Un jour d’été, j’ai rencontré cette femme, Ibara Homura. Dans la chaleur de l’été, elle était telle une gerbe de flammes. Rouge et blanche, avec quelques teintes de noirs-ci et là sur ses habits, vêtus d’une veste de cuir malgré la chaleur accablante, mais elle ne laissait pas perler une goutte de sueur.
“Bonjour, Mademoiselle Homura, une belle journée n’est-ce pas ? C’est un bon si-”
“Bonjour. Débutons au plus vite.”Elle était à l’heure, mais désintéressée par toutes les présentations que je lui ai offertes. Un simple bonjour, et une coupure de parole pour me focaliser sur le sujet de notre rencontre.
Elle n’était intéressée qu’en une seule chose, acheter une maison. Pour remplacer celle prise dans un séisme localisé, de ce que j’en ai compris lors de mon briefing. C’est une cliente importante, d’une famille bien placée, et la seule héritière des parts de ses parents. Autrement dit, ses poches étaient profondes, et mon job, c’est que l’argent qui s’y trouve aille dans notre agence.
Ses goûts étaient très flexibles, elle n’avait qu’un seul critère. Elle ne voulait qu’un grand jardin, mais le problème, c’est qu’à quel point elle le voulait “grand” ? Si seulement le jardin l’intéressait, est-ce que je pourrais faire passer une assez grande maison avec pour augmenter le loyer ? Toute sorte de question de ce genre m'empêchait de dormir quand j’avais planifié la carte de visite. Je pense avoir cerné les lieux qui pourraient l’intéresser le plus, mais ne suis pas certaine maintenant que je la vois en face.
Est-ce que quelque chose pouvait vraiment plaire à cette femme ? Il n’y avait rien dans ses yeux, pas de lumière, pas d’envie, qu’un puits de rouge et de noir qui semblait regarder à un insecte. Mais j’ai l’habitude de converser avec des jeunes richards qui considèrent ceux avec moins d’argent qu'eux inférieurs, même si leur regard n’a pas le même niveau de dédain, personne n’avait le même mépris que cette femme en rouge, mais je pouvais m’adapter.
“Ou-Oui bien sûr, allons-y mademoiselle.”
Du moins, c’est ce que je pensais. Mais impossible de la lire, elle écoutait ce que je disais, du moins je crois, mais n’y réagissais pas. Rien ne semblait l'intéresser, elle ne regardait même pas les habitations, juste les jardins. Plus que les regarder, j’avais l’impression qu’elle les jugeait. J’ai fait une erreur, elle ne veut pas d’un jardin déjà planté, elle veut une terre vierge. Je pensais qu’elle voulait un jardin pour en profiter, puisqu’elle n’avait pas l’air de travailler la terre avec son pedigree, mais je me suis trompé.
“Prenons une petite pause, voulez-vous bien ?”
“Il n’y a plus rien à visiter ?”“Non non non ! j’ai juste besoin de hum, réorienter les visiter.”
La jeune femme de rouge haussait les épaules, et s’installa sur un banc. J’étais en pleine panique, mais avais quelques endroits avec des terrains vierges et un permis de construire, cela ne sera sûrement pas suffisant. Il ne restait qu’un lieu qui pouvait lui convenir, mais il était maudit. Impossible de le vendre, tous ceux qui essayaient de s’y installer quittent les lieux en à peine un mois.
Pas le choix, je dois essayer, au moins on pourrait se débarrasser d’un mauvais terrain. Je l’emmenais donc vers un vieux terrain au grillage recouvert de mauvaises herbes, et au portail grinçant. Le sentier disparaissait sous l’herbe, et le chemin jusqu’à l’habitation était long, mais c’est la première fois que cette femme, Homura, était intéressées par quelque chose d’autre que son téléphone.
“Permis de construire ?”“P-pardon ?”
“Est-ce que ce terrain a un permis de construire ?”
“Oh, euh, oui, oui, il en a un.”
Succès ! Elle était intéressée ! Attendez, pourquoi elle continuait d’avancer ? Elle voulait explorer l’intérieur ? Non non non ! Elle ne pouvait pas, le bâtiment est insalubre, il n’a pas été entretenu depuis des années ! Si elle le voyait, elle allait dire non !
“Attendez, le bâtiment doit être mis aux normes, il est assez vi-”
“Je m’en fous.”Je n’avais vraiment pas envie de la suivre, mais je le devais, c’est mon job. Cet endroit est terrifiant, il me donne des sueurs froides, et je ne saurais pas expliquer pourquoi. Il n’est pas si miteux, mais mes sens me hurlent de ne pas m’en approcher. Il y avait aussi des rumeurs comme quoi un gang utilisait cette propriété comme leur planque, mais l’agence n’y a jamais trop prêté attention…