Combien d’heure cela faisait maintenant qu’elle passait ses nerfs sur des fléaux de bas étage ? Ce n’est pas comme ça qu’elle allait retrouver sa force d’antan ! Enfin si, dans vingt ans ! C’est trop long ! Elle n’avait pas le temps pour ça, pas quand les Sato devenaient plus forts à la minute. En plus, d’une certaine manière, c’était de sa faute, elle avait entraîné des gars bien trop talentueux, et maintenant qu’elle avait du retard sur eux, elle n’arrivera peut-être pas à les rattraper.

Pas si elle ne faisait que s’entraîner. Elle devait être plus active. Au diable la théorie, elle devait commencer à mettre sa vie en jeu si elle voulait progresser assez rapidement. Les entraînements ne suffiront pas dans sa condition, et elle pouvait utiliser la facilité qu’ont les fléaux à se régénérer pour ne pas souffrir de dommages permanents. Elle devait tirer le plus d’avantages de sa condition d’esprit vengeur. Elle devait attaquer des exorcistes, et Ikari avait une cible parfaite en tête.

Un vieux collègue, dirons-nous. Cela tombe bien, elle savait qu’il était en activité dans le coin, le trouver n’allait pas être un problème, le battre encore moins. Ce n’est qu’un sac de muscle, rien de bien menaçant pour elle avant, probablement un petit challenge aujourd’hui, mais elle n’y voyait rien de plus. Il doit être en mission, puisqu’elle le voit affronter un autre fléau, parfait, elle va pouvoir chourer l’objectif de sa mission en même temps. Ce ne sont pas les fléaux qui manquaient, bien sûr, mais en avoir qui sont dans sa poche, c’est toujours mieux.

D’un battement de ses ailes, elle atterrissait entre lui et le fléau félin qu’il allait exorciser. Un classe deux, à peine dotée de conscience, pff, pas très utile, mais c’était un pion de plus sur l'échiquier, il fallait bien commencer quelque part. Ses ailes se replient autour de son corps, la recouvrant comme une cape, avant que l’artiste martial ne toise du regard l’incarnation du Karma bouddhiste. Aussi, longtemps, qu’elle s’en souvienne, elle a toujours été un très mauvais match-up pour lui. Il allait comprendre à nouveau pourquoi, s’il avait oublié.

“Yakumo Sato…”

Un grondement retentissait, le battement des ailes d’un frelon énervé, le son caractéristique de son agacement. Il y avait une raison plus importante pour son choix d’adversaire que la faiblesse de ce dernier, elle avait une petite leçon à lui donner. En l'occurrence, ne pas lui prendre ce qui lui appartenait. Le frelon sait que ce voleur a mis ses sales pattes sur son prodige, et il allait le regretter ! On ne touchait pas à ses élèves, même si elle était morte, on ne les lui volait pas ! C’étaient ses protégés, être supervisés par un tel boulet était une insulte à leurs talents et à ses enseignements !

“Tu es le premier sur ma liste, Sato.”

Elle ne perdit pas un instant, et se mit en position, activant sa couveuse tout aussitôt, et préparant les larves du Dukkha. Le frelon chassa d’un regard le félin, de toute façon, il allait simplement la retenir. Elle préférait se battre seule, contre ce type, elle n’avait pas besoin de renfort. Elle s’était promis de mettre fin aux Sato, si elle ne pouvait pas se débarrasser d’un simple fumeur, elle était bonne pour mourir une seconde fois. Ses yeux composés se posèrent sur lui, elle savait comment il se battait, elle pouvait le dominer physiquement, et intellectuellement, mais elle ne devait pas oublier que les humains pouvaient progresser aussi.

“Sors-la, ta roue du Karma…”

“Si tu survis, je te dirai.”

C’est qu’il pouvait déblatérer pour ne rien dire. D’un battement d’aile, elle s’éleva au-dessus de la poubelle jetée vers elle. En se cachant derrière, il perdait aussi sa vue sur son ennemi, c’était bien risqué pour une première approche. Mais qu’importe, elle ne resta pas dans les airs bien longtemps, juste assez pour passer derrière lui, et le frapper de deux coups de griffe au passage. Sans appui, les coups manquaient d’efficacité, surtout contre un renforcement occulte, mais le plus important, c’était de laisser des “griffures”, parce que son sort inné prenait tout son sens lorsqu’il avait assez à la peau de ses ennemis.

Parasite. L’extension de son sort inné, possible uniquement grâce à sa morphologie de fléau. Chaque blessure dissimulait une larve du Dukkha, qui grandissait sous la peau en la pourrissant, avant de relâcher un frelon bien plus féroce que ceux de la ruche. Les larves étaient fragiles, mais il était obligé de les extraire et de perdre du temps, s’il ne voulait pas être en mauvaise posture… Si elle lui en laissait le temps, aussi, et clairement, elle ne comptait pas faire ça.

Elle devait le déborder, avant que sa roue du karma ne soit chargée. Pour ça, son sort avait été un bon match-up contre lui par le passé. Des petites blessures, et beaucoup de souffrances par ses larves une fois qu’elles éclosent, lui donnant le temps de se protéger des ondes de choc. Avant, elle pouvait garder ses distances et faire monter la roue avec un grand nombre de guêpes, mais une onde de choc suffisait à les détruire toutes. Est-ce que les frelons seront plus solides ? Dur à dire sans les voir en action.

Ikari ne pouvait pas espérer que ses insectes fassent tout le travail, elle frappa donc avec son “poing du frelon”, utilisant son renforcement occulte au passage. Il était… Imparfait, amateur même, et que même ce clown ait une meilleure maîtrise du renforcement occulte que elle en ce moment la rendait folle. Elle reconnaissait la sensation contre ses doigts, c’est du renforcement supérieur. Un corps plus résistant, et des patates plus destructrices, se faire toucher par ce golem allait faire mal, donc évitons de finir six pieds sous terre.

“Probablement, tu es juste le premier voleur sur ma liste.”

Si elle aurait pu danser autour de lui de son vivant, bien trop agile pour un amateur, ce corps-là était si lent à répondre à ses directives. Elle devait tout miser sur la surcharge de larve. Un Sato résiste à la souffrance plus facilement que n’importe qui, ils sont entraînés dans la souffrance, mais son Dukkha n’était pas quelque chose que l’on pouvait ignorer aussi facilement. Viendra bien un moment où il devra arrêter d’échanger des coups avec elle et de se concentrer sur les frelons. Pour l’heure, elle commença avec un simple jab au torse, un coup de griffe à l’épaule, et une autre à la jambe droite.

Elle se gardait deux griffes pour se protéger d’un coup, se doutant que cela les briserait au passage, mais mieux ça que son exosquelette. Si elle a touché, les premiers frelons devraient commencer à émerger, et avec, la pourriture et le pue. Le combat contre le Karma et le Dukkha commençait maintenant. Un combat qui ferait jaser les théoriciens du Bouddisme chez les Satos.