Kumiko s'éveilla difficilement dans la semi-obscurité de son appartement.
Le canapé défraîchi sur lequel elle avait tenté de trouver un sommeil réparateur n'avait rien d'accueillant.
En face d'elle, l'écran noir de la télévision tronant au dessus de sa playstation éteinte où il manquait une manette lui rappella qu'elle avait passé sa nuit sur Resident Evil... Encore.
Les rayons matinaux filtraient à travers les rideaux, jetant une lumière pâle sur les meubles délaissés et les étagères chargées de souvenirs usés par le temps... Photos de familles, cadeaux d'Haru, souvenirs de voyages... Tout ces petis trésors étaient recouvert par un léger linceul de poussière grisâtre.
La demoiselle traîna ses pieds fatigués jusqu'à la salle de bain, le miroir lui renvoyant l'image d'une âme épuisée.
La douche coula lentement, une pluie apathique chassant les ténèbres de la nuit. Elle s'habilla sans enthousiasme, enfilant une robe noire et des collants opaques... Simplicité et rapidité... Elle prit plus de temps pour brosser ses longs cheuveux noirs, se maquiller et se parfumer.
Une fois prête, l'exorciste ouvrit l'armoire à pharmacie cachée derrière le miroir, elle chercha et trouva la boîte d'antidépresseurs.
Le bruit sourd du plastique s'ouvrant résonna dans la pièce. Elle se servit un verre d'eau, les mains tremblantes, et observa les petits comprimés entre ses doigts.
Le miroir captura chaque instant de cette routine quotidienne, un rituel nécessaire pour apaiser les tourments intérieurs.
La jeune femme prit une profonde inspiration, et avala le comprimé. Elle fixa son reflet dans le miroir pendant quelques instants, laissant les pensées sombres s'éloigner temporairement.
L'eau fraîche du verre effaça le goût amer du médicament, mais rien ne pouvait effacer les traces laissées par la dépression, juste la mettre entre parenthèse durant quelques heures. Komori referma soigneusement la boîte d'antidépresseurs et la rangea.
Revenant dans la cuisine, Kumiko prépara un plateau et se mit en cuisine pour préparer une soupe.
Quelques minutes plus-tard, elle disposa sur le plateau une soupe miso fumante, un verre d'eau et une boîte de médicaments attendaient. À côté, un désinfectant et des bandages, un rituel qui allait devenir quotidien pour la personne qui se faisait soigner chez elle.
La jeune femme se dirigea ensuite vers sa chambre à pas hésitants, enjambant les objets en désordre qui jonchaient le sol de l'appartement.
Là, allongée sur le lit de Kumiko, gisait Ibara, une présence énigmatique pour la dépressive.
Ibara de l'ordre occulte...
Ibara, avec ses yeux rouges fatigués.
Ibara, la jeune femme toujours habillé de rouge, le corps orné de bijoux excentriques.
La demoiselle ne la connaissait pas, mais elle la soignait car c'était Haru qui lui avait ammené la pauvre femme blessée... Il lui avait dit qui elle était... quoi faire et comment s'en occuper.
Kumiko ne pouvait rien refuser à son ami et comme l'exorciste rouge était une memebre de l'ordre occulte, elle se plia à la volonté du coréen.
La demoiselle déposa délicatement le plateau sur la table de nuit à côté du lit. S'asseyant à côté d'Ibara, elle secoua doucement la jeune femme, murmurant d'une voix douce :
-« Homura-san... Il est temps de manger et de prendre tes médicaments.»
Une odeur fruitée flottait dans l'air, émant de la dépressive qui avait encore mit trop de parfum. Le silence ambient était ponctué par le tic-tac régulier de l'horloge murale, créant une trame sonore presque apaisante.
Le regard de Kumiko se perdit brièvement dans le regard sanguin de son invitée... C'était une belle femme à n'en point douter.
Elle tendit le plateau à Ibara, attendant qu'elle le prenne... Puis, ses yeux cernés s'aggrandrirent sous l'effet de surprise et elle bégaya :
-« Au fait... Je suis Komori Kumiko... De l'ordre occulte. »
Ibara avait mal, de partout, mais surtout au niveau des bras et de sa jambe. Pourquoi ? Car son dernier combat l’avait laissé en lambeau. Elle avait été brûlée par un cerbère qui crache du feu, fléchée et tabassée par un archer, plongée dans de l’acide par l’hydre, et enfin a dû esquiver des oiseaux couverts de bronze jetés sur elle à toute vitesse.
Mais elle avait survécu !.. Avec un peu d’aide. Mais autant elle avait pu tirer beaucoup d’expérience de cette interaction, maintenant, c’était l’heure du repos. Et étrangement, lorsqu’elle ouvrait les yeux, ce n’était pas une chambre d'hôpital qu’elle voyait autour d’elle.
Son esprit était encore dans le brouillard, alors elle essayait de se souvenir de ce qu’il s’était passé alors qu’on la secouait et appelait son nom. C’est ça, Haru l’avait sauvé, et laissé entre les mains de quelqu’un de confiance, enfin de confiance pour lui. Mais elle ne pouvait pas discuter les choix d'alliés du type lui ayant sauvé la vie malgré la tension initiale que les deux avaient lors de leur première rencontre.
Cela devait être cette personne qui l'appelait, la fameuse personne de confiance. Ibara n’avait pas fait très attention en arrivant dans cette maison… Appartement ? Vous voyez, elle était trop occupée à rester consciente pour faire attention à ces détails. Mais au moins, elle avait fait quelques efforts, sinon, et bien…
Elle n’aurait pas pu la toucher comme ça.
Ibara se redressait, grinçant des dents en sentant la couverture sur sa peau, ses bras étaient si brûlés ? Elle n’avait pas fait gaffe sur le coup à cause de l’adrénaline, et après ça de la fatigue, mais il semblerait bien qu’elle soit invalide pour quelques jours au mieux. Ce n’était pas si mal, entre ça et mourir, la perspective du dernier cas rendait le premier bien plus supportable.
La sorcière observait pendant un temps la femme qui l’avait sorti de son sommeil sans rêve. Ses yeux étaient rougeoyants, avec un éclat assez plaisant à observer, mais n’avait à part la couleur “rouge” rien en commun avec ceux de la sorcière. Les yeux d’Ibara étaient plus que rouges, ils avaient la couleur et l’opacité du sang sec. Un abîme de rouge et de noir qui ne trahissait aucune joie ou aucun espoir, ni même aucune tristesse ou aucun regret.
Ses yeux étaient simplement éteints, cernés et fatigués en permanence, comme ces femmes qui ont lu trop de livres ou dont les époux ont une relation plus intime avec l’alcool. Ils avaient le manque d’éclat de ces personnes dont l’esprit a vieilli plus vite que le corps, mais qui a raté tous les moments clé de l’enfance et de l’adolescence, se construisant donc sur une base friable.
“Comment tu t'appelles ?”
Elle avait parlé en première, tout simplement parce que le silence devenait oppressant, et que le parfum de cette femme était agressif aux narines. Elle ne voulait pas s'offusquer, elle lui devait les soins, le foyer, et probablement le repas qu’elle tenait entre ses mains, cela ne se ferait pas. Il en demeurait qu’elle n’était pas aussi imperméable qu’elle aimerait l’être à la gêne, et le regard persistant, presque envoûté de son hôte le lui rappelait.
Elle se saisit du plateau, remarquant les bandages, anti-douleurs et crème soigneusement disposée à l’une de ses extrémités, et marmonnant un remerciement qu’elle doutait audible. Son nom était Komori Kumiko, et elle était bel et bien de l’ordre occulte… Mais cette nouvelle ne rassurait pas Ibara. Sa blessure était encore trop récente, non pas celles qui prenaient racine dans son affrontement contre ce membre du culte astral, mais bien la trahison d’un des membres de l’ordre occulte pour de la vermine humaine qui avait empoisonné sa confiance envers ses alliés.
“Il semblerait que tu connaisses déjà mon nom, est-ce que Haru te l’a dit ?”
Ou c’était leur, “ami”, commun qui avait pris le temps d’abréger les présentations, ou bien Ibara s’était présenté avant de s’endormir, l’un était tout aussi possible que l’autre, mais si c’était le second, elle ne s’en souvenait pas. En-tout-cas, la sorcière hocha simplement la tête à sa réponse, posant délicatement le plateau sur ses hanches une fois qu’elle s’est complètement assise. Elle ne geignait pas cette fois, gardant ses signes de douleur pour elle avant de prendre le verre d’eau pour en siffler une gorgée. L’intérieur de ses mains était relativement épargné comparé au reste.
“Il y a-t-il un ordre particulier dans lequel je dois les prendre ? Les médicaments, j’entends.”
Ce qui était sûr, c’était que la crème venait en avant-dernier, puis les bandages pour clôturer cette routine. Cela allait être particulièrement fastidieux, mais elle n’avait que sa propre faiblesse à blâmer pour ses blessures. Elle n’avait qu’une hâte en tout cas, goûter la soupe miso qui fume dans une tentative réussie de faire saliver d’envie la blessée.
Kumiko Komori
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Kumiko Komori
Ven 8 Mar 2024 - 3:04
Kumiko écouta la question d'Ibara, hochant la tête pensivement avant de répondre d'une voix calme et douce.
-« Oui, Haru me l'a dit... Et y'a pas vraiment d'ordre... C'est juste trois fois par jour... Mais je te les apporterais.»
La jeune femme se leva du lit, posant un regard fatigué mais compatissant sur les blessures d'Ibara. Un léger soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle poursuivait.
-« Pardonne-moi, je t'ai lavée, rhabillée et j'ai bandé tes plaies. Tes bijoux sont dans une boîte rangée dans la table de nuit. »
Elle désigna du doigt le tiroir en question avant de se retourner.
-«Je changerai tes bandages quand tu auras mangé. Je t'aiderai pour ta guérison, ne t'inquiète pas.»
La demoiselle repartit dans le salon, naviguant maladroitement à travers les vêtements et les objets éparpillés sur le sol.
Cherchant une chaise, un livre et son jeu de shogi maudit, elle revint dans la chambre. La chaise trouva sa place à côté du lit, et Komori s'installa en croisant les jambes. Son jeu de shogi fut posé soigneusement sur son genou.
-« Si tu as besoin de moi, n'hésite pas... Je suis là pour m'occuper de toi...»
L'exorciste posa délicatement le livre sur la table de chevet, relevant son regard vers Ibara avec une expression empreinte de douceur. Sa voix, calme et pleine de sollicitude, résonna dans la pièce.
-« Que t'es-t-il arrivé ? Haru ne m'a rien dit... Il est vite parti... Enfin, si tu veux m'en parler.»
Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure et elle se perdit dans une multitude de scénarios qui pouvaient expliquer les blessures et la situation de la blessée.
Dans l'un de ces scénarios, elle imagina un combat intense contre une créature lovecraftienne, un adversaire redoutable issu du monde occulte, mettant la vie d'Ibara en péril.
Dans un autre, elle visualisa une trahison au sein de l'Ordre Occulte, peut-être un membre corrompu qui avait attaqué Ibara pour des raisons inconnues.
Ou encore une attaque des éxorcistes voulant protéger des humains de la fanatique... Alors, si c'était ce scénario qui était le bon, tout empathie disparaitrait de la demoiselle.
Les scénarii se bousculaient dans l'esprit de Kumiko, chacun reflétant une facette possible de la réalité.
Ibara hochait doucement la tête, prenant donc les petites pilules et une gorgée d’eau fraîche pour faire passer le tout. Heureusement qu’elle n’était pas en train de boire lorsqu’elle entendait la suite, ayant tout juste commencé à tremper sa cuillère dans la soupe. Elle l’a lavé et rhabillé ? C’était pour ça que Ibara se sentait plus fraîche qu’elle ne le devrait ? Mais en vérifiant, oui, il lui manquait bien ses bijoux, boucle d’oreilles, bagues etc etc. Cette femme, Kumiko, devait avoir vu tout ce qu’il y avait à voir donc. ses blessures, récentes comme les plus anciennes traces de harcèlement, et ses stries. Elle ne réagissait pas négativement cependant, portant à ses lèvres une cuillère de soupe miso avant de sourire légèrement.
“Du moment que la vue ne t’as pas trop dérangée, je n’ai rien à craindre d’une autre femme. N’est-ce pas ?”
Elle était un peu trop taquine pour que cela soit une véritable menace, elle doutait tout simplement qu’avec son étrange comportement que cette Kumiko ai profité d’une blessée pour assouvir de sombres désirs. Surtout qu’elle insistait sur l’aider à retrouver ses capacités physiques, elle semblait digne de confiance pour le moment.
“Si j’en ai besoin, je ne manquerais pas de te le faire savoir.”
La sorcière la regardait du coin de l'œil, elle comptait rester à son chevet toute la durée de son repos ? Elle avait bien du courage, Ibara s'ennuierait à mourir si elle devait rester à côté d’une blessée toute la journée. Mais il semblerait qu’elle comptait se divertir, en plus de par le shogi, avec des questions. Pourquoi pas, Ibara n’avait pas honte de ce qui lui était arrivé.
“J’ai affronté un maître des fléaux plus fort que moi, tout simplement.”
Elle porte sa cuillère à ses lèvres de nouveau, observant brièvement la réaction de son interlocutrice avant de continuer, non sans frotter ses lèvres avant. C’était encore un peu trop chaud.
“Sans aller dans les détails, je suis une invocatrice spécialisée dans une seule invocation qui peut diviser ses pouvoirs entre plusieurs morceaux de lui-même. Lui, invoquait des travaux d'Héraclès. Deux de ses invocations avaient un sort, l’hydre et le cerbère. Respectivement cracheur de poison/acide et de feu. Deux “éléments” particulièrement efficaces sur mon invocation.”
Elle montrait ses bras, tirant un peu sur le bandage, même si normalement, cette femme l’ayant vu dans son plus simple appareil, a du voir l’étendu des dégats.
“Et sur moi-même cela va de soi. Bien que mon invocation en ai subi le plus lourd des dégâts, je pense qu’il doit être en train de récupérer ses forces en ce moment même.”
Cela prendra du temps, elle peut le sentir. Est-ce que d'autres invocateurs pouvaient sentir ce genre de chose ? Est-ce que ce prêtre devait également laisser le temps aux trois travaux qu'Ibara avait vaincu de récupérer avant de se lancer à sa poursuite ? Si c’était le cas, c’était une bonne chose qu’elle se soit battu jusqu’au bout.
“Je ne me serais pas battu autant s’il s’agissait d’un exorciste, nous avons pour ordre de ne pas les tuer après tout. Un maître des fléaux est différent.”
Ils étaient leur ennemis, là ou les non-exorcistes n'étaient qu'une nuisance et que les exorcistes des sots. Ils collaboraient avec les fléaux, et n'hésitaient pas à tuer d'autre exorcistes pour en créer encore plus, ils étaient perfides et malfaisants, leur cause n'était que le chaos et la mort, non le fleurissement des exorcistes.
Kumiko Komori
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Kumiko Komori
Ven 15 Mar 2024 - 0:30
Kumiko écoutait attentivement l'histoire d'Ibara, hochant la tête de temps à autre pour montrer qu'elle était présente et qu'elle suivait le récit avec intérêt. Sa taquinerie la surprend et elle ouvre la bouche d'un coup avant de directement la refermer, des rougeur naissent sur ses joue.
L'exorciste répondit alors :
-« N... Non...Enfin, bref, tu n'as rien à craindre de moi .»
Ses yeux, un peu fuyants, trahissaient une certaine timidité, Komori sortait peu de son appartement vétuste... Sa dépression l'avait changée en hermite isolée, fuyant les contacts sociaux, quand elle arrivait à sortir du lit.
Elle croisait ses jambes, geste presque instinctif de confort, et jouait timidement avec ses longues mèches de cheveux, comme pour se donner une occupation pendant l'écoute... Maîtres des fléauts, douzes travaux d'Hercule...
Kumiko blêmit en entendant le récit d'Ibara, ses yeux se posant involontairement sur les bras bandés de son amie.
Elle pouvait presque ressentir la douleur à travers les mots de l'occultiste, imaginant les souffrances qu'elle avait endurées lors de son combat. Un frisson parcourut l'échine de Kumiko alors qu'elle réalisait l'étendue des dangers auxquels elle avait été confrontée.
Pourtant, malgré son propre malaise et son inquiétude pour Ibara, Komori tenta de garder son calme. Elle inspira profondément, cherchant les mots justes pour rassurer la sorcière rouge.
-«Je suis désolée de ce que tu as dû endurer...»
Dit-elle d'une voix douce mais empreinte de compassion.
-« Tu as été incroyablement courageuse. Et maintenant, tu es en sécurité ici. Nous veillerons à ce que tu te remettes rapidement. Ton invocation aussi, je suis sûre qu'il se remettra bientôt... Si toi ou elle avait besoin d'énergie occulte, n'hésite pas, je peux en fournir. »
La dépressive posa doucement sa main sur l'épaule d'Ibara, lui offrant un soutien silencieux mais plein de chaleur.
-« Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là pour toi. Nous sommes là pour toi.»
Homura laissait un fin sourire apparaître, c’était bien plus agréable de taquiner que d’être taquiné, très honnêtement. Ibara n’aurait pas en temps normal grand-chose à craindre d’elle de toute manière, mignonnette comme elle était, son dragon n’en ferait qu’une bouchée. Mais voilà, le problème était l’état de son invocation qui est… Au mieux incertain. Il lui restait les autres, oui, mais elle préférait les garder secrets. Puis elle était inconsciente en plus de ça, seul son gardien agissait inconsciemment, les autres n’avaient pas le sort leur permettant de faire cela.
C’était terrifiant. De réaliser que pour la seconde fois de sa vie, elle était sans défense face à une potentielle attaque. Encore plus perturbant était la réalisation que ces deux fois étaient en présence de membres du culte occulte. Elle baissait bien trop sa garde avec ses collègues, son dragon n’apparaissait même plus lorsqu’un d’eux la touchait. Ibara claquait des dents sans le réaliser, pourquoi le savoir lui faisait si peur ? Ne pas avoir la protection de son sort, c’était comme être nue dans un no man’s land.
Mais elle se calmait peu après, non pas toute seule néanmoins, mais en sortant du tiroir son bijou maintenant ses mèches en place et le remettant. C’était un peu un rituel, une version plus poussée du croisement de jambes de Kumiko. Recommandée par le psychologue qu’elle avait dû consulter lors de sa découverte du monde occulte, elle avait plusieurs petites routines comme ça pour pallier ses démences et autres accès de colère. Ayant été dans l’incapacité de le régler à la source, c’était un soin palliatif assez efficace.
“Tu n’y es pas. Il n’y a pas de monde où je suis courageuse. Regarde par toi-même, je tremble comme une feuille depuis que je suis réveillée, et ne m’arrêterais probablement que lorsque mon invocation reviendra.”
Son gardien n’était pas mort, elle ne savait pas ce qu’il faudrait faire pour le tuer, mais probablement bien plus que ce dont est capable le prêtre… Qui ne lui a pas donné son nom, maintenant qu’elle y pensait. La politesse se perdait, que voulez-vous, ou c’était elle qui a agi inconsciemment en lui donnant le sien ? Bah, son nom n’avait pas de valeur, que ce soit dans le monde des non-exorcistes ou des exorcistes. Elle ne descendait pas d’une famille connue, c’était un peu une anomalie qu’elle soit capable d’utiliser un sort inné.
Quoi qu’il en soit, plus elle récupérera son énergie occulte, plus son invocation pourra s’en nourrir et retrouver des forces. Dans quelques jours, donc, sauf si quelque chose l'empêche ou accélère le processus. C’était ce que sous-entendait d’ailleurs cette femme, entre ça et répétait beaucoup de fois “Nous”. Il y avait d'autres résidents dans cet appartement ? Ou peut-être parlait-elle de l’ordre de manière plus générale ?
“Nous ? Qui d’autre sait que je suis là !?”
La sorcière s’agitait. Est-ce qu’elle était inutilement paranoïaque ? Peut-être ce n’était qu’un tic de langage, mais elle n’arrivait pas à se rassurer. Même si c’étaient des occultistes dont elle parlait, pouvait-elle vraiment faire confiance aux membres de l’ordre ? Ce n’était pas un “lieu sûr” pour elle non plus, pas avec des gens comme Kenshin dedans, qui attaquaient leurs compagnons pour de simples non-exorcistes.
Elle n’avait pas envie de vivre ses jeunes années de nouveau, à se méfier de tout et de tous, mais c’était sa vie qui était en jeu ! Elle ne pouvait pas juste ignorer qu’il y a des gens qui pourraient profiter de son état pour se venger ou imposer une justice arbitraire. Réalistiquement, il n’y en avait qu’un qui pourrait vouloir faire quelque chose comme ça, et encore, c’était si et uniquement si elle ne faisait pas une montagne d’une bosse. Mais rationaliser n’était pas son fort.
Kumiko Komori
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Kumiko Komori
Mar 26 Mar 2024 - 23:41
Là où ne va pas le soleil, va le médecin..
Kumiko eu un sourire plein de compassion pour Ibara. Les mots de sa patiente résonnaient dans l'air, chargés de douleur et de vulnérabilité. Komori, elle-même hantée par son complexe d'infériorité, sentait une empathie profonde envers celle qui cherchait refuge dans son appartement.
Un sourire triste se dessina sur les lèvres de la dépressive alors qu'elle posait doucement sa main sur la tête de la sorcière rouge, caressant ses cheveux avec une délicatesse naturelle. Elle savait combien il était difficile de lutter contre les sentiments d'infériorité, ces sombres ombres qui obscurcissaient l'estime de soi.
-« Je comprends, Homura-san... »
Murmura l'exorciste d'une voix douce et apaisante.
Kumiko fut prise au dépourvu par la réaction agitée de la femme aux yeux d'or lorsqu'elle avait juste dit qu'ils allaitent prendre soin d'elle. Les yeux écarquillés par la surprise, elle chercha à apaiser les craintes de sa patiente.
-« Ibara, calme-toi je te prie.»
Murmura-t-elle d'une voix douce mais ferme.
-« Tu n'as pas à craindre. Seuls Haru et moi savons où tu te trouves. Tu es en sécurité ici. »
Elle posa une main réconfortante sur l'épaule de la jeune femme, lui offrant un soutien silencieux dans sa détresse. Malgré son propre étonnement face à la réaction de l'occultiste, Komori resta calme, cherchant à instaurer un sentiment de sécurité et de confiance.
-« Je comprends que tu sois inquiète, mais je te promets que nous ne te ferons aucun mal »
La japonaise laissa échapper un rire triste, teinté d'autodérision, tandis qu'elle regardait Ibara avec des yeux empreints de fatigue.
-« Tu n'as rien à craindre d'une faiblarde inutile comme moi »
Dit-elle doucement, son sourire triste reflétant la profondeur de ses propres doutes et de son auto-dépréciation.
-« Je suis censée être celle qui t'aide à te soigner, mais je ne suis même pas foutue de maîtriser un sort d'inversion... Parfois, je me demande si je suis vraiment à la hauteur des tâches de l'ordre... »
Elle laissa un soupir s'échapper de ses lèvres, son regard se perdant un instant dans le lointain, comme si elle cherchait des réponses dans l'horizon désordonné de son appartement.
-« Mais je ferai de mon mieux pour te soutenir durant ta guérison. »
La sorcière ne quittait pas des yeux la jeune femme, mais au moins, elle se calmait. Il n’y avait donc que Haru et elle, ouais, c’est normal que Haru sache qu’elle soit là, c’est lui qui l’a amené là… Elle inspirait, détournant enfin le regard et reprenant son calme. Ouais, tout allait bien, elle était - plus ou moins - en sécurité ici. Kumiko essayait néanmoins de la toucher, mais tout ce qu’elle put sentir, c’était des pétales brûlés.
“Je vais bien, je suis calme.”
Kumiko pouvait penser qu’elle s’adressait à elle, mais son regard n’était pas sur elle, mais sur le côté opposé là d'où partait une aile et se trouvait une tête de dragon brûlé et translucide. La vue de ce… Dragon ? Fantôme ? Attristait la sorcière qui le fit disparaître en passant sa main sur sa tête. Des explications étaient en vigueur, même s’il y avait une possibilité que Haru lui ait expliqué.
“Désolé, c’est mon invocation, son sort est automatique et inconscient, si quelqu’un essaye de me toucher ou de m’attaquer, il les en empêche. Je peux l’en empêcher quand je suis calme, mais et bien… Je ne l’étais pas.”
Elle l’écoutait ensuite se… rabaisser ? Cela n’allait pas le faire ça, pas en présence d’Ibara ! qu’importe qu’elle même se soit passé sous le feu de ses critiques, elle pouvait se moquer d’elle même, car même si elle le faisait, elle ne se considérait pas inutile ou inférieure. Mais cette femme si, et il était hors de question qu’un membre de l’ordre pense ainsi de lui-même.
“Hey, tu racontes quoi là ?”
Elle lui saisit la main, et pas de dragon, bien sûr, puisque c’était elle qui a initié le contact. Ibara s'empresse d'enchaîner : “Tu fais fausse route ! C’est quoi cette idée qu’il faut maîtriser le sort d’inversion pour être un bon médecin ? Tu te rends compte à quel point c’est compliqué et rare ?”
Le sort d’inversion était un sort accessible à tout exorciste, n’étant lié à aucun sort inné… En théorie. C’était plus facile dit que fait disons, pour Ibara par exemple dont la majorité de ses connaissances en occultismes étaient alloués à son sort inné, tout comme sa puissance occulte, c’était un rêve bien lointain. Elle ne comprenait même pas le concept de base du sort d’inversion, inverser une énergie déjà négative en la surchargeant en négativité pour en faire une énergie positive? Ouais, du charabia.
“Tu en connais beaucoup toi des gens qui peuvent l’utiliser ? Dans tout le japon il doit y en avoir quoi, une dizaine ? Ce n’est donc pas une raison pour te passer le bâton ! Tu as déjà fait du très bon travail.”
Mais elle réalisait, si elle ne maîtrisait pas le sort inversé, qu’entendait-elle lorsqu’elle lui avait proposé de lui donner de l’énergie occulte ? Ce n’était pas quelque chose qui pouvait se faire comme ça. Une spécificité de son sort inné peut-être ?
“Puis, t’as l’air de pouvoir donner de l’énergie occulte aux gens, ça m’a l’air déjà très bien comme habilité pour une médecin. Le reste viendra avec la pratique !”
Kumiko Komori
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Kumiko Komori
Dim 7 Avr 2024 - 12:43
Là où ne va pas le soleil, va le médecin..
Kumiko retira lentement sa main de l'épaule d'Ibara, sentant une légère sensation de brûlure sur le bout de ses doigts. Elle les examina rapidement, remarquant une rougeur éphémère qui s'estompait déjà. Un frisson parcourut son échine alors qu'elle réalisait la puissance de l'énergie occulte qui imprégnait la peau d'Ibara.
Lorsque la sorcière rouge mentionna que c'était simplement son sort inné, la japonaise hocha silencieusement la tête, comprenant mieux la situation. Elle sentit un sentiment de gêne l'envahir, réalisant qu'elle avait été un peu trop intrusive en touchant ainsi son amie.
-«Je suis désolée...»
Murmura-t-elle, ses yeux exprimant un mélange de préoccupation et de regret.
-« Je ne voulais pas te causer de désagrément. Je devrais... faire plus attention.»
Son ton était empreint de sincérité, et elle espérait sincèrement que son geste involontaire n'avait pas causé de dommages durables à sa patiente.
Après avoir entendu les paroles réconfortantes et encourageantes d'Ibara, la demoiselle sentit un poids se soulever de ses épaules. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle baissait doucement la tête, reconnaissant sa propre tendance à se sous-estimer.
-« Je suis désolée...»
Murmura-t-elle avec sincérité, son ton empreint d'une humble gratitude.
-« Merci de me rappeler ça, Homura-san. Je suppose que je suis un peu trop dure avec moi-même parfois...»
Elle leva les yeux pour rencontrer le regard de son aînée, exprimant sa reconnaissance à travers son regard. Puis, se sentant un peu plus confiante grâce aux mots encourageants d'Ibara, elle décida de passer à l'étape suivante.
-« Je suis prête à te donner de l'énergie occulte.»
Déclara-t-elle, sa voix retrouvant une note de détermination. Puis, pour illustrer ses paroles, elle désigna du doigt le jeu de Shogi maudit posé sur ses genoux.
-« Comme tu peux le voir, je j'ai besoin de ce jeu pour user de mon sort inné... Cela peut me coûter quelque blessures.»
Expliqua-t-elle, son regard se posant sur le jeu de Shogi avec une certaine fierté mêlée à une pointe de méfiance.
-« Je pense que je peux maintenant canaliser cette énergie pour t'aider... si tu es d'accord, bien sûr.»
Elle attendit avec une légère appréhension la réaction d'Ibara, espérant secrètement qu'elle accepterait son offre d'aide.
Participants: Kumiko Komori | Lieu : Appartement de Kumiko
Le message semblait être passé, et même si Kumiko s’excusait à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, elle semblait avoir compris ce que cherchait maladroitement à faire la sorcière rouge. Cette dernière lui rendit donc son sourire au centuple, bien plus heureuse de la voir remotivée que la concernée ne pourrait l’être d’avoir reçu ses compliments. Pour toute la colère et la tristesse qu’elle pouvait avoir, remonter le moral d’une des siennes lui donnait un peu de répit, lui donnait l’impression d’être utile. Son sourire adoucissait le pincement au cœur qu’elle avait en voyant sa réaction aux agissements de son dragon. Elle secouait donc la tête, tapotant la main qu’elle avait saisie doucement.
“Non ne t’en fais pas, tu ne m’as pas importuné, je te l’ai dit, c’est automatique. C’est la malédiction avec laquelle je dois vivre, une punition adaptée à une personne comme moi, tu n’y es pour rien.”
C’était le prix qu’elle avait à payer pour continuer de vivre. Un pacte passé avec le diable qui s’est révélé avoir l’apparence d’un dragon et d’une rose. Contre sa vie, et pour avoir commis le crime de matricide, Ibara devait constamment lutter contre sa nature peureuse pour empêcher que le moindre contact ne se transforme en catastrophe. Même avec des non-exorcistes, dont la vie avait bien moins d’importance, simplement parce que sinon cela attirerait l’attention sur elle et sur l’ordre. Imaginez que son dragon apparaît et attaque une foule bondée de monde ? Elle serait automatiquement sur la liste des exorcistes, et ils enverraient aussitôt des exorcistes pour la fumer. Elle n’était pas folle au point de se croire capable de vaincre des exorcistes surentraînés.
Plus jeune, pour empêcher ce problème, Ibara restait enfermée dans son jardin, limitant ses contacts à quelques membres des occultistes spécialisés dans l'accueil de nouveaux membres qui lui enseignaient les tenants et aboutissants du monde des exorcistes, ainsi qu’à contrôler au mieux ses pouvoirs. Avec eux était souvent présent son psychologue, c’était une nécessité vu l’état dans lequel ils avaient trouvé l’invocatrice, elle ne parlait à personne et cherchait à chaque occasion à mettre fin à sa pitoyable existence. Sans le support de l’ordre, elle aurait probablement continué de tomber et tomber plus profondément dans le crime qui lui a été imposé, et en serait venu à haïr le monde entier, son sort et par extension, soi-même. Ils n’avaient pas fait disparaître sa colère ou sa peur, ni même sa tristesse, mais ils lui avaient appris à la rediriger pour une cause plus grande, leur cause. Et même s’ils n’avaient réussi à la réparer, utiliser sa malédiction pour un but plus grand atténuer ses souffrances considérablement.
“Prête ? Il y a besoin de préparations ?”
Sa curiosité prenait le dessus, la mare de sang colorant, ses yeux brillaient d’une légère curiosité bien trop innocente pour s’y trouver. Ce plateau de jeu ne se trouvait pas là avant elle en était sûre, et elle pouvait sentir une certaine puissance occulte en émaner. Est-ce que c’était la préparation requise pour que Kumiko puisse distribuer son énergie occulte à quelqu’un d’autre ? C’était en tout cas un sort inné assez novateur, il devait être criblé de restriction pour pouvoir fonctionner, Ibara en bonne bagarreuse aimerait en savoir plus et attendait avec une impatience très visible que son hôte lui en dise plus.
Elle était pendue à ses mots, et lorsqu’elle expliquait très brièvement les conditions de son sort, les engrenages dans la tête d’Ibara se mirent en marche. Elle croisait son bras gauche et posait le coude de son bras droit sur ce dernier afin de tenir son menton dans sa main, clairement en train de réfléchir au pouvoir de la jeune femme. Est-ce que son pouvoir fonctionnait par rapport à sa victoire ou sa défaite ? Si elle pouvait en être blessé, alors il semblerait bien que ce soit le cas. Elle réfléchissait encore un peu au problème, se tortillant de droite à gauche pour ce faire, puis décidait tout simplement d’attendre et de voir de quoi il en retournait.
“Et bien si tu penses que tu ne subiras pas beaucoup de dégâts, je ne dirais pas non à revoir mon dragon en bonne santé plus vite, mais je ne veux pas que tu finisses trop blessé non plus, l’objectif ce n'est pas de nous retrouver toutes les deux blessées au lit.”
Tout dépend d’à quel point le prix à payer pour avancer la récupération de son dragon est élevé. Si laissé à ses propres moyens, Gardien reprendra du poil de la bête tout seul, il n’était pas le genre de Shikigami à mourir aussi facilement, ou à mourir du tout même, mais Ibara se sentirait plus en sécurité si elle avait son sort au summum de ses capacités… Elle était donc prête à laisser sa chance au pouvoir de son médecin personnel.
Kumiko prit alors ses pions qui gisaient dans sa poches. Ses doigts glissaient sur les pièces avec des gestes lents, automatique, disposant les pièces noirs aux écriteaux blanc devant elle et les blanches en face. Sa mine était sombre, concentrée et un soupir d'angoisse s'échappa de ses lèvres.
Le décor qui l'entourait disparu lentement. Les murs semblaient suinter d'une obscurité insondable, le plafond fut englouti par les ténèbres qui se mouvait depuis le jeu de société. Des tentacules d’ombre engloutirent les murs ainsi que le plafonds et le sol, n’épargnant que la dépressive et son jeu antique.
Au centre de cette nuit éternelle, une créature émergea de nulle part, sa présence maléfique s'insinuant comme un cauchemar éveillé.
Bien que nul ne pouvait la voir, la créature ressemblait à Kumiko, mais déformée par une aura de haine et son visage grotesque était rongé par de la pourriture. L'esprit maléfique, une version tordue de son hôte, s’installa en tailleur face à la demoiselle avec un sourire éxagérément étendu sur le visage.
-« Bonjour, Kumiko-chan. On refait une partie ? Tu veux sauver cette garce ? »
Contrairement à l'exorciste, l'apparence de cette copie difforme était instable, une distorsion mouvante qui dérangeait les sens. Ses traits, déformés par la malveillance, semblaient se fondre et se tordre, comme si les ténèbres elles-mêmes façonnaient son existence éphémère.
Kumiko leva les yeux au ciel avec exaspération alors que la partie débutait. Ses mouvements étaient précis et calculés, mais elle sentait le poids de cette lutte mentale qui s'intensifiait à chaque instant.
Les pièces bougeaient sur le plateau des deux côtés, Komori tentaint de garder une longueur d'avance sur son adversaire.
Au fur et à mesure que la partie progressait, Kumiko commença à gagner des pions, transférant à chaque pion gagné une partie de son énergie occulte à Ibara. Chaque mouvement réussi était accompagné d'un léger frémissement dans l'air, alors que l'énergie sombre circulait entre les deux jeunes-femmes.
Malgré les défis posés par son adversaire maléfique, Kumiko restait concentrée, déterminée à atteindre son objectif.
Mais la bataille était rude, et parfois l'ombre gagnait du terrain. Kumiko sentait la pression s'intensifier, sa tête bourdonnant de douleur alors que l'entité démoniaque tentait de s'infiltrer dans son esprit.
Des saignements de nez éclatèrent lorsque le premier pion fut perdu. Ses yeux suivirent au second et un cri pdéchirant s'échappa des lèvres de l'exorciste au troisième. Son coeur lui faisait souffrir, elle avait senti une étreinte glaciale l'enserrer.
Malgré la douleur lancinante et les tourments physiques, Kumiko tenait bon, refusant de céder devant les ténèbres qui l'entouraient... Pour sa survie... Pour Ibara.
La tension dans la pièce atteignit son paroxysme alors que Kumiko remporta finalement la partie. Avec un soupir de soulagement mêlé de douleur, elle observa les ténèbres s'estomper lentement, libérant la pièce de leur emprise maléfique. Ibara pouvait sentir un puissant regain d'énergie occulte alors que la victoire de Kumiko se concrétisait.
Un sourire épuisé se dessina sur les lèvres ensanglantées de la dépressive alors qu'elle se tournait vers Ibara, son regard empreint de joie et d'épuisement.
Mais avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit de plus, elle s'écroula au sol, crachant du sang dans un ultime effort. Dans un murmure à peine audible, elle s'adressa à sa patiente :
-« Mauvaise partie... désolée...»
Le souffle court et le corps affaibli par l'épreuve
La sorcière rouge était perplexe, est-ce que sa collègue avait minimisé les “quelques blessures” qu’elle a citées comme condition à son pouvoir ? Si ce n'était que ça, pourquoi donnait-elle l’impression de marcher vers un champ de bataille ? Avant qu’Ibara ne puisse le lui demander, la pièce se mit à changer drastiquement. Le plateau semblait suinter de l’encre comme une fontaine, recouvrant les murs, les décorations, le plafond et le sol pour ne laisser rien d’autre que les occultistes, le plateau de jeu et le lit, et dans ces ténèbres se mouvait des tentacules tout aussi noires. Elle comprenait vaguement ce qu’il se passait, simplement parce qu’elle avait été dans une situation similaire.
“Un territoire… Primitif ? C'est la deuxième fois que je me retrouve dans quelque chose de la sorte.”
Ibara ne pouvait rien voir d’autres, mais elle remarquait que la partie avait commencé. Elle-même ne s’y connaissait pas beaucoup au shogi, mais son hôte semblait s’y connaître, pas parce que la rousse comprenait ses actions, mais parce que celles-ci semblaient précises et dénuées d’hésitation. Les détails de son sort inné commençaient à se révéler à l’invocatrice, elle en comprenait les grandes lignes aussitôt, Kumiko prenait le premier pion de la partie. Avec la perte du pion ennemi, Ibara ressentit quelque chose qu’elle n’avait jamais expérimenté avant. Une hausse soudaine de son énergie occulte, comme l’avait promis son hôte.
“Incroyable…”
C’était léger, mais c’était spectaculaire, un sort inné purement supportif qui remontait l’énergie occulte d’une cible. Si la portée n’était pas trop courte, ce sort serait un sacré atout pour beaucoup de situations. Néanmoins, elle s'extasiait trop vite, un pouvoir aussi fort ne pouvait pas être sans conséquence. Si les pions qu’elle gagnait donnaient de l’énergie à la dragonnière, les pions perdus étaient payés par la joueuse elle-même, et au prix fort, il semblerait. En un instant, le nez de l'hôte déversait une grande quantité de sang, puis les yeux, et enfin un cri de douleur à glacer le sang.
“Kumiko !”
Elle grinçait des dents également, même si ses réserves d’énergie occultes remontaient, cela ne la soignait pas, cela régénérait son dragon et personne d’autre. Ibara était toujours en piteux état, et même si elle avait cherché à se lever du lit, son corps lui avait d’autres plans. Puis même si elle arrivait à se lever, qu’est-ce qu’elle pourrait faire pour interrompre le sort ? Qu’est-ce qu’il se passait lorsque le sort était interrompu même ? Elle ne connaissait pas les restrictions de cet étrange rituel, intervenir pourrait faire plus de mal que de bien.
Elle ne pouvait qu’attendre la fin de la partie, et en sentant un afflux d’énergie bien supérieur à tous les précédents, Ibara assumait que cela sonnait la victoire de sa sauveuse. Aussitôt, le comprenait-elle que son dragon était invoqué, saisissant par ses ailes à plumes en forme de pétale Kumiko pour la porter sur le lit. C’était une situation bien cocasse, le soigneur était obligé d’avoir l’aide du soigné pour se déplacer. Mais la sorcière ne se moqua pas de sa collègue, à la place, elle la prit dans ses bras pour l’empêcher de tomber. N’allons pas rajouter une concussion à ses symptômes.
“Idiote…”
La sorcière secouait la tête, chassant la tristesse de ses traits pour froncer ses sourcils et tenir le visage de la coupable entre ses deux mains. Regardez-moi ça, un bordel sans nom, on pourrait croire qu’elle s’est grillé les neurones à force de répéter des extensions de territoire ! Avec l’assistance de son invocation, elle nettoie le sang qu’elle avait giclé, puis lui fait une place à côté d’elle.
“Tu ne m’as pas dit que ça te mettrait dans un tel état ! Tu es presque en pire forme que moi maintenant, ce n'était pas la peine !”
Ce comportement autodestructeur, cela l’agaçait. Son pouvoir était si génial, et Kumiko était un véritable ange, qu’elle soit si encline à se blesser pour une rose fanée comme elle l’enrageait. Elle ne méritait pas tant d’effort et de sacrifice. Qui mettrait en péril une si belle fleur pour une mauvaise herbe. Une fois qu’elle était présentable, la dragonnière fit connaître son avis clairement.
“Tu es une sotte ! Tu ne peux pas expliquer correctement ton sort avant de le lancer ?! Si je savais que tu serais autant blessée, j’aurais simplement attendu quelques jours que mon dragon se régénère tout seul ! On perd clairement au change, tu es plus importante que mon sort inné ! J’en ai encore deux de dragons, mais il n’y a qu’une seule toi !”
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Jeu 7 Mar 2024 - 17:06
