Tout dans son être renvoie une impression paradoxale de placidité mêlée d’une froideur inhumaine. En préambule, ses yeux vous marquent comme ceux d’un félin contemplant sa proie en questionnant son envie de lui bondir à la jugulaire. Deux iris rubiconds comme d’étincelants rubis taillés d’une main de maître, ses paupières toujours plissées renforcent ce regard félin teinté d’une certaine forme de malice sans que l’on puisse déceler ses intentions de manière limpide. Ambiguïté renforcée par un sourire doux et mutin, semblable à celui d’un père toisant du regard sa progéniture sans que l’on sache comment l’interpréter. Tout chez lui renvoie une aura de mystère indicible, si bien que l’on sache rarement sur quel pied danser. Ses traits fins viennent renforcer davantage l’harmonie dégagée par son visage, en particulier sa mâchoire à la fois fine et anguleuse lui conférant un air masculin contrebalancé par la finesse de ses traits. N’étant pas un modèle selon les standards de virilité, Kamui renvoie davantage une image d’ataraxie apaisante, renforcée par le calme conféré par le ton suave de sa voix. S’il est bien une certitude, c’est qu’il est impossible de lui donner un âge, d’autant plus de deviner sa trentaine d’années parfaitement indéchiffrable.

Sa chevelure nivéenne, due à une absence de mélanine, intensifie sa beauté atypique entre autres de par la finesse de ses cheveux parfaitement souples. Dépassant de peu ses oreilles, Kamui ne prend que rarement soin de les coiffer, préférant les laisser ruisseler sur son visage avec grâce, le vent ne manquant pas de faire son office pour ce qui est de le décoiffer de toute manière.

Assortie à son visage, sa silhouette longiligne crée une parfaite harmonie avec les traits fins de son faciès, Kamui toisant le mètre quatre-vingt dix. Grand et fin, doté d’une musculature peu développée bien qu’apparente, Kamui n’est pas un combattant. Doté de grandes mains surmontées d’interminables doigts dont la finesse n’ont d’égal que l’absence d’aspérités de sa peau diaphane, Kamui renvoie une certaine grâce assimilable à une forme de féminité, bien qu’il emprunte aux deux genres pour ce qui est des caractéristiques de son physique. Ses épaules carrées, juste assez larges pour harmoniser sa silhouette, ne manquent pas de renvoyer une certaine prestance, Kamui se tenant toujours droit. Un ressenti renforcé par sa démarche assurée, l’exorciste regardant toujours droit devant lui sans se détourner de son chemin.

Vierge de toute décoration corporelle, Kamui n’a aucun tatouage, n’ayant pas jugé que quoi que ce soit soit assez important pour qu’il ait à l’immortaliser sur son épiderme. Conjointement, sa peau est également vierge de toutes cicatrices, signe de ses bonnes rémissions mais surtout de sa prudence, Kamui évitant les combats et préférant les expédier lorsqu’il se voit contraint d’en disputer. Seule marque distinctive, une tâche de naissance écarlate ornant sa hanche droite, laquelle est dissimulée sous ses vêtements et connue de bien peu de personnes même parmi celles qu’il côtoie. Néanmoins, ce qu’il perd en ornements corporels, Kamui le rattrape pour ce qui est de son style vestimentaire, le jeune homme appréciant porter des vêtements singuliers tels que des chemises à fleurs et autres longs manteaux lui tombant au niveau des jambes. Appréciant particulièrement les bijoux, il est rare de le croiser sans qu’il ne porte de bagues ou de boucles d’oreilles aux motifs sophistiqués qu’il crée d’ailleurs lui-même. Maniaque aux limites de l’obsession, Kamui jette bien souvent ses vêtements à la moindre tâche, s’obstinant à ne porter que du neuf.

Ce qu’il perd en force brute, Kamui le gagne en endurance et en souplesse. Capable de se contorsionner bien au delà du commun des mortels, Kamui est d’autant plus capable de courir des heures et encaisser les coups sans flancher lorsqu’il ne parvient pas à les esquiver. Plus résistant qu’un clou de cercueil, il n’est pas rare de le voir ressortir de certains affrontements dans un état plus que déplorable, sans qu’il n’ait à ployer le genou pour autant. Frapper Kamui s’apparente à percuter un mur, comme peuvent en témoigner ceux ayant eu la chance de s’entraîner avec lui à l’école de Kyoto.

Sans surprises, c’est donc tout naturellement qu’il jouit d’une constitution à toutes épreuves, Kamui n’étant quasiment jamais tombé malade. En résumé, Kamui est une force de la nature contrastant avec la grâce que l’on pourrait juger délicate à s’y tromper. Seul un détail dénote du reste; les paumes de ses mains, calleuses à force de manipulations plus ou moins douteuses.

Si l’on pourrait le trouver inhumain, dément, dépourvu de coeur ou lui attribuer tout autres adjectifs vilipendieux, la vérité à propos de Kamui est en vérité bien plus aisée à définir. Sa nature est telle qu’il est incapable d’éprouver la moindre émotion humaine, condamné à vivre une vie de simulacre humain incapable de manifester un quelconque empathie pour son prochain. S’il serait aisé de le plaindre pour les plus compatissants, Kamui jouit en vérité d’une vie menée hors des carcans de la morale ou il peut s’adonner à ses passions les plus indicibles sans crainte de ressentir la moindre contrition, sentiment ô combien obstructif à la création. Kamui vit et agit comme un esprit libre au sein de la société astreignante des exorcistes

Bien sûr, c’est une idiosyncrasie avidement gardée dans son intérêt personnel. S’il n’est pas capable de les éprouver, Kamui émule à la perfection ce qui fait la sève des êtres humains pour mieux les tromper. Kamui est le loup dans la bergerie indistinguable du troupeau. Capable de se fondre dans la masse pour éviter tout soupçon, il apparaît comme affable aux yeux de ses pairs. Envoûteur, Kamui séduit les autres de par ses belles phrases et son sourire hypnotique, mais aussi et surtout de par son érudition à toute épreuve. S’il est loin de détenir toutes les connaissances du monde, Kamui aime se renseigner sur les sujets fétiches d’une personne pour mieux la séduire.

Manipulateur, Kamui use de tous les subterfuges possibles pour parvenir à ses fins, ce qui nécessite bien sûr de tromper autrui. S’il décrypte vos faiblesses, Kamui se présentera comme un sauveur altruiste prêt à marcher à vos côtés sur le chemin de la rémission. Qu’il repère vos désirs, et il prétendra pouvoir les combler miraculeusement. En identifiant vos doutes, il se proposera de les dissiper. S’il n’a jamais de solutions miracles, bien peu  lui importe. Seule l’illusion de pouvoir s’en remettre à lui subviendra à ses desseins. Mais encore faut-il l’intéresser et avoir quelque chose à lui apporter pour qu’il puisse faire preuve de sa prétendue philanthropie. Kamui ne va tout de même pas s’abaisser à venir en aide au moindre cafard lui foulant les pieds.

Comme vous l’aurez aisément compris, Kamui est calculateur. Rien n’est jamais remis aux mains perfides du hasard, l’exorciste favorisant l’attentisme et l’analyse à la précipitation décérébrée qui caractérise, à ses yeux, la plupart des gens. Mieux vaut prendre son mal en patience, comme le dit l’adage.

Malgré ce concentré hérétique, Kamui n’agit jamais par cruauté arbitraire. L’irrationnel étant aux antipodes de tout ce qu’il est, Kamui se contente d’agir dans son intérêt tel un forgeron usant de ses outils jusqu’à l’usure. Quel idiot déteriorerai ce dont il a besoin ? Sans ignorer qu’étant imperméable à toute forme de ressentiment, il serait bien vain de faire preuve de véhémence envers quiconque il ne puisse haïr.

Mais tous ces moyens mis en œuvre ne le sont pas par simple amour des faux semblants. S’il est bien une chose qui exalte Kamui, c’est l’étude de l’énergie occulte et tout ce que cela puisse impliquer. L’exorciste vogue au gré d’une pluralité d’expérimentations diverses toutes tournées vers une forme de l’aspect du monde occulte. Tentatives de créations de fléaux et d’exorcistes à partir d’humains ordinaires, essais visant à la création d’objets occultes ou reliques, analyses concernant le fonctionnement des sorts innés et la possibilité de les subtiliser à leurs détenteurs… Kamui mène bon nombre de manipulations occultes résultant pour la plupart en de pures stagnations, bien qu’il parvienne toujours à retirer quelques sapiences aussi minimes soient-elles.

Effectivement, Kamui étant issu d’une famille de non-exorcistes, c’est tout naturellement qu’il fut fasciné par la société occulte dès qu’il y fit ses premiers pas, exposé alors à un monde où tout lui apparut possible. Quelqu’un ayant trop longtemps côtoyé la banalité ne peut que voir le monde occulte comme un conte à explorer sans cesse jusque dans ses moindres recoins, surtout pour un esprit aussi fécond que le sien. Car s’il est bien une chose qui l’ait toujours animé, c’est la soif de connaissances. Pour Kamui, tout sujet peut valoir la peine d’être étudié et il est rare qu’il fasse preuve d’outrecuidance élitiste quand bien même puisse-t-il s’estimer plus érudit que la norme. Tout le monde naît ignorant, n’est-ce pas ?

Mais s’il est une chose qui l’anime plus que tout encore, c’est sa quête de la relique. Fasciné par le phénomène d’incarnation, qu’il n’a bien sûr pu observer qu’au travers des livres, Kamui croit, de sa compréhension limitée du sujet, pouvoir trouver une forme d’immortalité en devenant lui-même une relique attendant de s’incarner dans un corps extérieur au sien. Une occasion inespérée d’acquérir des pouvoirs insoupçonnés en somme.

Bien entendu, comme tout mortel, Kamui sait parfois se défaire de ses velléités hyperboles et se tourner vers des occupations plus simples. Amateur d’art, Kamui apprécie la musique et la littérature, chose qui n’a pas manqué de renforcer sa soif de connaissances. Mais par-dessus tout, Kamui apprécie le contact humain au-delà des relations purement transactionnelles. Abhorrant la séclusion parfois au péril de son propre bien, Kamui aime échanger avec autrui par simple plaisir d’être entouré. Un homme cerné par la solitude ne peut qu’en devenir fou et son besoin actif de reconnaissance dissimulé ne peut que confirmer ce biais.

Cartésien maladif malgré le caractère surnaturel de la société dans laquelle il évolue, Kamui exècre toutefois toute forme de déisme, jugeant la science -soit-elle occulte ou purement humaine- plus méritante que toute vaine tentative de faciliter le fonctionnement du monde par les décisions manichéennes d’une entité supérieure. Kamui croit à une existence articulée autour de la sélection naturelle et d’une évolution favorisant les sujets les plus à même de survivre depuis des millénaires, ce qui, à terme, pourrait selon lui résulter naturellement en un monde peuplé uniquement d’exorcistes… pour son plus grand plaisir.

En résumé, Kamui n'a ni cœur ni visage.

En point d'orgue et contrairement à ce que l'on pourrait croire, Kamui voue un culte à l'amour, ce qui pourrait paraître comme étant un parfait syncrétisme au vu de son incapacité à ressentir la moindre émotion. Kamui juge, au travers de ce qu'il a pu observer, ce sentiment comme le plus pur qui soit, qu'il soit maternel ou amoureux. Nul doute que l'exorciste aimerait faire preuve d'une telle passion pour quelqu'un, d'un tel dévouement envers une personne en dépit de sa propre existence. Sa simple existence mène à le questionner sur les fondements même de la société humaine, poussant Kamui à désirer la seule chose qu'il ne pourra jamais exprimer; l'amour.

Le concept arbitraire du mal ne résulte pas toujours de traumatismes intrinsèques à l’individu ni même d’un contexte favorisant son apparition. Certaines personnes naissent comme elles sont, vierges de toutes influences néfastes de l’extérieur… en embrassant pourtant les ombres. C’est en un sens le cas pour Kamui. Venant au monde de deux parents non-exorcistes, Kamui fut un enfant très tempérant dès son plus jeune âge. Jamais il ne versait de larmes ni ne faisait de caprices. Un enfant très agréable à vivre pour ses parents… mais dores et déjà doté d’une aura de malaise. Cette manière qu’il avait de vous fixer en silence, ses faux sourires de façade parfois dans des situations inappropriées selon les conventions sociales… cette indifférence totale à la souffrance d’autrui, aux pleurs de sa propre mère subissant les coups de son mari… Kamui semblait être venu au monde sans âme, tel le corps animé d’un automate. Un enfant détaché des autres et de leurs considérations, n’accordant d’importance qu’à ses propres desseins et à son intérêt avide pour tout, très tôt lors de son développement.

Le premier élément déclencheur fut lorsqu’il vit son premier fléau. Comprenant qu’il était né doté du don de voir l’invisible, Kamui se considéra fort promptement exceptionnel. Une manière pour lui de stimuler son inventivité, lui qui construisit son premier programme informatique à l’âge de huit ans. Bien sûr, l’énergie occulte supplanta rapidement tout le reste des concepts purement humains auxquels il était exposé depuis sa jeunesse, Kamui découvrant en cette force ésotérique l’horizon de tous les possibles, seulement bridée par ses utilisateurs eux-mêmes et non par sa propre nature.

Lors de sa scolarité, alors en primaire, Kamui prit part à une altercation avec un enfant plus âgé. Ce qui aurait pu être une simple rixe de cour de récré se termina dans le sang lorsqu’il creva l’un des yeux de son adversaire, sans ne ressentir aucune gêne malgré les cris et le sang. Si la présence de son père, alors avocat, l’aida beaucoup à éviter le centre de redressement, Kamui commença alors à vivre une vie faite de restrictions, ses parents comprenant bien qu’ils avaient affaire à un enfant spécial. Rendez-vous avec des psychologues, punitions corporelles et surveillance constante… Kamui se retrouvait cloîtré de force dans un carcan restreignant sa créativité.

Si l’histoire aurait pu prendre fin dans une sanglante rébellion, Kamui jugea simplement nécessaire de convaincre ses parents plutôt que d’user de violence afin d’éviter de plus grands ennuis encore. Car s'il était une chose qu'il avait apprise au contact des autres, c'était la capacité d'émuler les émotions pour obtenir ce qu'il voulait. Parvenant même à tromper ses proches, le jeune obtint finalement un peu de liberté de la part de parents trop étouffants pour lui.