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Valet de trèfle ; Katsuro Wakabayashi
Kasca Umino
Élève de 3ème année - Tokyo - Classe 2
Kasca Umino
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Kasca Umino
Mar 19 Mar 2024 - 11:24

A Tokyo, les jours passaient et aucun ne se ressemblait.

Prise dans la rapidité avec lequel le temps s'écoulait, dans les multiples occupations et activités qui venaient en flot continu sans qu'elle n'y trouve rien à redire, Kasca se laissait porter par le courant dans lequel elle levait ses voiles en compagnie de Daisuke Sato. L'ennui n'avait jamais sa place et elle se levait tous les matins avec un entrain renouvelé. En plus de lui offrir des entraînements sur mesure qui lui changeaient drastiquement de ceux à Kyoto où elle devait se farcir la tête de mule qu'était Takeshi Ahad, sans compter ce débile d'incantateur, les conversations avec Daisuke étaient toujours intéressantes et stimulantes.
Si aux premiers abords, elle l'avait abordé avec beaucoup de scepticisme et sa froideur habituelle, force était de constater que le Sato avait trouvé une brèche où s'engager dans la muraille de glace qu'elle était.

Enfin... Youki vint la trouver alors qu'elle partageait un moment maintenant routinier et posé avec son coéquipier sur le toit de l'école, entre discussion légère, peinture et méditation. L'Umino abandonna son duo pour l'accompagner dans les couloirs de l'école, suivant un peu en retrait son professeur. Si elle ne pouvait pas voir son visage, il était facile pour l'étudiante de troisième année de deviner le sourire qui devait étirer ses traits à la moustache emblématique.

« Tu sais Kasca, nous tenions à te féliciter pour ton comportement ici. On voit les efforts que tu fournis et on est vraiment ravis que tu commences à te plaire ici, avec Daisuke. » Kasca ne répondit rien, tendant l'oreille puisqu'un compliment cachait toujours une douille quelque part. « Avec Kawanishi-san et Maaya-san, nous pensions qu'il serait bon pour toi de renouer des liens plus... positifs avec Kyoto. » Aïe, voilà la douille. Youki s'arrêta, et se tourna vers elle, les rayons matinaux du soleil éclairant son visage au teint hâlé. « Comprends bien, Kasca, que ce n'est pas pour t'embêter que nous faisons cela. » Faire quoi ? « Mais Tanaka-san, la directrice de l'école de Kyoto, a besoin de savoir si elle peut de nouveau te faire confiance. » Ah ouais... Cool. Et ? « Aussi nous avons conjointement décidé de t'envoyer en mission avec un ancien camarade. »

Youki Tooka darda ses yeux sur l'Umino. D'un geste brut, il vint tapoter l'épaule de son élève, puis lui tendit un dossier.

« Tiens, voici l'ordre de mission. »

Kasca glissait son regard polaire sur les kanjis, relisant les détails de la mission qui lui avait été confiée. Le train filait à vive allure jusqu'à sa destination, et elle se retrouvait soudainement seule. Pas que cela la dérange mais elle avait pris l'habitude d'entendre couvrir la voix du Sato le silence, puisqu'il avait toujours quelque chose à dire, sur quoi elle aurait enchaîné naturellement, l'un et l'autre devenant rapidement inarrêtable. Des conversations sans fin, elle en avait rarement eu à Kyoto en trois ans pourtant à côtoyer les mêmes personnes.
Avec Takeshi Ahad, la relation avait été droit dans le mur dès le premier jouer. Lui et Kasca étaient drastiquement différents, et elle le trouvait trop pleutre et idiot pour s'intéresser à lui sans désirer l'humilier. Bien qu'il le faisait déjà tout seul... Kasca ne le considérait pas comme stupide, Takeshi avait montré des signes d'intelligence lors de missions, mais elle ne pouvait lui retirer l'étiquette d'idiot tant leurs valeurs s'opposaient. Bien qu'en trois ans, ils furent assez courtois l'un envers l'autre pour éviter une catastrophe, cela ne les avait pas empêché de se disputer très régulièrement.
Avec l'incantateur, c'était la même chose, d'autant plus que Kasca n'avait initié aucun effort pour établir une communication plus saine avec lui sachant qu'elle l'avait passé à tabac par deux fois. Dont la dernière qui lui avait valu un transfert illico presto à l'école de Tokyo, tant son geste avait été terrible.
Terrible plus encore puisque ce fut la dernière vision que le dernier loustic de la bande eut d'elle. Le seul avec qui elle avait pu établir quelques liens sains, à sa grande surprise d'ailleurs. S'ils avaient pu passer un peu de temps qu'elle pourrait qualifier d'agréables -étonnamment- entre jeux de société, apprentissage de tours de cartes, ou une glissade mémorable sortie de nul part, c'était bien la curiosité de Kasca qui était le moteur de leur relation. Il n'y avait pas mystère plus trouble que la personne de...

Katsuro Wakabayashi se tenait devant elle maintenant, alors qu'elle le retrouvait au milieu de la gare de campagne dans laquelle elle venait de débarquer. Derrière eux, son train reprit sa route, dans un murmure de machines, soulevant le carré blanc et les cheveux bruns d'une brise légère. Kasca dardait ses yeux clairs derrière les lunettes de son ancien camarade de classe. Une main posée négligemment sur sa hanche, elle se décida finalement à briser le silence.

« Katsuro-kun... »

Elle hésitait grandement quant à la position qu'elle devait adopter devant lui, mais ne pouvait décemment plus l'appeler par son nom et ce depuis qu'ils... depuis un moment déjà. Elle ne savait même pas si elle était un tant soit peu contente de le revoir. Alors, elle décida simplement d'éviter les sujets craignos et d'entrer dans le vif du sujet puisqu'entre eux, ça avait toujours fonctionné. Rester professionnelle. Aussi se mit-elle à marcher tout en commençant à lui parler.

« On va devoir marcher un peu, l'endroit où le fléau a été localisé se trouve plus à l'écart dans une zone commerciale abandonnée. » Mais ça, il le savait surement déjà, s'il avait lu le dossier lui aussi. Kasca avait la légère impression de marcher sur des oeufs, ou de ramer un peu, mais elle gardait son calme et sa posture. Il ne fallait rien laisser paraître. Question d'égo. « Apparemment, le culte astral sera de la partie, mais l'information n'est pas sûre. »

L'Umino glissa distraitement ses prunelles claires sur le grand japonais, détaillant sa mine. Il n'avait pas l'air d'avoir changé en quelques semaines. Elle réprimait des questions personnelles, bridait la curiosité brûlante qui souhaitait briser la glace plus que jamais. Et elle n'aurait pas cru avoir tant de questions, finalement, au sujet de tout ce qu'elle avait laissé à Kyoto. Elle détourna le regard sur les maisonnettes alentours, typiques d'une petite ville japonaise de pleine campagne, laissant le silence retomber s'il ne décidait pas de le déloger à son tour.
Wakabayashi Katsuro
Élève de troisième année - Kyoto - Classe 2
Wakabayashi Katsuro
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Wakabayashi Katsuro
Lun 1 Avr 2024 - 16:27

Bon sang.

Je détestais ses convocations aux aurores, non pas parce que ça m’obligeait à me lever tôt, mais bien parce qu’il s’agissait de mon unique moment de quiétude. Le seul moment suspendu avant que la machinerie éternelle de l’école ne reprenne. Ce n’était pas de ces jours-là, de ceux qui vous portent dans leur courant, où il n’y a pas de raison de lutter. Aujourd’hui, il allait falloir faire avec des remous. Wada Chiwa-sensei m’avait fait appeler par des moyens interlopes dans la nuit. Il convenait de répondre aux attentes de notre responsable.
N’allez pas croire que c’est avec entrain, c’est juste que, comme toujours, c’était la solution de facilité. Ne te mets personne à dos, ne devient pas pour autant indispensable à leurs yeux, vis ta vie sereinement pour voir un nouveau jour se lever.

Je me retrouvais ainsi dans le bureau de notre professeur. Je m’attendais presque au laïus habituel, pourquoi je ne me donnais pas plus à fond ? Maintenant que nous avions dû resserrer les rangs, notre classe était réduite à peau de chagrin. On essayait de me mettre sur le dos des ambitions que je n’avais pas. J’avais bien compris la manœuvre. Heureusement, j’avais d’autres chats à fouetter. Takeshi ne devait-il pas être notre nouvel as depuis la perte de l’atout majeur de notre génération ? Je vous assure qu’il sera toujours plus qualifié pour devenir votre nouvelle égérie. Après le départ tonitruant de l’autre.

Esquisse rapide d’un drap froissé qui traverse ma pensée. Reprenons.

Wakabayashi-san… Merci d’être venu. Un thé ?” Toujours le même ton légèrement mielleux, au fil des ans, j’avais appris à voir à travers, à en comprendre les ficelles. Chiwa-sensei était une enseignante qui se targuait d’avoir l’un des réseaux d’exorcistes les plus influents. Elle cachait derrière son sourire et sa bonhomie un côté maternel un peu déplacé qui lui avait permis d’apprendre énormément de choses sur les différentes exorcistes qui avaient suivi son enseignement. Secrets qu’elle n’hésitait pas à mettre dans la balance pour vous faire agir en son sens. Vous vous en rendrez compte très vite.

Je saisissais le thé qu’elle me tendait des deux mains, la remerciant avant qu’elle m’invite à la suivre jusqu’au balcon de son officine. Le soleil pointait tout juste à l’horizon, irradiant l’ombre de couleurs de feu. Il lui faudrait encore faire une mise au point pour que les couleurs éclatent, pour l’instant c’était seulement un rapport de force avec la nuit. La fraîcheur était encore là. La boisson fumante encore dans les mains, je m’accoudais à la rambarde, attendant la sentence qui ne venait pas, à moi de casser ce moment suspendu. “Vous vouliez me voir à quel sujet?

Elle sourit quand le silence se brisa. Des réminiscences de l’araignée fléau de première année me vinrent. J’étais dans sa toile depuis bien longtemps, j’avais arrêté de me débattre. Mieux, je comptais même sur elle pour m’aider le cas échéant. “Je vais être concise… Kasca Umino nous a quittés de façon… Théâtrale dirons nous.” Rappela-t-elle alors qu’il s’agissait d’une évidence absolue. Vous saviez que la langue de l’autre idiot avait atterri à mes pieds ? “Dans cette affaire, on a perdu deux exorcistes, mais surtout, on a perdu une Umino.” Pour la première fois, son regard prédateur apparut sur son visage, on lui avait enlevé un de ses trophées. “Kyoto ne peut pas se permettre de se mettre cette famille à dos, énonça-t-elle d’un ton dur. Tu vas t’atteler à la tâche de nous remettre dans de bonne grâce, Tokyo ayant demandé aussi de son côté à Tanaka-san. C’est une belle occasion.

Voilà donc où elle voulait en venir, votre serviteur d’une famille mineure allait devoir faire de la lèche auprès des rois. Soit, je chassais un souvenir moite en frissonnant. Je pris une seconde pour réfléchir, le masque fêlé de l’enseignante ne se départit pas de son sourire. “Il n’y a que toi qui peux refaire ce lien, après tout… vous partagez déjà beaucoup.” Elle savait, ça ne devait être que des bruits de couloir encore aujourd’hui. Nous avions été discrets même si ça avait été aussi inattendu que soudain. Je ne voulais pas faire de vague, imaginez la galère. Ordre de mission sous le bras, je laissais la tasse refroidir. Ça y est, les couleurs arrivaient.

Je me retrouvais à attendre sur le quai d’une gare dont le nom ne vous intéressait que très peu. J’avais troqué un délicieux thé fait de façon ancestrale à l’école contre une boisson instantanée. Au moins, je n’avais pas eu à payer celle-ci non plus. Vous saviez que sur les vieux distributeurs, en appuyant au bon moment, la boisson se préparait et les yens retombaient dans le dépôt ? Amusant.

Le murmure du train brisa le relatif silence. Un arrêt rapide pour laisser quelques passagers montés et d’autres descendre. Dont elle. N’allais pas croire que ça ne me faisait rien de revoir ces yeux clairs et ce carré de cheveux. Étrange sensation que de voir deux mondes qui n’avaient rien à voir se retrouver après les derniers événements. Bien ma chance dans cette situation.

Kasca-kun…” lui répondis-je en guise de salut. Toujours compliqué de savoir comment enchainé, de reprendre un lien coupé même si ça n’avait fait que quelques semaines. Enfin, c’est pas moi qui avais eu la langue coupée justement et je devais avouer que ça avait bien calmé le casse-pied. Tokyo lui allait bien, elle qui était déjà si sure d'elle, la capitale et le feu des projecteurs lui allaient bien mieux que le côté reclus de Kyoto. Presque instantanément, elle reprit son masque de Umino, prenant la tête de la marche et commençant à parler des informations présentes dans nos dossiers respectifs. Au moins, ils étaient raccord, pas un nouveau tour joué par nos établissements qui en faisaient déjà bien assez. Pouvait-elle voir le léger sourire sur mon visage alors qu’elle avançait devant moi ? Pas sûr. J’avais tort de penser que ça allait être différent, j’étais presque content que nous reprenions là où notre duo fonctionnait le mieux. Au travail tout le monde !

Mon sourire s’effaça rapidement quand mes yeux croisèrent à nouveau les siens qui cherchaient à m’observer. Je m’étais éclipsé une petite seconde, juste le temps de rejouer mon tour. Un deuxième gobelet fumant était apparu dans ma main. “Tu veux un thé ? proposais-je en lui tendant le gobelet. Il est pas excellent, mais ça devrait faire l’affaire.

On aurait bien le temps d’éviter l’éléphant dans la pièce. Sans doute, comme à son habitude, me regarderait-elle de haut pour essayer de comprendre si je me moquais d’elle et si je comptais réellement prendre cette mission au sérieux. Comme toujours, il y avait un peu des deux, le plus tard on se mettrait au travail, le mieux je me porterai. J’étais même assez sûr qu’on m’avait envoyé pour ça avant même de penser à la mission. Je m’exécuterais avec plaisir si ça me permettait de récupérer mon atout. “On a les mêmes informations, énonçais-je, pensif, la zone devrait être vide. Faisons attention à la présence de squatteurs ou autres curieux. J'ai pas un d'informations sur l'autorisation ou non de dommages collatéraux... Procédure habituelle ?

Je n’avais pas pu m’en empêcher, ce n’était pas quelques semaines qui allaient directement mettre à mal les quelques automatismes que nous avions pu créer au fil des années. J’étais généralement garçon de peu de mots, autant se concentrer sur l’essentiel. Surprenament, la Umino avait semblé être celle qui arrivait le mieux à me comprendre. Je la laissais mener, je la laissais prendre la lumière et l’appréciation. Je me satisfaisais de la réussite d’un plan où l’effort avait été mesuré. Va briller ma reine, je couvre tes arrières, comme toujours.

Le paysage commençait à changer, passant de la petite bourgade de campagne à la tôle d’une zone commerciale. Amusant d’imaginer que quelqu’un pensait que ça pouvait fonctionner dans ce trou. Enfin, amusant sauf pour les pigeons qui s’étaient fait avoir à investir leurs économies dans des boutiques vouées à l’échec. On approchait.
Kasca Umino
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Kasca Umino
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Kasca Umino
Mar 2 Avr 2024 - 21:02

Elle ne savait pas comment il faisait. Elle n'avait jamais trouvé, jamais compris. Il était aussi énervant que captivant. Plus énervant parfois, mais bien souvent... Plus captivant.

La salutation la laissa quelque peu perplexe et sans voix. Elle sentit son coeur rater un temps, le rythme était cassé pendant un instant, et les yeux polaires s'accrochèrent au visage de son ancien camarade de classe. "Kasca-kun...?" La particule portait à confusion. Aussi tentait-elle de lire sur ses traits sa signification profonde. Simple politesse entre collègues ou... prise claire de position de sa part quant à leur proximité des derniers temps, à Kyoto ?
Le connaissant, cela serait surprenant de le voir tenir ce genre de pensées... Mais rien n'était plus surprenant que l'esprit du taroteur qu'elle avait définitivement du mal à appréhender. Kasca détourna son regard ailleurs, légèrement troublée. Brume passagère sur son visage, et elle chassa de son esprit quelques souvenirs partagés avec lui, secouant subtilement sa tête d'un geste de négation. Il fallait rester concentrée. Le travail avant tout, c'était là qu'ils étaient le plus efficaces tous les deux. Enfin, ça c'était ce qu'elle avait pensé jusqu'à... Bref.
Concentrée.

A peine avait-elle détourné les yeux, qu'il avait fait apparaître dans sa main un deuxième gobelet de thé fumant. Il lui tendait avec son air innocent, à la fois de premier de la classe derrière ses lunettes, et de celui lisse et poli, devant lequel on passe sans le voir. Mais Kasca le voyait, depuis qu'ils se connaissaient. Elle prit le gobelet en dardant ses yeux clairs sur le grand japonais, un léger haussement d'un sourcil comme seul signe de ses réflexions à son sujet. Vraiment, elle ne savait pas comment il faisait.

« Merci. » lui intima t-elle poliment et si leurs doigts se touchèrent, elle n'en eut cure. Après ces quelques années à ses côtés, elle s'était habituée à un certain niveau de contact physique avec lui. Le seul finalement, de leur quatuor, qu'elle avait accepté jusqu'à un certain point.

Kasca l'écouta même si elle ne le regardait plus. Son regard divaguait de maisonnette en maisonnette, à mesure qu'ils avançaient et que la zone se faisait plus désertique. Si elle n'en donnait pas l'air, elle entendait parfaitement ce qu'il disait. Une habitude qu'elle avait rapidement prise à Kyoto : le joueur de cartes possédait un excellent sens de l'observation, et elle accordait de la valeur aux informations qu'il émettait. S'il tentait de se faire oublier des professeurs, et en règle générale d'éviter la lumière, elle avait tout de suite vu clair dans son jeu.
Dès le début. Dès les premiers jours.

Kasca se souvenait de la curiosité avec laquelle elle le regardait alors. Elle ne comprenait pas pourquoi il finissait toujours second, voire troisième. Toujours au milieu, toujours moyen. Alors que clairement, ses réflexions et sa vision du monde étaient en total décalage avec ses résultats. Curiosité piquée, elle n'avait pas pu s'empêcher de creuser de son côté, l'observant alors à son tour et analysant ses comportements. Elle n'avait pas mis longtemps à voir qu'il se sabordait lui-même, et si elle n'avait pas compris pourquoi alors, elle avait longtemps cherché une explication par elle-même. Dans un même temps, cette situation n'allait pas contre elle : il lui laissait l'espace nécessaire dont elle avait besoin pour briller, délibérément. Et s'ils avaient toujours fonctionné ainsi, cela avait tout de même créé une frustration chez l'Umino. Elle sentait que ses résultats, sa perfection, sa première place, étaient biaisés. Était venue dans son esprit l'idée qu'il était juste meilleur, et que s'il ne faisait pas exprès de manquer quelques tests, il aurait fini top 1 de leur promotion. La frustration l'avait poussée à plus de curiosité encore, poussée à comprendre le mystère qu'il représentait pour elle. Elle ne le comprenait pas vraiment, du moins ne comprenait-elle pas ses motivations. Si la situation leur correspondait à tous les deux, et qu'ils en profitaient, mine de rien, l'égo du diamant en avait pris un certain coup.
Plus encore lorsqu'arrivée à Tokyo, on l'avait directement confrontée à plus fort qu'elle. Si elle était partie de Kyoto avec une fausse médaille de vainqueur, elle était arrivée à Tokyo en mordant salement la poussière. De quoi froisser son orgueil.

« Procédure habituelle. » répondit-elle en retour, machinalement.

Ils marchaient donc, dans un nouveau silence, approchant du site en question. Kasca glissa ses prunelles sur le visage de son... - collègue ? Comment le définir, enfin ? - gardant encore ses questions pour elle, bien qu'elles lui brûlaient les lèvres. Il y avait tant de choses qu'elle avait laissé à Kyoto, finalement. Elle n'avait pris de nouvelles de personnes depuis qu'elle avait été transférée. Deux semaines, trois peut-être ? Aucun signe de vie de la part de Takeshi, mais ça, elle s'y attendait : il devait la haïr plus que jamais. Elle n'avait aucune idée de comment se portait l'incantateur à qui elle avait arraché la langue et qui n'incanterait plus du coup... Et la voici, en compagnie du seul avec qui, étonnamment, elle avait pu tisser un lien positif. Enfin, positif... Où chacun y avait trouvé son compte, finalement. Mais, n'est-ce pas la définition d'un lien positif ?
Les yeux clairs s'accrochèrent à ceux de Katsuro, quelque peu cachés derrière ses verres et les quelques mèches brunes sur son front. Avait-il encore oublié de prendre rendez-vous chez le coiffeur pour se les faire tailler ? Elle eut un léger souvenir d'un moment où elle s'était agacée de le voir plisser les yeux derrière sa mèche et où elle avait décidé de les lui couper elle-même. Un subtil sourire flotta sur son visage avant qu'elle ne détourne les yeux.
Concentration.

Le diamant des Umino s'arrêta devant le grand bâtiment laissé à l'abandon. Un immense magasin de jouet, aux portes fracassées par des squatteurs. Il y avait du verre un peu partout sur le sol à l'entrée. L'intérieur était sombre, de ce qu'elle pouvait en voir, et il y avait un plan non loin, vers ce qui avait semblé être l'accueil. De ce qu'elle voyait de là où elle se tenait, c'était un vrai dédale. Kasca passa une main dans son carré blanc, remettant distraitement en place ses cheveux. Bon... L'idée de se séparer était mauvaise dans ce genre de lieux. Aussi devraient-ils rester ensemble plus longtemps possible, au risque de se perdre l'un et l'autre et de mourir de façon isolé.
Ils n'avaient pas eu plus d'information sur le fléau hantant le lieu. Peut-être même qu'il y en avait plusieurs. Il y avait aussi ces suppositions de maîtres des fléaux du Culte Astral... Ils devaient redoubler de prudence sur cette mission. Cela n'avait plus rien à voir avec leur première et cette stupide araignée.

Kasca tourna la tête vers son camarade, une main négligemment posée sur sa hanche comme elle en avait l'habitude.

« Faisons déjà le tour du bâtiment. J'aimerais voir s'il n'y a pas de piège ou de barrière. On doit se montrer vigilant. » Elle glissa ses yeux bleus sur les alentours. « J'ai un mauvais pressentiment, en fait. »

Le regard polaire se figea sur le visage de Katsuro. Elle ne lui partageait pas une peur, mais une crainte, et elle ne le faisait que rarement. Un moyen pour elle d'appuyer sur le fait qu'ils n'étaient que deux, et que potentiellement, ils devraient faire face à plus d'adversaires que prévu. Le manque visible d'information sur cette mission n'allait pas en leur faveur.
Une chance de faire équipe avec lui, finalement, tant elle le savait aussi pragmatique qu'elle. Elle s'en remettait à lui, comme toujours. Une confiance qu'elle savait mutuelle, mais de circonstances.

Ils avaient toujours fonctionné ainsi.
Procédure habituelle.

Après avoir fait le tour du bâtiment et observé les murs et chaque chose pouvant s'apparenter à un sceau ou autre, ils retombèrent sur l'entrée. Kasca leva la tête et darda ses prunelles sur le toit. Là-haut, peut-être qu'il y avait quelque chose ?

« Je vais aller voir sur le toit. » dit-elle en s'élançant.

Son fléau s'enroula autour de son bras, et elle peignit des appuis pour grimper plus facilement et escalader jusqu'à l'enseigne qui tombait à moitié. Elle se tourna vers Katsuro un instant, sembla hésiter, puis se détourna pour continuer de monter.
Le toit était plat, grand et vide. Une fois en haut, Kasca sortit son poignard par précaution et en fit le tour. L'endroit était désert. Où était donc le Culte Astral ? Il n'y avait aucun signe de vie, aucun signe de squatte... C'était vraiment étrange. L'Umino fronça ses sourcils blancs, pensive. Elle revint du côté de son duo du jour, et sauta prestement par-dessus le rebord du toit, amorçant sa chute d'un ou deux appuis d'encre qui disparurent aussitôt qu'elle les utilisait. Atterrissant à ses côtés, Kasca lui lança un regard soucieux.

« Rien du tout. » Elle posa sa main sur sa hanche encore, glissant ses prunelles sur l'intérieur du magasin de jouets. « Mais vraiment rien. Aucun signe de présence humaine. Même plus loin... » ajouta t-elle en pointant d'un doigt les alentours qu'elle avait pu observer en hauteur. « Il n'y a que nous. C'est vraiment bizarre. Pourquoi un fléau viendrait ici s'il n'y a rien à bouffer et personne à hanter ? »

La question n'était pas pour Katsuro, mais soulevait ses réflexions.
Bon... Il n'y avait plus qu'à entrer là-dedans, du coup ?
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