était complètement… Ouais, sans dessus et encore moins avec des dessous. Sinon elle lui aurait offert une chaise, un peu d’eau ou du jus de fruit, est-ce que le vin compte comme un jus de fruit ?
“Met toi à l’aise, on en a pour longtemps. Je t’offrirais bien quelque chose à boire ou à manger, mais là dans l’immédiat, j’ai rien.”
Suri Seyama
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Suri Seyama
Mar 9 Juil 2024 - 21:55
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
Suri n'est pas vraiment le genre de personne à tergiverser des heures pour atteindre son but, elle est généralement à l'aise avec les mots ; mais il n'est pas sans nier que pour l'heure, sa pensée titube nonchalamment. Le sujet est délicat, sa naturelle franchise se voit entraver par la bienséance dont elle doit faire preuve dans des propos chatouilleux. L'interlocutrice du moment semble avoir la même facilité de parole, sans les doutes certains de la mauve qui troublent son système habituel de rhétorique. Le regard amusé que porte Suri devant l'aisance et la complicité d'Ibara et ses bêtes se charge de retenir de cette situation, tout un tas d'interrogations à leurs sujets. Malheureusement pour sa soif de connaissances, il est attendu de la jeune femme, des explications plus claires sur sa position avant d'envisager remplir sa jarre de curiosités.
« Et bien... Je n'vais pas te cacher que le sujet est un peu compliqué. C'est à la fois limpide et très très opaque de mon côté. » dit-elle d'une voix calme.
Visiblement, il n'y avait pas d'heure spécifique pour ouvrir une bouteille de vin dans les habitudes de la sorcière. Ce début d'après-midi ensoleillé est manifestement le bon moment pour cela... Le jugement intérieur de la japonaise ne transparait cependant pas un instant sur sa mine attendrissante et bien qu'elle eut de la peine à comprendre ce geste, dans une réflexion supplémentaire elle crut entrevoir une explication à cette attitude. La rougeoyante traverse une passe sans conteste très difficile et doit simplement s'y retrouver dans l'adage bien connu de tous : boire pour oublier. L'oreille attentive de Sue ne sait trop que faire de cette franchise inattendue, car si jusqu'à présent ses affaires se tournaient principalement à une pêche aux informations, la voilà face à une femme persuadée de la route que l'exorciste devrait emprunter.
« À dire vrai, je suis un peu déroutée par toutes ses pensées qui me traversent. Il m'est déjà arrivée d'imaginer rejoindre vos rangs je l'admets, dans des moments purement fantasques, mais ma construction est bien différente de la plupart de vos membres. »
Désireuse de montrer une décontraction aussi prompte que celle de sa nouvelle connaissance, l'oiselle laisse tourner son regard autour d'elle, scrutant le meilleur endroit où se positionner après l'invitation de l'occultiste. Dans ce foutoir monumental, il ne reste plus réellement d'espace se montrant engageant pour accueillir confortablement un temps de discussion. Son choix se pose alors sur l'un des seuls objets étonnement épargné par la bataille. Une sorte de guéridon moyennement stable sur laquelle elle se pose alors, envisageant le mur mitoyen comme dossier. En croisant ses jambes dans un geste élégant, un air flegmatique s'empare de sa figure et elle lance spontanément une phrase lourde de sens.
« Je n'imaginais pas pouvoir discuter avec un membre de l'ordre occulte si facilement et quoi qu'il se passe à l'avenir, sois sur que je prendrais votre défense. »
En réalité, cela fait déjà un long moment qu'après chaque combat, Suri questionne la véracité de sa position. Toute la hargne empoignée pour épater son paternel, n'a sensiblement servi qu'à la pousser vers une conduite bien trop linéaire, qui ne ressemble aucunement à son esprit pittoresque. Devoir ranger ses pensées vagabondes à chaque instant de sa vie, surpasser son corps pour un hochement de tête désintéressé, s'oublier pour une approbation vide de sens. Tout cela n'a servi qu'à une chose dont elle n'est vraiment pas fière, se perdre dans sa propre architecture. Qui est réellement la fille Seyama sans l'ombre d'un père assourdissant sa personnalité ?
Elle parle, sans se méfier de la puissance de ces révélations, comme l'actrice d'une fiction bien orchestrée. Elle découvre à chaque mot prononcé, que son camp est désormais quasiment bafoué dans ses propos, dans ses explications.
« Je ne sais même pas si je fais bien de t'avouer tout ça, c'est pas trop dans mes habitudes de déblatérer... Mais je t'avoue que je suis un peu paumée ces temps-ci. »
Est-ce la situation propice, l'allure à la fois énigmatique et sympathique d'Ibara ou le ras de marrée accumulé dans son esprit qui amène Suri à se délester de ces tourments ? Une chose semble plutôt claire selon la traduction des mots de son interlocutrice, la mauve transpire l'intérêt qu'elle porte à ce groupement. Les nombreuses lectures et recherches à ce sujet l'ont, à ses dépends, amené à s'introduire un peu trop près de ces adeptes, littéralement. Comme un aimant, elle ne parvient plus à s'empêcher, à résister à cette envie de toucher du bout du doigt, l'histoire originale de l'ordre occulte et de ses sympathisants.
« Si ce n'est pas trop indiscret, je peux te demander comment toi, tu en es arrivé là ? »
Aaaah. C’est elle qui est censée poser les questions, pas l’inverse ! Mais le problème, c’est qu’elle a déjà une idée de ce qu’elle est, et de ses raisons. Le problème ? Ce n’est pas à Ibara qu’elle devrait dire tout ça ! Il était clair qu’elle était une femme paumée, ayant réalisé la futilité de sa vie jusqu’à maintenant, et remettant en question tout ce qui lui a été appris jusqu’à maintenant. Un rien, et elle basculera de leur côté, et cela serait la meilleure fin possible.
“Tu es à la croisée des chemins, en quelque sorte. Si tu prends une décision, tu ne pourras pas revenir en arrière, tu es sûr que tu veux que je t’aide à orienter ton choix ?”
Pour elle, le choix qu’elle devait faire est évident, mais elle n’était pas une manipulatrice, elle n’en avait pas les neurones. Elle ne pouvait que la convaincre qu’elle croyait en ce que faisait l’ordre occulte de tout son cœur, et pour ce faire, apparemment, il faudra lui parler de choses qu’elle préférerait enfouies sous son parquet.
La sorcière expirait, elle jeta un regard sur les coins de la pièce, et ses dragons approchèrent Des créatures semblant avoir commencé leur vie en tant que plante, avant d'imiter l’apparence d’un reptile, et plus précisément, d’un dragon. Une de ces créatures sauta sur les genoux de l’invocatrice, avec les roses d’un rouge profond, avant qu’un de ses homologues rose se rapproche de l’invitée.
“Tu as l’air curieuse, fais toi plaisir.”
Ses doutes sur son caractère se dissipaient au fur et à mesure qu’elle parlait, si bien qu’elle ne pense plus avoir besoin de la garder en échec, si elle a rapproché ses dragons, c’est pour se donner du courage, pas pour lui faire peur. Son passé est un sujet sensible, mais si ça peut l’aider à faire son choix, et surtout à faire le choix de l’ordre…
“Si tu en as besoin pour faire un choix, je veux bien partager mon passé… Il n’y a pas d’information qui pourrait m’être défavorable dedans, de toute façon.”
Elle prend une grande inspiration, avant de se lancer. Comment Ibara a fini dans cette situation.
“Ma mère était une romantique, pour ne pas dire une idiote. Son mariage était arrangé avec le fils d’un CEO, mais elle pensait dur comme fer qu’elle allait vivre le grand amour. Sa déception était donc sans fin lorsqu’elle a réalisé qu’elle a marié un amoureux de son travail. Il aimait les heures supp’ plus qu’elle. Et pour noyer sa tristesse, elle est allée boire un jour, et a fricoté avec un type aux cheveux rouges comme une pomme.”
Le résultat de ce fricotage se trouvait devant ses yeux, Ibara Homura n’était pas à proprement parler une Homura, mais elle ne sait pas non plus qui est son père, elle ne sait de lui qu’il était un exorciste, et c’était tout. Il est peut-être mort, et pourtant, cela ne lui faisait rien de ne pas le savoir.
“Il a laissé un petit cadeau pour ma sotte de mère : moi. Mais ça a brisé son couple d’apparat, me laissant entre une femme à l’amour obsessive, voyant en moi une sorte de prophète, et un homme qui voudrait me voir six pieds sous terre parce que j’étais un monstre. J’ai toujours pu voir les fléaux depuis mon plus jeune age, et mon sort inné s’est révélé très tôt, me protégeant inconsciemment.”
Même s’il était mille fois plus faible que maintenant. Il laissait des marques de morsures sur ses bully ou l’empêchait de se blesser lorsqu’elle trébuchait avec des ronces ou quoi. Ce qui avait vite fait de l'isoler des autres, et de la laisser seule face à sa situation familiale.
“Un jour, il a parlé un peu trop ouvertement de cette envie, et ma mère l’a entendue. Elle l’a tué la nuit même avec un couteau de cuisine, avant de venir dans ma chambre pour en faire de même avec moi, puis elle. Elle allait emporter tout le monde dans sa folie.”
Mais puisqu’elle était devant la femme violette, quelque chose n’a pas dû aller comme prévu, n’est-ce pas ? Elle avait la réponse devant elle, les dragons étaient ce quelque chose qui a sauvé la vie de la sorcière rouge. Elle passait d'ailleurs ses doigts entre les pétales de son serviteur, le regard vers lui, mais regardant plus loin, perdu dans ses souvenirs.
“Cela aurait peut-être été mieux, mais je pouvais déjà invoquer un dragon inconsciemment, lorsque c’est arrivé. Elle a donc fini pendue par des ronces de ma création, le bras dans la gueule d’un de mes dragons, alors que je regardais, tétanisée et incapable de l’en empêcher…”
Elle s'arrêta, ne voulant pas se souvenir de ce qu’elle avait vu ce soir, mais même sans en parler, elle ne pouvait pas oublier dans quel état elle avait mis sa propre mère. Si elle dormait, elle le voyait, si elle utilisait le dragon qui l’a mis en pièces, elle la voyait, et en parler, et bien, elle savait que si elle relevait les yeux, il y aurait deux femmes en face d’elle, et pas qu’une.
“L’ordre m’a récupéré à ce moment-là. J’essayais d’en finir avec… Tout, mais subconsciemment, mon sort m’en empêchait. J’imagine que je ne voulais pas suffisamment mourir. Et ils m’ont aidé à voir qu’il me restait des choses à faire, que ma vie ne devait pas s’arrêter là parce que des gens ne me comprenant pas m’ont mis dans cette situation. Donc je veux leur rendre la pareille, les aider à créer un monde où être une exorciste n’est plus une malédiction.”
Suri Seyama
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Suri Seyama
Jeu 25 Juil 2024 - 7:51
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
Dans l'ombre offerte par le toit encore debout de cette maison pourtant ravagée, une atmosphère étrangement sereine règne désormais. L'envolée de mots insufflant les certaines faiblesses de l'occultiste se faufile dans l'inconscient pourtant bel et bien éclairé de la japonaise, laissant sur son passage un mélange d'émotions traverser les entrailles de la mauve. Il est évident qu'elle est au courant que les membres de ce groupement ont pour la plupart, des histoires de vies compliquées ; mais, parmi les nombreux écrits maintenant digérés par la jeune femme, peu d'entre-eux laissaient transparaître les failles. Si, de la dompteuse de bêtes, il n'émane aucune forme de fragilité de prime abord, son visage reflète davantage les affres de ses expériences passées à présent. Pour l'heure, Suri se sent comme une minuscule petite chose devant la grandeur des difficultés rencontrées par son interlocutrice. Obnubilée par ce discours pourtant récité avec aisance, elle redresse alors son dos avachi contre la tapisserie abîmée et ne sait rien dire d'autre que ce qui suit.
« Ton histoire est à la fois difficile à entendre et pleine d'espoirs... Tu sembles résister à toutes ces étapes avec une grande force. » ... « Difficile d'imaginer l'amour capable des pires horreurs. »
Il est compliqué de savoir réellement quoi répondre face à une jeune femme ayant essuyé le deuil, la culpabilité certainement ou encore la perte de son intimité la plus profonde, son sanctuaire, sa maison. Et ce n'est probablement qu'une infime partie de ce que la vie eut posé sur son passage. Elle n'ose imaginer le nombre de ressentiments, de désarrois et autres fièvres ayant pu amener Ibara là où elle en est aujourd'hui. Pendant un court instant, la mauve eut presque envie de s'approcher de la rougeoyante pour lui offrir une accolade de soutien, mais elle n'en fit rien. La sensiblerie n'est pas réellement une qualité dans le milieu occulte et il n'est pas question de se montrer vulnérable face à une femme qui semble si coriace. Mais, la nature empathique de la nippone ne peut se cacher sous une trop épaisse cape, aussi, aussi naturellement que cela puisse glisser de ses lèvres, quelques mots, brefs.
« Si tu as besoin de quelque-chose qui soit dans mes capacités, n'hésites pas. »
Pendant la conversation, un dragon avait pris place aux côtés de la Seyama, avec un air aussi bien sympathique que menaçant. Sur le moment, elle ne sut faire autre chose que de lui accorder un sourire, ne sachant pas réellement s'il est en capacité d'en comprendre le sens. L'environnement clos de cette bâtisse est d'ailleurs manifestement propice aux confidences puisque par la suite, Suri accorde quelques détails supplémentaires à sa condition.
« Je crois que j'ai simplement besoin de liberté, de voler de mes propres ailes. » Dit-elle en regardant l'occultiste, puis une à une ses bêtes fantasmagoriques. « Il semblerait que je puisse peut-être trouver une place parmi vous finalement, qui sait... ? Je ne traine pas une histoire rocambolesque derrière moi mais je crois être en capacité de pouvoir choisir ce qui est bon pour moi. »
Toujours ces doutes, toujours cette ombre paternelle si difficile à occulter dans ses prises de décisions. Mais face à un personnage si fort que la dresseuse, si épatant par sa rage de vivre malgré les écueils, l'abattement est impossible. Voilà une preuve manifeste de la grandeur d'une rencontre presque hasardeuse, Suri doit se faire confiance.
« J'ai bien conscience que ma présence était à la base, plutôt importune, mais je réitère. Si tu as besoin d'un hébergement, d'un moment plus calme dans le tumulte que tu traverses sans cesses, sache que je peux t'offrir mon aide. »
L'idée de lui partager son numéro de téléphone paraît idéale, mais elle ne souhaite en aucun cas forcer quoi que ce soit. Aussi, elle attendra la réponse de sa nouvelle connaissance avant d'agir.
Pleine d’espoirs ? Quels sont les espoirs que pouvait avoir Ibara, est-ce que cette femme lui voyait une force qu’elle n’avait pas ? Cette Suri Seyama était vraiment une femme des plus étrange, probablement bien intentionnée, mais Ibara se voyait mal lui demander de l’aide, surtout qu’elle avait assez d'argent pour régler le problème en un mois, voir moins.
Ibara - “Je préfère rester chez un hôtel qu’aller chez une inconnue. Sans rancune.”
Puis, très honnêtement, Ibara avait besoin de son espace pour vivre quelque part, de quelque chose à faire. Cette chose était souvent des plantes, donc elle en installait beaucoup partout où elle allait, la colocation était donc impossible. Cela sera un vrai problème le jour où elle aura enfin un amant, encore pire si elle en avait plusieurs, elle devra acheter un manoir !
Ibara - “Je garde en tête que tu veux m’aider, donne moi ton numéro, si j’ai besoin d’un service un jour, je saurais où aller.”
Mais toute mignonne comme elle est celle-là, elle avait un immense problème. Ce n’était pas du tout la bonne mentalité pour devenir indépendante. Voler de ses propres ailes n'était pas suffisant dans la lettre de motivation pour entrer dans l’ordre occulte, du moins, pour Ibara. Elle roulait des yeux, bien sûr qu’elle y aurait une place, mais voudra-t-elle y rester, c’est ça le problème.
Ibara - “Tu y serais bien accueilli, mais si c’est juste une question de liberté, je trouve ça un peu léger. Bien sûr, on est libre de faire quasiment tout ce que l’on veut, mais cela veut dire qu’il faut aussi supporter les autres membres comme ils sont.”
Cela peut aller des vraies victimes du monde des exorcistes, comme Asuma, aux psychopathes sans foi ni loi n’étant chez les occultistes que par intérêt. Il n’y avait pas que des gens comme Ibara chez l’ordre, et même s’ils ne sont pas tous à mettre dans le même panier, presque tout le monde a au moins tué une personne de sang froid, même les gens comme Kenshin finissent par mettre la main à la patte.
Ibara - “Je trouve la liberté surcotée, personnellement. Que tu rejoignes l’ordre ou que tu quittes les exorcistes pour devenir indépendante, tu seras toujours ordonnée par des règles. Au moins, L’ordre ne te force pas à devenir un fléau ou à obéir à quiconque d’autre qu’eux, et en échange, tu as une famille qui veille sur toi…”
Oui, c’était le meilleur choix, enfin, pour Ibara, ce n’était pas un choix du tout. Le reste lui était juste impossible. Elle ne voulait pas devenir un fléau, et encore moins être la lèche-bottes des humains. Ibara se levait, et aussitôt, ses pieds touchèrent le sol que ses dragons disparurent. Elle n’en avait plus vraiment besoin, n’est-ce pas ?
Ibara - “Sans façon, je l’ai dit, je préfère les hôtels. Ce que tu peux m’offrir cependant, c’est un bon sushi. Je ne peux pas te présenter directement à un de nos recruteurs, mais on peut continuer notre discussion avec quelque chose à manger, qu’en dis-tu ?”
Toute cette parlote, cela lui donnait les crocs. Les émotions ce n’était pas vraiment son truc, et maintenant qu’elle est convaincu que Suri n’est pas une menace, autant allier l’utile à l’agréable. Puis, s’ils restent ici trop longtemps, on ne sait pas qui pourrait arriver pour leur gâcher la discussion. Il y a le risque qu’elles soient vu ensemble, certes, mais c’est un problème qui concernait Suri plus qu’Ibara. Si elle ne veut pas être vue par un collègue avec une occultiste, c’est qu’elle devait se dépêcher de changer de camp.
Ibara - “Alors, on y va ?”
Suri Seyama
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Suri Seyama
Mer 31 Juil 2024 - 22:13
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
Si les explications de la mauve peuvent paraître arbitraires aux oreilles de l'occultiste, l'embarras singulier qui la traverse est bien plus personnel que cela. Au-delà d'un besoin primaire de trouver sa façon d'appréhender son avenir, il est question plus profondément d'un choix de vie. L'époque est complexe et la demoiselle, consciente de la gravité de certains parcours en comparaison au sien, ne peut malgré tout pas nier sa propre difficulté. Le simple fait de devoir sans sourciller, obéir à une doctrine bien encadrée par des règles droites et linéaires se révèle de plus en plus obsolète à ses yeux. Les causes du chamboulement que traverse depuis bien longtemps maintenant, ce pays pourtant désirable à bien des égards, apparaissent désormais aux yeux de la jeune femme, bien plus disparates qu'une simple guerre contre les fléaux. L'idée de creuser un peu plus loin les racines des forces occultes l'appelle et cette nature un peu trop curieuse ne parvient pas à ignorer cette substance de réflexion. En bonne élève, Suri ne s'est jamais opposée à ce code de conduite édulcoré que lui ont offert ses parents, ils lui ont transmis une montagne de valeurs importantes à ses yeux et elle ne les rechignera jamais. Car grâce à cette éducation, elle sait se battre, elle trouve toujours une façon de rebondir et développe encore aujourd'hui, des réflexes particulièrement bons. Son corps est automatisé, en revanche, sa pensée s'égare.
« Supporter les autres comme ils sont, ça c'est partout pareil. Je crois être assez résiliente, je m'adapte vite. »
Encore une fois, une malléabilité laissée en héritage par sa mère. Suri l'utilise à ses fins avec brio, l'art et la manière de se soumettre, de paraître ou encore de disparaître. Elle n'est pas du genre à se mettre sur le devant de la scène, bien que son âme chatoie parfois autour de son enveloppe par un charisme remarquable. Et puisqu'il ne sert à rien de se voiler la face, sa beauté naturelle ne l'aide parfois pas bien, à passer inaperçu. Pour l'heure, le sujet est tout autre puisqu'il est question de manger du côté d'Ibara.
« J'te dois bien ça. » dit-elle en montrant son écran de téléphone à l'occultiste, sur lequel son numéro est affiché.
Après avoir chopé son sac, la mauve tourne les talons en direction du jardin par lequel elle s'était faufilé par effraction, un peu plus tôt. Elle ne connaît que ce chemin-là et même si l'accès à la porte d'entrée se devine aisément, elle ne le choisit pas. Comme une envie de repasser par cette verdure chatoyante malgré les affres du lieu. Ce lieu qui restera bien évidemment dans sa mémoire désormais. Sans doute, si elle avait imaginé avoir si facilement une conversation telle avec un occultiste, elle l'aurait tenté plus tôt. Mais finalement, tout arrive à point à qui sait attendre et désormais, elle ajoute à son tableau, des informations supplémentaires. En arrivant sur l'avant de la bâtisse, la rougeoyante donne un peu de voix pour lui proposer de se joindre à elle pour cheminer jusqu'au restaurant. Sourire en coin, elle s'avance alors vers le bolide.
« Fufu, tu connais ? Un petit restaurant qui sert des sushis pas trop hors de prix mais pourtant super frais, à Pontocho. »
Avec toute son assurance, Ibara, bien que manifestement forte et individualiste dévoile à travers sa carapace une couche de sympathie. Les voilà en route pour partager un moment supposément agréable autour de quelques mets traditionnels.
« Je me demande, comment tu as été recueilli par l'ordre occulte ? Si c'est trop indiscret, je comprendrai. »
Numéro numéro… Voilà ! Suri Seyama rejoignait le cercle très fermé des contacts qu’elle a enregistré sous leur vrai nom. Elle n’en a pas beaucoup, donc elle pouvait être fière d’en faire partie ! Ou avoir pitié d’Ibara, elle pouvait choisir, puisqu’elle lui achetait des sushis. La sorcière était plus simplette qu’on pouvait le penser.
Ibara - “Je sais pas trop, combien coûte une amende pour entrée illégale sur un terrain privé ? Disons que ça coûte un bon restau sushi, mais seulement parce que je suis généreuse. ”
Et une crevarde. Mais elle ne le mentionna que dans sa tête. Mais son excitation donnait la couleur, elle était sortie en première, et lorsque la violette lui parlait, elle était déjà à la moitié du chemin. Huh ? Hurgh, elle devait refaire le chemin pour voir de quoi elle parle
Ibara - “Cela ne me dit rien, Pontocho ? Bah, du moment que le poisson est frais, cela peut avoir un nom farfelu. On y va en voiture, donne l’adresse à mon chauffeur.”
Son chauffeur oui, Ibara ne pouvait pas passer le permis pour des raisons… Psychologiques. Elle n’en avait de toute manière pas besoin, puisqu’elle pouvait se déplacer à dos de dragon. Mais pour transporter des affaires comme aujourd’hui, c’est bien pratique. Dites bonjour à Bob le chauffeur, et au revoir bob le chauffeur.
Porte fermée, Ibara s’installait à l’arrière, Suri aussi, pas le choix, personne ne monte devant avec bob, c’est la règle ! De toute façon, Suri voulait continuer à papoter. Est-ce qu’elle n’avait vraiment pas peur que ses parlottes soient entendues par le chauffeur ? Bah, pas comme s’il allait raconter quoi que ce soit, il était bien trop payé pour ça. Son contrat est en béton, s’il moufte, il sera légalement et illégalement détruit.
Ibara - “Mh. Je me demande jusqu’à quel point je peux en parler. Si je reste vague, ça doit passer.”
De toute façon, ça remonte à bien trop loin pour qu’elle ait des détails précis. Elle a des scènettes, tout au plus. La méthode de recrutement n’est pas plus compliquée ou discrète que celle des exorcistes en vrai. Ils ont des espions dans l’administration japonaise, et retrouvent les cas d’exorcistes comme ça. Après, ils envoient les recruteurs, et le tour est joué. Enfin, quand ils ne s’y prennent pas trop tard.
Ibara - “Basiquement, ils ont trouvé mon cas un peu avant que je n'aie à témoigner devant une juge de l’enfance. Fin, j’ai quand même eu à le faire, mais c’était une formalité, puisque la seule inconsistance était la corde qui manquait.”
Elle a été facilement disculpée, en même temps, elle n’avait tué que l’un des deux, mais ils n’avaient rien pour le prouver. Et les avocats de sa famille étaient très pressés de se mettre dans ses bonnes grâces. En même temps, cela faisait d’elle la seule héritière légitime de l’union des entreprises des deux familles ayant poussé ses parents à se marier. Son avenir était assuré, niveau argent du moins.
Ibara - “Je suis plus ou moins au courant de comment ils m’ont trouvé, mais évitons d’entrer trop dans les détails, tu dois te douter toi-même comment c’est fait derrière les rideaux.”
Beaucoup de blabla, de paperasses, bref, rien qui n’intéressait la dragonnière. Si Suri voulait se renseigner sur ça, elle pouvait demander à Morgan, elle serait plus adepte qu’elle à savoir ce qu’il faut ou ne pas dire. De toute façon, elle devra forcément passer par elle, elle ne connaît pas un membre de l’ordre qui n’ait pas passé son approbation pour le rejoindre.
Ibara - “Et toi ? Exorciste de naissance, j’imagine ? ”
Suri Seyama
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Suri Seyama
Lun 5 Aoû 2024 - 9:23
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
Après avoir indiqué l'adresse du restaurant au chauffeur couplé d'un sourire communiquant au passage, la mauve laisse ses omoplates s'installer confortablement dans le dossier moelleux du véhicule. Attentive, elle ne laisse pas un mot s'échapper des lèvres de la rouge sans qu'il soit enregistré dans sa mémoire. Son ivresse de connaissances n'a pas été stimulé de la sorte depuis quelques temps déjà et inutile de préciser à quel point elle aime écouter les autres parler d'eux. Surtout lorsqu'il s'agit de personnages atypiques, d'histoires inhabituelles qui plus est, dans le milieu de l'ordre.
« J'ai quelques idées en effet, mais je me demande s'il y a question d'adoption dans ton cas par exemple ? Puisque tu étais très jeune. »
Naïve. Cela est toujours une bonne manière de jouer le rôle de l'ignorante. D'abord parce qu'il n'est pas aisé de soutirer des informations à un membre de l'ordre occulte et puis, le visage de Suri s'y prête à merveille. La rondeur de ces traits fins pourrait laisser croire à une innocence telle qu'elle ne ressemble pas du tout à une menace quelconque. L'idée d'inspirer une confiance mignonne et charmante ne s'inscrit pas correctement dans toutes les configurations mais il serait idiot de ne pas le tenter ; surtout que pour cette fois-ci, il ne s'agit pas d'un interrogatoire. Elle n'est pas en mission et ne doit donner ce qu'elle récolte à personne si ce n'est, à son cerveau capricieux. Lorsque l'invocatrice retourne la question, elle se doit d'être brève afin de rester sur le sujet principal.
« Facile. En effet, mes deux parents étaient exorcistes et ils m'attendaient au tournant. Dès que mon sort s'est manifesté, tout était déjà écrit. » dit-elle en terminant par pouffer du nez.
La nippone sent son téléphone vibrer à l'intérieur de sa besace disposée sur ses genoux. Yuto, son frère. Cela faisait quelques semaines qu'elle évitait ses appels pour lui préférer les textos, elle déteste mentir à son frère et dans la situation actuelle, impossible de cacher ses ambitions naissantes.
« Je rappellerai plus tard. » ... « Et toi d'ailleurs, ton sort, comment tu as appris à le gérer finalement ? »
La rivière Kamo-gawa apparaît dans le paysage, à travers les vitres fumées, ce qui annonce une arrivée imminente dans la célèbre allée réputée pour sa vie animée et ces bonnes adresses. L'estomac de Suri commence à manifester la hâte de combler ses parois bien vides, lui aussi, surtout à l'idée de déguster une belle sélection de poissons frais. En effectuant sa dernière manœuvre, le conducteur annonce alors à sa cliente qu'il restera dans les parages pour le prochain trajet, il précise également que la destination des donzelles se trouve sur la gauche.
D’adoption, hein. Oui, on pouvait comparer les deux, d’une certaine manière, ce n’était pas bien loin de la réalité. Elle hochait la tête à ses dires, avant de murmurer “Sûrement” dans un soupir. Si c’est qu’elle voulait croire, qu’elle fasse, la sorcière n’allait pas lui jeter la pierre pour simplifier une situation compliquée. Surtout que de ce qu’elle en comprenait, elle avait une situation quasi inverse à celle de la sorcière.
Ibara - “Être voulue par ses parents, quelle drôle d’idée.”
Elle allait éteindre son téléphone ? Non, parce que le bazar ne faisait que de sonner. Plus que le bruit, probablement que la rouquine était un poil jalouse que ce genre de situation ne lui arrive jamais. Si elle ne commençait pas la conversation, on ne l'appelait pas, et elle détestait commencer un appel ou un message. Elle est prise dans la spirale infernale de l’introvertie !
Mais miracle, une question ! Elle n’avait pas à commencer la conversation !... Attendez, pourquoi est ce qu’elle avait l’impression d’avoir déjà eu cette conversation ? Avec l’autre blonde-là, Hababi ? Tanabi ? Hanabi oui voilà ! Faut qu’elle se dise que la blonde = feu d’artifice, sinon, elle ne va jamais se souvenir de son prénom. Elle restera cataloguée comme “la sœur de l’autre con” si elle ne fait pas attention ! Mais est-ce que c’étaient vraiment les seules questions que les gens avaient pour elle ? Pas qu’elle leur en voulait, son sort inné était juste trop intéressant.
Ibara - “Mh, pour expliquer ça à la dernière personne m’ayant demandé, j’ai essayé de planter une fourchette dans ma main. Mais j’en ai pas à portée de patte, donc on va faire ça gentiment. La réponse courte : je ne le gère pas complètement.”
Il y a beaucoup de choses dans son sort qui n’était juste, pas contrôlable. La création de ses dragons, leurs pouvoirs et “personnalités”, étaient un minimum maîtrisé, mais c’était aussi maîtrisé que l’on pouvait consciemment ralentir les battements de son propre cœur par la pensée. Plus souvent que non, un exorciste subit son sort inné, elle n’a pas entendu parler d’exorciste ayant pu changer leur sort inné de A à Z, simplement l’affiner en quelque chose leur correspondant plus.
Ibara - “La réponse longue, c’est que pour le maîtriser, je dois me maîtriser. Mes shikigamis sont théoriquement complètement contrôlés par moi et moi seule, mais surtout par la partie la plus profonde de moi. C’est un réflexe. Quand tu te brûles, tu retires ta main du feu sans t’en rendre compte, ou quand on frappe ton genou avec un petit marteau, il y a une réponse de ta jambe. C’est pareil pour mon sort. Si je veux éviter qu’ils agissent d’une telle ou telle manière, je dois avant tout ne pas le vouloir inconsciemment.”
C’est un entraînement comparable à celui que suivent les artistes martiaux pour garder leurs yeux ouverts même lorsqu’ils sont frappés au visage. Combattre un réflexe n’était pas impossible, mais pas la chose la plus facile non plus, surtout lorsque l’on était aussi à fleur de peau qu’ibara. Sa nature profonde et ses traumatismes ne l’ont pas aidé, et sont probablement à blâmer de son contrôle incomplet de son sort inné. Elle était du genre chat peureux, à sursauter pour un rien, à paniquer en un temps record, le contrôle de soi n’était clairement pas dans ses cordes.
Ibara - “Ha, on est arrivé ? Va te prendre quelque chose à boire Bob. Il fait trop chaud pour rester dans une voiture.”
Quant aux deux dames, elles avaient des sushis à manger. Ibara avait insisté pour qu’elle se fasse payer sa place, mais très honnêtement, si elle le voulait, elle pourrait payer pour les deux. Probablement ce qu’elle fera, si la bouffe est bonne. Bien manger avait le don de la mettre de bonne humeur.
Ibara - “Si j’ai bien compris du coup, ton sort inné, c’est un sort hérité ? Quelque chose comme ça non ? Cela doit être pratique d’avoir un guide sur comment maîtriser son sort, moi, j’avance à tâtons.”
Suri Seyama
Exorciste - Classe 2
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Date d'inscription : 06/05/2024
Suri Seyama
Mer 14 Aoû 2024 - 22:41
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
Voilà une difficulté qui doit être particulièrement spéciale à appréhender. La sensation de vivre sous la menace de son propre corps, de ses propres réflexes. C'est certainement par cela que l'occultiste a dû passer durant sa jeunesse. Suri à cet instant, ne peut alors s'empêcher de se remémorer sa propre évolution. Lorsque son sort inné s'est déclaré, cela semblait être une fête tout autour d'elle. Cela s'est déroulé durant un été cuisant, à une date similaire à celle d'aujourd'hui d'ailleurs. La baignade devenait habituelle depuis quelques jours déjà, précisément depuis le début des vacances familiales sur les îles Amami, une destination qu'elle ne pourra évidemment jamais oublier. L'eau est précisément l'élément qui marque sa famille paternelle depuis plusieurs générations, de différentes façons. Si l'aisance de son père, Goro, était directement lié à son propre pouvoir, celle de la mauve fût progressive, comme un enfant tout à fait normal en réalité. Malgré un attachement particulier à bons nombres de facteurs aquatiques, il se trouve que le déclenchement de sa particularité fût trompeur puisque c'est dans l'apparition progressive d'un étrange duvet sur son corps, que la violette découvre sa particularité. En sortant de l'étendue salée après quelques marrades en compagnie de son frère, les vagues timides ne semblaient plus la toucher. La barrière qui se créait entre sa peau et le liquide lui offrait alors une imperméabilité impeccable. Mais alors, qu'en était-il de ce sort inné ? Elle ne le découvrit réellement que quelques jours plus tard...
« Et bien non. Mon sort m'est propre, je n'ai hérité ni de celui de mon père, ni de celui de ma mère. » dit-elle en s'approchant du restaurant.
Il ne suffit que de l'odeur de la nourriture environnante pour éveiller les sens de Suri et attiser grandement son estomac. Elle emboîte alors le pas devant la rougeoyante afin d'ouvrir le chemin dans la petite échoppe, en retenant le petit rideau contre l'encadrement de l'entrée.
« Je t'en prie. »
En s'annonçant auprès du bonhomme derrière le comptoir, la mauve observe l'intérieur étonnement vaste au vu de l'entrée modeste et authentique de la cantine. Après avoir trouvé une table libre, le plus éloignée possible d'oreilles étrangères, elle s'y installe sans mots dire, côté fenêtre. Son regard parcours le petit écriteau suggérant un plat du jour. Bien qu'à la lecture cela semble alléchant, la jeune femme lance à son rendez-vous improvisé :
« Le yukke don est excellent ici, juste dosé en épices si tu aimes ça. Sinon ils ont une belle offre de poissons frais, servis en sushi ou en sashimi. »
Il s'agirait peut-être de recentrer la conversation par la suite, autour du sujet principal de cette rencontre fortuite. Si la mauve est généralement plutôt à l'aise à la discussion, la situation paraît plutôt délicate tant son interlocutrice est singulière. Elle juge alors bon de tenter une approche assez directe, elle n'est pas du genre à tourner autour du pot.
« Tu me raconterais ce qu'il s'est passé pour que ta maison se retrouve saccagée ainsi ? »
L'exorciste commence à être habituée des missions sur lesquelles sa hiérarchie l'envoi régulièrement. Mais elle ignore la profondeur des tensions générées par l'appartenance à un groupe comme l'ordre et c'est un sujet qui la questionne particulièrement. Comprendre les enjeux qui peuvent se fondre derrière les grands titres, si elle peut réussir à obtenir des réponses dans ce tête-à-tête impromptu, autant en profiter.
Mh, du yukke don, cela ne serait pas mauvais, mais elle avait vraiment envie de sushi, donc cela sera pour plus tard. S’il y avait des grillades, cela serait une autre histoire, elle enfilerait du poisson grillé par centaine, mais ce n’est pas le cas. Donc, gloire au riz. Mais elle notait quand même la recommandation dans un coin de sa tête, si la violette voulait se mettre dans ses bonnes grâces, ce qu’elle semblait faire depuis tout à leur à lui graisser la patte, elle ne mentirait pas maintenant juste pour une petite prank.
Ibara - “J’y goûterai plus tard, j’ai pour habitude de toujours commencer par des sushis.”
Elle aimait poser des questions, mais elle n’aimait pas y répondre hein ? Ibara se demandait bien ce que son sort inné pouvait être, probablement quelque chose de beau, pour que cela soit si apprécié de ses parents. Cela la changerait de voir un sort inné plus beau que le sien, elle n’avait pas vraiment de compétiteur. Peut-être Kenshin, s’il mettait un effort dans l’esthétique de son bois, mais même là, elle trouvait ses dragons bien, bien plus beaux.
Quelque chose l'amadouait dans les tentatives presque désespérées de la violette pour changer de sujet. Elle tâtonnait tellement, c’était comme voir un enfant chercher ses mots pour demander une glace à son parent. Enfin, là, ce n'est un peu plus important que ça.
Ibara - “Je veux bien te le dire, mais tu peux répondre à deux questions avant ? C'est assez important.”
Important pour la curiosité de la rousse, bien sûr. Pas pour la conversation. La conversation en elle-même est assez banale, elle ressemble à une interview plus qu'à autre chose. Probablement que la rousse en disait trop, mais bon, ce n'est pas trop grave, elle ne connaissait pas suffisamment les secrets de l'ordre, voir pas du tout, pour que cela ait une quelconque importance.
Ibara - “La plus facile, c’est quoi ton sort inné ? Pourquoi c'est si important pour tes parents si ce n'est pas un sort hérité ?”
C'est la zone d'ombre de ses très vagues explications. Apparemment, elle avait énormément d'attente sur son dos depuis que son sort inné s'est réveillé, mais pourquoi si c’était un sort aléatoire ? Pour elle, cela ne faisait pas sens, mais plus important encore était la seconde question.
Ibara - “Tu comptes simplement jouer à la journaliste avec les membres de l’ordre occulte, ou tu vas les rejoindre. Cela me prendrait un appel pour rendre ça possible, mais bon, tu tournes tellement autour du pot.”
Comme ça, elle n’aura qu’à refiler le bébé à Morgan, et elle sera tranquille. Pas qu’elle n’aimait pas les deux femmes, simplement que faire de la rh, c’est pas son taf. Au moins, elle pouvait le faire en mangeant, donc c’est un bon point, mais si elle pouvait ne pas le faire du tout, ce serait encore mieux. Même si elle devait l’avouer, c’étaient de très bons sushis.
Ibara - “Sinon, pas grand-chose. Mon adresse a été compromise, un exorciste est venu me capturer, je me suis défendu, et ma maison était dans les dégâts collatéraux. Puisque c’était ma maison, elle a été fouillée, et sans aucun tact. M’enfin, ce qui est arrivé est arrivé, je trouverais bien un moyen de me venger. ”
Suri Seyama
Exorciste - Classe 2
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Suri Seyama
Mer 11 Sep 2024 - 21:31
À tout petits pas
feat. Homura Ibara
Lorsque l'adorable serveuse, très aimable, dépose les boissons de ces dames sur la table en bois brut, l'exorciste lui offre un sourire charmant en la remerciant. La première question eu un drôle d'effet sur la mauve, ne comprenant pas réellement la profondeur de sa question.
« C'est pourtant assez simple, mes parents craignaient que je ne développe aucune énergie occulte. C'était le principal sujet de toute leur vie donc tu imagines bien que si je naissais sans sort inné... » Elle marque une pause, songe un instant en glissant la paille entre ses lèvres dessinées puis prend une gorgée de son koridashi. « Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu'ils auraient fait de moi... »
L'expression de son interlocutrice transpire une confiance exacerbée, alors installée face à la jeune femme. Si la mauve avait pu apercevoir des filaments sympathiques à travers ce caractère de prime abord plutôt misanthrope, Ibara affiche désormais un air plutôt dédaigneux en prononçant sa seconde interrogation. Il s'agit là peut-être d'une façon de se protéger de toute forme de bienveillance, se raconte Suri à l'intérieur. Mais il n'est pas question de paraître encore, encore une fois pour une bonne poire sans réflexion, une bonne femme naïve et sans cervelle. Bien qu'elle regorge de compréhension envers les autres et ne puisse pas s'empêcher de leur trouver des excuses, il y a un temps où elle refuse de continuer d'envoyer des vibrations qui ne sont pas reçues telle qu'elles le devraient. Son visage qui jusqu'à présent évoquait l'amabilité, s'infuse alors petit à petit d'une forme de sobriété agreste. Sans non plus durcir ses traits, l'exorciste se place désormais sur un ton moins équivoque qu'auparavant dans la discussion. Elle répond alors en haussant un sourcil :
« Il me semblait avoir été claire sur ma position actuelle. Je me suis confiée à toi sur mes questionnements mais je crains que tu ne sois pas en mesure de comprendre mon cheminement, ce qui ne me pose aucun problème soit dit en passant. Je ne recherche pas une oreille attentive, à la base je me suis rendu chez toi pour en apprendre un peu plus sur cet affrontement que je trouvais... plutôt intriguant. J'ai l'énorme sensation que les secrets s'entassent chez les exorcistes et, ça commence à me gonfler. »
Poussée par son espièglerie, la mauve n'a pour l'heure besoin ni d'une confidente, ni d'une amie, mais bel et bien de matière pour ses choix à venir. Il est évident que ce n'est pas à la suite de son coup de tête matinal qu'elle prendra une quelconque décision et c'est bien pour cela qu'elle reste évasive depuis le début de cette rencontre. Suri est une personne patiente, mais elle tolère difficilement les inégalités dans une simple conversation. Elle ne prendra jamais quelqu'un de haut et forte de toutes ces expériences familiales, son caractère apaisé peut vite se transformer en marmite de soupe. Cependant, il est rare de la voir sortir de ses gonds face à un humain, elle avale son aigreur en silence lorsqu'il n'est pas question d'affrontement et, souvent, elle termine avec la mine boudeuse. Ce qui n'enlève en rien sa capacité à décortiquer toujours plus, à observer les manières de faire pendant ses ressentis intérieurs.
« Peut-être bien que je me fais des films, mais je ne crois pas. Peut-être aussi que ma hiérarchie n'implique pas les jeunes recrues comme moi dans leurs magouilles. Et ça, c'est lassant. Je n'aime pas les secrets. » dit-elle en sirotant à nouveau son thé glacé, la tête appuyée contre sa paume.
Après toutes ces explications plus détaillées, Suri semble avoir atteint son quota de parlotte. Son visage exprimant une expression presque blasée n'attend qu'une seule chose, la nourriture. Si bien que lorsque la rougeoyante répond enfin à sa question, elle acquiesce en mâchouillant sa paille en papier. La réponse qui plus est, n'amène aucun élément inconnu jusqu'alors. Heureusement, la gentille serveuse apparait soudainement et apporte avec sa joie de vivre émanant d'entre sa paire de joue écarlates, les plats tant désirés.
Ibara - "Donc, jouer à la journaliste. C'est une position dangereuse, car tu es l'alliée de personne au final. Les conventions de Genève, c'est une affaire de non-exorciste."
Tout ce qu'elle voulait, c'étaient des réponses, car elle ne supportait pas d'être gardée dans le noir et de devoir obéir même en ne savant pas le pourquoi derrière. Compréhensible, en soit, mais pas dit qu'elle préfère l'opposition, vu qu'elle n'est pas bien différente. Boh, elle va bien se garder de faire des commentaires là-dessus, elle n'aimait pas critiquer sa propre hiérarchie.
Ibara - "Bah excuse si je suis conne."
L'agacement était apparent, la sorcière rouge plantait ses baguettes dans un sushi, glissant son regard sur elle, et la dévisageant. Elle prenait bien trop la confiance avec elle, se permettant de l'insulter à son visage alors qu'elle lui faisait la faveur de lui parler de quelque chose d'aussi important pour elle. Elle devrait se souvenir qu'elle était une exorciste, et elle une occultiste, si elle voulait la descendre, elle pourrait le faire ici et maintenant sans en avoir rien à foutre des dégâts collatéraux.
Ibara - "Si t'es curieuse, tu peux aller voir le gars qui a toutes les infos. Moi, j'en ai aucune, vu que j'ai été attaqué par surprise. Je faisais ma vie de gentille fille, puis un jour un strip-teaser s'est pointé à ma porte, Daisuke Sato là, et où je me faisais capturer à vie, ou je lui cassais la gueule, vu qu'il ne voulait pas quitter ma propriété. Et maintenant, je ne l'ai plus."
Et si tout ce qu'elle voulait d'elle, c'était des informations, Ibara n'en avait plus à lui donner. Si jamais, c’est plutôt elle qui avait des informations qui l’intéressaient, mais qui ne semblaient pas comprendre le principe très simple d’échange équivalent. Au moins, elle répondait à ses questions, probablement parce qu’elle pensait qu’Ibara était conne, et elle n’aurait pas tort, elle avait l’intelligence sociale d’un papillon, mais elle n’aimait pas être prise de haut par une pure inconnue. Au moins, même si intellectuellement, elle était facilement dépassée, elle savait que son pouvoir est à milles lieux du sien ! C'est basiquement une insecte de marais, là où elle est un dragon majestueux !
Ibara - “Donc t’es le Christ des araignées ? Enfin, ton pouvoir ? C’est pratique, faudrait que je vois ça en combat. C'est applicable en combat déjà ?”
Elle mâchouille un morceau de bœuf, peut-être qu’elle pouvait faire des choses similaires à ce scientifique fou dans Jungle Juice ? Est-ce que son insecte était une araignée d’eau ? Elle devrait relire ça, mais elle détestait les insectes, alors des humains-insectes ? Non merci. Elle espère que lorsque la violette utilise son pouvoir, elle n’a pas des pattes d’araignées qui lui poussent dans le dos, sinon, elle va vomir. Le maximum autorisé, c’est des petites pattes sur les doigts, comme spider-man ! Plus que ça, et c’est au revoir.
Ibara - “Tu aurais fait fureur dans un monastère, ils auraient fait une quatrième religion à ton nom… Est-ce que les prophètes sont des exorcistes en fait ? Et les saints aussi… Du coup est-ce que Saint George a vraiment défait un dragon ? Si oui, j’aimerais bien avoir son épée ou son armure…”
La sorcière jouait avec ses baguettes, réfléchissant à l’implication des liens entre la religion et l’exorcisme, avant d’être rappelé au monde des vivants par un bruit de verre se brisant quelques tables plus loin. Oh, c’est vrai, elle était en compagnie de quelqu’un.
Ibara - “Désolé, je me suis perdu. Dit moi, quand tu dis, tu sais rien de rien, à quel point tu sais rien sur les exorcistes ? J’ai des questions auxquelles j’aimerais bien qu’on réponde, comment mon adresse a fini entre les mains d’un étudiant, par exemple. Est-ce que tu peux m’aider à découvrir ça ou pas du tout ?”