Asuma avait tout pour être un maître d'arme exceptionnel, un pur produit de la maison Sato après un entraînement des plus intensifs. Né chez des parents hauts placés dans la hiérarchie du clan et dans les sphères politiques, ces derniers, dans leur égo et leur ambition démesurée, s'attendaient à ce qu'il obtiennent LE sort inné du clan, Noble Truth, sans doute parce que c'était leur destin. Malheureusement, on a beau être puissant, riche, reconnu et populaire, ce n'est pas pour autant que la chance sera de notre côté sur tout les points, et bien que cela concerne l'avenir de leur fils, en comprenant qu'il n'avait pas le sort adéquat, ils le lui reprochèrent bien vite. Mais Asuma n'eut pas le temps, vraiment, de voir a quel point ses parents étaient déçus, puisqu'à ce moment il était déjà au monastère. En revanche, les maîtres et responsables de l'établissement ne manquèrent pas de lui dire qu'il faisait la honte de ses parents, pour le pousser à bout et utiliser toute les humiliations possibles et imaginables pour qu'il endure la véritable souffrance.

Asuma n'était pas un garçon des plus solides. En réalité, on aurait même pu le qualifier d'instable mentalement. Et a traiter un jeune homme fragile comme de la merde pendant une dizaine d'année, et il se passe ce qu'il doit se passer : l'irréparable. Le sort inné de ce dernier à été grandement affecté par les années qu'il a passé au monastère, ou peut-être est-ce parce qu'il a subit autant de tourments que son sort inné s'est révélé aussi fort et instable. Des doubles de lui même avec leur propre personnalité et un libre arbitre, c'est quelque chose d'assez inédit dans l'histoire des Shikigami, si tant est qu'il s'agisse bien de Shikigami et pas d'un sort plus complexe.

Daisuke Sato fut l'un de ses plus proches camarades. Déjà l'esprit rebelle, ce dernier ne cessait de prendre la défense de tout le monde, et particulièrement d'Asuma, qui en tant que plus vulnérable dans son caractère, dans le sens où il partait rapidement au quart de tour - et punit sévèrement dans la fausse au fléau ou dans une session de cents coups de bâtons - ou se repliait sur lui même avec des idées noires, était souvent pris pour cible par les supérieurs. Alors que Daisuke devenait petit à petit un humain complet qu'on pouvait décrire comme quelqu'un de détaché dans le sens où rien ne l'atteignait, quand bien même il ressentait des émotions positives, Asuma, de son côté, à force de faire de ses émotions des entités à part entière qu'il pouvait invoquer pour prendre sa défense ou pour prendre l'ascendant sur quelqu'un, devint un être détaché par le simple fait que son identité primaire ne ressentait plus rien. Il changea ainsi petit à petit, et finit par penser avec une logique froide et sourde à chaque obstacle qui s'opposait à lui, matérialisant parfois une émotion pour le guider sur un chemin. Mais il lui arrive parfois de prendre des décisions de lui même tant certains côtés de lui même, et donc certaines invocations, lui tape sur le système et lui rappellent sa propre faiblesse. Dans un sens, on pourrait dire qu'il se déteste, s'admire, et se cache derrière lui même, selon les moments.

Arrivé à la fin de son apprentissage - et de son enfer -, suivant l'esprit de révolte et sans doute des paroles sorties de leur contexte de Daisuke, il décida de se venger de toute ses années de tourments. Ou plutôt, "sa colère" lui en a donné l'idée. Il se murmure qu'on n'aurait pu faire ce coup tout seul. Libérer la cage aux fléaux demande en effet une certaine organisation et une aide non négligeable pour les diriger vers un endroit ou même la sortie. Non, en effet, Asuma n'était pas tout seul. Ou peut-être l'était il ? C'est quelque chose qui dépend du point de vue.

Quoi qu'il en soit, suite à cet évènement qui causa la mort de bon nombres de supérieurs, mais aussi de civils et d'élèves du monastère, Asuma fut approché presque immédiatement par l'ordre occulte en la personne d'un érudit Sato de haut rang qui lui évita de se faire interpeler. On lui mit en tête que toute ces années n'auraient jamais eu lieu s'il ne fallait pas combattre de fléau, et qu'il n'y aurait pas de fléaux s'il n'y avait pas de non exorcistes. Dans sa logique froide, Asuma compris que c'était en effet le moyen le plus simple de mettre fins aux souffrances du monde : en rayant de la carte ceux qui souffraient tellement qu'ils en créaient des cataclysmes capables de réduire à néant le Japon.  

S'acceptant enfin comme il est, il formula un serment inviolable pour garder les dégradations et excroissances physiques qu'il possède en utilisant son sort inné, pour ne plus se différencier de ses autres identités en tant que "numéro 1". Ils sont tous une partie de lui, et il les accepte telles qu'elles sont.