Parc commémoratif Showa. N’étant pas souvent de passage à Tokyo, Kenshin n’est jamais venu ici auparavant. A vrai dire, l’exorciste cherchait simplement un endroit où pouvoir s’éloigner de l’agitation avant d’arriver par hasard. Un coup du sort bien pratique, pour qui ne connaît pas la plus grande ville du monde. A croire que la nature l’appelle, concordant avec son sort inné. Passant entre les familles assises dans l’herbe, les amoureux s’embrassant et les joggeurs longeant les petits chemins, Kenshin décide d’aller s’isoler plus loin dans l’herbe jusqu’à ne plus croiser personne. Là, il s’arrête près d’un cours d’eau et y passe la main sans raisons particulières, appréciant simplement le contact de l’eau sur la peau.
C’est un moment hors du temps où rien n’a vraiment de sens. Kenshin ne sait pas ce qu’il fait ici ni pourquoi il le fait et s’en contente malgré tout, débarrassé de ses responsabilités quotidiennes. S’il sait que ce genre de contextes le rappellent à sa mélancolie habituelle, ce qui n’est pas pour son bien, il s’autorise tout de même à sombrer régulièrement dans les pensées soliloques qui accompagnent sa solitude. Parfois aimerait-il être accompagné de quelqu’un qui le comprend, comme le fut Aiko avant qu’ils ne se séparent.
Se laissant tomber au sol, il fixe à présent le ciel, inerte. Sortant un livre de son sac, un emprunt hasardeux à la bibliothèque, Kenshin le feuillette en attendant de tomber sur une phrase accrocheuse pouvant lui donner envie d’entamer la lecture. Mais s’il aurait pu se plonger aisément entre les lignes, quelque chose vient vite perturber ce moment de flottement.
Levant les yeux en entendant des bruissements dans l’herbe, s’attendant simplement à trouver un explorateur égaré tel que lui, c’est une silhouette humanoïde mais clairement pas humaine qui se présente à lui, de l’autre côté de la berge. Un cosplay ? Non, au vu de l’énergie occulte qu’il dégage… ça ne peut être qu’un fléau.
Laissant tomber son livre, Kenshin réagit au quart de tour en se redressant, prêt au combat.
“ Abomination. Que viens-tu chercher ici ? “
Espère t-il massacrer des civils dans cet endroit qui n’en manque pas ? Difficile de croire qu’ils sont ici pour partager la même introspection, ces créatures maléfiques n’en sont pas capables. Et il ne dépend de lui que de s’en débarrasser.
Le sol tremble, jusqu’à ce qu’une grande racine n’en jaillisse, reliant les deux côtés du fleuve pour permettre à Kenshin de s’en servir comme pont et ainsi rejoindre, sans peur, le fléau de l’autre côté.
Parfois, il est important de se changer les idées. C’est tout aussi vrai pour le genre humain que pour les esprits qu’il a créé. Shokai ne faisait évidemment pas exception à la règle. Le temple était toujours en proie au brouhaha. Entre les fléaux peu discrets et les singes qui déambulaient dans les couloirs, on pouvait difficilement se ressourcer dans le lieu saint du Culte Astral. Une petite virée s'imposait donc. En solitaire. Visiter Tokyo, très peu pour le Blafard. Bien qu’il aimait les grands bâtiments monolithiques que sont les grandes tours de cette ville, il ne trouvait pas d’intérêt dans les loisirs humains et les bâtiments historiques représentaient pour le faux alien un ennui profond, en particulier les lieux de culte. Ironique, pour qui est membre de l’un d’entre eux d’ailleurs. Alors il flânait, tout simplement. Arpenter le toit des immeubles et s’allonger sous le ciel pour réfléchir à sa future conquête… et se recentrer sur lui-même.
Un maître des fléaux allié avait récemment commenté sur cette ambition. Il avait parlé d’idée fixe. Évidemment que c’en était une. Le lézard était, au bout du compte, un fléau. Malgré la conscience qu’il détenait, contrairement à beaucoup d’autres, il avait aussi cette poussée innée, instinctive, vers l’objet de sa naissance. Cela pourrait-il causer sa perte ? Peut-être. Mais en un sens, qu’est-ce que ça allait changer ? Il vivait. Il mourrait. Il vivrait encore. Le cycle continuera toujours pour lui. Les autres Fléaux du Culte le lui avaient bien dit ; les pseudo-spectres comme lui, même exorcisés, renaîtront toujours tant que les êtres humains ressentiront la même chose qui les a fait naître. Mais bien qu’il s’agisse bel et bien d’eux, cette réincarnation ne restaurerait pas l’individu. Pas de souvenirs. Pas de vécu. Le nouveau Shokai qui en résulterait ne serait peut-être pas vraiment Shokai. C’était… de bien tristes pensées dans lesquelles se perdre. Deux jours durant, le reptilien réfléchit ainsi. Et au final, il avait encore plus envie de se changer les idées.
À trop gamberger, on finit par oublier l’essentiel pour se concentrer sur le superflu. Le monstre d’ivoire avait grand besoin d’un retour à la réalité. Et rien de mieux d’une petite chasse pour garder les pieds sur terre ! Évidemment, il ne s’agissait pas d’aller attaquer des passants ça et là pour s’en sustenter comme un fébrile petit fléau de classe inférieure. Ils n’avaient d’ailleurs, trouvait Shokai, pas très bon goût. En revanche, plus intéressant peut-être serait une petite partie de chasse sportive aux humains capables de le voir. Qu’il s’agisse d’exorcistes confirmés, de maîtres des fléaux ou de simples fenêtres, peu importait. Au bout du compte, il s’en amusait et le camp des humains s’en retrouverait affaibli.
Comment se livrer à cette chasse ? Simplement en se promenant et en observant les réactions des gens. Les civils ne le voyaient même pas, donc autant en profiter. Ah, et voilà le premier gibier. Un binoclard pas bien grand qui suait avec profusion à la vue de son aura. Pathétique pustule que Shokai n’avait aucun mal à pourchasser. Il n’y eut même pas de combat… et pour cause, lorsque le fléau le rattrapa, il n’eut qu’à lui enlever ses lunettes pour comprendre que le bougre était naturellement incapable de le voir. Une simple fenêtre donc. Pas la plus trépidante des proies, certes. Il suffit d’un coup de poing pour lui briser le crâne. Nul besoin de s’occuper du corps, lui ne risquait pas de se changer en fléau. Le Fléau de Demain s’étira alors de tout son long avant de reprendre son chemin, laissant derrière lui dans une petite ruelle le cadavre de l’agent des forces occultes pourrir entre deux poubelles.
La promenade de Shokai le mena ainsi jusqu’au parc de Showa. Un coin de nature que certains fléaux plus sensibles pourraient trouver bucolique, voire charmant. Mais franchement, Shokai le verrait bien remplacé par plus d’espace urbain, l’urbanisme à outrance étant peut-être l’une des meilleures décisions de ces babouin. En effet, si le Blafard voulait conquérir la galaxie, il lui semblait important de dominer la nature en tout lieu. Mais c’est en traversant cet espace vert que le mauvais esprit sentit se poser sur lui un regard. De l’autre côté d’un fleuve pittoresque se tenait un humain visiblement en garde. Grande taille pour un Japonais, d'ailleurs. Celui-ci l’invectiva, le traitant d’abomination avant de questionner les raisons de sa venue en ces lieux. Une outrecuidance sans grande peur, donc. C’était bien un exorciste. Et le sort inné qu’il employa par la suite le confirmait. Un pouvoir végétal, apparemment. En plein milieu d’un parc. Inutile de préciser qu’il jouait donc à domicile.
« Eh bien, je viens chercher les babouins gênants comme toi, l’ami ! »
Ricana le monstre alors qu’il dégaina à son tour son sort inné, lançant sa Stellogénèse entre ses fins doigts blancs, l'énergie naissante enflant au dessus de son crâne. Ce type faisait apparaître du bois, hein ? Alors l’Etoile Tyrannique devra s’imposer en outil de jardinage ! Formant un pont pour passer au-dessus du ruisseau, l’illustre inconnu s’approchait, probablement sûr de sa maîtrise des distances plus rapprochées. Il fallait dire que l’énergie occulte qu’il dégageait n’était certainement pas anodine, bien qu’il n’y ait pas lieu de s’alarmer. Et à vrai dire, Shokai n’était pas vraiment un as des arts martiaux, malgré ses notions de boxe birmane. C’est pourquoi il préféra garder ses distances pointant du doigt la tête de l’exorciste pour que son orbe fonde sur lui. L’esquivera-t-il ? Peut-être, mais l’index du pseudo-spectre ne quittera pas sa cible, lançant ainsi une fois l’attaque évitée une seconde menace ! De la boule d’énergie s’échappe alors un rayon qui s’abattit en direction de l’exorciste ! Il ouvrait directement le bal sur un sort étendu, dévoilant dans un stratagème bien fourbe son Trait Stellaire !
« J’imagine que tu peux voir cela comme une rafle… »
Fermant le poing, Shokai rabattit son bras pour non pas rappeler à lui son Etoile Tyrannique, mais la faire revenir sur le bougre comme un boomerang aux allures de boulet de démolition luminescent ! Un début musclé pour une rencontre que le fléau voulait des plus exhaustives ! Après tout, après toute ces introspections, il avait besoin d’un peu d’action digne de ce nom ! Quant à la réelle identité de son opposant... Eh bien, il aurait tout le temps de lui poser la question une fois changé en esprit vengeur !
Murasaki Kenshin
Membre de confiance de l'ordre occulte - Classe semi 1
Tout comme lui, le fléau ne s’embarrasse pas des présentations pour passer directement à l’action. Le fait qu’il puisse parler lui permet néanmoins de se faire une première idée de sa puissance, les fléaux intelligents ne courent pas les rues. Le dernier en date était un classe S et dieu sait qu’il s’était avéré retors. Espérons qu’il n’en soit pas de même pour cette espèce de reptile sans écailles qui lui fait face.
A la vue de son sort, Kenshin affiche ce qui semble être une mine interrogative, si ce n’est surprise. Difficile de comprendre ce qu’il voit, si ce n’est une boule d’énergie occulte. En voilà un sort curieux. Parvenant sans mal à éviter la première offensive, il ne voit venir la seconde qu’un instant trop tard, évitant le gros des dégâts sans toutefois en ressortir totalement indemne, sa hanche se voyant abîmée par l’assaut.
“ … “
Difficile d’aller au-delà de ses provocations. Était-il réellement venu en chasse, s'accommodant au hasard des proies se présentant à lui ? Pourquoi chercher une quelconque logique derrière les agissements des fléaux après tout.
“ Dis moi. “
Dit-il, marquant un temps d’arrêt. Élevant ses racines comme un épais rempart encaissant les dégâts de l’orbe revenant vers lui, il ne réplique pas tout de suite. Une fois sur ses gardes, Kenshin n’est pas si facile à surprendre. Encore moins pour un homme ayant pour habitude de combattre seul, forcé de couvrir ses propres arrières.
“ De quoi es-tu né, fléau ? “
Demande-t-il, intrigué. Si ce genre de comportement ne lui ressemble pas, lui qui a toujours préféré limiter ses interactions avec les fléaux au combat pur et simple, il n’est pas courant d’en croiser un capable d’échanger avec lui. Pourquoi ne pas en profiter avant de devoir passer aux choses sérieuses ? Rien ne presse.
“ Je dois avouer que ce sort m’intrigue. “
Prenant une mine pensive, il porte sa main au menton tel un penseur des siècles passés, alors même qu’ils se livrent un combat dont l’issue ne pourra être que la mort. Sachant qu’il sera difficile de l’interroger une fois mort, autant prendre les devants en espérant qu’il soit aussi ouvert au dialogue que lui.
Tout se passait comme il l’avait prévu… L’Etoile Tyrannique frappa sans toucher sa cible, certes, mais le Trait Stellaire, lui, se montra tout de même plus efficace. Son effet fut mitigé par le mouvement in extremis de l’exorciste, suite à quoi ce dernier se protégea du retour de l’orbe à l’aide d’une barrière de bois, dans lequel creusera celui-ci sans pour autant passer outre. Un adversaire qui réfléchissait donc vite, semblerait-il. De loin, le fléau blanc poussa un petit sifflement admiratif avant de le complimenter.« Jolis réflexes… »Tant mieux. Les capacités de combat d’un exorciste avaient tendance à influencer celles du fléau qui en naîtra, après tout. C’était donc avec la perspective d’un nouveau sbire prometteur que Shokai allait combattre. S’apprêtant à une contre-attaque directe, celui-ci rappela à lui sa boule d’énergie qui vint tournoyer autours de sa personne. Mais rien ne vînt…
Rien ne vînt si ce n’était une simple question. Le bougre s’interrogeait, ou plutôt l’interrogeait, sur ses origines. Tiens donc ? Rares étaient les proies du fléau qui s’intéressaient à lui. On ne le voyait habituellement que pour ce qu’il était : un fléau à exorciser. C’était presque louche. Mais pourquoi ne pas se hasarder à un brin de causette ? Après tout, il fallait en profiter. Tout le monde n’avait pas la chance de pouvoir converser avec les animaux comme pouvait le faire le Blafard. Plissant les yeux, ce dernier prit la parole.« Laisse-moi répondre à ta question par une question. Crois-tu que nous sommes seuls dans l’Univers ? »Un fin sourire vint alors décorer son visage alors qu’il étendit ses bras de façon théâtrale.
« Cette pensée angoisse naturellement certaines personnes. D’autres redoutent justement l’inverse. Les mystères que nous réservent les cieux fascine autant qu’il effraie. Au fond, l’humanité craint ce qu’elle ignore et elle ne connait que son petit monde. »
Pris dans une envolée lyrique, le monstre posa sa main droite sur son buste, postant l’autre dans son dos pour incliner son chef. Le futur empereur de la galaxie se devait de faire preuve de distinction, après tout. Il devait être supérieur aux simples humains en tout, dont l’étiquette. Pour autant son ton trahissait une colère mal contenue, qui ne se fit que plus évidente au fur et à mesure qu’il palabrait.« Je suis cette peur saugrenue d’une invasion extra-terrestre. Je suis ce sentiment d’insignifiance lorsque vous comprenez à quel point vous êtes petit dans ce si vaste cosmos. Je suis l’indifférente cruauté de l’Univers qui obsède l’Homme moderne. Je suis votre ignorance, bande de chimpanzés fébriles ! »C’est là qu’il fit claquer sa queue sur le sol pour ponctuer son emportement, relevant sa tête pour lancer un regard des plus noirs.
« Et elle me fait gerber ! »
Pensif, le grand gaillard affirma son intérêt quant à l’Etoile Tyrannique.« Oh ? Curieux ? »Fit l’esprit, une arcade sourcilière relevée.« Tu ne voudrais tout de même pas que je te dévoile mon sort inné, tout de même ? Ca me rendrait la tâche trop facile ! »Ricana-t-il avant de s’avancer, la sphère mortelle tournoyant autours de sa personne de plus en plus vite tel un satellite fou, une sécurité des plus efficaces pour pallier à ses lacunes martiales. Parler de lui, il aimait faire. Mais la vie de son adversaire ne lui était d’aucune importance. Il était là pour chasser, ni plus, ni moins.
A mi-chemin de son adversaire, il chargea subitement pour envoyer un direct du gauche vers son visage avant que la main droite ne dirige son étoile pour lui faucher les jambes. Comptant bien capitaliser sur son enchaînement, la queue de reptile de Shokai alla s’enrouler autours du poignet gauche de l’exorciste pour tirer dessus alors que l’Etoile Tyrannique remonta pour tenter de percuter son flanc. Néanmoins, craignant d’être surmené à courtes distances par la réponse d’un adversaire au gabarit plus avantageux, il lâcha son emprise pour faire un bond en arrière, la mine sérieuse.
« Ne t'en fais pas, nous aurons tout le temps de faire ami-ami après ta mort ! »
Murasaki Kenshin
Membre de confiance de l'ordre occulte - Classe semi 1
Pour une fois, un fléau semble apte à lui répondre. La plupart du temps lorsqu’il tente d’interroger ces créatures, elles se contentent de rugir ou de proférer des paroles barbares allant de pair avec leurs actions bellicistes. S’il ne rechigne jamais à les exorciser, ce n’est pourtant pas l’envie qui lui manque de leur parler. Loin d’être une simple conversation, Kenshin voit plutôt ces échanges comme une manière d’étudier les fléaux. Loin de lui l’envie de s’acoquiner avec l’un d’entre eux. De sa propre expérience et leur natures respectives, il est impossible de s’entendre.
Kenshin écoute alors attentivement le fléau, intrigué par sa grandiloquence. En voilà un qui a le sens du spectacle, d'où cela peut-il bien lui venir ? Le dernier qu’il ait pu rencontrer était bien plus morne. Sans doute est-ce un moyen de paraître plus menaçant, ce qui ne prend pas avec lui.
“ Sans doute pas. “
Répond-t-il sans grande conviction, se demandant où il veut en venir. Kenshin y a bien sûr déjà pensé, et conclut qu’il serait difficile de prétendre être le seul peuple de l’univers au vu des milliards de planètes qui les entourent. Un raisonnement quelque peu simplet, il en convient.
L’arrogance du fléau dépasse de loin l’entendement. Kenshin en serait presque décontenancé, si les palabres de son interlocuteur n’étaient pas en tout point irritantes, même pour quelqu’un d’aussi stoïque que lui.
“ Je ne pense pas que les fléaux soient du genre à chercher l’érudition. Qui est le plus ignorant dans l’histoire ? Vous n’êtes même pas capables d’agir en tant que peuple, seul le chaos résulte de vos agissements. “
Explique t-il très sérieusement, comme s’il s’était impliqué dans un débat dont l’issue pourrait être autre chose qu’un combat à mort. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Kenshin peut se montrer très verbeux.
Observant le fléau monter dans les tours, il répond alors par une moquerie simplement pour l’irriter davantage.
“ On ne peut pas dire que tu sois le parangon d’une peur primaire. Les fléaux sont une menace bien plus palpable que les aliens. “
L’épiderme de Kenshin devient peu à peu rugueux à mesure que l’écorce le recouvre pour lui faire une armure de bois. Finalement, son aspect présente de plus en plus de similarités avec ce que l’idée que l’on pourrait se faire d’un fléau.
“ C’est bien pour ça que je vais t’exorciser. “
Fini la parlotte, place au combat. Voyant son adversaire venir, Kenshin bloque son premier direct en lui opposant le bout de son coude, une technique utile pour retourner le coup d’un adversaire contre lui-même. Reculant d’une courte mais puissante impulsion des jambes pour esquiver l’assaut suivant, il est néanmoins partiellement stoppé dans son élan par la queue reptilienne du fléau, son armure encaissant son ultime assaut non sans se briser au passage.
Comprenant rapidement qu’il pourrait avoir l’avantage au corps à corps, Kenshin élève de multiples pieux du sol derrière le fléau venant prendre ses jambes pour cible histoire de l’immobiliser, tout en le chargeant d’une traite, tentant un puissant direct dans le plexus, espérant l’acculer entre lui et ses pieux.
Evidemment, l’humain ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Les fléaux ne chercheraient pas l’érudition ? Certes, c’était loin d’être le cas de la majorité. Mais ce n’était évidemment pas le cas de la majorité de l’humanité non plus. Quant au fait de même pas s’être organisé en tant que peuple, la raison était toujours facile à trouver et elle trouvait sa source dans un problème majeur : les gens comme lui sont l’obstacle qui empêche l’évolution des esprits ! Devant si peu de réflexion, Shokai poussa un petit ricanement.
« Huhuhuh… En effet, comme tu l’as dit, nous manquons fortement d’unité et je suis le premier à le déplorer. Et c’est pour ça que je vous chasse, vous les exorcistes ! »
C’est un fait indéniable : seul le prédateur au-dessus de la chaîne alimentaire peut prospérer. L’humain n’a atteint son stade d’évolution que lorsqu’il a dominé son environnement en se hissant en haut de la hiérarchie dans le monde entier. Mais cet état de fait serait sans doute bien compromis si les fléaux étaient aussi courants ailleurs qu’ils ne l’étaient au Japon. Et pourtant, ce n’étaient pas eux qui faisaient la loi au pays du soleil levant. Et cela à cause de cette anomalie que sont les exorcistes. Si seulement ils n'existaient pas… Mais avec des si, on pouvait mettre Tokyo en bouteille. C’est dans le concret qu’il fallait se situer si on voulait retourner cette situation.
Frappant avec conviction, le reptilien remarquait bien que le bougre en face de lui se couvrait d’écorces. Une sorte d’armure de bois, donc… Bah ! Pour bloquer réellement la puissance de son Etoile, il lui faudrait une cuirasse bien plus épaisse ! Trop épaisse pour lui permettre de se déplacer optimalement, en tout cas…
« Vous tuer, c’est non seulement permettre aux miens de prospérer mais aussi faire grossir nos rangs ! C’est pour ça que je prends les devants. J’œuvre à unifier mon peuple ! »
Eructa-t-il alors qu’il s’élançait à nouveau pour attaquer. Néanmoins, alors qu’il allait faire un pas, son mollet fut percé par une pointe de bois éclatant du sol ! Et elle n’était pas la seule, le bougre venait d’ériger des piquets pour l’attaquer en traître ! Tournant son attention sur eux, le fléau balaya son bras pour diriger son Etoile Tyrannique sur leur position, les rasant d’un coup. Mais cet acte laissait à l’humain l’opportunité de réduire la distance pour lui envoyer un coup de poing en plein milieu de la gemme mauve qui ornait son buste. S’il avait encore une jambe en bon état, il aurait peut-être pu s’ancrer au sol, mais avec la blessure qu’il venait de se prendre, sa guibole rompit contre la friction du sol, laissant le monstre tomber sur son derrière, les dents serrées.
Mais c’était loin d’être une situation pouvant l’incapaciter. Contrairement à un frêle humain, un fléau n’avait pas à craindre ce genre de sévices : avec un petit coup d’énergie occulte la jambe du reptile se remettait en moins de deux. Abattant son poing contre le sol, le petit homme blanc se releva, les yeux rouges brillant de défi. L’échange était court, mais Shokai avait désormais une idée non seulement de la puissance de frappe du grand dadais, mais aussi de la résistance que lui conférait ses défenses. Il avait une force fort convenable, mais rien qui ne sorte de l’exceptionnel pour un être humain. En revanche, il avait de très bons réflexes qui risquaient de compliquer la prise en charge du corps à corps. Et évidemment, devoir faire attention au sol allait compliquer la chose. Difficile à manœuvrer. Mais certainement pas impossible !
« J’espère pour toi que tu me réserves plus de surprises que ça. »
Fit-il en rappelant à lui l’Etoile Tyrannique, sur laquelle il posa le pied. La sphère d’énergie décolla ainsi soudainement, et lui avec, se tenant droit sur cette dernière ! Lui indiquant toujours le chemin de la main, le fléau virevolta avec elle à quelques mètres au-dessus de l’adversaire. Déterminé à ne pas lui laisser de répit, il le pointa du doigt durant le vol de son autre dextre, tirant ainsi sur lui quelques Traits Stellaires pour l’occuper.
« Danse pour moi, primate ! »
Pendant ce temps, le fléau s’employait à trouver l’opportunité durant ses esquives de sauter de sa plateforme improvisée dans le but d’attaquer pile au-dessus de son vis-à-vis d’un coup de poing marteau descendant ! Parviendrait-il à en réchapper ? Peut-être. Néanmoins Shokai ne comptait pas laisser cela à la chance ! Accroupi au sol des suites de son atterrissage tout sauf en douceur, le fléau fit passer au-dessus de sa tête son Etoile Tyrannique pour faucher le bougre ! Mais elle était bien différente, elle était plate ! Ce n’était plus un orbe, mais un disque, quoique le mot scie semblait plus adéquat. Toute la puissance du sort se retrouvait concentrée dans la tranche et bien que cela réduisait la zone d’impact, les capacités destructrices n’avaient rien à voir avec son sort inné standard. Tel était son sort étendu, la Lame Cosmique ! Et elle n'avait qu'un but : passer outre le blindage pour trancher en deux le pauvre homme comme on sciait une bûche !
* Voyons si ton armure de bois peut te protéger de ça ! *
Murasaki Kenshin
Membre de confiance de l'ordre occulte - Classe semi 1
S’il n’était pas de nature aussi stoïque, Kenshin s’amuserait presque des palabres du fléau. Il semble si convaincu par ses idées fantasques que cela force le respect, du moins pour ceux étant capable d’en ressentir pour les monstres. Flegmatique, Kenshin se contente de lui lancer une nouvelle pique avec l’impassibilité d’un mur de pierre.
“ Apprends plutôt à lire et parler à tes congénères, ce serait un bon début. Difficile de se coordonner lorsqu’une cohorte est constituée de barbares incapables d’aligner deux mots. “
S’il existe bien des humains quelque peu béotiens, rien de comparable à la majorité des fléaux dénués de la moindre intelligence. Et ça se prétend supérieur ? Risible. L’idée d’un fléau supérieur à n’importe quel humain ne pourrait même pas lui traverser l’esprit qu’importe la bonne foi dont il pourrait faire preuve.
Comprenant que le fléau n’est pas prompt à la discussion mais à une forme d’échange plus pugilistique, Kenshin se remet en garde, prêt à contrer ses prochaines offensives une fois la première rixe passée, laquelle tourne à son avantage. Son adversaire est manifestement moins doué au corps à corps qu’à distance, lui donnant donc une bonne ligne de conduite à adopter pour l’emporter.
“ Je vois que nous partageons des objectifs similaires. “
Suivant le fléau du regard maintenant doté de la capacité de léviter, il érige un bouclier de sylve au niveau de son avant bras pour parer les rayons guère dangereux qu’il envoie à son encontre.
“ Jadis, le roi hérode fit tuer tous les nouveau-nés mâles à Bethléem dans la crainte de la naissance annoncée du Christ. En tout temps, les massacres sont appelés à se répéter… il n’appartient qu’à nous de mieux faire. “
Notifiant d’un rapide coup d’oeil le mouvement du fléau qui se détache de son orbe -ce qui lui donne donc la possibilité d’attaquer sur plusieurs fronts- Kenshin esquive sans mal son assaut aérien d’un pas vers l’arrière, lui permettant de ne prendre que la distance nécessaire pour mieux l’assaillir de nouveau. Bien sûr, n’ayant pas perdu son orbe de visu, Kenshin résorbe son armure rapidement pour lui permettre d’avoir une meilleure mobilité avant de l’esquiver. Déjà fragilisée, il la devine trop peu épaisse pour parer l’assaut, sans parler de ses propriétés visiblement devenues tranchantes.
Mais il ne compte pas lui laisser le temps de récupérer son sort. Joignant les mains, Kenshin crée rapidement une petite arène enfermant les deux combattants, espérant lui laisser assez de temps pour achever son adversaire avant qu’il ne rappelle sa fameuse orbe tyrannique.
“ Je préfère danser pour un public restreint. “
Cassant la distance d’une vive impulsion vers lui, il fait mine de vouloir lui asséner un crochet du droit en érigeant de longues pointes de bois sur ses phalanges juste avant le premier impact au niveau de l’épaule. Pareil pour son coup suivant venant de la sénestre, elle aussi renforcée par les propriétés d’un poing clouté. Enchaînant les assauts, Kenshin compte bien le trouer de toutes parts.
Il ne comprenait toujours pas. Comment un humain le pourrait-il, après tout ? Ca revenait à apprendre à un singe comment compter. C’était faisable, mais compliqué pour son cerveau primitif. On ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il ait le même schéma de pensée qu’une personne civilisée, après tout… Ce serait déraisonnable de penser la même chose de l’espèce humaine. Les dresser est faisable, le Culte en est la preuve. Mais au fond les spécimens sauvages restent la plupart du temps incorrigibles. Tant pis pour lui s’il ne savait pas faire la différence entre une tête de mouche et un fléau complet comme lui. Il sera bien forcé de la remarquer une fois transformé !
Frappant avec conviction, le simili-alien envoya sa Lame Cosmique pour fendre le problème en deux ! Mais le bougre s’avère plus agile qu’il ne le pensait, laissant le sort étendu du mauvais esprit partir dans son dos… Pour renfermer les deux combattants dans une clôture de bois ! Il se permit même une petite bravade…« C’est toi que je vais faire valser, sale- ! »Grommela le fléau alors qu’il reçut un coup de poing bardé de pointes dans l’épaule ! Les piques de bois du malotru mordaient la chair avec avidité, mais il en faudrait plus pour vaincre le fléau de demain ! Il croyait pouvoir le séparer de son sort inné de cette façon ? C’était une théorie bien idéaliste !
« Tu sembles croire que mon sort est bien limité, huh ! »
Ouvrant la paume avec colère, le fléau relança sa Stellogénèse, invoquant une nouvelle Etoile Tyrannique alors que l’ancienne laissée à l’extérieur de leur petite arène se dissipait dans l’air ambiant. Le fléau opposa donc à la dextre adverse approchant ce nouvel orbe.« Grossière erreur ! »Railla-t-il l’humain avant de scinder l’Etoile en deux boules au diamètre réduit de moitié, les faisant danser au même rythme que les coups enchaînés de son ennemi. Même recouverts de bois, se heurter de façon répétées à un amas pur d’énergie occulte risquait de pas mal lui esquinter les phalanges. Et ce n’était pas tout, car au fur et à mesure que les échanges se répétaient, le nombre de boules d’énergie se multipliait alors que le Blafard reculait, régénérant les blessures subies à son épaule.
« Cette proximité que tu as créé entre nous joue en ta défaveur, exorciste ! »Dit-il en ricanant. Les boules d’énergies se faisaient plus petites, mais surtout plus nombreuses ! Elles entouraient l’exorciste de toute part ! Cette fois-ci, la carte que jouait Shokai était l’une des plus mortelles. Il y avait des chances que l’humain y reste, et là il ne sera plus possible de le changer en fléau… Mais récalcitrant comme il était, ce manipulateur de bois compliquait la chose. Tant pis pour sa salvation, alors !
« Cette fois, armure ou pas, tu vas morfler ! »
Car ce sort étendu, la Constellation Oppressante, trouvait tout son intérêt non pas dans le fait de diviser la force de l’Etoile pour attaquer sur plusieurs fronts. Non, c’était dans l’annulation de ce dernier que tout son potentiel léthal se concentrait ! Le monstre pâle referma sa poigne, et avec elle, les petites sphères se jetèrent à l’unisson sur un point précis pour reformer la boule d’énergie d’origine ! Et ce point, évidemment, n’était autre que ce gênant primate !
« Je me répète peut-être, mais il va falloir te montrer plus convainquant… Je ne suis même pas encore à plein régime, je te ferais dire ! »
Provoqua-t-il avec un rictus insolent. Les unes après les autres, les armes de l’arsenal de Shokai se faisaient connaître. C’était un risque, bien sûr. Mais il lui suffisait simplement de le tuer, au bout du compte… Les secrets les mieux gardés ne sont-ils pas ceux qu’on emporte dans la tombe ?
Murasaki Kenshin
Membre de confiance de l'ordre occulte - Classe semi 1
Ce fléau en deviendrait presque sympathique s’il ne haïssait pas son espèce à ce point. Ses grands airs et palabres ont quelque chose d’amusant, c’est bien la première fois qu’il en rencontre un de ce type. Après tout, peut-être que la diversité existe même chez les fléaux… de manière plus sporadique. S’il ne parvient pas à l’exorciser dès aujourd’hui, nul doute que son charisme pourrait lui être utile afin de rallier plus d’imbéciles à sa cause. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on croise un fléau capable de s’exprimer avec autant de verve. Qu’est-ce qui les différencie si ce n’est leur apparence en fin de compte ?
Son coup fait mouche, mais pas autant qu’il l’aurait voulu. Rapidement, son adversaire invalide sa théorie en réinvoquant son orbe proche de lui. Est-ce vraiment surprenant ? Après tout, qu’importe où il soit, son énergie occulte se dégage toujours de son corps. Cela valait au moins le coup d’essayer.
“ Bien joué. “
Dit-il sans vraiment y croire lui-même, se surprenant à féliciter son adversaire. Peu importe de toute manière, ce combat ne peut se solder que par la mort d’un des deux belligérants et nul doute que Kenshin compte vivre encore de nombreuses années. Ses objectifs visent le très long terme après tout.
Ses coups se heurtent au sort de son adversaire, le forçant à cesser son assaut avant de se briser les phalanges. Le bois lui couvrant les mains a déjà disparu sous l’impact, ne laissant que des doigts rougis par le contact fracassant entre ses poings et l’énergie du fléau. Kenshin peste. Si son adversaire ne se régénérait pas, il aurait sans doute déjà remporté la victoire. Mais où se situe donc sa limite ?
Il n’a plus le temps d’y penser. Kenshin voit un assaut se profiler, quelque chose qu’il ressent jusque dans l’épiderme. S’il ne se protège pas, il pourrait y rester. Révoquant son dôme pour faire de la place, l’exorciste sait toutefois qu’il n’a que très peu de temps pour réagir et commence à se recouvrir non pas d’une armure mais d’un véritable cocon de bois entremêlé de plusieurs couches pour se protéger. La sylve pousse depuis son corps même, semblant percer sa peau dans ce qui ressemble plus à la naissance d’un fléau qu’à la capacité d’un exorciste.
Hélas, une défense aussi épaisse n’atteint pas son plein potentiel aussi rapidement qu’il le voudrait.
Les étoiles se referment sur lui en ce qui pourrait s’apparenter à une supernova concentrée, perçant la protection de l’exorciste. Si le cocon se forme en continu jusqu’à en dissimuler Kenshin, tentant tant bien que mal de contenir les dégâts, on peut entendre un râle de douleur et de gêne émaner de l’enveloppe boisée. Une fois l’assaut arrivé à son terme, l’exorciste parvenant à s’éloigner hors de la sphère, la protection tombe en lambeaux, dévoilant un Kenshin agenouillé au sol mais surtout ensanglanté. L’assaut l’a laissé mal en point; le torse et l’épaule droite brûlée, ainsi qu’une partie du bras du même côté. Sa peau à vif, il grimace, néanmoins toujours capable de continuer.
“ Quitter son exuvie, c’est atteindre une forme de renaissance. “
Déterminé, il se relève, sa peau se couvrant alors à nouveau de bois rubigineux. Les racines s’entrelacent et huit branches semblables à des pattes d’arachnides lui poussent dans le dos pour se courber vers Shokai.
“ Moi non plus. “
Couvrant rapidement la distance, ses pattes sylvestres à la pointe acérée s’allongent suffisamment pour l’atteindre en frappant sans relâche, tentant de le percer de toutes parts sans lui laisser le moindre répit. Une seule solution; l’acculer jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se régénérer tout en tentant de l’empêcher de contre-attaquer.
Congratulé ou moqué, ça n’avait finalement que peu d’importance pour le fléau. Cela ne changerait rien au sort qu’il réservait à l’exorciste : assailli de toutes parts ! La Constellation Oppressante se referma sur lui comme le ferait un piège à rat. Implacable. Mais cette fois-ci, le rat avait un pelage plus solide que les autres... S’entourant d’une véritable chrysalide d’écorce, l’humain joua pleinement la carte de la défense pour survivre à la concentration d’énergie occulte qui affluait sur sa position. Mais hélas pour lui, il s’y prenait un poil tardivement. Son cocon lui gagnait tout juste assez de temps pour qu’il puisse s’extirper de la zone de danger, et pourtant trop peu pour qu’il s’en sorte sans égratignures. Pas de cris, pourtant... Dommage, les râles suffiront pour le moment.
« Oh, ne t’inquiètes pas. Ta renaissance arrive très bientôt ! Ce ne sera simplement pas celle à laquelle tu t’attends... »
Rétorqua le Blafard à l’élan poétique de sa proie, rictus aux lèvres alors qu’il rappela vers lui sa sphère. Son adversaire était blessé. Ses plaies ne feront que s’accumuler de son côté, tandis que le monstre pâle profiterait des joies de la régénération propre à son espèce. Il ne fallait toutefois pas baisser sa garde. Le bougre faisait quelque chose. Encore une fois, il reformait son armure... Et plus encore, dans son dos poussaient de longues excroissances, semblables à huit lances aux pointes effilées ! Il lançait un nouvel assaut !
L’Etoile Tyrannique à la main, Shokai la mobilisa pour se protéger des attaques multiples de l’ennemi. Et elle parvînt à bloquer quelques coups. Mais malgré sa taille, que pouvait-elle faire seule face à ces huit armes pointées vers le reptilien ? La Constellation Oppressante était peut-être sa seule chance de se prémunir d’autant de menaces, et encore, cela nécessitait une minutie que l’urgence de la situation ne lui permettait pas d’avoir, surtout pour des sphères d’énergie d’à peine plus de 12 centimètres de diamètre s’il devait diviser l’Etoile en huit part égales.
« ARGH ! »
Ce fut donc dans un grondement sourd de douleur que le fléau subit plusieurs des coups que lui réservait l’humain, son corps se faisant érafler par endroit et carrément transpercer à d’autres par les pattes de bois que son étoile ne parvient pas à parer : un trou fut ainsi formé à la hanche, un à la cuisse et un à la queue, qui fut sectionnée par le coup d’estoc. Et si les capacités régénératrices de Shokai lui permirent de refermer les deux premières plaies, faire repousser sa queue entièrement demanderait du temps de repos qu’il n’avait pas... Rageur, le Blafard fit une grimace remplie de haine, des veines ornant ses tempes alors qu’il décida d’abandonner l’approche défensive.
« Tu l’auras voulu, misérable macaque ! »
Maugréa-t-il alors que son aura se révélait autour de lui, le baignant dans une flamme mauve. Mais ce n’était certainement pas le seul point qui changeait chez lui... Un coup de patte s’abattit à nouveau, rencontrant la paume du fléau qui fut trouée par cette dernière. Mais au lieu de continuer sa course, elle semblait se stopper, au même moment où l’épiderme du monstre tout entier fit montre des vaisseaux sanguins qu’il gardait habituellement dissimulé en son sein. Et ce n’était pas tout : c’était toute la musculature de Shokai qui gagnait en volume, gonflée d’une énergie occulte vengeresse. Renforcé par cette dernière, il passait enfin aux choses sérieuses !
« C’est dans la douleur que tu mourras, et tu n’auras QUE TOI à blâmer ! »
Hurla-t-il alors qu’il attrapa une autre patte sous son bras. Oh, cet humain pouvait se targuer d’avoir de la technique à revendre... Mais en termes de puissance brute, il avait trouvé un véritable challenger ! Tirant sur les pattes que le gaillard avait attaché à son dos, le simili-alien fit un mouvement de pivot, tournant autour de lui-même pour faire tournoyer son adversaire avec lui ! En deux tours, il avait atteint l’élan idéal ; il bascula son centre de gravité pour envoyer paître l’humain contre le sol ! Mais en avait-il fini avec lui ? Certainement pas ! Bondissant à l’endroit où il l’avait envoyé s’écraser, l’esprit maléfique frappa d’un genou descendant l’exorciste pour le rejoindre au sol avec fracas ! Enragé par les blessures qui lui furent infligées, Shokai fit pleuvoir les coups de poings de façon aussi brutale que grossière, misant clairement sur une nouvelle supériorité physique plutôt que sur la finesse.
« CREVE, CREVE, CREVE, CREVE ! »
Murasaki Kenshin
Membre de confiance de l'ordre occulte - Classe semi 1
Il ne s’attendait pas à devoir tout donner dans ce combat, mais ce n’est pas plus mal. Plus il connaîtra d’affrontements, plus il en retirera d’expérience réutilisable pour les prochains, ceux qui comptent vraiment. Son combat contre le fléau de l’île avait beau être fort d’enseignements, Kenshin ne l’avait pas mené seul et avait par conséquent pu se reposer, bien qu’inconsciemment, sur son camarade. Il est donc désormais temps de faire parler ses propres talents et uniquement les siens.
“ Il n’y en aura pas pour toi. Tu vas bientôt rejoindre le néant qui t'as vu naître. “
Kenshin attaque dans une kyrielle de coups donc certains font mouche, en particulier celui touchant sa queue. Manifestement, ce fléau ne peut pas se soigner assez rapidement pour les blessures lourdes de ce type. Voilà qui est bon à savoir et représentera peut-être la clé de sa victoire.
“ Ton ire causera ta perte. “
La colère est la première émotion qu’il eut appris à dompter pour mener la vie d’ascète imposée par son clan. Comme lui a dit sa mère un jour, la colère est comme une avalanche qui se brise sur ce qu’elle brise. Qu’il soit proche de la défaite ou de la mort, Kenshin sait garder une parfaite maîtrise de ses exaltations pour mieux garder en efficacité et mener ses objectifs à bien. Agir comme le fait ce fléau reviendrait à lui concéder une part de la victoire, Kenshin jugeant la bataille autant physique que mentale.
Il garde son calme lorsque son adversaire semble se renforcer, ce qui n’est probablement qu’une palabre destinée à l’intimider. Plus le combat dure, plus ils se fatiguent mutuellement. Et à vrai dire, tenter de l’expédier est plus à l’avantage de Kenshin, qui n’a pas la régénération pour lui permettre de faire durer l’affrontement sur une longue période.
S’il ne gagne pas en volume, Kenshin use du renforcement pour accroître ses capacités physiques, prêt à en découdre une bonne fois pour toutes avec son adversaire Saisi par les racines, il réagit rapidement et efficacement en les décrochant lui-même de son dos pour se défaire de la prise du fléau, glissant au sol en parvenant à se rattraper sans tomber.
Toujours couvert d’une armure, il lève les bras pour se protéger du prochain coup tout en faisant croître la sylve sur ses phalanges pour renforcer l’impact de ses coups. Si son adversaire compense son impéritie par la force, Kenshin usera des deux pour en venir à bout. Créant de nouvelles pattes articulées dans son dos, Kenshin répond coup pour coup aux assauts en espérant bien le submerger. Mêlant sa technique au nombre, l’exorciste espère bien venir à bout de la bête dans le sang, prenant soin de viser épaules, bras et tête. Bien sûr, s’il encaisse également plusieurs coups, son armure n’étant pas éternelle, Kenshin compte bien remporter cette bataille d’endurance. Comme en équilibre sur un fil, il sent les coups qu'il ne parvient pas à esquiver lui malmener les os et les muscles, l'exorciste n'ayant pas le temps de reformer son armure derrière. S'il en sort vivant, nul doute qu'il aura besoin de soins et de repos.
Les bougres se démenaient. En bon exorciste et fléau faisant ce qu’ils savaient faire de mieux, Shokai et son adversaire ne daignèrent laisser la moindre parcelle de terrain à l’ennemi alors qu’ils se cognaient dessus sans vergogne. L’humain avait pour lui la compétence martiale et sa carapace, et c’était un réel problème que la force seule, bien que supérieure, ne parviendrait pas à surmonter. En effet, les coups qui atteignaient leur cible la mettaient à mal, mais ils étaient bien peu par rapport à ceux que lui portaient le représentant du genre humain. Son Sort Inné lui était utile à distance comme au corps à corps, une donnée que le faux alien ne manqua pas entre deux pruneaux qui s’écrasaient sur sa caboche ronde. Il était en colère, mais pas encore fou à lier.
Lorsque le balafré fit de nouveau appel à ses pattes dorsales, il réagit au plus vite par l’audace ! S’il croyait que l’esprit allait se débiner, c’était mal le connaître : il chargea l’ennemi pour lui envoyer un coup de genou qu’il se doutait n’être que peu efficace. Mais il en profitait surtout pour subtilement projeter ses mains en arrière, remettant ainsi en mouvement son Etoile Tyrannique qu’il envoya se heurter contre le dos de l’effronté pour venir détruire ses armes à leur source et par la même occasion venir grignoter son revêtement sylvestre. Mais ce n’était pas tout : le Blafard pointa du doigt le ventre de l’exorciste, ponctuant d’un simple« Bang ! » alors qu’il tira un Trait Stellaire à bout portant depuis son orbe dans son dos.
Ricanant devant sa propre roublardise, le colossal nain blanc recula d’un bond pour constater de l’étendu des dégâts que les deux partis s’étaient causés l’un à l’autre. Pour lui, il était en assez mauvais état. Son épiderme d’ivoire était tuméfiée voire éraflée sur à peu près l’entièreté de son corps et sa régénération n’arrivait pas encore à gérer tous les dommages internes qu’il avait causé. Son noble sang bleu perlait de ses lèvres, emplissant sa bouche tordue en un rictus mauvais avant de cracher un glaire au sol. En face de lui, force était de constater que l’homme non seulement vivait toujours mais était encore en état de se battre, et ce malgré le fait qu’il ne puisse pas se soigner de lui-même. Toujours d’une voix chargée de fiel, le reptilien prit la parole.
« Tu tiens plus du cafard que du singe, ma parole ! »
Crachait-il alors qu’il se préparait pour le round suivant. Mais alors qu’il s’apprêtait à s’élancer, quelque chose atterrit en face de lui avec la vélocité d’un boulet de canon, creusant le sol et soulevant un joli pilier de poussière fumante. C’était un autre coup de l’exorciste ? Non… Cette énergie occulte qui se dégageait de cette chose ne lui était pas inconnue. Et la corne brune qui s’en échappa confirma ses soupçons. Agitant sa main pour faire dissiper les volutes émises par son propre crash, un gigantesque insecte proche du scarabée qui se tenait de la même façon qu’un humain remonta le cratère nouvellement formé, arborant un visage presque humain qui envoya un large sourire à l’extraterrestre.
Lança-t-il avec familiarité en le pointant du doigt. Le Blafard, lui, ne lui répondit pas, lui lançant simplement un regard noir pour lui faire comprendre qu’il n’avait rien à faire ici. Conscient d’avoir installé un blanc un peu gênant, le gros insecte écarquilla les yeux alors qu’il constatait des blessures du lézard. « Mais c’est que t’as pris cher, on dirait ! Besoin d’un coup de main, p’têt ? »ce à quoi son interlocuteur comptait répondre sèchement. Non seulement il savait bien à qui il avait affaire, mais il ne l’appréciait pas et c’était visible. Sauf pour le premier intéressé, semblerait-il.
« J’ai pas besoin de ton aide. Qu’est-ce que tu me veux, Yamamei ? »
Le fléau entomique écarta plus encore son sourire.« Oh, moi rien mais Nobody te cherche depuis un petit moment maintenant. Tu pourrais prévenir quand tu pars en vadrouille ! »Dit-il d’un ton rieur. Evidemment que ce balourd n’allait pas faire le déplacement de son plein gré. Qu’est-ce que ce rabat-joie de Nobody pouvait bien avoir de si urgent à lui dire pour qu’il ait à envoyer cet ahuri de Yamamei le chercher ?
« Tsk ! Ça peut pas attendre ? Au cas où tu n’aurais pas remarqué, je suis un petit peu occupé, là ! »
Pesta Shokai en désignant l’humain d’un geste de la tête dédaigneux. Le scarabée pouffa un coup en guise de toute réponse, détournant le regard le retour le temps d’une seconde avant de retrouver son sérieux.« Et au cas où t’aurais pas remarqué, tu galères. J’aurais l’air fin, moi, si je reviens bredouille après que tu te sois fait exorciser ! Alors sois-tu dis au revoir à ton copain et tu me suis, soit je m’y mêle ! »Affirma-t-il d’un ton ferme en se pointant de son pouce. Ecarquillant les yeux devant tant d’insolence de la part de cette brutasse bête à manger du foin. La paupière du Fléau de Demain battait tant il n’en revenait pas. Et au-delà de la colère qu’il lui provoquait, il le mettait surtout dans l’embarras !
« C-certainement pas ! C’est ma proie, pas la tienne ! »
Maugréa Shokai alors que la couleur de ses joues virait au bleuté. La peste soit de ce nuisible ! Lui laisser l’affronter était l’assurance de le voir tuer cet humain sans précautions ! Après tout le mal que le pâlichon s’était donné, il était hors de question qu’il laisse cet homme mourir sans le changer en fléau ! Il rejoindra ses rangs ! Ça lui apprendra à prendre de haut les esprits ! « Alors on se tire ! »Epoussetant ses mains, Yamamei fit comprendre qu’ils en avaient fini ici. Poussant un dernier grommèlement dans sa barbe, l’alien poussa une forte expiration alors que sa masse musculaire se dégonflait rapidement. Jetant un coup d’œil à l’humain qui devait bien rire de le trouver dans une situation aussi peu avantageuse, le Blafard lui adressa quelques mots d’adieu. C’était bien le moins qu’il puisse faire pour lui avoir donné ce divertissement de première qualité.
« T’entends ça ? Sauvé par le gong, on dirait. Va falloir qu’on remette ça à la prochaine fois… Je te conseille de pas oublier ce visage, exorciste, parce que je peux t’assurer que moi je n’oublierais pas le tiens… »
Le Scarabée lui fit signe de grimper sur lui, ce à quoi Shokai bondit pour agripper sa corne proéminante avant de poser le pied sur ses larges épaulières de chitine. Quitter ainsi la scène lui laissait définitivement un goût amer en bouche. Yamamei déploya ses ailes, les faisant battre à haute vitesse pour prendre de la hauteur, soulevant contre toute attente son gigantesque corps. En comparaison, c’était comme si le poids de Shokai était inconséquent devant le sien, de toute façon.« Salut mec, j’te connais pas mais t’as l’air sympa ! T’as l’bonjour du Culte Astral ! »Lança le bougre avec un signe de la main avant de disparaître dans le ciel avec un rire gras. Le sang aura coulé aujourd’hui, mais tous en réchappèrent… Le destin pourrait bien se montrer moins clément à l'avenir.
Murasaki Kenshin
Membre de confiance de l'ordre occulte - Classe semi 1
Ce combat n’a rien d’harmonieux. S’il est une chose que Kenshin a apprise au fil des combats, c’est que la chorégraphie s'avère bien secondaire lors d’un affrontement à mort. Rien à voir avec les entraînements qu’il peut mener au dojo, qu’importent les conditions. Quelque part, cet état de fait lui plaît. Son art martial n’est pas celui d’un chorégraphe, mais d’un homme acculé par la pointe d’une lame sous la gorge. Survivre avant tout, tel est son leitmotiv.
Bloquant ce premier coup avec facilité, il voit ses excroissances ligneuses voler en éclat sous l’impact du sort de son adversaire. Réagissant d’instinct, pris par la transe de la rixe, Kenshin se saisit d’un des morceaux de bois en vol pour le planter subitement dans l’épaule du fléau. Rétorquant par un rayon dirigé à nouveau vers son dos, le fléau parvient à le toucher malgré sa tentative d’esquive qui ne lui permet que d’éviter une partie minime des dégâts. Kenshin a de la ressource, ayant dû s’adapter à l’absence de sort d’inversion pour se soigner.
“ Ta régénération semble avoir quelques limites. “
Dit-il pour le provoquer, Kenshin soufflant par l’une des narines pour en expulser l’hémoglobine. S’il est moins amoché, son corps accuse le coup du combat. L’entièreté de ses muscles et de son épiderme semblent comme comprimés par des bandes bien engoncées, signe d’un effort trop important. Tel est le prix à payer lorsque l’on se met en quête d’éradiquer les fléaux. Contrairement aux réprouvés, ceux-ci ont du répondant.
Sans s'accommoder trop longtemps du répit offert par son adversaire, il se remet en garde aussitôt, le temps jouant contre lui au contraire du fléau. S’il se prépare à frapper, quelque chose l’interrompt dans son mouvement, Kenshin reculant pour se repositionner afin de se préparer à une éventuelle attaque venue d’une autre source. Les nuisibles sont connus pour se répandre après tout.
Mais il n’en est rien, du moins pour l’instant.
Si un second fléau, encore plus grotesque que le premier, semble avoir rejoint la scène, il s’affaire davantage à célébrer ses retrouvailles avec l’alien qu’à s’attaquer à lui, ce qui lui laisse du temps pour jauger la situation. Dans son état, à deux contre un, Kenshin n’a aucune chance. Et autant éviter de compter sur un coup de chance, il n’a prévenu personne qu’il viendrait ici. Sans doute pourrait-il tenter de mener le combat à courte distance dans l’espoir de les embrouiller, qu’ils se tapent dessus l’un et l’autre. La fuite n’est de toute manière pas une option viable ni digne.
“ … “
Érigeant à nouveau la sylve sur son bras et son torse en préparation d’une prochaine attaque lorsqu’il entend la proposition du scarabée, Kenshin se tient prêt à mener la danse une fois de plus, impassible malgré la faible probabilité de victoire. Mais l’alien vérolé n’a manifestement pas l’air d’être de cet avis, ce qui lui arrache un plissement des yeux circonspect.
Spectateur de cette scène grotesque, Kenshin croirait presque à une sorte de mise en scène macabre visant à le décontenancer avant de passer à l’assaut. Mais il n’en est rien, ce “Shokai” semble opiniâtre, et surtout trop fier pour se faire aider. Voilà qui est inhabituel pour un fléau. Ainsi peuvent-ils être dotés d’honneur ? Voilà qui pourrait presque le faire rire.
“ Tu es en veine. “
Dit-il, persuadé qu’il aurait pu remporter la victoire si le scarabée ne s’était pas interposé miraculeusement. Quand bien même ce combat aura été difficile, au moins peut-il s’estimer heureux d’en ressortir en bon état.
“ On oublierait difficilement ta sale trogne. “
D’autant plus décontenancé par les salutations presque cordiales de l’autre fléau, Kenshin les regarde partir de manière adaptée à leurs apparences; grotesque et fantaisiste.
“ Je serai plus fort la prochaine fois. “
Lui lance-t-il une dernière fois en guise d’avertissement. Kenshin progresse vite et il le sait, chaque jour le rapproche un peu plus de la puissance qu’il souhaite atteindre, jusqu’à ce qu’il la dépasse un jour. Mais pour l’heure, Kenshin a un rapport à faire à propos de cette altercation et du culte astral. D’aussi loin qu’il se souvienne, c’est bien la première fois qu’il rencontre un de leurs membres… sont-ils tous aussi farfelus ? Les fléaux sont décidément plus surprenants qu’il ne le pensait.
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Ven 1 Mar 2024 - 15:05
