Il n'y a pas à dire : les transports en commun c'est vraiment le feu.

Le départ s'était fait de Tokyo après qu'elle se soit rendue à l'école pour recevoir son ordre de mission. Le contrat de travail signé entre les deux parties, Hanabi s'était faite conduire à la gare par un assistant dans une grande berline noire aux vitres teintées. Elle avait failli s'endormir avec le ronronnement du moteur, dans le trafic dense de la capitale nippone. Son gros sac à dos jeté sur une épaule et son arc emballé dans du tissu sur l'autre, la Sato avait filé attraper son train après avoir remercié mille fois son chauffeur qui en fut tout gêné tant elle ne voulait pas lui lâcher la main. Train qu'elle avait d'ailleurs failli louper à cause de cela.

Tapotements réguliers de son pied sur le sol, alors qu'elle suivait le rythme de la musique bourdonnant dans ses airpod en pianotant sur son ordinateur portable. Le train filait à toute allure mais elle en avait pour environ deux heures de trajet. A cela, il faudra rajouter un peu de bus. Largement de quoi travailler ! Répondre à quelques mails, remplir des tableaux, élaborant des planches sur un logiciel de graphisme... Elle avait de quoi s'occuper. Elle avait toujours de quoi s'occuper, à vrai dire. Si ce n'était pas avancer sur ses différents projets, elle devait aussi gérer ses réseaux.
Mais Hanabi mettait toujours sa ligne personnelle en sourdine lorsqu'elle partait en mission et replongeait gaiement dans le monde occulte. Juste histoire de ne pas tout mélanger... et puis, ça serait stupide de se faire griller lorsqu'on veut être discret par une sonnerie ! Absolument pas vécu, cette situation. Pas. Du. Tout.

L'archère entendit distraitement le nom de la gare où elle devait descendre et rangea ses affaires. Sautant de son train, elle se dirigea d'un bon pas vers les lignes de bus. Glissant un doigt sur le plan à disposition, elle se rendit bien compte qu'elle allait devoir attendre une bonne demi-heure avant le prochain passage. De quoi faire une petite sieste pour être bien reposée pour cette mission !
S'asseyant sous l'abri, Hanabi se cala dans un coin et ferma les yeux, trouvant le sommeil rapidement après avoir pris soin de mettre un réveil sur son téléphone. Réveil qui la tira de son repos quelques vingt minutes plus tard. Le temps de se réveiller, elle grimpait dans l'autocar et s'asseyait au milieu, côté fenêtre.

On l'envoyait loin dans les contrées nippones, un endroit plutôt reculé dans la campagne. Apparemment, un ancien manoir maintenant inhabité depuis deux mois faisait des siennes. Nul doute qu'il s'agissait d'un fléau. Pas de Culte Astral ni d'Ordre Occulte à l'horizon. Une mission somme toute des plus classiques : éliminer la créature, et revenir en vie. Pas de quoi s'inquiéter ! Hanabi regardait le paysage défiler à la fenêtre, appréciant l'effet du printemps sur la nature des environs. Elle ne venait pas souvent dans cette région du japon. C'était l'occasion idéale de faire d'une pierre deux coups et de jouer un peu à la touriste.

Quelques minutes plus tard, elle arrivait à bon port. Du moins maintenant fallait-il se rendre jusqu'au manoir, où l'attendrait sûrement son duo. Hanabi regarda l'heure : elle était un poil en retard malgré qu'elle soit partie aux aurores. Bon, eh bien... Posant son sac sur le sol, elle en sortit ses patins à roulettes et les enfila, avant de se diriger en chantonnant vers le lieu de rendez-vous.
Quelques kilomètres plus loin, elle arriva finalement à destination. Stoppant sa course d'un bref mouvement de rotation, Hanabi darda ses prunelles dorées sur le manoir qui sortait d'un immense jardin laissé à l'abandon.

« Eh bah... Quelle baraque ! » s'exclama t-elle dans un sourire, en posant ses affaires dans un coin et en retirant le tissu recouvrant son arc.

Les choses sérieuses allaient commencer. Enfin, sérieuses... De quoi s'amuser un peu, quoi !

Alors qu'elle s'assurait que son arc avait bien supporté le voyage, postée sur ses patins à roulettes, Hanabi tourna la tête vers la voix l'interpellant. Instantanément, un large sourire vint éclairer son visage. Oh, c'était son binôme du jour !

La Sato détailla cette personne qui lui était inconnue -était-ce encore possible ça ?- ses yeux brillant comme deux soleils d'été. Une jeune femme aussi belle que la rosée du matin, et même si Hanabi n'était pas attirée par son genre, elle savait tout de même reconnaître la beauté là où elle se trouvait. Et en terme de beauté, il fallait dire que cette charmante demoiselle avait de quoi faire pâlir le top dix des plus belles femmes du monde.
Si les cheveux du soleil humain étaient de la blondeur du blé prêt à être récolté, le brun de cette étrangère avait la douceur du caramel. Des mèches encadraient un visage aux parfaites proportions, et Bibi accrocha ses prunelles étoilées dans celles de la dénommée Katchushi Umino. Elle savait qui étaient les Umino. Mais elle s'en foutait royalement. Ce qui l'intéressait ici, c'était uniquement la personne de Katchushi.

« Oh wow ! Enchantée Katchushi, moi c'est Hanabi. » se présenta t-elle alors en roulant doucement vers la brunette, dans un large sourire, ses yeux glissant sur son physique de rêve. « T'es super belle ! T'as jamais pensé à devenir modèle photo ? »

Hanabi n'était pas du genre jalouse ou à se comparer aux autres. Elle adorait son corps à la fois fort et en bonne santé, qui lui permettait de vivre sa vie avec l'intensité dont elle avait besoin. Pour sa part, elle n'était pas un canon, elle était une beauté que l'on pouvait juger de passable, si ce n'était sa bonne humeur et son sourire qui attiraient les gens autour d'elle comme les abeilles autour d'une goutte de miel. Hanabi était ainsi : elle rayonnait la confiance en elle. Pas une confiance orgueilleuse, mais celle des gens qui connaissent leur valeur et qui s'apprécient eux-mêmes.
Hanabi ne put cependant pas retenir un léger rire, devant la question de son binôme. Elle posa ses fesses sur le sol, près du portail du grand manoir à l'abandon pour retirer ses patins à roulettes, tout en lui répondant.

« Eh bien, si ça te dit, on peut déjà se partager nos techniques. » lui proposa t-elle en déchaussant ses rollers. « Moi j'utilise que mon arc, donc j'attaque plutôt à distance. »

Hanabi prit le temps d'accrocher ses patins fermement à son sac et darda ses prunelles d'or sur Katchushi, toute de sourire.

« Je charge mes projectiles de mon sort et après ça fait boum ! » ajouta-t-elle dans un léger rire. « Et toi du coup, c'est quoi ta spécialité ? T'as l'air d'être une sacrée bagarreuse ! »

La Sato ne manquait jamais de faire un compliment dès qu'elle en avait l'occasion. Après tout, c'était gratuit, ça faisait plaisir à recevoir et elle, ça lui faisait plaisir d'en donner. Pourquoi donc se priverait-elle ? Elle était curieuse d'en apprendre plus sur Katchushi et peut-être même de s'en faire une amie, qui sait. Si elle savait que les Umino étaient de sacrés personnages, celle-ci n'avait pas l'air de coller à la description qu'on lui en avait faite. Mais bon, peu importait pour Hanabi : si elle avait eu un sale caractère, elle aurait composé avec.

Hanabi se releva après avoir mis à ses pieds des chaussures plus adéquats pour combattre : une paire de sneakers confortables, qui visiblement avaient déjà vécu de nombreuses aventures. Elle adorait ce modèle et comptait bien se le procurer à nouveau en seconde main, une fois celles-ci devenues irrécupérables. La Sato s'approcha de sa camarade et posa une main sur son épaule à la peau blanche, lui offrant de nouveau un large sourire.

« Bon eh bien, Katchushi, faisons ça vite et bien. Comme ça, on aura assez de temps pour aller manger un morceau ensemble après ! »

Et discuter, et apprendre à se connaître, et partager un bon moment avec un bon repas. Hanabi tira sur le verrou rouillé du portail. Même si elle n'était pas douée en combat rapprochée, elle n'était certainement pas dénuée de force dans ses bras et ses épaules, grâce au maniement de son arc. La chaine céda après qu'elle l'ait fait tourner un peu pour s'aider à la briser et dans un grincement, elle poussa le portail pour entrer dans le jardin -jungle- du manoir.

Si Hanabi n'avait pas du tout remarqué à quel point sa camarade du jour avait lutté contre ses instincts pour ne pas lui dérober son arc, c'était surtout parce qu'elle n'en avait rien à faire. Katchushi aurait pu lui demander son arme occulte, elle lui aurait passé sans se poser de questions et avec le bonus large sourire.

« C'est Hanabi tout court. » corrigea t-elle gentiment dans un clignement de ses yeux brillant.

Elle était contente que Katchushi ait pris ses compliments avec plaisir et d'autant plus heureuse que celle-ci le lui disait. Elle sentit son cœur bondir dans le creux de sa poitrine. Tout ça, ça ne présageait que du bon ! Elles allaient bien s'entendre c'était sûr. Hanabi était une personnalité très solaire et énergique, et parfois elle savait qu'elle pouvait un peu bousculer les autres en étant considérée comme "trop". Ça lui passait bien au-dessus.
Pour autant, elle était loin de se douter que Katchushi prenait ses compliments d'une drôle de façon, et pas des plus honnêtes finalement. Quand bien même, elle allait lui en faire d'autres, Hanabi n'était vraiment pas radine à ce niveau.

« Merci ! C'est ma spécialité, c'est normal que j'ai le corps adéquat après tout. » ajouta t-elle à la suite des paroles de l'Umino.

Des épaules et des bras solides, une sangle abdominale et un dos en béton : voilà le starter pack d'un bon archer. Mais Hanabi possédait aussi des jambes fuselées, parce qu'elle était toujours en train de courir, sauter ou escalader des trucs. En tant qu'exorciste mais aussi dans la vie de tous les jours, quand elle n'était pas en train de travailler. Elle marchait beaucoup et adorait essayer des nouvelles activités. Randonner dans les paysages nippons et s'y perdre pour un week-end ou plus, c'était la base.
Des étoiles dans les yeux, Hanabi regarda avec attention les armes dévoilées par Katchushi. Une maîtresse d'armes alors ? Pas étonnant qu'elle ait un physique comme ça alors, et ça la rendait d'autant plus intéressante -pas qu'elle l'ait trouvée inintéressante-. La Sato lança un regard tout excité à sa camarade, visiblement très enthousiaste à l'idée de travailler avec elle.

« Woooow, c'est trooop cool ! Tu peux booster mon arc alors, j'imagine ? Comme ça, je vais pouvoir tirer de plus loin. Oh, imagine si tu le boostes et que je peux envoyer ma cible à travers Tokyo là, comme dans euh... comment ça s'appelle déjà ? Euh... Fate ! »

Les mêmes références que son frère, ouais. Elle baragouina encore en s'avançant dans le jardin, toute excitée à propos des combinaisons de leurs sorts qu'elles pouvaient faire toutes les deux. Hanabi était ravie de faire équipe avec Katchushi, cette mission était prometteuse. C'était juste dommage que l'environnement soit inapproprié pour leur permettre de vraiment tirer partie de la pleine puissance de leurs sorts combinés. Elle pressentait que le fléau se terrait à l'intérieur du manoir et alors pour envoyer une flèche à plusieurs kilomètres... ça n'allait pas être simple.
L'Umino avait beau essayé de contenir l'enthousiasme de sa coéquipière, Hanabi lui répondit d'un plus grand sourire encore. Prudence ? Oui, bien sûr. Mais l'aventure d'abord !

Pour autant, elle accepta volontiers que la maîtresse d'armes passe devant elle. Après tout, c'était une question de logique tactique et Hanabi n'en n'était pas dénuée. Elle attaquait à distance, et Katchushi semblait plutôt apte au corps à corps, si bien que leur formation coulait de source. La Sato encocha une flèche, préparant son arc, alors qu'elles s'avançaient dans les broussailles. Mais avec toute la végétation folle, elles n'allaient pas aller bien loin... Heureusement, Katchushi lui fit une démonstration de son talent et les yeux de Hanabi ne purent que s'illuminer d'admiration.

« Quelle maîtrise ! Tes kodachis ont l'air trop pratiques ! » commenta t-elle tout en écoutant les propos de l'Umino. « Je vois, merci pour l'explication, c'est noté. »

Hanabi hocha la tête et offrit un nouveau sourire à son duo du jour. Elle avait hâte de voir le sort inné de Katchushi en action. Elles avançaient dans la cour ainsi dégagée, et si leurs regards baladaient autour d'elles, il fallait se rendre à l'évidence : pas de fléau dehors. En revanche, le manoir dégagé une aura particulièrement menaçante. Aucun doute : leur objectif se terrait là-dedans.
Hanabi restait derrière la brunette, et eut à son égard un sourire rassurant et un regard complice.

« Bon, Katchushi, entrons et voyons ce que cette journée nous réserve. » dit-elle, ses dents flashant entre ses lèvres d'une impatience enthousiaste.

Suivant les pas de l'Umino, Hanabi marchait en crabe, son arc prêt à être bandé. Elle tenait une de ses flèches encochée, mais non chargée de son sort. Elle ne savait pas précisément quelle explosion serait la plus utile, et puis, elle ne voulait pas non plus faire exploser le manoir. Il lui faudrait agir prudemment avec son sort, au risque de faire effondrer le bâtiment. Mais elle avait de quoi faire en stock.
Son carquois était plein.

L'intérieur était poussiéreux, et rempli de vieux meubles plutôt occidentaux. Les gens qui devaient habités ici avaient du être des étrangers. Il n'y avait pas grand chose de japonais dans ce manoir, si ce n'était les portes coulissantes en papier. Hanabi fit un tour sur elle-même, aux aguets. L'air était chargée et lourde, mais aucun fléau ne montrait le bout de son nez.

« Séparons nous pour fouiller le manoir. » proposa t-elle à Katchushi. « Je vais monter à l'étage. Si jamais tu entends "boom", c'est que j'ai trouvé notre affaire. » ajouta t-elle dans un léger rire avant de s'engager dans les escaliers.

Katchushi n'avait pas tout à fait tort sur le fait que certains exorcistes s'appuyaient bien trop sur leur sort inné en délaissant leur physique. Oh, il fallait forcément une bonne base pour être exorciste mais beaucoup n'allait pas chercher plus loin. Dans le cas de Hanabi, il s'agissait plus d'une question d'habitude que d'un réel choix. Elle avait gardé ça des années au monastère Sato, entre entraînements, jeux avec les autres enfants (lorsqu'ils étaient possibles), et chasse à l'extérieur. Oroku avait aussi participé à cela, poussant sa fille adoptive à se dépenser autant qu'elle le voulait sans la restreindre et ne lui incitant pas le prudence. Il la réceptionnait toujours s'il jugeait que la chute ferait plus de mal que de bien, mais il ne l'avait jamais empêché d'escalader tout ce qu'elle voulait ou de jouer l'équilibriste en lui tenant la main. Oroku avait été si patient et permissif avec elle, cela détonnait avec l'image qu'il renvoyait aux autres. Mais Hanabi connaissait le cœur de cet homme et elle l'adorait.

Elle prit donc le compliment de Katchushi, dans un sourire, l'appréciant à sa juste valeur. Si l'Umino ne voulait pas l'appeler par son prénom parce qu'elle en était mal à l'aise, elle n'insisterait pas. Peu importait comment on l'appelait, elle restait fidèle à elle-même et c'était ce qui comptait.
L'archère hocha la tête quant aux explications de l'utilisation du sort de sa duo du jour sur son arc.

« Il faudra que je songe à l'améliorer alors. Ce serait dommage de ne pas pouvoir profiter de ton sort avec le mien, après tout. Surtout si on est amenées à travailler de nouveau ensemble. » conclut-elle le sujet dans un nouveau sourire.

Elle n'avait jamais songé à se trouver un arc plus performant ou à rendre le sien plus puissant. Hanabi se contentait généralement de ses compétences de tir et de son sort inné. Mais après tout, si Katchushi risquait de briser son arc en le surchargeant, c'était un problème et ça ne lui coûterait pas grand chose au final de changer d'arc, même si elle adorait celui-ci. Et puis, peut-être qu'avec un arc de meilleur qualité, elle pourrait aussi progresser encore plus ?
Peu importait, elle n'était pas friande de batailler, et elle réalisait surtout des missions en cas d'urgence lorsqu'une des deux écoles l'appelaient pour combler un manque flagrant d'effectif.

Katchushi était trop mignonne ! Hanabi ne put retenir un léger rire en la voyant accepter son compliment sur ses armes et ses facultés, un peu gênée.
Au milieu des escaliers, elle se tourna vers sa camarade pour écouter son avis. Se séparer, c'était toujours risqué, mais elles seraient plus efficaces ainsi. Et puis, elle avait toute confiance en les capacités de Katchushi pour se débrouiller sans elle, comme elle se faisait confiance. Tout se passerait bien : elles étaient deux exorcistes expérimentées.
Pour autant, elle nota la demande de l'Umino sur le mobilier.

« D'accord ! J'essaierai de faire attention pour les meubles et si j'en vois un cool en haut, je te le dirai ! » répondit Hanabi.

Elle s'élança ensuite jusqu'à l'étage, pénétrant dans le couloir d'une foulée agile. Marchant en crabe, son arc prêt à être utilisé, la Sato promenait son regard un peu partout. Les murs avaient des tâches de moisissure et ça sentait le renfermé ici. Aucun doute : il y avait bien un fléau qui hantait ce lieu. Alors, où il se cachait ?
Avec un léger sourire, Hanabi continuait son investigation et entra dans une première pièce. Une chambre, sûrement d'amis. Les meubles avaient vraiment l'air de coûter une fortune et elle laissa ses yeux dorés s'accrocher au lit à baldaquin. Les gens qui habitaient ici devaient être plein aux as, c'était sûr. Oh, ça lui donnait envie d'accrocher un tissu à son plafond au-dessus de son propre lit et d'y mettre plein de guirlandes à leds. Ah, ça serait tellement cool ! Une petite vibe romantique, féérique, cosy...

Hanabi glissa ses yeux sur une grande armoire. Dans les jeux vidéos, c'était un peu le b.a.ba des cachettes. Elle s'en approcha et posa sa main sur la poignée, avant de tirer dessus et d'ouvrir, pointant son arc sur l'intérieur... qui était vide. Mise à part quelques robes. Des robes de... oh wow, c'était plein de froufrous et tout ! Hanabi farfouilla dans les vêtements, des étoiles plein les yeux. Des robes de princesse ! Waaw ! Elle en décrocha une et la posa sur elle, observant son reflet dans le miroir de l'armoire. Vraiment cool.
Oh, il y en avait une qui irait parfaitement à Katchushi, avec une couleur verdoyante pour faire ressortir le caramel de ses cheveux. Ah, il fallait qu'elle lui montre ça. Hanabi sautilla quelque peu d'excitation en posant la robe sur le lit, puis continua sa recherche à l'étage.

La deuxième chambre était celle d'enfants. Deux lits simples séparés par une commode. Encore une fois, aucune trace du fléau et c'était pas faute de chercher partout : du plafond à sous les sommiers. Où il était ? Il était par là, c'était sûr. Ce fléau jouait avec elles. Cette partie de cache-cache était amusante quand même. Elle prit quelques minutes pour feuilleter la bibliothèque et en tombant sur des comics, elle se dit qu'elle les prendrait avec elle pour les offrir à son petit frère. Il allait adorer, c'était sûr ! De toute façon, une fois le fléau exorcisé, cette maison allait sûrement être vidée et ce serait bien nul que ces livres finissent à la poubelle.
Hanabi trouva la salle de bain de l'étage, où un relent mauvais d'égout planait. C'était dommage pour une si belle salle de bain. Il y avait là une immense baignoire d'angle en forme de coquillage, et le carrelage était vert et doré. Ces gens avaient du goût. Ahlala, les européens c'était quelque chose en terme de décoration.

L'archère fouilla la pièce, et trouva un peigne à fixer dans les cheveux, décoré de quelques fleurs subtiles de lotus. Oh, alors ça, c'était pour elle. Personne ne viendrait le réclamer de toute façon. Elle le plaça dans ses cheveux attachés, et s'offrit un clin d'œil avant de continuer. Il ne restait plus qu'une seule pièce au bout du couloir. Un cagibi, et s'il était rempli de choses, il n'y avait pas de fléau.

Hanabi soupira longuement, et se gratta la tête. Bon, pas de fléau à l'étage alors ? Ah moins que... Elle glissa de nouveau dans le couloir et tapota les murs. Peut-être que ? Elle crut entendre grouiller près de la chambre des enfants. Oh ?!
Elle frappa contre le mur de son poing fermé et attendit. Rien. Eh mais c'était qu'il était compliqué à faire sortir de son nid ! Bon... Il ne lui laissait pas le choix. Hanabi planta une flèche dans le mur et sautilla jusqu'aux escaliers avant de se tourner et d'un claquement de doigt fit exploser sa flèche.

« Boum ! »

Si le mur éclata dans une coloration jaune, elle remarqua très bien une ombre s'en extirper rapidement dans une plainte aigue. Ah ! Le voilà !
La Sato banda son arc et tira. Bingo, elle allait le toucher et... mais sa flèche disparue dans une énorme bouche et elle se sentit comme aspirée. Surprise, Hanabi n'eut pas le temps de s'accrocher et glissa sur le tapis du couloir, tout droit vers le fléau qui avait triplé de volume. Il était pas très beau et il ressemblait à rien de plus qu'un gros blob. Mais elle n'avait aucune envie de finir à l'intérieur. L'archère claqua de nouveau des doigts et sa flèche aspirée explosa à l'intérieur du blob géant. Si le fléau en rota, il arrêta au moins son aspiration. Hanabi avait rechargé son arc et tira de nouveau dans sa direction. Mais le fléau était vif, et il s'écrasa sur le mur pour esquiver. Le projectile se planta dans le parquet.

« Oups. »

BOUM.
Ouais, elle avait fait un trou dans le plancher, et dans la fumée de l'explosion, le fléau se faufila dans le mur qu'elle avait éclaté précédemment. Zut, encore disparu ! Mais cette fois, elle savait où il se terrait !
Hanabi courut jusqu'à sa dernière oeuvre et passa une tête dans l'ouverture du plancher. Ça donnait sur la cuisine. Si elle afficha une légère mine soucieuse en se demandant si elle n'avait pas blessé par erreur sa camarade, elle fut soulagée de la voir en un seul morceau et lui offrit un large sourire.

« J'ai pas touché les meubles, promis ! » lui lança t-elle, toute joie de la voir. « Il se cache dans les murs creux et sûrement dans les canalisations ! » lui indiqua t-elle alors, son visage un peu poussiéreux penché au-dessus du trou.

La partie de cache-cache continuait donc, et ce fléau n'avait qu'à bien se tenir.

Ses petites mèches blondes flottaient dans le vide alors qu'elle restait penchée par-dessus le trou du plancher, un grand sourire sur son visage. Ses yeux dorés pétillaient sur le visage de Katchushi, alors que celle-ci s'enquérait de sa bonne santé. Hanabi eut un geste de la main pour la rassurer, balayant ses inquiétudes.

« Oh non, ne t'inquiètes pas, je n'ai rien ! Mais c'est gentil de demander ! » répondit-elle joyeusement.

L'archère se hissa à travers le trou pour rejoindre la maîtresse d'armes, atterrissant prestement à ses côtés avant de poser ses mains sur ses hanches, son arc dans son dos. Son duo du jour demandant à quoi ressemblait le fléau puisqu'elle l'avait vu, la Sato se mit à le décrire avec des grands gestes.

« Au début je pensais qu'il n'y avait rien, et puis j'ai entendu du bruit dans le mur... J'ai fiché une de mes flèches dedans, comme ça BAM, et puis je me suis éloignée et j'ai fait BOUM ! Et là, il est sorti de son trou, un genre de gros blob bizarre, comme un énorme slime ouais, c'est ça. Et du coup, moi j'ai voulu l'attaquer mais- »

Heureusement pour Katchushi, le moulin à paroles fut coupé dans son élan alors que le fléau les attaqua par surprise. Hanabi cria un peu, reculant vivement d'un bond alors que le plus gros des dégats fut clairement pris par l'Umino. Se rapprochant d'elle, la petite blonde glissa ses doigts sur sa blessure à l'oreille.

« Oh non... » Elle écouta Katchushi lui poser une question, et sous son air soucieux, lui répondit d'un hochement de tête. « Oui, classe 2. »

Hanabi s'en fichait bien de se comparer à sa coéquipière, elle suivait juste son raisonnement et si elle avait raison, alors il fallait que la brunette leur serve d'appât. Mais avant que les deux jeunes femmes ne puissent échanger leurs idées, le fléau attaqua de nouveau et visa encore une fois Katchushi.
Cette fois, Nana le suivit des yeux et ne se fit pas prendre par surprise. Elle évalua sa vitesse et sa trajectoire, et tout se calculait instinctivement dans sa tête. Si elle banda son arc, elle ne tira rien alors que son amie contre-attaquait d'une balle avalée par le blob qui disparut aussitôt dans un coin de la maison.

La prochaine fois, ce n'était pas une balle qu'il allait se prendre. Un sourire excité apparut sur les traits de la Sato. Le frisson de la chasse. Elle glissa ses yeux sur le visage doux de Katchushi.

« Tes balles ne peuvent peut-être pas lui faire de dégats mais... si je les infuse, je pourrai en faire quelque chose. Elles seront plus dures à digérer pour lui, je l'ai déjà eu une fois comme ça. M'est avis que mon sort inné lui rend la digestion difficile ! » Hanabi tandis sa main pour cueillir l'arme de l'Umino. Elle n'allait pas lui prendre des mains. « On l'attaque à deux, on lui fait bouffer un max de trucs et... Bouuuum ! »

L'onomatopée avait été chuchotée et très imagée par ses doigts. Une lueur d'excitation et d'amusement animait ses orbes jaunes, alors qu'elle attendait l'avis de Katchushi sur son plan.

Hanabi darda ses prunelles éclatantes sur le visage de l'Umino. Elle ne se faisait pas de mourron personnellement : elle avait confiance en ses capacités et en celles de son duo pour vaincre ce fléau. Maintenant qu'elles savaient à quoi s'en tenir, elles l'auraient c'était sûr.

« Ça rend les choses juste plus amusantes. » ajouta t-elle pour rassurer Katchushi, se fendant d'un sourire.

Si le fléau était plutôt efficace pour contrer le sort de la brunette, Hanabi ne doutait pourtant pas que même si elle n'avait pas été là, elle s'en serait très bien sortie toute seule. Et aujourd'hui, comme elles étaient toutes les deux, ça allait être du gâteau !
Elle se fichait bien de comprendre en détail le sort du fléau, tout ce qui lui importait c'était de savoir qu'il avait avalé une de ses flèches et qu'elle avait pu la faire exploser à l'intérieur de lui par la suite. Pourquoi et comment, ça lui passait un peu au-dessus. Elles allaient l'exorciser.

« Ne t'en fais pas, Katchushi, on va l'avoir ! » intima t-elle dans un nouveau sourire à sa coéquipière.

Hanabi prit le chargeur dans ses mains et infusa chaque balle avec son sort inné. Elle choisit le Jaune pour pouvoir activer les explosions quand elle le désirait. Rendant le chargeur à sa juste propriétaire, elle l'écouta parler et hocha la tête à son idée. Hanabi n'était pas stupide au point de faire exploser tout le manoir et elle avait déjà pensé à la possibilité d'activer son sort petit à petit. Elle répondit avec enthousiasme pourtant, contente de voir qu'elles étaient sur la même longueur d'onde.

« Oui bien sûr ! Ne t'en fais pas, je ne ferai pas tout exploser. » La Sato lâcha un petit rire. « Et puis, tu dois récupérer des meubles, tu m'as dit ! »

Et elle, des comics et des robes.
L'archère installa une nouvelle flèche à son arc, l'infusant de son sort, lorsque Katchushi la poussa pour esquiver une nouvelle attaque du fléau. Sauf que cette fois-ci, son œil de lynx ne manqua pas. C'était la troisième attaque du fléau, et il n'en fallait pas plus à Hanabi pour pouvoir anticiper sa prochaine. Elle se mit en position, bandant son arc.

« Il attaque toujours en ligne droite et toujours à la même vitesse. » commenta t-elle en tirant sur la corde, les muscles de ses épaules se tendant à l'effort. « Je ne le louperai pas cette fois. »

Hanabi fit silence à présent et son visage reflétait enfin un total sérieux et une totale concentration. Elle écoutait les bruits, et au bout de quelques secondes, elles pouvaient entendre le bruit d'eau caractéristique d'une attaque du fléau. La Sato se tourna vers l'origine. L'évier. Il allait sortir par là. Anticipant le fait qu'il allait prendre pour cible Katchushi, elle calcula dans sa tête la trajectoire future du fléau. S'il attaqua effectivement, en ligne droite encore, Hanabi fit de même. La flèche se ficha dans le corps mou du fléau avant qu'il ne disparaisse de nouveau. Touché. Flèche engloutie. Il n'avait pris aucun dégat... Pour l'instant.

« Continuons comme ça ! Je sens mon sort encore actif à l'intérieur de lui. Je ne le louperai plus si c'est comme ça. »

Son regard doré se posa sur le visage de Katchushi alors qu'elle lui souriait en prononçant ses encouragements. Hanabi rechargea son arc, bandant l'arme de nouveau. Il fallait être patientes, mais elles l'auraient.

Hanabi ne répondit que d'un rire clair et sincère à la petite pique de sa camarade. Katchushi ne semblait pas saisir l'amusement de leur situation. Pour la Sato, il y avait du bon dans chaque situation, et elle préférait voir le vide à moitié plein qu'à moitié vide. Autant tirer du bon même dans la difficulté, que de s'accrocher au négatif et de s'en aveugler au point de ne plus pouvoir jouir des petits bonheurs de chaque jour.

Lorsque la brunette énonça vouloir récupérer une console et des jeux vidéos rétros, le regard de Hanabi s'éclaira de plein d'étoiles. Oh ça aussi, ça plairait forcément à Daisuke ! Elle afficha un large sourire. S'il y avait moyen de négocier pour en récupérer une ou deux de sa partenaire, elle ne dirait pas non. Elle était certaine de faire plaisir à son petit frère avec tout ça. Elle avait déjà hâte de le revoir rien que pour voir sa tête quand elle lui donnerait tout ce qu'elle allait récupérer ici. Rien que les comics, il serait aux anges mais si en plus elle lui déballait une console rétro... Hanabi en était déjà toute excitée.

« Oooh ! C'est vrai ? Mon petit frère est fan, y'a moyen que j'en prenne une pour lui ? » demanda t-elle donc pleine d'espoir. « Ah, t'en fais pas si tu veux toutes les garder. J'ai vu des choses qui vont lui plaire à l'étage mais... Une console ce serait vraiment un super cadeau pour lui ! »

En soi, ça ne dérangerait pas Hanabi si Katchushi voulait garder pour elle toutes les consoles. C'était ainsi et elle avait déjà de quoi rendre heureux Daisuke avec ce qu'elle avait vu au premier étage. Elle ne lui en voudrait pas. C'était juste une bonne occasion et au moins aura-t-elle tenté la négociation. Qui ne tente rien, n'a rien, comme on dit.
Le sourire de la Sato se fit plus carnassier rien qu'à l'entente du défi lancé par son acolyte. Oh, ça, elle était pour ! Et finalement, voilà que l'Umino tirait un peu d'amusement de cette situation elle aussi, et ce n'était pas pour déplaire à la blonde.

« Deal ! »

L'arc bandé, Hanabi se remit en position, guettant l'apparition du fléau pour ne pas le louper. Le bourdonnement aqueux reprit de plus belle et il les attaqua de nouveau en frontal et en ligne droite. Elles tirèrent en même temps, et firent mouche toutes les deux, déviant le monstre et l'obligeant à se coller maladroitement contre un mur dans un gargouillis plaintif pour disparaitre de nouveau dans un coin.
Il les attaqua de nouveau et encore une fois, l'archère tira en même temps que sa comparse. Si avec tout ça, il n'explosait pas dans un magnifique feu d'artifice, elle ne savait plus quoi faire !
Hanabi voulait aussi gagner, mais elle se fichait bien de perdre. Elle n'était clairement pas à plaindre niveau finances, avec toutes ses activités à côté du monde occulte.

« Prête à en avoir plein les mirettes ? » lança t-elle à Katchushi, ses dents flashant joyeusement entre ses lèvres.

La Sato attendit qu'il leur revienne une dernière fois et à peine fut-il sorti de sa cachette, elle lança un enthousiaste "BOUM !" les bras levés. Il implosa une première fois, le coupant dans sa course, mais rien n'en sortit vraiment mis à part une légère fumée de ce qui était sa gueule. Oh, donc il absorbait même les éclats des explosions ? Alors si c'était comme ça... Le regard de Hanabi s'anima d'excitation soudainement alors que le fléau se trainait sur le sol devant elles, reprenant ses esprits rapidement. Mais pas assez...

« ET JOYEUX NON-ANNIVERSAIRE A TOI ! » s'exclama t-elle toute de joie en sautillant sur place.

Hanabi fit tout exploser en même temps à l'intérieur du fléau. S'il sembla contenir l'explosion, il s'en gonfla rapidement, et dans une plainte finale, finit par éclater comme un ballon dans une myriade de jaune pétillant, recouvrant les murs et les deux exorcistes d'une substance gluante et verte.
Hanabi se fendit d'un sourire et d'un rire.

« WOUHOUUU ! C'était trop cooooool ! » La blonde retira d'un geste ce qu'elle avait sur les yeux et les lança sur Katchushi, un léger rire la faisant encore sursauter. « T'as vu ça ?! On l'a eu et en beauté ! »

La Sato se fendit d'un nouveau grand sourire éclatant. Bon, eh bien, malheureusement pour la cuisine, tout était recouvert de dégueulis de fléau... Mais l'étage n'avait pas été touché, et les meubles des autres pièces aussi. En tout cas, elle comprenait mieux pourquoi on l'avait envoyé ici avec Katchushi. Ils en avaient dans le crâne les supérieurs de l'école ! Leurs sorts se complétaient si bien. C'était bingo gagnant.

« Haha, bon récupérons tout ce qu'on veut et allons manger, on l'a bien mérité ! » déclara-t-elle gaiement en mettant son arc dans son dos et en se dirigeant d'une course gambadante jusqu'à l'étage, encore recouverte de gargouillis collant et vert.

Hanabi ne prêtait pas trop attention à ce que lui disait son acolyte. Elle se dirigea toute gaiement jusqu'à l'étage, montant quatre à quatre les escaliers, ses mains déposant sur la rambarde une traînée de gluant vert alors que son rire résonnait dans le couloir. Elle laissa son arc à l'entrée de la salle de bain, bien consciente qu'il ne lui serait plus d'aucune utilité maintenant que le lieu avait été nettoyé de sa présence maléfique. Sacré fléau !
Hanabi ne put s'empêcher d'éclater de rire en voyant son propre état dans le grand miroir de la salle de bain. Eh bah... Avant que Katchushi ne vienne à son tour, elle eut le temps de prendre quelques selfies en enchaînant les grimaces. Ça ferait de bons souvenirs après tout.

La Sato ouvrit le robinet d'eau et commença à se débarbouiller le visage, mais la substance collait vraiment. Bon bah... En deux temps trois mouvements, elle avait quitté tous ses vêtements et le jeta avec elle sous la douche. La maison avait été abandonnée, mais heureusement pour elles, l'eau et l'électricité ne semblaient pas avoir été coupées.
Chantonnant gaiement en se frottant sous l'eau chaude, Hanabi tendit l'oreille lorsque sa camarade entra à son tour dans la pièce qui s'embuait. Elle émit d'abord un rire clair à sa remarque sur son yukata.

« Haha, désolée, désolée...! Mais je comptais t'inviter dans tous les cas ! » répondit-elle en frottant furieusement ses cheveux blonds. « Je crois bien que j'ai vu un glacier artisanal dans le village en bas, t'as de la chance ! »

Sinon, elles auraient remis ça à Tokyo ou Kyoto sûrement.
Hanabi sortit de la douche vêtue de rien et essora ses vêtements avant de les étendre sur un séchoir suspendu au mur. Ils n'auront pas le temps de sécher mais ce sera déjà mieux que rien. Nue, elle se dirigea vers la chambre où elle avait vu les robes, précédemment. Lorsque Katchushi demanda pour pouvoir se changer, elle lui lança un regard éclatant d'étoiles.

« Oh, j'ai exactement ce qu'il te faut ! Bouges pas ! Une robe magnifique, verte avec des froufrous, et sur toi ça sera super, ça va être dingue ! Tu vas être canon de fou ! Avec tes cheveux caramel et tes yeux là, oh j'ai trop hâte de te voir dedans ! Là, en plus je crois qu'elle te fera une belle taille, et y'a des détails partout, et... »

Elle avait parlé rapidement et avec beaucoup d'enthousiasme, trempant quelque peu le plancher du couloir dans ses pas et sa chevelure blé qui s'égouttait elle aussi. Hanabi se rua sur l'armoire et farfouilla pour remettre la main sur la robe qu'elle avait vu pour Katchushi, jusqu'à se rendre compte qu'elle l'avait posé sur le lit. Elle la fourra dans les bras de l'Umino.

« Guettes ça un peu ! » lui lança t-elle dans un nouveau rire emprunt d'excitation.

Il fallait encore trouver de quoi se vêtir elle-même. Elle repartit fouiner dans l'armoire et jeta son dévolu sur une autre robe totalement différente de celle de Katchushi. Une coupe courte pour ne pas être gênée sur ses rollers, des détails fleuris partout, une couleur jaune... elle était beaucoup trop mignonne pour ne pas la prendre, et elle lui ressemblait tant ! Hanabi l'enfila tout de suite, et sautilla en mettant d'autres robes de côté pour les emporter pour elle. Katchushi pouvait garder la robe verte, c'était sûr qu'elle allait lui aller comme un gant avec tous ses froufrous.
Hanabi rejoignit l'Umino d'une foulée bondissante et son visage s'illumina en la découvrant.

« Ha! J'étais certaine qu'elle t'irait super bien ! »

Bon, et maintenant il était temps d'emporter tout ce qu'elles voulaient avec elles. La Sato se passa très bien de l'avis de l'Umino pour choisir les vêtements et plia ce qu'elle voulait dans un carton, en n'oubliant pas les siens. Elle y rangea aussi tous les comics visibles et se rendit ainsi chargée de ses trouvailles au rez-de-chaussée où Katchushi s'occupait des meubles.
Un sourire s'afficha sur les traits jeunes de l'archère.

« Bon... On a bien mérité notre glace ! »

Hanabi récupéra son sac à dos et se tourna gaiement vers la brunette. Elles laissèrent le camion chargé prendre la route, tandis qu'elles se dirigeaient vers le village en contrebas, là où il y avait le glacier. La Sato avait de nouveau enfilé ses rollers. Elles avaient l'air de deux actrices européennes sorties d'un film d'époque, dans leurs robes à froufrous. Par chance, le glacier était ouvert. Hanabi laissa ses billes dorées dériver sur tous les parfums et décida de gouter une spécialité du coin : une glace à la fleur sauvage. Elle commanda également ce que désirait Katchushi.
Roulant sur ses patins pour s'occuper pendant qu'elle dégustait son goûter, elle décida d'en apprendre plus sur sa camarade. Le sac à dos et le carton avaient été abandonnés sur le sol près d'elles.

« Dis moi Katchushi... ça fait longtemps que t'es exorciste ? » demanda t-elle pour commencer.

Spoiler:

Hanabi écoutait avec attention les réponses de Katchushi. Elle s'étonna d'un ravissement lorsque cette dernière lui indiqua être exorciste depuis moins d'un an. Elle était déjà si puissante, si stylée, si forte, si compétente ! La Sato sautilla quelque peu sur place et bondit devant son acolyte, ne manquant pas une occasion de la complimenter sur son parcours.

« Waaaah ! Mais c'est trop bien, félicitations ! T'es déjà si forte ! Imagine ce que tu pourras faire dans quelques mois... Haha, il faudra que je parle de toi à Dai, je suis sûre qu'il adorerait te rencontrer pour échanger quelques coups. » Elle mima quelques mouvements de boxe en riant. « Tu le con- »

Hanabi posa une main sur ses lèvres, ses doigts pianotant sur la peau fine alors qu'elle souriait de se rendre compte qu'elle allait encore trop parler. Ses dents flashèrent un instant alors qu'elle écoutait Katchushi lui renvoyer la question. Heureusement qu'elle s'était arrêtée, elle serait partie sur un tout autre sujet. Elle rit un peu d'ailleurs aux demandes de l'Umino. Elle ne pouvait pas plus tomber dans le mille !

« Oh moi ça fait... Attends j'ai quel âge déjà...? » Un haussement de sourcil interrogatif alors qu'elle comptait sur ses doigts. Dai avait 18 ans, donc... 21 ? Oui, voilà ! « Ah ! Eh bien ça fait trois ans que je suis diplômée mais j'ai quitté le circuit classique. J'ai lancé ma propre entreprise un peu avant de devenir officiellement exorciste. C'est pas mon activité principale de courir après les fléaux, je donne un coup de main de temps en temps contre rémunération adéquat. Je suis un peu comme une freelance en fait. Ouais, c'est ça. »

Hanabi ne changerait de vie pour rien au monde. Elle avait le frisson du monde occulte, sans trop devoir se mouiller, mais tous les avantages d'une vie "normale". D'autant plus qu'en trois ans, son entreprise se portait au mieux et tous les indicateurs étaient au vert, grâce à l'aide et au financement apportés généreusement par Hanako qu'elle ne remercierait jamais assez.
Nana n'était pas à plaindre. Elle allait enchaîner sur tout ce qu'elle faisait en dehors de l'exorcisme, après avoir récupéré les glaces lorsque Katchushi la questionna sur sa famille.

« Haha, non tu as raison : Hanabi c'est mon prénom. » Elle s'illumina d'un grand sourire. « Hanabi Sato. On fait pas partie des grandes familles, mais on en a pas vraiment besoin parce qu'on est déjà une grande famille. » Bibi adorait parler des siens, et même si elle voyait toujours le verre à moitié plein, elle n'était pas dupe sur l'état actuel des Sato. « On n'a pas tous le même avis sur notre clan mais on s'aime quand même tous très fort. D'ailleurs, peut-être que tu croiseras mon jeune frère Daisuke, il est étudiant... en dernière année ? Oui c'est ça ! A Tokyo. »

Hanabi pivota sur ses patins en chantonnant un petit air, bienheureuse avec sa glace dans les mains. Les petits bonheurs, y'avait que ça de vrai !
Elle rendit un beau sourire à Katchushi sur sa remarque.

« Fleur sauvage ! Tu veux goûter ? »

La Sato lui tendit son cône, bien loin d'être dégoutée par le côté hygiénique de la chose. Aux monastères, ils partageaient beaucoup de choses, et c'était très rare qu'elle même ne partage pas sa nourriture ou ses affaires. Hanabi n'était pas très matérialiste, même si elle aimait les belles choses.

« Ça me fait plaisir d'entendre ça, et j'espère aussi qu'on aura l'occasion de se recroiser en mission, ou même ailleurs. » Son sourire se fit doux et tendre, touchée par les mots de l'Umino. « Si tu veux, on peut échanger nos numéros pour rester en contact. »

Les yeux brillants, et dans un croc de sa glace, Hanabi lui tendit son téléphone.

Hanabi acquiesça joyeusement, et fit un tour sur elle-même toute de joie, les patins roulant sur le goudron. Recevoir des compliments, c'était aussi cool qu'en donner. S'entendre dire qu'à son âge, son parcours était impressionnant -quoique vraiment atypique pour le coup- ça lui faisait tout chaud au coeur. Elle repensait à ses douces années avec Oroku, à celles passées aux côtés de Daisuke, Okiku, et Hanako ensuite au lycée, lorsqu'elle a suivi sa formation à Tokyo. Puis ensuite le grand plongeon : son tour du monde, ses milles et une rencontres... Hanabi ne regrettait rien.

« Oui en fait, ce n'est pas du tout mon activité principale. On me propose des contrats dans le monde occulte quand il y a un manque d'effectif. J'ai moins de propositions en automne et en hiver, mais avec l'arrivée des beaux jours, tu sais que les fléaux sont de sortis et du coup je vais devoir jongler beaucoup plus entre mes deux activités ! » expliqua t-elle en léchouillant sa cuillère. « A côté de ça, je suis ce qu'on appelle dans le monde des non-exorcistes une "influenceuse". Mais à terme, j'ai pour projet de monter une structure mettant en relation nos jeunes exorcistes avec le monde entier : on protège mieux ce qu'on comprend ! C'est trop dommage de ne pas voyager, et notre vie est si courte en tant qu'exorciste... Enfin, voilà. »

Elle pouvait en parler pendant des heures, transpirait la passion pour ses idées et ses projets de vie. Comme elle avait découvert le monde et s'était enrichie de toutes ces expériences, elle comptait faire de même pour les jeunes pousses du monde occulte. Si c'était difficile à mettre en place auprès des écoles, c'était surtout au sein de sa famille que ça serait plus réalisable. Après tout, c'était en total alignement avec la philosophie des Sato. Il lui fallait trouver le financement, et structurer le tout, ensuite présenter le projet à Yorinobu. Oroku ne serait certainement pas contre.  Le plus dur ça serait devant Heiji mais elle le défendrait bec et ongles et reviendrait à la charge plusieurs fois s'il le fallait. Hanabi croyait en son projet. Elle se voyait déjà emmener les disciples d'un monastère visiter l'un des nombreux pays d'Afrique ou se perdre en Colombie. Il y avait tant de choses à voir dans le monde et tant de choses à vivre.

Apparemment, Katchushi avait déjà entendu parlé des Sato, et lorsqu'elle évoqua le prénom de Daisuke, Hanabi s'éclaira d'autant plus.

« Tu as entendu parler de lui ? Trop cool ! C'est vrai qu'il est talentueux pour son âge. On est tous très fier de lui. » Si elle parlait pour le clan tout entier, en tout cas, elle l'était vraiment sincèrement pour sa part. « Toshiyuki ça m'dit quelque chose oui, j'ai du entendre parler de lui, mais tu sais je suis un peu extérieure à tout ça... Je suis plus vraiment l'actualité des familles et tout, c'est un peu badant des fois et je trouve que c'est beaucoup d'histoires pour pas grand chose. Il y a tellement de sujets plus importants à traiter ! »

L'écologie ! La faim dans le monde ! Les guerres ! La montée au pouvoir des extrêmes ! Les pays en voie de développement ! Les communautés minoritaires martyrisées ! Les populations en grand danger d'extermination ! Les espèces en voie de disparition ! Le partage des richesses ! Et tant d'autres choses qui se passaient au-delà des frontières du Japon. Le monde occulte était bien petit mais il s'inscrivait dans celui plus grand des non-exorcistes, que cela plaise aux grandes familles ou non. En tant que Sato, Hanabi croyait fermement qu'ils avaient leur rôle à jouer dans tout ça. La philosophie bouddhiste coulait dans ses veines, après tout.

Elle ne se fit pas prier pour goûter la glace de Katchushi, partageant aussi la sienne. Hanabi était contente de passer ce moment avec l'Umino, même si cette dernière semblait avoir oublié de lui noter son numéro de téléphone. Boh, après tout, une Umino ça semblait facile à trouver. La brunette semblait très intéressée par elle, et ne lui laissait pas vraiment le temps de lui renvoyer ou poser des questions.
Hanabi avala une cuillerée de sa glace pour répondre à ses interrogations sur les Sato. Ça aussi, c'était un sujet de discussion sans fin sur lequel elle aimait s'étendre.

« Oui, tu as tout à fait raison. On prend le nom de Sato une fois seulement qu'on sort de notre éducation des monastères. Il faut le mériter, mais à mes yeux, on apprend à être Sato toute sa vie. » répondit-elle dans un sourire. « Je suis un peu plus âgée que Daisuke, mais on a grandi ensemble. Peu importe qu'on n'ait pas de lien de sang, je le considère comme mon frère. Tout comme toutes les personnes du clan d'ailleurs. On est tous frères et sœurs. Et je les aime tous pareils ! »

Difficile de se partager en mille pour tout le monde, mais Hanabi prenait toujours soin d'essayer de passer un moment privilégié avec tous ceux qui le lui réclamait quand elle se rendait dans un monastère. Elle adorait rencontrer les nouvelles têtes, leur faire oublier pour un temps les punitions et la fermeté de l'éducation Sato, couvrir d'affection les plus petits et refaire le monde avec les plus grands. Si elle avait plus d'atomes crochus avec Daisuke, Hanako, Okiku ou encore Asuma, c'était juste parce qu'elle avait grandi avec eux. Mais elle aimait sincèrement chaque Sato, même le malicieux Heiji ou ce vieux parchemin de Kenshi.

Pour Hanabi, on ne partage pas l'amour.
Il se multiplie.

« Et toi Katchushi... Quelle relation tu as avec ta famille ? » demanda t-elle, contente de s'intéresser à sa partenaire de mission. « Tu parlais de ce Toshiyuki en tant que maître, c'est ça ? Ça veut dire quoi exactement ? Tu n'es pas libre de vivre ta vie comme tu l'entends ? »

Ce qui n'était pas le cas chez les Sato. Une fois sortis du monastère et avoir gagné le nom du clan, ses membres prenaient des chemins tous très différents et ne restaient pas forcément dans les environs, ni ne s'engageaient auprès de leur famille. Si pour certains, comme Daisuke en tant qu'héritier, leur destin était intrinsèquement et profondément promis à graviter autour du centre des Sato, d'autres ne revenaient jamais.
Pour Hanabi, c'était encore particulier : si elle n'était pas du tout engagée dans les affaires de son clan, elle y revenait très régulièrement. Déjà parce que c'était sa famille, mais aussi parce qu'elle y possédait des attaches fortes, et que c'était comme... revenir à la maison.
Malgré son indépendance et son désengagement politique, Hanabi vibrait Sato par toutes les fibres de son corps.