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Hanzo Sanada
Membre de l'Ordre Occulte - Classe 2
Hanzo Sanada
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Hanzo Sanada
Sam 17 Aoû 2024 - 19:38
Une explosion de couleurs, sous toutes formes. Un chaos désorganisé, des nuances de rouge se répandant sur la toile, des teintes de bleu serpentant le coloris violet d'un visage, divers tons de vert formant un oeil extrêmement détaillé ... Pour Jack, ça ne veux rien dire. Pour Hanzo non plus, cela dit. Adossé sur un mur, il a depuis longtemps reporté sur attention sur la raison de sa venue ici. Elle a bien plus d'intérêt que tous les putains de tableaux et d'œuvres qui sont regroupés ici. Hanabi parle avec un gars, sûrement celui qui est à l'origine de tout ce ... Truc. Depuis qu'il est ici, on a cessé de le complimenter sur son masque de peste. Sans doute que c'est aussi original que le reste et qu'il est plus coloré que ceux de l'époque qui se voulaient aussi noir que le reste de la tenue du docteur, alors quand ils en voient un déjà c'est énorme, mais s'il sort de l'ordinaire à une exposition d'art contemporain, forcément que ça attire l'oeil.

"Oh mon gaaaaars. Regarde les, tous les richard, là, à faire genre que ça les intéresse pour se faire bien voir. J'y connais rien en art mais j'peux dire que j'ferais la même chose qu'il achèteraient mon oeuvre d'aaaart cinquante mille livres. Et regarde ça n'a aucun sens. Y'a vraiment des gens qui passent leur journée à regarder ces conneries ? Oh j'en peux plus, j'en peux plus ! Regarde, la meuf a qui tu fais confiance essaye déjà de te tuer. D'ennui, mon pote. Elle t'éloigne, pour mieux t'abandonner. Eh, j'en sais quelque chose, on ne peut faire confiance a aucune d'entre elles. Elles ont pas le sens des responsabilités, dès qu'elles pourront te jeter, elle vont le faire. Faut la bu ... Faut s'en séparer avant qu'elle t'en laisse l'occasion, mon gars."

Le masqué baisse sa tête - car oui, le meurtrier du jour est bien plus petit - sur le jeune homme a ses côtés. Jeune homme, c'est vite dit : on peut encore le considérer comme un gosse. C'est aussi pour ça qu'Hanzo ne tient pas tant rigueur de ses paroles : il ne le prend pas des masses au sérieux et le laisse parler pour qu'il exprime sa frustration. Oh, il lui accorde la même confiance qu'aux autres lorsqu'il s'agit d'un véritable combat face a eux. Mais en ce qui concerne la vie active, peut-être à cause de sa carrure et de son statut, il a tendance à l'infantiliser quand bien même il sait les erreurs qu'il est censé avoir commises. Ce Jack est un orphelin, l'un des nombreux de Londres de l'époque, car les femmes ne pouvaient généralement pas s'en occuper, soit parce qu'elles étaient seules, soit parce qu'elles avaient déjà trop de bouches à nourrir. Selon ses dires, il est le fils d'un prostituée, abandonnée dès la naissance, tantôt dans les rues de Whitechapel, tantôt jeté dans la Tamise avant d'avoir été miraculeusement été récupéré par un sans abris. Il s'est ensuite démerdé, vouant une haine sans borne à la femme qui l'a jeté à ce monde où il dû plus survivre que vivre, mangeant du pain, chassant parfois des rats pour subsister. Il n'y a aucun mal à s'imaginer comment il est devenu l'Eventreur avec une telle histoire. Une histoire de vengeance, une histoire de justice, l'envie irrépressible de faire couler le sang en cachant toute cette soif derrière le fait qu'il n'aurait plus voulu que l'histoire se répète. Ce qu'il en sait, Hanzo, c'est qu'en tout cas, en combat, le petit s'avère être une bête féroce.

Une femme avec un plateau apparaît, et il s'empara de deux amuses gueules. Ce qui peut se révéler frustrant, quand on porte un masque aussi encombrant, c'est qu'on vient rarement vous demander si vous voulez du champagne ou a manger, alors pour une fois qu'elle passe devant lui, il en profite pour lui chiper ce qu'elle propose à d'autres. Elle le remercie d'un signe de tête et s'éloigne. L'instant d'après, une fois qu'il a vérifié que personne ne regarde, les feuilletés ont disparus, et le masque n'a pas bougé de place. Par contre, il y en a un qui se régale, et Hanzo le regarde avec amusement.


"Ce qu'il y a de bien, au moins, dans ces évènements, c'est la bouffe, ça, ça n'a pas changé. Meeeeec, moi qui pensait que je participerais jamais à un truc du genre de mon vivant. Enfin on se comprends, j'suis ... J'sais pas ce que j'suis sous ta gouverne, mon gars, mais j'peux t'assurer que j'ai du goût et que c'est putain de ..."

"Langage."

"Et que c'est trop bon ! Imagine ... T'es dans Londres, de la chiasse partout, des rongeurs qu'ont tellement pas peur des humains qu'il en viennent même a te croquer s'ils te pensent faible ! La fumée, les incendies tous le temps, le brouillard, la pollution ! Bon, tout ça, j'en ai fait une arme, parce que j'ai vécu dedans toute ma vie ... Mais imagine vivre dedans toute sa vie ! Jamais eu une meilleure vie depuis que j'traîne avec toi mec. Alors si tu veux un conseil : dégage la de ta vie. Avant que ce soit elle qui le fasse. D'ailleurs elle allait le faire avant que tu la recroise par miracle."

Ouais, mais elle l'a rappelée très peu de temps après, ensuite, et le voilà, dans une expo qu'il aime pas, parce qu'il veut la revoir, et que chaque prétexte est bon. Malgré le fait que Jack semble se faire chier, il est jamais contre l'avoir dans les pattes, celui là. Le gamin a eu une vie dure, malgré les atrocités commises. A force d'avoir un putain d'assassin dans la tête, on se met a avoir une échelle de gravité à l'esprit, et même si chacun des types a éviscéré, éventré, commis une véritable boucherie sur les corps et un massacre inhumain qu'on en est venu à se demander si c'est pas un démon qui avait fait ça, les raisons diffèrent. Et surtout, à force, Hanzo a fini par commettre pire. Haru aussi. Finalement, Jack, c'est peut-être celui qui a le moins à se reprocher d'eux tous, finalement. Enfin ça dépend. Le flic, c'est un connard. Hanzo en démordra jamais.

"On ira au resto après ?"

"J'sais pas."

"Avec elle ?"

"J'sais pas."

"Tu sais c'est quoi le problème des buffets ici ?"

"Nan."

"Même si c'est bon, y'a rien a bouffer."

"T'as bien raison, BON."

Il se décolle du mur. Il a perdu Hanabi de vue a force de regarder si y'a pas des gens suspect, dans le tas. N'importe quelle femme rigolerait sur le fait qu'on ne peut pas la perdre de vue, surtout vu les surnoms qu'il lui prête. Un rayon de soleil, un feu d'artifice ... ça se remarque. Mais il faut dire qu'elle est ... Assez petite. Ses yeux virevoltent sans la trouver. Elle est sociable. Elle doit se mêler à toute cette population. Il n'est pas sociable. Il va certainement pas se mêler a la population. Bon, on fait ce qu'on a toujours fait, alors. Le masqué se met en mouvement et la tourelle automatique s'active entre les différents groupes. Pas louche du tout, mais visible pour elle, en tout cas.

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Hanabi Sato
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Hanabi Sato
Sam 17 Aoû 2024 - 20:44

Tadashi s'épanchait avec enthousiasme à propos de son art et de la façon dont il avait peint sa série de tableaux. Et tout ce qu'il disait avait l'air drôlement intéressant. Il parlait de ses inspirations, notamment du fait que le japon alliait souvent la modernité citadine au traditionnel de sa culture, et de la façon dont à travers tout ça l'histoire du pays se reflétait à la fois belle et dramatique. Il parlait de son envie d'exprimer son amour pour le japon, pour ses traditions mais à la fois pour toutes ses avancées rapides, et malgré tout ce qu'on pouvait reprocher au pays, de le faire voir à travers ses yeux à d'autres personnes. Tout comme il le voyait.
Tout comme elle ne cessait de jeter ses yeux de comète sur la silhouette adossée, plus à l'écart entre deux œuvres. En vérité, Hanabi n'écoutait pas vraiment tout ce que son ami lui disait, mais elle était très forte pour faire semblant. Pas qu'elle ne voulait pas l'écouter, ni passer du temps avec lui, mais la principale attraction de sa soirée se trouvait ailleurs, en la personne d'Hanzo Sanada qui avait fait l'effort d'accepter son invitation et de venir à ce vernissage avec elle.

Hanzo était encore une fois très élégant, dans des teintes sombres qu'il semblait beaucoup apprécier. Si l'ensemble qu'il portait aurait pu être strict et classique, il en avait cassé le style avec des sneakers discrètes mais qui remplissaient aisément leur rôle pour lui donner un air plus décontracté. Il n'était pas venu sans son masque fétiche qui, s'il lui allait comme un gant, apportait avec lui son lot de regards indiscrets et de curieux. Elle l'avait observé se faire aborder par quelques personnes, mais leur conversation n'avait pas duré semblait-il.
Ce n'était pas comme elle, qui s'était faite littéralement happer par la foule. Hanabi Sato était après tout une influenceuse accomplie, et sa présence avait fait chaud au cœur à l'artiste qui l'avait attrapée si tôt qu'elle était entrée pour la présenter à tout le monde. Elle n'avait retenu à peine que la moitié des noms des personnes présentes, mais heureusement pour elle, personne ne semblait vraiment enclin à se scotcher à elle. Elle n'avait qu'une hâte, c'était d'enfin se libérer pour rejoindre Hanzo qui avait assez attendu. Mais ce n'était visiblement pas au goût de Tadashi qui héla un couple de quarantenaires. Une discrète expression de gêne et d'ennui traversa le visage d'Hanabi avant d'être rapidement remplacée par son grand sourire de façade, celui qu'elle servait au public, et qu'elle avait l'habitude de donner. S'il se confondait facilement avec celui plus sincère qu'elle arborait naturellement, il n'était pas dénué de charme non plus et trompait très facilement son monde.
Après quelques mots échangés, elle n'en put plus, malgré que le couple représente de potentiels investisseurs pour son projet. Tant pis. Elle prit congé, rapidement, peut-être un peu trop abruptement mais se fendit d'un nouveau sourire de miel dans lequel ils plongèrent, avant de se glisser d'un petit trot de ses talons vers Hanzo. Enfin, là où il était resté depuis le début de la soirée.

Mais il avait disparu. Hanabi pivota sur place, en le cherchant des yeux parmi les personnes présentes. Elle se mit à sa recherche. Peut-être l'avait-elle trop fait attendre et qu'il était parti ? Non, il lui aurait forcément fait un signe ou dit quelque chose. Peut-être qu'elle l'avait loupé, son signe ? Une légère inquiétude prit place sur son visage et dans ses yeux fardés d'un ocre souligné de noir. Sa chevelure blonde et ondulée sautilla quelque peu sur ses épaules alors qu'elle se hissait sur la pointe de ses bottines dans l'espoir de gagner un poil de hauteur et d'apercevoir l'objet de sa recherche.
Elle s'éclaira d'un sourire, avant de s'élancer à ses trousses une fois repéré, attrapa doucement la manche de sa veste bordeaux pour attirer son attention avant de la relâcher aussitôt, mains croisées derrière.

« Je t'avais perdu ! » lui dit-elle d'abord, son regard se hissant dans celui, perçant, de l'invocateur. « Je suis enfin libre, désolée ça a pris plus de temps que je le pensais, c'était pas vraiment prévu qu'il me fasse faire le tour de tout le monde, et de tous les tableaux, et je crois qu'il m'a même présenté parfois deux fois aux mêmes personnes. »

Hanabi sursauta d'un rire, avant de s'approcher d'un pas vers lui, les yeux pétillant. Ils tombèrent ensuite sur la petite personne qui accompagnait l'homme depuis son arrivée. Un enfant, qu'elle était seule à voir ici, parmi toutes les personnes présentes. C'était la première fois qu'elle rencontrait cette version de Jack, et elle ne s'était pas attendue à ce que le meurtrier de Whitechapel puisse prendre la forme d'un enfant. Un enfant presque à l'adolescence, à un âge critique du développement, finalement. Elle ne savait pas encore son histoire, mais elle se doutait que ce n'était pas joli pour qu'il en arrive à commettre des meurtres à un si jeune âge. Toutes les histoires de Jack n'étaient pas belles à entendre, certaines plus touchantes que d'autres et appelant la compassion, d'autres horripilantes. Elle avait fait quelques recherches, depuis. Même si elle considérait Jack comme une personne à part entière, elle n'était pas pressée de croiser certaines versions du sort inné du masqué.

« J'espère que je vous ai pas fait trop attendre. » adressa t-elle à la paire, son regard posé sur le visage de l'enfant.

Hanabi jeta de nouveau ses yeux sur Hanzo. Elle se sentait toujours étrange en sa présence. Pas d'une mauvaise façon, mais il y avait quelque chose chez lui qui éveillait son corps et son esprit. Aujourd'hui, elle ne l'égalait pas en hauteur, accentuant la prise à la fois déconcertante et saisissante des iris de l'homme sur elle. Hanabi lui souriait, toujours, de cette façon solaire et quelque peu intimidée par lui. Elle avait été impatiente de le revoir, il fallait dire que ces quatre jours étaient passés aussi rapidement que lentement à ses yeux.

« Tu as vu tous les tableaux ? Viens, je vais te montrer mon préféré. » l'invita t-elle à la suivre, en engageant une marche délicate et restant à sa hauteur. Après quelques secondes, elle se tourna de nouveau légèrement vers lui. « C'est gentil d'être venu. Tu ne t'ennuies pas trop ? J'ai vu qu'il y a des gens qui sont venus te parler un peu, tout à l'heure. »

Avant qu'il ne finisse par ne faire qu'un avec le mur et se faire oublier, malgré le masque. Hanabi accrocha ses yeux blonds aux siens, jamais rassasié de s'amuser à les soutenir et d'en être tout à la fois chavirée et captivée, entre l'envie d'y rester encore pour sentir cette tension constante entre eux et celle de s'enfuir pour y échapper.

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Hanzo Sanada
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Hanzo Sanada
Mar 20 Aoû 2024 - 0:12
Hanzo sent  la petite pression sur sa manche, et d'un geste instinctif la porte à son autre main gantée pour la frotter quelque peu. Les yeux perçant se plantent sur la personne qui a osée l'interpeler de la sorte, avant de se rendre compte que ce n'est qu'Hanabi. Hanabi, elle a un passe droit. Après tout, elle a maintes et maintes fois prouvée qu'elle respecte ses limites et qu'elle ne va pas les outrepasser. Oh, et puis de tout façon, elle peut bien. Elle a prouvée maintes et maintes fois qu'elle est propre sur elle et qu'elle ne risque pas d'être crade, humide de sueur ou autre. Parce que le feu d'artifice ambulant, il fait attention. Elle est bienveillante, joviale, solaire sans pour autant être une pimbêche : elle est vive et intelligente, et pas méchante pour un sou. S'il y a bien une personne a qui il fait confiance en dehors de son ami le plus ancien, le plus cher et finalement le seul qu'il a, c'est bien cette dernière.  

Le voile de méprise qui se forme sur ses yeux disparaît donc aussi vite qu'il reconnaît son interlocutrice, c'est à dire en un quart de seconde.


"Madame est d'mandée."

Le jeune Jack la toise de bas en haut. Pour lui, le personnage est déjà dessiné dans sa tête : elle a un emploi du temps trop chargé, elle ne sait pas où donner de la tête, elle traîne avec Hanzo dans le seul but de s'amuser, et quand elle se lassera elle le jettera comme une vieille chaussette, comme lui même a été abandonné quel qu'en soit la raison. Souriante parce qu'elle masque. Riche parce qu'elle ne pense qu'au profit. Quand on aime l'argent, on ne pense qu'à ça, y'a qu'à voir ceux qui survivaient dans les rues londoniennes et qui faisaient des billets verts leur principale préoccupation. Nan, Jack se laissera pas avoir. Elle a beau être le rayon de soleil que décrit Hanzo dans son esprit, ce n'est pour lui qu'une façade. Parce que pour lui, la gentillesse pure n'existe pas dans ce monde. Il ne l'a jamais connue, et aucune de ses victimes n'était un enfant de coeur. Du moins, dans sa tête, et des yeux d'un gosse.

"Si, ça devenait chiant."

On vous rassure pas, c'est pas dit sur le ton de l'humour. Mine fermée et regard impassible, le gosse la toise d'un regard presque condescendant. Hanzo veut lui dire de ne pas faire attention, parce que ce n'est qu'un gosse, mais comme d'habitude, il n'aime pas parler pour ne rien dire et il sait très bien qu'Hanabi se doute d'à qu'elle genre d'itération de l'éventreur elle a à faire. Il la pense capable de se sentir au dessus des remarques désobligeantes du jeune meurtrier, mais il connaît son empathie, rien qu'à voir comment elle a discutée au flic et a pris soin du mafieux alors qu'il ne sont, des dires d'Hanzo aux autres, que de simples sorts. Quand bien même, ils peuvent être des fléaux assez malins pour prendre une apparence amicale, qu'elle fait fi des chances que ce soit une possibilité pour tenter de mieux les connaître tout de même. Il se contenta alors de lever quelque peu les yeux au ciel si d'aventure Hanabi le regarde pour voir sa réaction, avec un léger sourire, pour lui intimer de laisser couler. De toute façon, c'est qu'un gosse dont la crise d'ado a vraiment très mal tournée. Si c'était bien la crise, auquel cas, si elle n'est pas encore passée, il n'est pas prêt de voir du tout le développement. De toute façon, les Jack ne grandissant pas, il n'aura jamais à faire avec cette version plus évoluée de lui même.

"On va vraiment refaire le tour sans déco..."

"Ouais, c'est ... C'est atypique hein ...  C'est pas le genre d'endroit où je vais d'habitude."

Il tourna alors légèrement son regard vers elle pour s'accrocher au sien. Hanzo sait mentir, mais il n'a pas spécialement envie de lui mentir à elle. Alors lui dire qu'il adore l'environnement c'est hors de question. Par contre, pas besoin d'être aussi virulent que l'assassin version miniature.

"Ils ont dû croire que le masque c'est une part de l'exposition. Ils me font pas trop chier à cause de ça, j'me fond dans le décor extravagant."

Il tente alors un sourire à ce trait d'humour. Ce qui est bien, c'est que même avec le masque de peste, on peut discerner ses grimaces et autres expressions du visage à ses yeux qui se plissent. Il se gratte l'arrière du crâne. Il ne comprends pas vraiment pourquoi elle affirme qu'il est gentil pour l'avoir rejoint. Après tout, il fait ça avant tout pour lui, parce que ça lui plaît de la rejoindre, quelque soit l'endroit. Il replace les mains dans ses poches, s'adressant à elle d'un ton rauque, le visage redevenu presque impassible.

"Mais ça me dérangerait pas de te kidnapper, là, devant tout le monde, pour t'emmener ailleurs, pour t'avoir pour moi."

"Oh pitié seigneur dieu, mec ..."

"Mais j'serai cruel de faire ça alors que ton tableau préféré m'intéresse beaucoup tout de même !" continue t-il taquinement. "Et ça t'intéresse, toi, tout ce qui est montré ici ? C'est pas vraiment mon truc de base, mais j'suis curieux de connaître les choses qui te plaisent."

Après tout, c'est coloré, ça lui ressemble bien. Il a une surprise colorée, pour elle, d'ailleurs, et il est quelque peu persuadé qu'elle appréciera, et actuellement, il lui tarde terriblement de lui montrer. C'est toujours plaisant, de faire des activités avec quelqu'un en sachant que la personne sera de toute façon contente quoi qu'il arrive, et s'il est venu avec un peu d'appréhension, il sait bien que tout se passera pour le mieux, et il a hâte de voir comment ça se passe dans un moment plus calme, et avec un p'tit dans les pattes.
Hanabi Sato
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Hanabi Sato
Mar 20 Aoû 2024 - 18:02

Hanabi pesait les mots de l'enfant, et si elle ne leur accordait pas tant de crédit, elle tentait tout de même d'en percer les silencieux secrets. Elle se doutait évidemment que ses jeunes yeux avaient vu trop d'horreur pour son âge, et pour s'être renseignée sur la vie à Londres à l'époque de l'Eventreur, elle n'imaginait que trop bien à quoi devait ressembler la vie qui restait inscrite dans les souvenirs qu'il devait en avoir. Mais ce n'était qu'un enfant, et le seul moyen d'expression qu'il avait, passait forcément par ses émotions. Il les laissait donc aller, acerbe et méprisant pour son jeune âge. Elle ne lui rendit qu'un sourire doux, lorsqu'il la toisa, son regard blond s'attardant quelque peu sur lui alors qu'il enchaînait d'un ton impassiblement provocateur quelques réponses qui se voulaient assurément piquantes.
Elles coulèrent sur Hanabi, sans la toucher personnellement. Le roulement d'yeux de l'invocateur ne lui échappa pas, et lui tira un rictus amusé, avant qu'elle ne prononce quelques mots à son tour à l'égard du jeune meurtrier, égale à elle-même.

« Eh bien maintenant, on va pouvoir s'occuper tous les trois. »

Accompagnée de la paire, où n'était visible qu'Hanzo pour toutes les autres personnes présentes ici, Hanabi se glissait d'un pas léger vers un bout de l'exposition. Son regard s'accrocha avec plaisir à celui du masqué, et elle lui sourit lorsqu'il qualifia le musée de lieu "atypique". Elle s'imaginait bien qu'il n'avait pas l'habitude de visiter des expositions et des galeries, et que ce genre d'activités n'étaient pas vraiment celles vers lesquelles il se dirigeait naturellement. Mais il y avait un début à tout, et peut-être lui ferait-elle même apprécier cette visite. Et d'autres à l'avenir, qui sait.

« Et où tu vas d'habitude, alors ? » lui demanda t-elle, ses dents flashant quelque peu dans son sourire.

Parce que oui, finalement, elle ne connaissait absolument rien de lui. A part qu'il faisait partie de l'Ordre Occulte, et qu'il faisait très souvent des trucs dangereux. Des bails sombres, excitants, comme faire exploser la piscine d'un yacht et le faire couler en plein milieu de la mer sur le territoire maritime du japon au large des côtes d'Osaka. Par exemple. Mais il devait bien avoir des passions dans la vie, des passe-temps pour occuper son temps libre, sauf s'il ne jurait que par son travail mais elle émettait l'hypothèse qu'il n'était pas vraiment le plus fidèle à la vision de l'Ordre Occulte. Enfin, ça c'était ce qu'elle en avait conclu de ce qu'il lui avait expliqué à Hokkaido. Hanzo poursuivait surtout une quête personnelle, alors elle supposait qu'il avait rejoint le groupuscule par opportunisme. Il n'était pas du genre à faire équipe, après tout.

Ils s'éloignaient petit à petit de la foule qui s'agglutinait plutôt au centre de la pièce vers le buffet, pour se diriger vers le tableau qu'Hanabi voulait leur montrer. Elle sursauta d'un léger rire lorsqu'il indiqua qu'il passait presque inaperçu ici finalement avec son masque de peste aux couleurs indiscrètes. Effectivement, lorsqu'on s'intéressait aux personnes présentes, une grande majorité avait un style vestimentaire assumée. Les amis de et les invités de Tadashi étaient tous plus ou moins des artistes ou du même milieu. C'était bien, au moins, comme ça Hanzo n'avait pas été trop embêté et pouvait porter son masque fétiche plutôt qu'un plus discret. C'état aussi bien puisqu'elle savait qu'il y fourrait des herbes aromatiques pour être tranquille, ce qu'il ne pouvait assurément pas faire avec un autre masque. C'était important pour elle qu'il se sente à l'aise malgré que ce ne soit pas un environnement habituel pour lui.

La petite blonde jeta sur lui ses yeux blonds, malicieux, lorsqu'il évoqua son envie de partir avec elle. S'il le disait sur un ton d'humour, et certainement pour la chercher un petit peu, elle se demanda s'il voulait vraiment partir ou non, et s'il ne se forçait pas un peu à rester ici. Peut-être qu'il regrettait son choix, et qu'il n'avait qu'une hâte, comme Jack assurément : dégager du musée au plus vite. Et peut-être alors qu'il faisait semblant pour ne pas la vexer. Rien ne vint contredire cette impression lorsqu'il lui demanda si elle était intéressée par ce qui était présenté ici et de manière plus général, par l'art ou les musée, supposait-elle. Hanabi coula son regard devant elle, son léger sourire accroché à ses lèvres rouges.

« Tadashi est un ami de longue date, maintenant. J'aime beaucoup son univers. » répondit-elle d'abord, puis d'un geste d'une main manucurée, délicat, montra un tableau devant lequel ils passaient sans s'arrêter. « Je visite régulièrement des expositions. Je ne me contente pas forcément que de peinture, il y a tellement de choses à voir quand on parle d'art. Je trouve qu'on peut dire beaucoup à travers une œuvre, et ça a toujours été un moyen d'expression pour l'humanité, qu'elle qu'en soit la forme. La peinture, la poésie, la sculpture, le chant, la danse... » Elle se tourna d'un pivot devant lui, sa robe virevoltant quelque peu dans son tissu léger et pourpre. « A tes yeux, certaines œuvres ne peuvent avoir aucun sens, mais pour une autre personne, ça sera presque comme une illumination. »

Elle croisa les iris perçantes, à peine une seconde, avant d'y échapper pour approcher d'un tableau accroché au bout de la galerie. La lumière de la salle l'atteignait moins que d'autre, le plongeant un peu dans l'obscurité. Plus loin, une corde rouge tirée entre deux poteaux signifiait l'interdit de prolonger la visite dans le musée.
Hanabi s'arrêta devant la peinture. Une arabesque plongeante et colorée, jouant d'un trompe l'œil et de l'attirance du vide, une spirale qui descendait jusqu'à l'infiniment petit au centre du tableau. La jeune Sato l'admira silencieusement pour laisser aussi le temps à Hanzo d'observer l'œuvre. Elle finit par briser le court silence, son ton doux en exprimant son ressenti et le sens qu'elle donnait au tableau.

« Tu vois... On dirait une œuvre psychédélique et sans aucun sens. Mais... » Elle s'approcha légèrement de la peinture pour lui montrer du doigt. « Regarde ici, tu peux voir le sens du tracé des coups de pinceau. Dans le sens des aiguilles d'une montre pour le temps qui passe. Et les couleurs chaudes au début, qui deviennent progressivement plus froides, en passant par d'autres, douces, et si tu regardes bien la spirale finit par du blanc : c'est tout ce que tu vas vivre dans ta vie. Et tout au centre, à la fin... » Elle se tourna vers lui, et l'invita d'un geste à s'approcher encore pour découvrir un morceau de miroir parfaitement rond. « A la fin, après tout ce que tu as vécu... Il y a toi. Comme au début, quand tu regardes le tableau d'un peu plus loin. Il y a toujours toi. » Près de l'œuvre, elle coula ses yeux blonds dans les siens, son œil doré se reflétant dans le morceau de verre au centre de la peinture, avec celui d'Hanzo. « Le véritable voyage, c'est de se trouver soi-même. » finit-elle dans un chuchotement.

Hanabi le fixa un instant, plongeant dans les yeux incisifs et aiguisés du japonais, avant de s'y échapper de quelques pas et d'hausser les épaules.

« Mais c'est une interprétation parmi beaucoup d'autres. On peut aussi imaginer que Tadashi a voulu peindre le fait qu'au bout du compte, tout recommence. Ou qu'à la fin, c'est une autre version de soi qui va regarder tout ce qu'on a vécu, comme si ton reflet regarde derrière lui tandis que toi, tu regardes devant. Enfin, voilà... »

La jeune femme roula ses yeux blonds sur le mercenaire avant de les diriger vers la foule. De cette exposition, c'était celui-ci son tableau préféré. Il reflétait bien la façon des Sato de voir la vie : une succession d'expériences et au bout du compte, tout recommence. Une autre version de soi que l'on regarde, et qui nous regarde, avec une nostalgie douce sans appréhension de ce qui va arriver, sans avoir de regret concernant cette vie remplie de couleurs.
Elle se perdit quelque peu dans la contemplation du tableau, avant de faire coulisser ses prunelles de nouveau sur Hanzo, bien incapable de ne pas le regarder plus d'une minute complète, en se fendant d'un sourire. Dans les lumières tamisées et discrètes de ce coin de l'exposition, ou sous la luminosité ambiante de la salle, peu importait : elle lui trouvait assurément du charme.

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Hanzo Sanada
Lun 26 Aoû 2024 - 1:32
Où est-ce qu'il va d'habitude ? Il ne bouge pas beaucoup, en fait. Tout ce qu'il fait, il le fait tout seul. Le jour où il s'est trouvé une âme de cinéphile, il a trimé d'arrache pied, de la même manière où il a disparu pendant quelques mois dans les différentes régions montagneuses et littorales du Japon, pour se payer un home cinéma dans sa maison d'Arashiyama, plutôt que de se retrouver entouré de gens mâchant du popcorn, se croyant comme chez eux, soufflant leurs bactéries se répandant comme une traînée de poudre dans une grande salle fermée. Lorsqu'il se découvre une âme de fin gourmet, il se met lui même à cuisiner ce qui lui fait envie, parce que déjà on est jamais mieux servi que par soit même, et surtout parce qu'on apprécie encore plus un repas qu'on a préparé avec le coeur et l'envie de bien faire. Cela dit, ça lui arrive souvent d'aller dans des restaurants haut de gamme où il sait que le travail sera bien fait et que les cuistos sont des pros : aucune chance d'avoir de la nourriture avariée, périmée, ou tout simplement venue tout droit du supermarché. De toute façon, Jack s'en assure tout le temps : ce qu'il y a de bien avec les malades, c'est qu'ils ne voient ni fléaux ni Shikigami, aussi le meurtrier de Whitechapel peut-il se frayer un chemin tout tracé sans se faire repérer et informer son invocateur s'il y a quelque chose de louche qui le fera rebrousser chemin. En dehors de ça, comme elle a pu le voir sur le yacht, il joue au billard, et tous les jeux de bars comme le baby foot, ou les fléchettes, et il joue même a des jeux de plateau comme les échecs ! Et il adore jouer contre ... Lui même. Donc il reste chez lui pour faire tout ça. Pas de sociabilisation de prévue là non plus.

Hanzo est seul, avec Jack. Littéralement. Il ne se mêle pas à la foule pour assister à diverses activités, il ne se mélange pas à la populace pour s'amuser quand il peut tout très bien faire chez lui. Alors en dehors de lui répondre qu'il bouge pour se faire une bouffe plus élaborée ...


"Tu va bientôt le savoir."

Ses yeux s'accrochèrent à son sourire, à sa mine joviale. Elle ne change pas, Hanabi, et il a l'impression qu'il a besoin de ce qu'elle dégage comme d'une drogue. Quand elle n'est pas là, quand il ne la connaissais pas, tout était morne et fade. Une vie menée dans l'unique but de parvenir à accomplir un objectif impossible, un objectif qui n'a encore été accompli par personne. Mais depuis qu'elle a déboulée dans sa vie, elle est peut-être un peu plus ... Illuminée ? Amusante ? Intrigante ? Il ne sait pas vraiment. Mais peut-être a t elle en tout cas plus de saveur. La liberté qu'elle représente, il l'admire. Elle l'hypnotise, comme il est presque hypnotisé lorsqu'elle fait tournoyer sa robe et qu'il ne peut s'empêcher de décrocher son regard des motifs fleuris.

Il comprend ce qu'elle veut dire, lorsqu'elle parle d'art. Sa réflexion est des plus intelligentes. Il connaît de nombreux généraux de guerre qui utilisent les arts de certains peuples pour comprendre leur mode de pensée et ainsi établir une stratégie spéciale en conséquence. Mais il est assez insensible à la plupart des arts. Enfin, du coup, le cinéma et la littérature, ça lui parle, mais toutes les œuvres du style tableau ou construction, c'est pas vraiment pour lui. Il ne voit pas l'intérêt de se perdre trois heures sur un truc dont on a fait le tour en deux trois minutes. Pour le coup, il est dans le même état que Jack quand il voit ce genre de choses : ennuyé, dubitatif ... Pas dans un état très reluisant, en somme.

Lorsqu'elle lui présente son tableau, ce fut un peu la même chose que ce qu'il s'imaginait : il cligne quelque peu des yeux, pour essayer de saisir la complexité de la toile, sans vraiment parvenir à comprendre de quoi il en retourne. On ne peut même pas dire qu'il le trouve joli. Il préfère, a la limite, les peintures bien plus réalistes, qui résument parfois un évènement d'une quelconque mythologie. Ici, c'est tellement abstrait qu'il se perd quelque peu dedans. Il lui faut du concret, au masqué. Des plans montés de A à Z, des informations capitales. Pas des trucs qu'il faut deviner ou des données approximatives. Pourtant, face à lui, c'est exactement ce qui se présente : sans doute l'allégorie de quelque chose laissée à libre interprétation de celui qui admire la chose. Il est plutôt d'accord avec la première phrase de la jeune femme, mais à la négation qu'il emploie, il se met à suivre sa main. Il saisit un peu plus les nuances au fur et à mesure de son explication, les tons se font plus révélateurs, le message s'établit, petit à petit. Même si elle semble naïve et enjouée, Hanzo n'a jamais fait l'erreur de la sous estimer ou de penser qu'elle n'est pas intelligente, car il en est persuadé : elle a une clairvoyance qu'il n'a pas. Et elle lui explique ce qu'elle y voit, à ce simple amas de couleurs, il a l'impression qu'elle extrapole, qu'elle abuse, mais les mots qu'elle emploie résonne en lui plus que le tableau, finalement.

Au début, il y a soi, a la fin, il y a toujours soi. Le plus important dans le voyage, ce n'est pas la destination. Se trouver soi même ... Pouah, ça sera pas de la tarte. Aujourd'hui encore, Hanzo ne sait pas vraiment ce qu'il est. Un connard, un hypocrite, un sauveur, un menteur, le juge juré et bourreau, un fou ... Beaucoup d'adjectifs pourraient le décrire, pourtant, il a l'impression qu'aucun ne lui correspond. Il s'imagine plus complexe, mais parfois si simple a comprendre. Et parfois, il s'imagine que tout ça n'est qu'une excuse, que c'est du vent, qu'il ne pourra jamais parvenir à son but, et qu'il aura fait tout ça pour rien. Il ne sait pas ce qu'il est. Le blanc, ça lui correspond bien. Il n'est même pas sûr qu'à la fin de tout ça, il sache. Peut-être que son passage dans ce monde de merde n'aura aucun effet, et que l'héritage d'Ume sera perdu avec lui. Il espère qu'il y a un après, alors, histoire de s'excuser. Puisqu'il n'aura plus que ça a faire.

Il se perdit dans le tableau, silencieux, dissociant presque dessus, plus dans ses réflexions maintenant que par un quelconque intérêt sur celui-ci. Les paroles d'Hanabi sont bien plus inspirantes pour lui que le visuel, actuellement. Et si c'est son ouïe qui est le plus sollicité ici, un léger bruit de verre brisé se fait entendre dans le fond, lui faisant bouger son oreille. Il tourne sa tête sans véritablement regarder Hanabi, vers la zone interdite au public, puis à le réflexe de regarder à sa droite si le jeune tueur s'y trouve. Nullement.


"Fais chier."

Il regarde rapidement derrière lui pour voir si on le regarde et passe le cordon rouge entravant l'accès à la zone prohibée. Il avance quelque peu à la hâte avant de se faire interpeler par une personne qu'il reconnait bien. Le meurtrier londonien se retrouve innocemment sur sa droite, mains dans les poches.

"Qu'est-ce que tu fais là ?"

"Mais c'est a moi de te demander ça ? Toi qu'est-ce que tu fais là"

"J'mate ce qu'on peut pas voir normalement, c'est plus intéressant."

"T'as cassé un truc ?"

"Moi ? Tu m'offenses."

"Mon cul."

"Langage"

"Arrête de jouer au plus mal ... Sans déconner ! Tu te fous de ma gueule ? Tu fais chier !"

Un verre, derrière lui qu'il tente de cacher tant bien que mal, gisait par terre en plusieurs petits morceaux.

"Rooooooh, ça va, j'ai pas fait exprès ! De toute façon ça ..."

"Casse toi, je veux plus te voir. Bouge ! Ouste !"

Si Jack grommèle dans sa barbe, le rouge aux joues, Hanzo souffle bruyamment, mains sur les hanches, avant de glisser son regard sur Hanabi. Il a l'air d'un mauvais père qui sait pas gérer son gosse. Il soupire, encore, et plisse quelque peu les yeux dans un sourire apaisant, autant pour Hanabi que pour lui même.

"Au moins on a la paix, ici."

Et cette fois, il ne se détache pas de son sourire. Son regard ne veut aller nul part ailleurs. Et pas que son regard. Il détache son masque, peut-être trop abruptement, pour sceller ses lèvres dans les siennes. Il n'en avait même pas eu l'occasion, sur le yacht. Tout s'était déroulé si vite qu'ils n'avaient même pas vraiment eut le temps de se poser, même à l'hôpital, Hanzo a pris la poudre d'escampette bien vite. Mais là c'est différent. Il a tout son temps, non ? Il la pousse contre le mur, a côté d'un tableau protégé d'un verre épais, laissant sa main gantée glisser le long de sa robe. Elle sent toujours les agrumes, et c'est un parfum qui lui a manqué. Il s'était déjà fait la remarque, que c'est une odeur qu'il devrait substituer aux herbes aromatiques, un de ces quatre. En tout cas, avec son visage qui se perd dans son cou, y'a vraiment plus de doutes : il est loin d'être venu ici par politesse, mais il voulait tout simplement la revoir. Et il s'apprête à le lui démontrer quand ...

"Moi j'ai pas le droit, mec, mais toi t'as l'air de t'éclater, hein."

La paix, c'est relatif. Il cogne sa tête sur le mur à côté du rayon de soleil - une fois, pour pas passer pour le malade mental qu'il croit être - et tourne sa tête vers le gosse, qui penchait sa tête de manière exagérée au dessus du cordon rouge puis vers Hanabi, quelque peu blasé. Il se redresse alors, et remet son masque.

"De toute façon, j'ai réservé pour aller manger quelque part. On va pas devoir tarder. Enfin, si t'as rien prévue d'autre."

A ces mots, les yeux du petit s'illuminent, et il se met a sautiller de joie en s'exclamant tout l'enthousiasme dont il est capable. Un comportement qui, malgré ses conneries récentes, fait sourire Hanzo. Mais ses yeux s'accrochent maintenant à ceux d'Hanabi, attendant une réponse qu'il espère positive. Il a tout prévu pour que la soirée soit excellente, alors il espère que la jeune femme joue le jeu de se laisser guider.
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Mer 28 Aoû 2024 - 0:14

Il ne dit rien lorsqu'elle lui exprima ses pensées vis-à-vis du tableau, pas plus qu'il n'émit aucune remarque une fois qu'elle eut fini. Elle jetait ses prunelles blondes sur lui alors qu'il semblait absorbé dans ses pensées, face à l'œuvre peinte par Tadashi. Hanabi laissa un léger sourire étirer ses lèvres, alors qu'elle se disait qu'il avait l'air bien concentré, finalement peut-être plus intéressé qu'il ne l'avait laissé paraître par le tableau et tout ce qui l'entourait. Peut-être avait-elle éveillé sa curiosité en lui racontant son point de vue sur ce dernier. Peut-être y trouvait-il, en ce moment même, quelque chose qui lui parlait, un sens qui lui était propre et qui ne prenait forme que dans son esprit, bien à l'abri des regards indiscrets. Elle ne lui ferait pas l'outrage de le déranger et dirigea enfin son attention vers la foule dans la salle.
Tadashi avait invité du monde, ce soir. Elle laissa courir ses yeux sur les silhouettes de tous ces gens regroupés au même endroit, officiellement pour un même but, mais officieusement pour des objectifs bien différents. Tout comme elle, finalement, qui avait simplement saisi l'occasion d'inviter le mercenaire sous prétexte de ce vernissage. Juste pour le revoir, comme elle lui avait dit sur le yacht.

C'était étrange comme il avait déboulé dans sa vie, et comme elle s'accrochait à lui, sans aucune raison apparente. Hanabi suivait le courant, généralement, elle ne se posait pas vraiment de questions sur l'origine des choses, le pourquoi du comment. Pour autant, elle savait éviter les problèmes dans sa vie, elle n'était pas totalement naïve comme son petit frère, ni crédule à croire tout et n'importe quoi, n'importe qui. Elle savait qu'Hanzo n'était pas une personne recommandable, et qu'elle ne devrait pas chercher à le revoir comme elle l'avait fait. Peut-être que c'était pour ça, qu'elle n'avait jamais eu le courage de lui envoyer ce message durant les deux mois précédents. Peut-être qu'au fond, elle savait que c'était une mauvaise idée. Alors, pourquoi s'était-il retrouvé à nouveau sur son chemin ? Pourquoi les fils de leur vie s'étaient encore croisés, alors qu'il était tout ce qu'on lui avait dit d'éviter ?
Une autre question subsistait : qu'en penserait son entourage, si ça venait à se savoir ?
Et d'un autre côté, avait-elle trahi ses propres valeurs et sa propre personne, en faisant cela ?

Les deux mots prononcés par le masqué attirèrent de nouveau l'attention de la comète sur lui. Elle le vit traverser la barrière pour entrer dans la zone prohibée, en soi un simple cordon rouge tiré entre deux poteaux, placé ici uniquement pour signifier les limites de la salle réservée au vernissage. Hanzo disparaissait dans l'obscurité du couloir non éclairé, et elle ne mit pas longtemps à le suivre à la fois curieuse et inquiète.

« Hanzo ? » Aucune réponse. Elle l'avait même perdu de vue dans le couloir, sans savoir dans quelle direction il était allé. Elle cria tout en chuchotant, parce qu'ils n'avaient pas le droit d'être là. « Foda-se...! » Elle s'arrêta en apercevant la lumière rouge et clignotante d'une caméra de vidéosurveillance, soupira avant de continuer de le chercher, pour le retrouver un peu plus loin, enfin. « Hanzo mon ange, on ne devrait pas être là, viens. On devrait retou- »

Hanabi s'arrêta en le rejoignant, coupant court à ce qu'elle lui disait alors qu'elle l'entendait s'agacer, son timbre de voix grondant dans le couloir. Son regard blond se posa sur le jeune Jack devant lui, puis sur le verre à ses pieds, et il revint se loger sur le japonais qui finissait de fulminer quelque peu devant l'enfant écourtant ses excuses et explications en le renvoyant ailleurs, quelque part où il ne pourrait plus le voir. Hanabi fit légèrement ciller ses prunelles sur la petite silhouette du meurtrier de Whitechapel, peu certaine que lui crier dessus ne règle quoi que ce soit. Mains sur les hanches, Hanzo soupira avant de la regarder et elle coula dans son regard le sien, répondant à son sourire.

« Ne lui en tiens pas ri- »

Pupilles dilatées, souffle coupé. Elle ne finit jamais sa phrase, le reste se perdant scellé entre les lèvres du sniper de l'Ordre Occulte. Son dos rencontra un mur, rapidement, et elle luttait entre l'envie et la raison. Une partie d'elle savait que ce n'était ni le moment ni l'endroit, l'autre souhaitait se perdre dans le moment et l'endroit. Elle ne fit ni l'un ni l'autre, répondant à son baiser tout en retenant sa main gantée qui voyageait sur le tissu pourpre de sa robe. L'autre se perdit dans les cheveux bruns, pourtant, demandeuse de plus alors qu'elle laissait s'échapper un murmure étouffé dans les affres du désir du mercenaire qu'il laissait courir dans son cou, lui tirant un frisson d'envie.

« Attends, Hanzo, on ne devrait pas- pas ici- »

Quelqu'un pourrait passer par ici. Il y avait les caméras aussi. Mais il avait choisi un angle mort. Clairvoyant. Prévoyant. Enfin, quelqu'un pouvait toujours arriver et les surprendre. Ils n'avaient rien à faire là, et surtout pas ça. Mais peut-être que c'était ça, le plus excitant dans cette situation. Peut-être que c'était ça le plus excitant avec lui.

Elle n'avait rien à faire avec lui, et surtout pas comme ça.

Hanabi ne réprima pas le sourire en coin qu'il lui tirait. Il avait gagné, c'est bon, tant pis. Ses doigts filèrent entre les siens sans les emprisonner, seulement pour en suivre la course sur ses courbes. L'autre s'aventurait sous sa veste, épousant le tissu noir pour remonter dans son dos et le presser contre elle. Elle ferma les yeux, bien incapable de le repousser quand bien même elle aurait eu envie de le garder à distance. Mais de distance, elle n'en voulait pas. La tension entre eux était délicieuse pourtant, elle n'avait rien à voir avec le parfum qui se dégageait de ses caresses et de ses baisers, un peu trop brusques, un peu trop avides. Le parfum du danger.
Tout s'arrêta aussi soudainement que tout avait commencé. Elle rouvrit ses yeux blonds sur la nuque de l'homme près d'elle, puisque c'était tout ce qu'elle voyait de lui à présent. Le cœur battant, des papillons plein le ventre. Le rose aux joues, le souffle court.

Il se détachait avec aisance, camouflait de nouveau son visage sous son masque de peste, l'abandonnant là contre ce mur. Si elle avait l'habitude d'être la prédatrice, elle ressentait à présent ce qu'elle faisait subir à ses victimes. Les rôles étaient inversés, et sa position lui déplaisait, étrangement. Elle se sentait bizarrement... Vulnérable. Se jouait-il d'elle ? Assurément, tout ce petit jeu lui plaisait. C'était en tout cas ce qu'elle lisait dans les iris perçantes qui vibraient dans l'obscurité du couloir. Est-ce que ce petit jeu, il lui plaisait à elle ?

Indiscutablement.

Il lui renvoyait la balle, après avoir tiré son coup et loupé malencontreusement de marquer un point. Il attendait, semblait-il, son approbation et lui tendait une perche pour qu'elle joue à son tour. Enfin, c'était ainsi qu'elle le concevait dans sa petite tête, face à cet homme qui l'intimidait peut-être un peu trop du haut de ses vingt-huit ans et de sa présence. Devant lui, elle avait souvent l'impression de perdre tous ses moyens. Elle lui décocha un sourire, pourtant. Jouait la comédie, d'être peut-être plus mature qu'elle ne l'était réellement, du haut de ses vingt-et-un ans.

« Rien qui ne puisse pas attendre, en tout cas. »

Avouer qu'elle n'avait absolument rien prévu après le vernissage parce qu'elle comptait évidemment passer sa soirée avec lui ? Non, voyons ! Ce serait lui donner une occasion d'apercevoir son obsession prématurée, concéder à ses yeux qu'elle lui était déjà assurée, quand bien même elle lui était déjà assurée. Difficile de jongler entre l'image qu'elle voulait lui donner, et celle qu'elle était, mais devant lui elle ne savait plus comment réagir vraiment. Ici, ils n'étaient pas sur le terrain, il n'y avait qu'elle et aucun fléau pour détourner son attention de sa personne. Hanabi passa une main dans ses cheveux de blé, replaçant quelques mèches effarouchées par l'assaut de l'invocateur, elle en profita pour baisser quelque peu les yeux et engager le pas vers la salle et sa lumière, le précédant pour reprendre contenance. Elle coula un regard brillant et attendri sur l'enfant qui sautillait de joie à l'idée de sortir et d'aller manger. Encore fallait-il qu'elle sorte d'ici sans se faire attraper par la foule.

Hanabi pivota légèrement vers Hanzo, laissa courir ses yeux de ses pieds à son visage avant de les poser dans les siens, quelques doigts indiscrets s'accrochant à la ceinture à sa hanche.

« Il va falloir que tu me caches près de toi, sinon je vais encore disparaître dans la masse. »

L'œil blond scintilla de malice, et elle fit flasher ses dents avant de le tirer quelque peu derrière elle pour l'engager dans sa marche. Hanabi se glissa ensuite entre le mur et sa silhouette, épousant la foulée de l'invocateur pour passer inaperçue dans son ombre. Presque pressée contre lui, elle sursauta d'un léger rire, alors qu'ils longeaient discrètement mais rapidement la salle pour atteindre la sortie. Elle s'en échappa dans un petit trot, ses cheveux sursautant dans son dos avant qu'elle ne s'arrête pour prendre une bouffée d'air frais, une fois dehors. La nuit était tombée à présent, et Kyoto s'était allumée de toute sa lumière artificielle. Le regard brillant de tous ses éclats, elle le laissait s'accrocher vers le ciel pour apercevoir quelques étoiles entre deux nuages.
D'un nouveau sourire offert, elle le suivit jusqu'au parking sous-terrain dans lequel il s'était garé, non loin du musée. Hanabi n'était pas fan de ce moyen de transport, mais elle n'était pas bien compliquée et elle comprenait tout à fait pourquoi lui, il ne pouvait pas s'en passer. Elle se doutait qu'il devait détester les transports en communs, tout son contraire.

La jeune femme laissa courir ses doigts sur la carrosserie noire et reluisante du grand SUV, attrapa  dans ses doigts manucurés la poignet de sa portière et s'installa dans la voiture non sans lancer un regard plein d'étoiles à son propriétaire. Comme elle s'y était attendue, l'intérieur était impeccable et elle se sentait presque de trop dans l'habitacle immaculé. Elle se tint tranquille, donc, son petit sac réfugié sur ses cuisses serrées, alors qu'elle attachait sa ceinture, doucement. Elle se mordit la lèvre inférieure, explorant de ses prunelles blondes le tableau de bord avant de les faire s'échouer sur le profil d'Hanzo.
Si elle resta silencieuse le temps de sortir du parking, elle ne put s'empêcher de lancer quelques accroches de conversation pour combler la légère attente, malgré la musique douce.

« Ça sent bon dans ta voiture. J'aime bien l'odeur du cuir, c'est une de mes odeurs préférées. Tu m'emmènes où ? »

Elle abaissa sa fenêtre pour laisser s'évader son bras et sa main dans le vent. Dans le rétroviseur central, elle guetta l'expression du jeune meurtrier à l'arrière, tenta de briser la glace avec délicatesse. Si cette approche ne prenait pas, une autre le fera plus tard.

« Et toi Jack, tu sais où on va ? Est-ce que t'es complice ou victime ? »

Le trajet dura quelques minutes au cours duquel elle ponctua le silence de quelques remarques à propos des lumières de la ville, et de ce qu'elle connaissait du quartier. Des anecdotes des boutiques qu'elle reconnaissait, et autre information balancée pour combler le silence et l'attente. Cette fois garée dans la rue, Hanabi sortit de la MG noire et referma doucement la portière. Elle rejoignit Hanzo sur le trottoir et se posta près de lui, un grand sourire sur son visage.

« T'es vachement fort pour garder un secret. » lui glissa t-elle taquinement, puisqu'il ne se décidait toujours pas à lui dire où ils allaient si ce n'était la guider.

Hanabi le suivit jusqu'à un restaurant. Son regard parcourait la décoration et chaque détail qu'il pouvait attraper, alors qu'elle se laissait totalement mener par Hanzo jusqu'à s'installer à leur table. Croisant les jambes dans sa robe fleurie, la jeune Sato accrocha ses yeux à lui. Mine de rien, tout ça lui avait donné faim, d'autant plus qu'elle n'avait pas vraiment eu le temps de profiter du buffet au vernissage. Tadashi l'avait littéralement kidnappée pendant une bonne demi-heure avant qu'elle ne rejoigne le mercenaire et son invocation. Elle n'était même pas certaine qu'elle ait pu boire une gorgée de son verre.
Elle lui décocha un sourire, ses lèvres nappées d'un rouge profond s'étirant pour délivrer à son visage une expression lumineuse.

Hanabi's Outfit:
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Hanzo Sanada
Jeu 5 Sep 2024 - 17:01
Une soirée tranquille, un homme qui pour une fois, se laisse porter par un courant calme et apaisant. Une nuit sans heurts, sans pensées négatives, sans ombres sur le tableau. Après tout, le feu d'artifice de l'Hokkaido les a balayés depuis qu'elle est rentrée sur la scène, éclipsant les autres rôles, les ténèbres environnantes, éclairant le sentiers pentu emprunté par le mercenaire. Sa réaction à son action passionnée témoigne du fait qu'elle est tout aussi prompt à se laisser aller, à écouter son envie de passer davantage de temps avec le masqué. Ce dernier, d'ailleurs, en est clairement satisfait. Sa tension a augmentée, son sourire s'est attiré à chacun de ses gestes qui l'on accompagné. Bien sûr, il aurait été plus loin sans l'intervention du gamin. Y'a pas de doutes à avoir, et même s'il dira plus tard qu'il se serait contrôlé, il n'en aurait rien été. Seule l'insistance d'Hanabi peut l'arrêter. S'il a appris à contrôler ses pulsions, du moins le plus possible, il y en a certaines qui demeurent persistantes et violentes. Succomber à son désir, calmer la panique, contenir un énervement ... C'est le genre de chose contre lesquels il doit parfois se battre de toutes ses forces. Parfois, il gagne la bataille, d'autres fois, il la perd. Pour le premier exemple, depuis longtemps, ça lui arrive très rarement, et il n'a aucun mal a réfréner ce genre de tentation. Mais Hanabi est ce qu'elle est : spéciale, joviale, solaire, tout ce qui l'attire, tout ce qu'il idéalise chez un exorciste accompli, alors que finalement, elle a encore toute la vie devant elle. Bien des gens n'atteignent pas son mental, et surtout avec l'âge qui avance, on a tendance à être encore plus pessimiste que d'habitude.

Il a mis des mots, sur ce qui lui permet d'avancer et d'être complètement attiré par la jeune femme. Ou plutôt, il a compris que c'est toutes ces raisons qui maintiennent son intérêt pour elle. Il pourrait avoir une aventure, avec quelqu'un comme lui, dans l'ordre occulte. Mais ce n'est pas une histoire qui pourra durer, tout simplement parce que sa partenaire sera ... Comme lui. Elle en aura trop vu, négative, blasée, et puis de toute façon, pour entrer dans l'ordre occulte, il faut être foncièrement malade. Blessé, cassé, quelque part en soi, dans son âme. Il ne peut pas sortir avec quelqu'un qui lui ressemble. C'est sans intérêt.

Il penche la tête, amusé, lâche un sourire devant la formulation de sa phrase, et s'avance mains dans les poches vers la sortie. Il comprends très bien le sens de sa réponse, et la perçoit presque comme de l'ironie, du sarcasme, non sans remarquer quelques gestes qu'il perçoit comme de la gêne qu'elle tente de masquer. C'est mentir, cependant, que de dire qu'il ne s'en amuse pas. Au début, à leur toute première rencontre, il l'estimait déjà trop haute pour lui, presque inaccessible. Aujourd'hui, tout est différent, mais elle garde tout de même cette aura d'une personne bien au dessus de lui. Comme si, spirituellement, elle est à un autre échelon qu'il ne peut même pas rêver atteindre. Peut-être peut-il se hisser à ses côtés, s'il se laisse faire, s'il lâche prise. Mais perdre un tant soit peu de contrôle ? Pour Hanzo, c'est mission impossible. Il cherchera toujours à avoir un minimum de prise sur sa vie. Un plan, construit de A à Z. Ne pas avoir de plan, c'est l'incertitude, et l'incertitude, c'est un chance d'échouer. Pas de plan, c'est l'anarchie et la panique. Même lorsqu'il n'en a plus, il en construit un à la va vite, sinon, c'est la noyade. Mais Hanabi ne se noie pas, elle, elle nage au milieu des dauphins. Hanabi est fascinante, quoi qu'elle fasse, et elle reste une source d'inspiration et surtout d'admiration pour le masqué.

Il lui jette un coup d'oeil, lorsqu'elle lui demande de la cacher. Ouais, ça aussi, il sait faire. Même avec son masque, il est une ombre qu'on ne remarque quasiment pas. Surtout de nos jours : les gens n'hésitent plus à se parer de vêtements parfois fantaisistes, que ce soit à Harajuku ou ailleurs. C'est dans les quartiers les plus traditionnels que ça passe beaucoup moins inaperçu, comme justement à Arashiyama. Mais le masqué a appris à faire fi du regard des autres. Ils ne comprennent pas, ils n'ont pas cinquante pour cent de la perception qu'il a du monde. Ils n'ont pas tous les outils pour, en même temps. Ils sont malades, après tout.

Hanzo se met dans une position de manière a masquer la présence de la jeune femme. Comme il se fond dans le décor et que son aura d'introverti fais son effet, ils parviennent sans mal à se diriger jusqu'à l'extérieur sans être repérés. S'il ne l'embrasse pas sur le haut de la tête, en essayant de sentir le parfum de cette dernière, c'est uniquement à cause du masque de peste. Les bonds orchestrés par sa coiffure pendant sa démarche sont ensorcelants, son sourire même est empreint d'une certaine magie qui l'empêche quelque peu de regarder ailleurs. L'air frais lui fouette le visage. Il ferme quelque peu les yeux, le peu de ses cheveux courts le pouvant suivent le cours du vent. Et il se remet en marche, après un clin d'oeil, vers le parking sous terrain.

Sa voiture noire l'y attend. Bien sûr, s'il avait pu, il en aurait pris une plus tape à l'oeil. Du blanc, trop salissant, du violet et du orange, trop vite repérable. Du noir aux vitres teintées, c'est sans doute bien moins joli, mais pour les filatures c'est le plus optimal. Pour ses missions, la discrétion est toujours de mise, de toute manière. Sa façon de procéder est simple : un tir, un mort, on en finit le plus rapidement possible. Mais le mieux, pour se dépêcher de rentrer dîner, c'est encore de ne pas se faire remarquer, d'opérer l'exécution en quelques secondes, de toucher le pactole, et de se faire un bon steak. Clean, sans bavure. L'intérieur de la voiture, en revanche, est tout ce qu'il y a de plus lumineux. Pour peu, on penserait rentrer direct au paradis. Les sièges sont d'un blanc immaculé, le reste plus ou moins en beige avec quelques lumières bleues. Honnêtement, c'est compliqué de dire qu'on se sent mal dans une telle caisse. Hanzo met les moyens de ses ambitions dans les choses qu'il aime. Et sa voiture, il adore la chouchouter. Aussi, l'intérieur est tout ce qu'il y a de plus propre. Et il entend bien que ça le reste. Alors s'il ne dit rien à Hanabi sur son comportement, il n'hésite pas à rappeler à Jack les règles de bienséance, un rappel de la manière de se conduire dans son carrosse électrique.

Il enlève ses gants, se regarde dans la glace, réajuste quelques cheveux, puis allume la radio. La musique, même pour quelqu'un comme lui, c'est des plus apaisants. Quand Haru chante, il ne peut pas s'empêcher de le fixer, avec le cerveau sur off. Et contrairement à ce qu'on peut penser, il ne méprise nullement les soirées guitare au coin du feu. C'est tout aussi reposant. La musique douce à sur lui des effets incompréhensible, pour lui, en tout cas. C'est comme s'il s'éteint telle une machine, tout simplement, lorsqu'il entend la mélodie parvenir jusqu'à ses oreilles. Bon, alors qu'est-ce qu'on met ... Du jazz. Du jazz, ça fera l'affaire.

Il prit le compliment d'Hanabi sur sa voiture droit au coeur. lui qui met un point d'honneur à ce que tout soit clean, il apprécie tout de même qu'on se sente bien chez lui. Dans sa voiture, dans sa maison. C'est pas comme s'il y invite beaucoup de monde, mais le peu de gens qui comptent pour lui, ça le rassure de savoir qu'ils s'y sentent bien. Quant au lieu de rendez-vous, il tient à garder le lieu secret pour le moment.


"Ce serait dommage de gâcher la surprise alors qu'on est à ... quelques minutes. Plusieurs. Mais le quartier est calme, c'est le plus apaisant de Kyoto. Et de Tokyo, d'ailleurs. Pour ça que j'y habite. L'atmosphère et l'ambiance y est plus sereine."

"Pis moi j'sais pas non plus. Mais eh, se laisser surprendre fait pas d'mal. Parfois c'est même mieux d'rêver qu'le résultat final. Mais l'vieux déçoit jamais."

Il se surprend presque à parler de tout et de rien, lui qui n'a justement pas l'habitude de parler pour ne rien dire de concret. Il n'y a qu'avec ses amis qu'il parle de la pluie et du beau temps, et des amis, il n'en a pour ainsi dire qu'un seul, signe que l'exorciste indépendante prend une plus grande place qu'il n'aurait pu le croire dans sa vie. Le trajet se déroule paisiblement, bercé par la douce voix d'Hanabi, de ses petites histoires qu'il prend grand plaisir à écouter avec attention, de ses propres remarques qu'il glisse naturellement. Finalement, il se gare. Finalement, ils sortent, et il remet ses gants. Finalement, ils marchent vers l'objectif, et elle lui fait remarquer qu'il n'a toujours pas lâché le morceau. Après tout, s'il n'était pas mystérieux et qu'il ne savait pas garder confidences et secrets, il ne serait pas professionnel, ni bon de ce qu'il faisait de mieux. C'est une seconde nature, d'être ainsi, et de ne rien révéler. C'est peut-être l'une des choses qui le maintient en vie, la discrétion.

Il n'a pas a tenir sa langue bien longtemps, de toute manière. Il rentre dans le restaurant, et d'un mouvement machinal, se dirige vers la table réservée. Toujours la même que d'habitude, même le personnel le connait. Une table un peu plus éloignée des autres. Il exige l'excellence, et est prêt à payer pour l'obtenir. Lui qui ne s'accorde que peu de plaisir, bien manger en fait pourtant parti. Lorsqu'on accumule beaucoup d'argent et qu'on boucle les fins de mois - ou plutôt, dans son cas, qu'on additionne son salaire d'exorciste à des contrats du monde humain classique, lui permettant de mettre ses talents d'assassin au service d'un boulot plus simple et pourtant plus lucratif encore - mais qu'on a pas beaucoup d'activités qui nous intéresse, on pousse a l'extrême ce qu'on peut faire dans nos activités préférées. Et bien manger, pour Hanzo, c'est un impératif. Il aime qu'on le surprenne sans pour autant se demander s'il va survivre à ce qu'il y a dans l'assiette. S'il n'y a pas des merdes ou quoi que ce soit qui peut l'emmerder. Une fois, il a vu un cheveux dans son plat. Il est parti en cuisine, et autant dire qu'il a fait la fête à tous les charlatan qui se prétendaient cuisiniers. Il ouvre lui même la chaise à Hanabi, sans même attendre le serveur, pour qu'elle s'installe à son aise, puis va s'asseoir en face d'elle, et coule ses yeux dans les siens. Il n'a pas pour habitude d'attendre qu'un serveur le prenne a disposition, et de toute manière, ils connaissent ses habitudes, et s'il vient à sa rencontre, c'est par simple formalité.

On peut dire qu'Hanzo est tout de même assez aisé. Il n'y a qu'à voir l'endroit où il l'emmène, c'est pas vraiment donné. Mais une petite contrariété lui vient en tête. Une idée, persistante, qui ne veut pas s'échapper. En temps normal, il s'en fiche, il n'a même pas ce genre de pensées intrusives. Mais il n'aurait pas d'intérêt pour Hanabi s'il ne se posait pas ce genre de question sur elle. Alors voilà, maintenant qu'il la regarde, ça ne sort pas de sa tête : est-ce qu'elle lui en tiendrait rigueur, est-ce qu'elle le regarderait de la même manière, si elle savait que sa petite fortune s'était faite sur une montagne de cadavre, aux dépens de pauvres bougres s'étant retrouvés sur une liste noire ? Hanzo n'a pas vraiment de remord. Si ce n'est pas lui, c'est quelqu'un d'autre qui s'en charge, alors autant que l'argent soit pour sa poire. Mais pour une personne libre comme elle, avec des principes, est-ce que ça changerait quelque chose ? Il n'en a aucune idée. Et il n'a aucune envie de tout gâcher sur ce genre de questions existentielles à la con.

Jack, de son côté s'est saisi d'une chaise, comme on a pas pensé à lui. D'habitude, Hanzo se poste bel et bien à cette table à deux places, un peu large pour laisser un espace personnel à chacun, et Jack s'assoit en face. Là, c'est Hanabi qui lui a pris, mais bien conscient que ça allait se finir ainsi, et l'ayant assimilé, le môme s'était déjà dirigé vers la première table pour faire glisser la chaise jusqu'à leur table. D'un point de vue extérieur, donc d'un malade, elle pouvait toute aussi bien avoir été traînée par le pied du masqué.


"Ah, bah j'connais, ici."

Et puis il se tut, sans donner plus d'informations à Hanabi, mais son enthousiasme ne s'éteint pas. S'il ne montre plus rien, il trépigne tout de même d'impatience, se tortille sur son siège, et attend impatiemment. On leur apporte deux cartes, et l'un des serveurs s'étonne tout de même de voir une chaise vide. D'habitude, Hanzo mange bien avec Jack, parfois. Mais ça se repère moins lorsqu'il est seul. Il prétexte donc attendre quelqu'un et qu'il va commander pour lui, avant de reporter son attention ... Sur Hanabi.

Pour Hanabi, ça doit être un peu plus déconcertant. En fait, les noms d'entrées et de plats sont des dessert, et vice versa. C'est quelque peu déroutant pour quelqu'un qui n'y connaît absolument rien, et pour cause : ils sont dans un restaurant trompe l'oeil. Donc il n'y a pas que la surprise de la carte qui sera surprenant. Il adresse un sourire à la jeune femme, déplie sa serviette, détache son masque et le pose sur le nouveau support bien propre.


"Je viens souvent ici. La carte change souvent, le principe est sympa, et même si y'a pas 10 choix à la carte, ça montre au moins que ça bosse et que les produits sont frais. Au moins, tu verras que tous mes tuyaux sont cleans. Tu peux me faire confiance là dessus. Enfin, j'espère que t'es intriguée, au moins, ça te va ?"

Hanzo ouvre sa carte, et Jack se lève pour regarder par dessus son épaule. Le masqué apprécie qu'on respecte les bonnes manières, mais il laisse faire le meurtrier de Whitechapel : c'est plus facile ainsi qu'ils regardent ensemble plutôt qu'une troisième carte se lève toute seule. Le plat qui se mange tout seul, c'est déjà moins chiant puisque c'est caché par la chaise.

"C'est cool de se voir comme ça. J'veux dire, pas de problème, pas d'emmerde, pas de fléau à trucider, une transaction qui part pas mal. Juste nous deux, ça fait plaisir."

Il sait même pas vraiment quand il a pris une dernière relation au sérieux. Probablement parce qu'il n'a pris que la première au sérieux. Mais là, il sent que c'est plus important que ce qu'il a connu jusqu'alors, alors il met le paquet et il fait tous les efforts du monde, quoi que ça ne lui en demande pas tant.

"Enfin on est pas a l'abri que le fléau des cornichons ou des anchois viennent tout gâcher, mais ça fera juste ce qu'il faut d'action. Ils devraient pas être bien chiants."

"Ou des cafards. Un fléau cafard jaloux que le resto soit aux normes d'hygiène et qui vient bousiller ton resto pref'."

Manquerait plus que ça. Jack est fort pour porter la poisse, alors il n'ose rien rétorquer de peur qu'il rajoute des éléments qui peuvent se rajouter et totalement se produire.

"M'enfin bon ... Depuis le yacht, ça va ? T'es toujours blessée, ou ils ont pu te rafistoler comme il faut ?"
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Hanabi Sato
Sam 7 Sep 2024 - 0:11

Hanabi laissait son regard papillonner quelque peu sur l'intérieur du restaurant et sa décoration, mais elle revint très bientôt le poser sur l'homme en face d'elle, tout de même bien plus intéressant que tout ce qu'elle pouvait voir ici. Elle n'était jamais venue, personnellement, c'était une première contrairement à l'invocation qui se tortillait d'impatience sur la chaise qu'elle avait tiré pour s'assoir avec eux. La comète coula sa blondeur sur l'enfant, souriant avec douceur et attendrissement devant son excitation à peine contenue.

« Ah oui ? T'es un sacré veinard, dis donc. » lui glissa t-elle en retirant d'un geste aérien de ses doigts une poussière coincée dans ses cheveux en épis.

Elle évita de peu un coup revêche de la part du petit meurtrier, sursauta d'un léger rire quant à sa potentielle remarque désobligeante et lui offrit pour toute réponse un sourire solaire avant de reporter son attention vers Hanzo. Ce fut à ce moment-là qu'on leur apporta les cartes. Hanabi prit la sienne d'un remerciement poli envers le serveur, ses doigts fins glissant sur le papier cartonné pour en découvrir le contenu.
Oh mais ! Elle se souvenait d'avoir entendu parler de ce restaurant. Il était sur sa liste de ceux qu'elle voulait tester, depuis son ouverture. Après tout, un restaurant spécialisé dans les trompe-l'œil, c'était pas monnaie courante. Un temps, elle voyait toujours leurs publications apparaître sur son fil d'actualité. Son regard glissa sur le mercenaire en face d'elle qui avait quitté son masque pour le plus grand bonheur de ses yeux blonds. Elle répondit naturellement à son sourire par le sien, hocha la tête doucement.

« Oui, bien sûr ! Ça fait longtemps que je voulais venir tester ce restaurant. Je suis contente de le faire avec toi. » lui répondit-elle d'un flash de ses dents entre ses lèvres peintes.

Quant à lui faire confiance pour le choix d'un restaurant ou lui prouver que "ses tuyaux étaient clean", elle laissa couler les paroles du brun sans y apporter de réponse, si ce n'était celui de ne pas y accorder vraiment d'intérêt. Elle avait mis sa vie entre ses mains, alors évidemment qu'elle lui faisait confiance pour ne pas l'empoisonner. Et puis, elle n'avait jamais remis en question ses goûts jusque-là, avait toujours apprécié ce qu'il portait, et n'avait jamais vraiment douté qu'il ait de bons goûts en règle générale. Et même s'il ne l'avait pas emmenée dans un endroit hors du commun comme celui-ci, elle s'en serait satisfaite. Hanabi n'était pas une personne difficile concernant la nourriture, quand bien même elle appréciait beaucoup la nouveauté, elle aimait tout autant retrouver la saveur de plats connus et familiers.
Mais pour leur première sortie officielle en tant que... En tant que ? Enfin, elle imaginait qu'il souhaitait l'impressionner peut-être. L'attention la touchait, évidemment.

Elle suivit d'un œil tendre l'interaction entre l'invocation et l'invocateur. Elle ne perdait rien de ce qui se passait sous ses yeux, et à vrai dire, elle découvrait un côté d'Hanzo qu'elle s'étonnait de lui voir. Ce n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Il se révélait plus affectueux et doux qu'elle ne l'aurait imaginé être. Parce que finalement, si elle l'avait vu relativement calme et posé, elle n'aurait pas collé à son prénom les adjectifs doux et affectueux. Elle se souvenait parfaitement des quelques bleus que leur ébat lui avait laissé, en souvenir de la nuit passée avec lui. Pas qu'il avait été réellement violent, mais il n'y était pas allé de main morte pour l'emporter dans une chambre. Elle non plus, cela dit.

Le menton posé sur ses doigts joints, elle le caressait des yeux, quelque peu perdue dans les souvenirs de la conclusion de leur première rencontre, en l'écoutant distraitement. Elle cligna légèrement ses longs cils pour se fendre d'un sourire taquin à sa remarque. Mais elle était contente qu'il souligne le fait d'être juste tous les deux, dans un autre contexte que ceux dans lesquels ils s'étaient vus jusque-là. Un contexte plus officiel, qui avait tout d'officieux pourtant. A qui allait-elle pouvoir dire qu'elle fréquentait un mercenaire de l'Ordre Occulte, assurément un meurtrier, recherché, et vraiment peu recommandable ?
Personne.
Enfin, est-ce qu'elle pouvait dire qu'elle le fréquentait vraiment ? Ce n'était que leur premier vrai rendez-vous, après tout. Peut-être qu'il n'y en aurait pas d'autres, peut-être que c'était s'avancer. Hanabi préférait se laisser porter par le moment, au jour le jour, dans ce genre de relation. Elle s'était posée bien trop de questions jusque-là, vis-à-vis de lui, et ça ne l'avait pas menée à prendre de bonnes décisions. Autant poser un peu son cerveau et arrêter de trop se prendre la tête.

« Ça me fait plaisir à moi aussi. » lui répondit-elle d'un flash de ses dents entre ses lèvres peintes.

Elle ne mentait pas. Elle était vraiment heureuse de pouvoir le revoir juste seule à seul. Après les deux incidents qu'ils avaient vécu, il était temps d'explorer un peu le lien qui s'était établi entre eux, malgré eux. Pour le meilleur ou pour le pire, ça, elle le saurait après l'avoir côtoyé un peu.
Hanabi s'éclaira d'un léger rire à sa pointe d'humour. Ça aussi, il savait bien le faire : si la première fois il s'était gardé de le lui montrer jusqu'à la toute fin, sur le yacht il n'avait pas vraiment manqué de blaguer quelquefois. Hanzo avait un humour tout particulier, très sarcastique. Le genre où on pouvait totalement passer à côté si on n'en voyait pas les subtilités. Si Hanabi n'était pas du même genre, elle ne manquait pas de comprendre ces plaisanteries. Elle avait déjà vu certaines personnes mal les prendre et mal les interpréter. Ce n'était pas son cas.
Petit Jack en rajouta même une couche et Hanabi ne manqua pas d'y mettre elle aussi son grain de sel.

« Il n'y a jamais qu'un seul cafard. On serait sûrement envahi et on devrait sortir la grosse artillerie pour s'en sortir : c'est vachement résistant ces bestioles. » rebondit-elle d'un ton enjoué. « Ça me rappelle la fois où j'avais fait un élevage de cafards avec Asuma dans une boîte au monastère. On était super fiers et on en prenait bien soin, jusqu'à ce qu'un autre enfant trouve notre boîte, l'ouvre et laisse s'échapper toutes les bêtes. Les intendants n'étaient vraiment pas contents et on a mis au moins quatre jours à retrouver tous les cafards. On s'est pris une sacrée rouste mais qu'est-ce qu'on avait ri après. »

Hanabi s'anima d'un rire à ces souvenirs. Même Asuma s'était bien amusé, malgré les remontrances et au final, ça avait fini en une bonne anecdote à se rappeler au coin du feu, ou sous les couvertures pour se remettre du baume au cœur. Elle fit ciller son regard blond sur Hanzo, et eut un geste de la main apaisant vers lui, soudain consciente des conclusions qu'il pouvait en tirer avec sa condition.

« Je ne fais plus d'élevage de cafards depuis longtemps, ne t'en fais pas. » le rassura t-elle d'une belle risette. « Si je devais faire un élevage de petites bêtes, je pense que je choisirai des papillons. Ça a quand même beaucoup plus d'allure. »

Elle n'était pas certaine que c'était plus rassurant pour lui d'entendre ça, mais après tout, les papillons c'était beaucoup moins mal vu que des cafards. C'était joli, délicat, plein de couleurs, ça butinait dans les fleurs et ne traînait pas vraiment n'importe où autre que sur des supports aériens. Et puis, quoi qu'il puisse en penser, Hanabi adorait les papillons. Comme les fleurs. Comme les couleurs. Comme beaucoup de choses.
La jeune femme accrocha ses prunelles dans celles de l'homme en face d'elle alors qu'il changeait finalement de sujet pour s'intéresser à sa santé.

« Oui, ça va. Je n'ai qu'une petite marque qui me reste sur la tête, mais avec l'épaisseur de mes cheveux on ne la voit pas. Par contre, je vais garder un souvenir de Shota. » répondit-elle, en dégageant sa chevelure lâchée d'un côté pour lui montrer la marque à son épaule. « Mais c'est pas grand chose. C'est les risques du métier après tout. Ou le risque de te côtoyer, je ne sais pas. »

Hanabi préférait en rire maintenant, après tout elle était en vie, elle allait bien, en un seul morceau. Elle aurait pu finir glacée et noyée au fond de l'océan. Ou pire, s'il n'avait pas été là, elle ne sait pas vraiment si la nuit en compagnie de Shota ce serait passée sans encombre. Quelque chose lui disait qu'il aurait forcément tenté quelque chose qui ne lui aurait certainement pas plu. Hanabi avait l'habitude de ce genre d'interactions avec les hommes. Elle était une femme solaire et indépendante, jeune en plus de ça. Elle était même de notoriété publique avec son travail d'influence. Tout ça avait un côté attirant pour la grande majorité de la gente masculine qu'elle croisait. Alors, même si elle profitait de son célibat, elle devait aussi gérer certaines insistances.

« Et toi, ça va ? Tu ne boîtes même pas, de ce que j'ai vu, c'est bien. » lui renvoya t-elle. « Et Ja... Euh. Ton homme de main ? J'espère que ça va aussi. »

Difficile de se dire que Jack et Jack ne partageait rien en commun si ce n'était le même invocateur. Elle n'en revenait toujours pas que chaque version du meurtrier possède ses propre souvenirs et sa propre personnalité. C'était tellement intéressant. Hanabi avait peu parlé avec la version qui accompagnait Hanzo sur le yacht, mais il s'était montré suffisamment doux et sympathique avec elle pour qu'elle s'inquiète plus qu'elle ne le ferait avec une personne lambda. Elle savait qu'il allait mieux, quelque part, puisque la version de Jack du jour ne semblait pas le moins du monde blessée. Pour autant, elle avait encore l'image de l'homme tout en sang avant qu'il ne disparaisse dans sa brume.
Enfin, elle n'eut pas vraiment plus le temps d'y repenser, puisqu'on venait prendre leur commande. Ah ! Elle n'avait pas vraiment regardé la carte, trop occupée à discuter avec Hanzo. Elle parcourut rapidement des yeux les quelques lignes, un sourire amusé sur son visage. Bon, puisque c'était la première fois, elle avait envie de tout goûter. Autant prendre quelque chose qui en regroupe plusieurs.

« Je vais prendre cette entrée, là... Et ce plat. Et puisque monsieur s'est déjà occupé de la boisson, je ne vais pas en rajouter. Merci. »

Le serveur fondit dans le sourire dont elle se fendit, avant qu'elle ne reporte toute son attention sur le masqué. Elle le fixa dans un silence de quelques secondes, flottant, accueillant dans ses iris dorées les siennes plus marquées. Elle n'avait pas toujours l'occasion de le regarder sans son masque et c'était un spectacle qu'elle ne voulait pas manquer. Hanzo dégageait quelque chose d'attirant pour elle, qu'il porte son masque ou non, et l'ambiance un peu plus intimiste qu'ils s'offraient tous les deux ne retirait rien à son aura magnétique. Il portait toujours autour de lui ce manteau de mystère, ce drapé de confiance quand bien même elle le savait au fond anxieux et nerveux. Ses yeux se plissèrent légèrement dans un sourire, alors qu'elle engageait de nouveau la conversation. Peut-être sur un sujet glissant. Qui sait.

« J'ai rencontré ta... collègue...? Ibara. Avant le yacht. Par hasard à Kyoto. je ne m'attendais pas du tout à tomber sur elle à vrai dire. » Alors, peut-être qu'après voir lâché une telle bombe, il fallait un peu plus d'explication. Elle poursuivit, tout naturellement, sans l'ombre d'une hésitation et comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. « Elle a combattu mon frère, je pense que tu le sais, et il m'en a parlé, du coup j'étais au courant de son nom, son apparence et son appartenance à l'Ordre. Je ne sais pas si l'aborder était une bonne idée, mais au final, on a passé un bon moment ensemble. J'espère pouvoir réparer ce que Daisuke a malencontreusement cassé, sans le vouloir. C'est en bonne voie, je pense. Je crois ? » Hanabi lâcha un léger rire, peu certaine à vrai dire. « Enfin, du coup, j'imagine que c'est quelqu'un que tu connais. »

Elle n'avait appris qu'il faisait lui aussi partie de l'Ordre Occulte qu'à leur dernière rencontre et aux dépends du sniper. Elle n'était pas stupide, elle avait relié les points, et tiré les conclusions. Pour autant, elle ne se rendait absolument pas compte qu'elle avait peut-être lâché plus qu'une seule bombe en parlant du sujet Ibara Homura.
Mais ça aussi, elle l'apprendrait à ses dépends, un jour.

Pour l'heure, elle le regardait avec attention, les yeux brillant et un sourire scotché sur son visage.

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Hanzo Sanada
Dim 8 Sep 2024 - 0:30
Jack retire vivement sa tête lorsqu'elle tente une approche tactile envers l'enfant pour l'amadouer. Hanzo le regarde sévèrement, lorsqu'il fait preuve d'impolitesse. Hanzo ne demande pas grand chose, merde : simplement un peu de tenue. Déjà qu'il voudrait avoir la paix avec Hanabi, déjà qu'il est obligé de composer avec son invocation envahissante, si en plus elle fait des siennes et se tient mal ... Mais de son côté, le meurtrier de Whitechapel non plus, ne demande pas grand chose : qu'on ne se serve pas de lui, qu'on ne l'appâte pas pour être mis dans sa poche. Alors ça, c'est vraiment quelque chose qu'il ne peut pas blairer, d'avoir l'impression d'être utilisé. C'est quelque chose qui pourrait se reporter sur le masqué : après tout, il n'est en soi qu'un sort utilisé justement pour combattre. Mais au vu de leur situation particulière et du fait qu'il apparaît justement en dehors des affrontements, le jeune orphelin s'est mit à considérer l'homme au masque de peste comme un vieil ami, alors que ce dernier a parfois l'impression d'être un vieux père doublé d'un genre de mac qui éduque un p'tit jeune a faire du profit sur les autres. Un mentor, en somme. Hanzo garde une relation privilégiée avec chacun des Jack. Qu'il les aime ou les déteste, il pense forcément quelque chose de chacun d'entre eux. Une relation plus paternelle, plus personnelle, plus professionnelle, plus viscérale, parfois même plus joueuse. Mais ce petit gars, malgré les remontrances, il l'aime bien. La vie n'a pas été facile avec lui. Il a surtout besoin d'un cadre. Mais malgré tous les sentiments qu'il a pour le gosse, il reste une invocation, qui ne revient finalement pas tous les jours.

Délaissant son attention du jeune assassin, il reporte son attention sur le rayon de soleil scintillant face à lui, et est heureux de constater qu'il a fait mouche. Il répond à son sourire par le siens, apaisé. Il savait en venant ici qu'elle allait apprécier, et il en a la confirmation par ses paroles. Qu'elle aime ou non, elle aurait testée un jour ou l'autre. Donc bonne pioche. Toute l'attention qu'elle lui accordait lui faisait chaud au coeur, tout autant que le fait qu'elle confirme qu'elle aussi ça lui faisait plaisir. Même s'il a un côté impressionnant, mystérieux et distant, il a parfois besoin d'être rassuré sur certaines choses, notamment sur le fait qu'il prenne le bon chemin. Même si ses plans et ses tactiques sont évidemment les bonnes, il ne peut parfois s'empêcher de se tourner vers Haru pour savoir si ce dernier le suit, ou s'il a quelque chose à redire. S'il a quelque chose à redire, ça se passera mal parce que tous les plans du masqué sont infaillibles, mais s'il hoche la tête d'approbation, l'invocateur sera plus serein et confiant qu'à l'accoutumé. Donc la bonne humeur, les rires, la jovialité de son interlocutrice ... Tout ça vient lui apporter la confirmation qu'il ne se trompe pas de rêve et qu'ils sont bien sur la même longueur d'onde.

Il haussa les sourcils, en l'imaginant attraper des ... Cafards. Bon, ils étaient jeunes, ils découvraient la vie, mais vraiment y'a rien de plus dégueulasse. Hanzo, s'il en voit un, il prend la poudre d'escampette, directement. Il lui tire dessus, même, a quelques mètres de distance, histoire de pas prendre le risque que ce machin rebondisse sur lui pour lui foutre toutes ses bactéries partout. Ah seigneur. Il fit une grimace, sans même le remarquer, et accentue sa grimace encore plus lorsqu'elle essaye de lui faire croire qu'elle ne fait plus ce genre de conneries, plus pour la charrier que parce qu'il doute réellement qu'elle ne s'adonne plus à l'élevage de cafards. Mais les insectes, de toute manière, quelque soit leur beauté, ça reste des insectes. Hanzo n'aime pas ça. Les ailes des papillons, c'est joli, mais a t-elle seulement vu le corps du machin ? C'est juste immonde, presque aussi dégoûtant qu'un corps de mouche. Mais bon, il ne s'attarde pas tant dessus puisqu'elle enchaîne rapidement sur la suite.

"J'aurais dû vérifier son corps, au lieu de partir du bureau. J'ai été négligeant sur le coup, ça aurait pas dû arriver."

C'est facile de refaire la situation une fois que l'action s'est produite, mais Hanzo ne peut s'empêcher de s'excuser avec ses mots. Lui qui est un maniaque du contrôle, ça le saoule atrocement que sa partenaire soit marquée par sa faute. Se dire que ça aurait pu être évité, qu'il aurait pu l'éviter, ça l'enrage quelque peu. Enfin, il n'en montre rien, il est surtout désolé.

"Ouais, il a rien touché de fou, ça a été rafistolé rapidement. Et comme je t'ai dis, le mafieux a pris un peu de repos. Mais il reviendra un de ces quatre en pleine forme. T'inquiètes pas pour lui, il est coriace."

Si Hanzo parlait naturellement, l'échange ne manque pas de piquer l'intérêt de Jack. Bien que chacun des meurtriers londonien s'imagine être le réel, ils ont conscience des autres "usurpateurs", et qu'Hanabi s'inquiète d'une vulgaire invocation dont l'existence elle même est plus ou moins fausse ne manque pas d'éveiller sa curiosité. Mais bien qu'il prenne ça pour de la compassion dans un premier temps, il se dit vite qu'elle pose cette question uniquement pour faire baisser la garde du masqué, et il sourit à l'idée que le "vieux" tombe dans le panneau. Pas lui, on ne l'aura pas comme ça, lui. Le serveur passe, Hanzo prend commande, et surtout il n'oublie pas de commander du vin. Autant se faire plaisir quand il est possible de se faire plaisir.

Son regard est déjà accroché dans le sien, mais il cille, ses sourcils se fronce, et une panique pointe le bout de son nez lorsqu'on parle de la dresseuse de dragon. Soit il a la poisse, soit le monde est petit, quoi que les deux vont souvent ensemble. Il imagine mal la sorcière de l'ordre occulte et le feu d'artifice qui a bombardé sa vie faire bon ménage. Et pourtant, même après avoir prononcé le nom de Daisuke Sato, Ibara ne l'a pas recalée. Au contraire, même, elles auraient passées un bon moment. En revanche, elle est naïve de croire que l'ordre a lâché Daisuke. Si Haru est sur une piste, il ne lâchera pas tant qu'il n'aura pas obtenu ce qu'il veut. Sauf si l'obstacle est trop grand, mais s'il n'a pas d'autre choix et que la fuite n'est pas permise, le combat sera inévitable, quand bien même il y laisserait la vie. Mais en attendant, il n'a pas envie de gâcher le moment. Pour autant, il n'a pas envie de mentir. Il n'a pas envie de parler boulot dans un moment comme celui-ci. C'est censé être une soirée pour eux, sans les tracas du quotidien, sans les problèmes du taff. Et Daisuke Sato est définitivement un problème de taff. Putain.


"Je ... Je sais pas, Hanabi. Ton frère à l'air de créer des problèmes à pas mal de membres de l'ordre. Depuis que je suis revenu d'Hokkaido, son nom circule pas mal. Ils pourraient tous être tentés de se venger. Et j'suis personne pour les dissuader, enfin tu sais ... J'pèse pas beaucoup, là dedans. J'suis pas un haut gradé, tu vois."

En soi, c'est vrai. Il a réussi à ne pas mêler Hanabi dans cette histoire, et Haru est son supérieur hiérarchique, eh. Mais même s'il ne l'était pas, aucun moyen que le blondin stoppe sa vendetta parce que le masqué lui a dit d'arrêter à cause d'affaires de famille avec sa crush, littéralement. D'autant qu'Haru fait ça pour protéger ses amis.

"Asuma est au courant, pour Daisuke. Je pense qu'il se met en condition pour pouvoir lui reparler, et ça risque de se faire bientôt. Je ne sais pas vraiment, mais j'espère que ça se passera bien, et que tu sera amenée à le revoir, aussi."

Hanzo espère. Il espère sincèrement que le manieur d'énergie occulte robotique parviendra a ramener l'héritier des Sato à la raison, avec les mots, plutôt qu'avec les poings. Si le plan de son meilleur ami fonctionne a merveille, le frangin d'Hanabi aura plus de peur que de mal. Bon, il aura bien mal, parce qu'il connaît personne frapper aussi fort qu'Haru, mais le but n'est pas de le tuer, seulement de lui flanquer la frousse de sa vie et le pousser à abandonner ses griefs contre l'ordre occulte.

"Ouais bah y'a plus qu'à attendre hein, mais s'il casse trop les couilles t'étonnes pas qu'il se fasse rouler dessus, il aura cherché."

"On t'a pas sonné."

Forcément, il faut que le petit en rajoute une couche, comme si c'est pas assez compliqué comme ça. Oh, et puis, il n'a pas envie de parler de tout ça, c'est chiant, ça le saoule. Il a peur de déraper, de dire quelque chose qu'il ne faut pas, de s'embourber. Il transpire l'insécurité.

"Tu me parlais d'héritier, sur le yacht, c'est lui ? Son sort fait peur à tout le monde. Jamais vu autant de monde être terrifié de la sorte par quelque chose, c'est un truc psychologique. Même pas être brûlé vif. Juste un truc mental. J'pense que son pouvoir marche sur moi, j'suis foutu, avec tous les zigotos qui se baladent là dedans."

Il tourne un regard taquin sur Jack, avant de revenir sur Hanabi.

"Enfin, tu fais des miracles. S'entendre avec Ibara, quand on la connaît pas bien, paraît que c'est pas de la tarte. Avec moi le courant est passé, mais c'est peut-être parce que pour nous deux, le courant passe rarement avec d'autres gens. Sauf toi, du coup. T'as sûrement un don pour t'entendre avec tout le monde."
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Hanabi Sato
Lun 9 Sep 2024 - 15:38

Oh ça, elle ne manqua pas sa grimace à la suite de son anecdote sur son élevage de cafards. Et elle était sûre que le coup des papillons ça n'avait pas vraiment arrangé la chose mais bon... Pouvait-elle seulement mentir sur la personne qu'elle était ? Il lui arrivait encore de s'extasier devant des insectes lorsqu'elle partait prendre l'air en pleine nature. Peut-être que c'était encore trop tôt pour lui dire qu'elle adorait découvrir des petites bestioles et qu'elle ne ratait jamais une occasion de visiter un musée d'histoire naturelle ou autres activités dans le genre. En tout cas, ce n'était pas maintenant qu'elle lui proposerait une randonnée. Quelque part, c'était dommage. Elle se demandait s'ils avaient des points communs quand même. Peut-être qu'elle s'était laissée aveugler par un coup de cœur et qu'au final, ça allait faire effet soufflé et retomber aussi vite que c'était monté.

Enfin, si une partie d'elle souhaitait rester en retrait et observer, ça ne fonctionnait pas du tout. Hanzo dégageait indéniablement une force magnétique folle super efficace sur elle. Elle ne détachait pas ses yeux de lui, ni ne cessait de sourire, ses prunelles jonglant entre ses yeux et ses lèvres alors qu'il la rassurait sur son état et celui du Jack mafieux. Sous la lumière du restaurant au-dessus de leur table, elle détaillait les lignes de son visage, appréciait la ligne de sa mâchoire, l'accroc d'acier de ses iris et ses longs cils qu'elle jalousait peut-être un peu. Hanzo n'avait pas les traits adolescents. C'était un homme mûr qui portait son âge avec confiance, dans la façon dont il s'habillait autant que dans la façon dont il se comportait. Des gestes mesurés de son corps, parfois nerveux, mais précis, au roulement de sa voix grave. Elle avait rarement croisé des hommes possédant un timbre comme le sien, et s'il en était impressionnant lorsqu'il le faisait gronder, il ronronnait presque lorsqu'il avait une conversation à un niveau sonore normal.

« Bon... Je suis rassurée, alors. » souffla-t-elle doucement en coulant un regard de miel sur lui.

Si la grande majorité de son attention lui était acquise, elle n'oubliait pas pour autant la petite invocation à leur table. Les yeux blonds s'y accrochèrent alors qu'elle lui offrait un sourire tendre. Hanabi adorait les enfants. Si elle n'était pas certaine d'en vouloir elle-même, parce qu'elle était encore trop jeune et un esprit trop indépendant pour ça, elle ne disait jamais non à s'occuper des
disciples aux monastères et les retrouver était toujours un plaisir. Elle était curieuse d'en apprendre plus au sujet de Jack, nullement impressionnée ou vexée par son comportement envers elle. Des jeunes adolescents bougons et récalcitrants, ce n'était pas ce qu'il manquait chez les Sato. Si Daisuke avait bon caractère, elle le savait capable de bouder toute une journée comme un gosse.

Enfin, elle jeta de nouveau ses yeux sur Hanzo en entendant un léger changement dans sa voix. Dieu ce qu'il était expressif sans son masque : elle le trouva plus indécis, une franche expression marqué sur sa face dans le froncement de ses sourcils qui n'enlevait rien à ses incisives iris. Il lui répondait au sujet de Daisuke, et elle n'était pas certaine qu'il ait réellement compris de quoi elle avait parlé, en soulevant le fait qu'elle désirait réparer les choses avec Ibara. Dans tous les cas, elle ne le coupa pas, parce que ce qu'il exprimait dénotait de quelque chose qui le tracassait peut-être. Même s'il avait compris les choses de travers, au final, il apportait sur la table quelque chose de bien plus intéressant pour Hanabi. Elle décryptait habilement et dans son sourire habituel le comportement de l'homme, choisissait naturellement de se saisir de pincettes pour lui répondre. Il parlait de vengeance potentielle sur Daisuke, mais ça semblait plutôt logique. S'il utilisait Noble Truth sans réfléchir comme il l'avait fait avec Ibara Homura, ce n'était pas anodin qu'en retour il provoque ce genre de réactions. Elle le laissa finir, parler d'Asuma et du fait qu'il se désiderait peut-être bientôt à voir son frère, avant de prendre la parole à son tour.

« Je ne t'ai pas demandé de les dissuader. » souligna t-elle d'une voix douce. « Je ne parlais pas d'arranger les choses entre Daisuke et Ibara, en fait. J'espère juste lui donner un nouveau chemin de réflexion sur mon frère. »

Hanabi fit ciller son regard blond sur Jack lorsqu'il fit remarquer, à juste titre, que peut-être Daisuke allait ramasser ce qu'il avait semé et pas de la meilleure des façons. Elle était inquiète pour lui, forcément, mais Daisuke était grand, il était héritier, il était un exorciste prodigieux, et elle n'était personne pour lui donner des ordres. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était, comme pour Ibara, lui indiquer d'autres pistes de réflexions et partager avec lui son point de vue, sans le lui imposer. Ce qu'elle avait fait à la fête des fleurs lorsqu'elle l'avait revu.
Le regard de comète fila de nouveau s'insérer dans les prunelles de l'invocateur et y couler son miel. Hanzo était mal à l'aise, c'était évident. Le sujet lui déplaisait, et si Hanabi n'arrivait pas à mettre exactement le doigt sur le pourquoi, elle hésitait entre prolonger la conversation à ce propos ou lui proposer une porte de sortie. Finalement, ce fut lui qui le fit, signe incontestable que parler de Daisuke le rendait inconfortable.

Elle sourit, évidemment, lorsqu'il évoqua sa capacité à s'entendre à peu près avec tout le monde. Il y avait bien des personnes qu'elle n'aimait pas, mais elle les éclipsait juste de sa vie sans leur donner plus de temps ou d'énergie. Enfin, ce n'était pas ça qui lui valait de pouvoir s'entendre avec la grande majorité des gens.

« Je ne pense pas qu'on peut parler de don. Je fais juste attention aux autres, je suppose. » Elle haussa quelque peu les épaules. C'était assez naturel pour elle, inscrit en elle, de s'intéresser aux personnes qui l'entouraient. Elle ne se posait pas la question, en fait. « Enfin... Quant au sort de mon frère, il n'est pas censé faire aussi peur. Daisuke est une bonne personne, vraiment. C'est juste que... Il est jeune et fougueux, il ne sait pas encore forcément comment ouvrir le dialogue. Mais tu sais, son sort est destiné à la base à aider les autres. Mal utilisé, ça peut être une catastrophe, comme ce qu'il s'est passé avec Ibara. Il m'en a parlé et j'ai longuement discuté avec lui à ce sujet. Je pense qu'il a compris maintenant, et il va tenter une autre approche. »

C'était peut-être pas rassurant pour Hanzo, elle ne savait pas. Et au final, elle ne savait pas si c'était nécessaire de lui raconter ça. Hanabi replaça une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille, pensive, avant qu'elle n'essaye d'éclaircir ses propos.

« Son but n'est pas de vous faire du mal, au contraire. C'était maladroit de sa part de se rendre directement sur la propriété d'Ibara, et c'est logique qu'elle ait pris ça pour une agression. Il en est désolé, et moi aussi. Les choses se seraient déroulées autrement si... Enfin, c'est fait comme ça et tout ce qu'il peut faire c'est chercher à s'améliorer pour ne pas que ça arrive de nouveau. Tu sais, il culpabilise beaucoup sur ça, et la façon dont son sort agit sur les autres... En fait... » Moment d'hésitation léger, mais elle se rassura d'un contact visuel prolongé avec Hanzo. « Quand on était disciples, on lui demandait d'utiliser son sort sur les autres. Je pense que tu sais que la douleur est un thème central chez les Sato et dans notre éducation. Et ça, ça l'a beaucoup marqué, ce n'est pas ce qu'il veut provoquer chez les autres. Daisuke veut faire le bien autour de lui et il ne sait juste pas encore trop comment, il n'a pas encore... les outils nécessaires pour. Il est jeune, il apprend, il fait des erreurs, et j'admets qu'elles peuvent être terribles mais... il va y arriver. J'ai confiance en lui. »

C'était beaucoup d'efforts pour partager sa vision sur son petit frère et sur son sort. Noble Truth était autant une arme de guerre traumatisante qu'elle pouvait être une bénédiction. Hanabi en avait bien conscience, mais elle ne pouvait pas vraiment s'empêcher de défendre son frère. Daisuke était si cher à son cœur, elle trouvait ça injuste qu'il soit incompris et qu'on se méprenne à son sujet. Si Hanzo pouvait comprendre, peut-être pourrait-elle semer les graines de l'apaisement.
Enfin, c'était assez, elle ne souhaitait pas le mettre plus mal à l'aise encore et forcer une conversation qu'il ne voulait pas avoir. Hanabi se rapprocha un peu du bout de sa chaise, décroisa et croisa ses jambes pour toucher délicatement de sa cheville celle de l'invocateur.

« Et puis, moi je les aime bien les zigotos qui habitent dans ta tête. »

Son regard scintilla quelque peu dans celui d'Hanzo, avant qu'elle ne se détache de lui et ne se lève, passant près de lui pour lui chuchoter à l'oreille qu'elle revenait sous peu. Juste le temps d'aller se laver les mains et de souffler un peu devant le miroir, vérifier maquillage et coiffure. Hanabi se réinstalla à sa place, en découvrant son entrée. Ils avaient été servis quand elle avait quitté la table. Un large sourire prit place sur son visage.
Le trompe l'oeil en cuisine, c'était quelque chose quand même. Son cerveau lui disait "Mais c'est sucré ça" et pourtant elle savait qu'il s'agissait d'une entrée salée. Elle jeta ses yeux sur l'assiette du brun, comme il n'avait pas pris la même chose. Elle avait vraiment envie de tout goûter et tout ça éveillait sa curiosité.

« C'est déjà perturbant et je n'ai même pas goûté. » s'éclaira t-elle d'un léger rire.

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Lun 9 Sep 2024 - 22:51
Il hausse quelque peu les sourcils, à sa remarque sur Daisuke et Ibara. Il ne comprends pas vraiment ce qu'elle veut dire. Pourquoi il n'essaierait pas de les dissuader, si ça peut sauver son frère de représailles ? Daisuke est une énorme menace pour chaque membres de l'ordre. Et vu tous les fous qui évoluent dedans, nul doute que son sort fera des ravages pour quiconque est touché par le pouvoir. Il n'a pas été assez clair ? C'est la menace numéro un de toute une faction, pour le moment, si tant est que les supérieurs le comprennent. L'héritier des Sato s'occupe du plus bas pour remonter tout en haut, s'occuper un à un des membres les moins importants. C'est le même fonctionnement d'une putain de mafia : ça sert à rien de couper la tête, quelqu'un d'autre prendra sa place. Il faut s'occuper des plus petits d'abord, remonter la fourmilière, et le tout dans un laps de temps très court. Pour le moment, comme elle le dit, Daisuke tatillonne sur un chemin qu'il ne connait pas, il est peut-être plein de bonnes intentions comme tous ceux à la botte du gouvernement, mais ça risque de mal finir pour sa pomme. Mais Hanzo n'est pas bien sûr qu'Hanabi ai compris les tenant et aboutissant de toute cette affaire. Est-ce qu'elle a conscience que son frère est en danger de mort, ou même en le sachant, elle pense qu'elle ne peut pas intervenir ? Elle ne veut pas le guider vers une autre voie ?

Les gens de l'ordre occulte ne sont pas sans coeur et sans compréhension. Du moins, il ne pense pas. Il imagine que tout le monde se doute bien que les intentions des exorcistes en général sont pures, c'est même pour ça qu'on a pas le droit de toucher à ces derniers, en soit. Ils restent des frères qui n'ont pas compris la voie à suivre. C'est pour eux que l'ordre occulte officie, même si ces derniers jouent contre eux.

Il n'est pas censé faire peur, le sort de Daisuke, mais en attendant, il a traumatisé son meilleur ami et la rouquine. Le premier n'a pas dormi pendant des mois depuis le combat contre le jeune exorciste. Non seulement, le type est un adversaire dangereux, mais en plus il laisse des séquelles bien après avoir foutu la merde. Il n'avait jamais vraiment vu Haru dans un tel état. Il s'est confié, sur le fait qu'il a failli y passer. Il a eu une trouille bleue, ou en tout cas, c'est quelque chose qui l'a marqué. Et pour le signaler à Hanzo, c'est qu'il en a eu gros sur la patate. Et forcément, ça touche le masqué, aussi, ça lui fait prendre la menace au sérieux. Ce qu'Hanabi ne semble pas faire. Peut-être qu'elle essaye de s'en détacher. Peut-être que malgré son sourire, ça la met mal a l'aise aussi. Peut-être qu'elle pense qu'elle n'a pas le droit de donner des ordres à son frère. Peut-être que comme elle est libre, elle estime que tout le monde doit l'être, et que s'il s'y met dedans, c'est son choix. Peut-être qu'elle essaye de l'aiguiller, de faire ressortir le meilleur chez les gens pour que tous se comprennent les uns les autres, Mais qu'elle leur montre simplement le chemin du doigt plutôt que de les tirer par le bras dans la bonne direction. Ils ont deux méthodes différentes. Hanzo n'hésiterai pas a tirer dans les membres d'Haru si ça pouvait lui sauver la vie mais qu'il est trop con pour le voir. Est-ce qu'il en serait capable pour Hanabi ? Peut-être pas. C'est sa liberté, avant toute chose, qu'il aime. Et il n'arriverait pas à lui tirer dessus de toute manière. La relation qu'il a avec Haru est totalement différente.

Mais au fur et à mesure de la conversation, Hanzo a plus de réserve sur toute cette histoire, et il fini par tout relativiser. Peut-être que finalement, Hanabi a essayée sa méthode pour lui parler, et que ça a marché. Peut-être qu'il va arrêter sa traque, qu'il ne va plus combattre pour rien, essayer un dialogue, une sociabilisation, et que si ça ne marche pas, il retournera d'où il vient. Finalement ce n'est qu'un môme, un mioche qui ne connaît pas son sort, qui ne sait pas comment fonctionne le monde, un gamin qui a écopé d'un sort trop puissant pour ses épaules frêles. Tiens, ça lui fait penser à quelqu'un d'autre. A son âge, Hanzo était sans doute déjà un plus gros connard. Le gosse à eu une éducation de merde avec une charge énorme à maintenir, que ce soit mentalement pour lui même et les autres. Avec les mots d'Hanabi, le masqué commence à mieux saisir de quoi il en retourne, et il commence à avoir une vision globale de toute cette merde. Et une fois encore, tout est plus compliqué qu'il n'y paraît. C'est chiant, putain, c'est chiant. Il va être obligé de déballer tout ça à Haru, et il ne sait pas ce qu'en dira le coréen. Pour lui, ça ne va sans doute rien changer. Même s'il est capable d'empathie, sa priorité c'est Kumiko, et sûrement Azra, maintenant. Et tant que le gamin sera à la poursuite des membres de l'ordre occulte, il restera une menace trop importante. Enfin, peut-être que comme le dit Hanabi, il va s'améliorer et surtout se calmer ? Ils peuvent lui laisser le bénéfice du doute ?

Hanzo ne pense jamais comme ça. La seule chose qui l'amène à songer de cette manière, c'est parce qu'Hanabi fait parti de l'équation. Sinon, il ne se passerait rien, tout simplement. Il suivrait un plan logique et construit, s'y tiendrait, et basta. Là, le blondin va clairement comprendre qu'il y a autre chose. Et Hanzo sera contraint de lui dire. Haru lui demandera si ça change quelque chose. Qu'est-ce qu'Hanzo pourra répondre ? Il se fait déjà la scène avec son ami, comme s'il s'agissait d'un film, avec toutes les informations qu'Hanabi vient de lui fournir. Des informations qu'il dévoilerait pour apaiser au mieux les tensions, pour que les dégâts soient le plus minime possible. Mais est-ce qu'il avait le droit de se servir de ce que disait Hanabi pour littéralement révéler à l'ordre occulte des informations sur l'ennemi ? Le vrai Hanzo n'aurait eu aucun état d'âme. Là, il n'était plus lui même, et il le savait. Raaaah, pourquoi tout à besoin d'être compliqué ?


"Je comprends."

Elle lui a déroulée toute une grande défense, et il n'a que ça a dire. Il ne se sent plus si bien, d'un coup, et il a l'impression que le ciel va lui tomber sur la tête. Il se frotte le front, il se fait du soucis, pour il ne sait même pas qui. Pour lui même. Pour la position qu'il doit prendre, s'il doit en prendre une. Il a plus envie de penser à rien, il veut repousser la conversation le plus loin possible, à jamais, avec l'un comme avec l'autre.

"J'espère que tu as raison."

Enfin bon, on verra, qu'il se dit à lui même. Il allait rétorquer machinalement autre chose, avant qu'elle ne lui fasse finalement du pied et lui parle de ses invocations.

"C'est vrai que t'es forte pour sociabiliser même avec des tueurs certifiés."

CHACUN d'entre eux étant le plus connu de l'histoire. Elle quitta la table, le laissant finalement seule avec Jack. Hanzo le regarda, inspira profondément, et souffla, gardant un sourire quelque peu crispé. Le jeune meurtrier fit un mouvement de tête à son encontre.

"Compliqué, les nanas, hein ? J'connais."

"Ouais, c'est ça. Mais c'est pas elle le problème. C'est ... La poisse, l'ensemble, la situation."

"Ouais c'est ce qu'on dit tous hein."

Le serveur amena les entrées, et la bouteille de vin commandée. Hanzo s'excusa d'un rapide "Ils arrivent" en parlant des deux chaises inoccupées, et le feu d'artifice revint d'ailleurs assez rapidement. C'est vrai que ça faisait bizarre, et ça le fit sourire quelque peu, tirant une grimace à ce qu'il s'apprêtait à manger. Imaginez un Magnum au chocolat avec les noisettes, et quand tu en coupe un bout avec ton couteau, l'intérieur est tout blanc, comme une glace typique, alors qu'en fait, on s'apprête à manger une terrine de poulet noyé dans la sauce, avec de la mayo et des amandes. Hanzo adore cet endroit. C'est une découverte à chaque fois, et même lorsqu'il reprend la même chose que la fois d'avant, il arrive quand même à être surpris, parce que son cerveau n'assimile pas. Et en plus on s'y régale. Que demande le peuple.

"C'est ça le plus intéressant. Et même quand t'y goûte, ça met un temps a faire son bonhomme de chemin au cerveau."

C'était vraiment un plaisir de venir ici, et il était content de partager ça avec Hanabi, encore plus si elle avait prévu d'y aller de toute manière.

"Tiens d'ailleurs, tu me parlais de papillons, on a été a un vernissage ... T'aimes bien, les musées d'histoire ? J'aime bien, perso. Les musées sur les peuples, sur l'histoire en général, sur la science, les dinosaures, les armes nucléaires ... Enfin sur l'histoire humaine quoi, l'évolution tout ça. Je me demandais si t'aimais bien. T'as l'air instruite et ouverte au monde qui t'entoure et ... Enfin j'veux dire, ça m'aurait pas choqué que ça soit ton truc aussi."

Après tout, depuis petit, il s'intéresse à tout. Les mythologies, les légendes, les voitures, les histoires non résolues, toutes les choses qui stimulent l'imagination et qui lui font s'interroger sur le fonctionnement terrestre, la psychologie humaine et animale. Peut-être a t-il ça en commun avec la jeune femme.

"Peut-être que parce que l'histoire me passionne que j'ai le plus grand meurtrier de l'histoire dans le crâne. Il m'intéressait déjà avant d'avoir le sort, ça me passionnait. Peut-être que ça vient de là, c'est même sûr. Le destin m'a fait découvrir Jack avant, pour que je puisse me l'approprier après. Dommage qu'il en fasse qu'à sa tête, hm?" lâcha t-il en offrant un sourire sarcastique à l'invocation, qui se voyait affublé d'un milkshake cookie un peu trop trompeur pour le tueur de Whitechapel, mais qu'Hanabi et Hanzo se feraient un plaisir de dévorer si les saveurs sont un peu trop exotiques pour lui.
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Hanabi Sato
Mar 10 Sep 2024 - 19:26

Il avait compris, du moins c'était ce qu'il lui avait assuré. Elle n'était pas certaine que cela soit une vérité accomplie, peut-être un demi-mensonge qu'il lui avait servi pour la rassurer qu'elle n'avait pas parlé dans le vide. Entendue, mais pas écoutée, peut-être. Ecoutée, mais pas comprise malgré qu'il assurait le contraire. Comment savoir, au final ? Elle ne lisait rien dans les iris métalliques, c'était le brouillard complet, et si elle remarquait assez facilement son malaise elle était bien incapable de comprendre d'où il venait et ses raisons. Il lui était difficile de le lire, malgré tout. Elle pouvait témoigner de ses changements d'humeur ou d'attitude, mais avançait dans le noir quant à savoir comment y répondre de la bonne façon. Comment le pouvait-elle sans avoir la moindre idée de ce qui se tramait dans sa tête ?
Alors, elle aussi, esquivait son propre trouble d'avoir l'impression de marcher sur des œufs un peu toujours, avec lui. Parce qu'elle n'arrivait pas à le cerner vraiment, parce qu'il avait toujours, malgré qu'il lui ait sauvé les miches deux fois et malgré qu'ils partagent une attirance indéniable, une aura qui l'impressionnait. Elle se retrouvait dans la position de celle qui ne voulait pas faire d'erreur pour ne pas rater son coup, qui craignait d'en faire à chaque instant et qui jonglait à la fois entre son caractère spontané et overthink tous ses faits et gestes.

Alors, même si cette conversation lui laissait un goût frustrant et qu'elle aurait aimé creuser plus encore le sujet avec lui, elle concéda ne pas y revenir et parler de choses plus légères. L'éclat blond de son regard s'animait naturellement du scintillement des lumières de la salle, et du coin où ils étaient installés. Elle se saisit de ses couverts, en ne sachant pas par où commencer tant tout lui faisait envie, laissa son esprit se remplir des sensations de l'instant plutôt que se focaliser sur ce qu'ils venaient d'échanger plus tôt et l'attitude nerveuse de l'invocateur. Hanabi goûta d'abord ce qui se présentait sous forme d'un muesli, qui se révéla surtout être de la burrata accompagnée de saveurs salées. C'était bon et frais, mais très déconcertant. Elle était sûre de ne pas être au bout de ses surprises en tout cas.

Hanzo lançait un nouveau sujet sur lequel échanger, évitant habilement un silence. En tout cas, elle notait qu'il souhaitait surtout enterrer le sujet de son frère et ce qui l'entourait. Même s'il lui avait assuré avoir compris, il n'avait pour autant pas rebondi à la recherche d'autres informations ou simplement mené par la curiosité et l'intérêt. Hanabi comprenait que sa position pouvait peut-être devenir délicate vis-à-vis de Daisuke et finalement d'elle-même, si jamais il en venait à le croiser sur le terrain, mais ce n'était pas le cas. Enfin... Elle imaginait qu'il le lui dirait. Ou pas. Peut-être ? C'était naturel après tout qu'il ne lui fasse pas confiance pour lui parler des affaires de l'Ordre. Elle pouvait, malgré elle, transmettre des informations au gouvernement. Mais tout ça lui donnait l'impression de tourner autour du pot, de jouer la comédie, et lui comme elle, faire semblant d'être juste des personnes normales. C'était délicat, et la sensation ne voulait pas la quitter. Elle était là, en fond, tapissait l'ambiance de leur rendez-vous sans qu'ils ne puissent rien y faire, s'ils ne se décidaient pas à jouer cartes sur table, ce qu'Hanzo ne semblait pas vouloir faire pour le moment.
Hanabi repoussa tout début de pensée paranoïaque quant à une quelconque manipulation possible de la part du sniper de l'Ordre Occulte. L'instant présent. Elle se faisait des idées, sûrement. De toute façon, c'était logique que ça soit compliqué. Il y avait quelque chose d'excitant et d'intimidant à être en sa compagnie : elle bravait un interdit. C'était comme un petit secret. Pas si petit.

Aux paroles d'Hanzo vis-à-vis de son sort, elle coula elle aussi ses yeux blonds sur l'enfant à leur table, ne put retenir un sourire à son égard avant de reporter son attention toute entière sur l'homme en face d'elle.

« Je ne sais pas si c'est vrai, mais en tout cas c'est intéressant comme théorie sur les sorts. Moi, je fais des explosions et peut-être que c'est dû au fait que la maison de mes parents a littéralement explosé. » répondit-elle d'un léger rire, avant de passer sa langue sur ses dents en haussant les sourcils, balayant l'idée d'un geste volage de la main. « Pardon, c'est peut-être pas si drôle. »

Mais, elle ne put s'empêcher de refreiner un nouveau rire à la pensée saugrenue d'autres personnes avec qui cette théorie fonctionnait à merveille. Peut-être qu'il y avait quelque chose à creuser de ce côté-ci, quand bien même elle savait au fond, que c'était une idée infondée. C'était un peu comme l'astrologie, dans un sens. Les choses s'alignaient parfois si bien qu'on venait à penser qu'elles étaient dans le juste.
Hanabi fit coulisser son regard dans celui du mercenaire, peu certaine qu'il trouvait ça aussi drôle qu'elle. Elle s'éclaira la voix, chassant son amusement spontané pour répondre à ce qu'il lui avait demandé plus tôt.

« Mais oui sinon, tu as raison, j'aime beaucoup découvrir et apprendre des nouvelles choses. C'est stimulant. On apprend beaucoup du passé de l'humanité mais je passe aussi énormément de temps à m'intéresser à ce qui se fait de nos jours, ce qui est un peu moins ton cas, je crois. » Elle ponctua sa remarque d'un rire discret. Il ne fallait pas être un génie de l'observation pour avoir remarqué qu'Hanzo n'avait pas été comme un poisson dans l'eau au vernissage. Il le lui avait lui-même dit, après tout. « Je trouve ça remarquable tout ce que l'humanité a pu accomplir en si peu de temps. La terre a porté des civilisations riches de savoir et prometteuses. Et puis on pense que l'humain est la seule espèce capable de tels exploits mais on connait si peu de choses à ce qui nous entoure. Tu imagines qu'on a encore découvert pas moins de 146 nouvelles espèces l'année dernière ? C'est énorme. On se croit les maîtres d'un monde qu'on ne connait même pas. »

Ca y est, elle parlait trop, elle s'emportait. Elle cilla quelque peu sur son assiette, souffla un « enfin, bref » et prit une nouvelle bouchée pour se taire. Peut-être que la première fois qu'ils s'étaient rencontrés il lui avait dit bien aimer discuter avec elle, mais c'était différent. Ils avaient vécu quatre jours intenses à se battre pour leur vie, forcé à collaborer et à se faire confiance. C'était peut-être le fait de relâcher la pression qui l'avait rendu plus tolérant à sa personne.
C'était étrange de le voir dans ce contexte. Elle ne savait pas réellement où se positionner. Est-ce qu'elle en faisait trop ? De quoi avait-elle l'air ? Et pourquoi diable se posait-elle ce genre de questions alors qu'habituellement, elle s'en fichait bien ?

Elle revint à son entrée pour goûter autre chose, laissa son regard courir de côté, cherchant distraitement à s'enfuir quelque part. Pour autant elle ne résista pas longtemps à le river de nouveau sur Hanzo, et se fendit d'un de ses sourires qu'il lui provoquait, trahissant l'effet qu'il lui faisait, à la fois intimidée mais charmée.

« C'est quoi ta dernière "première fois" ? Je veux dire... la dernière fois que tu as fait quelque chose pour la première fois ? » finit-elle par demander.

Si elle le fixait avec un sourire, dans un coin de sa tête, elle ne savait pas si elle regrettait d'avoir encore parlé sans pouvoir se contrôler. Ce que c'était dur de juger de ça, quand on était naturellement un vrai moulin à paroles. Elle masqua son trouble en leur servant à tous les deux un verre de vin, s'échappant quelque peu aux iris aiguisées et leur saveur de reviens-y.

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Jeu 12 Sep 2024 - 22:42
C'est dure de lire une femme. On ne sait pas si on fait un pas de travers, si elle vous fait croire qu'on fait un pas de travers, on ne sait pas si on avance dans la bonne direction, si on l'a déçue et qu'elle nous le ressortira dans quelques mois, si on l'a attristé et qu'elle n'en fait rien paraître, si on fait une succession d'erreur et que dans sa tête c'est déjà mort et qu'elle ne donnera plus de nouvelles, ou alors quand elle nous engueule mais qu'elle a aimée l'intention. Pour le masqué, les relations avec ces dernières sont un vrai mystère, sauf pour quelques élues qu'il a l'impression de comprendre parfaitement. Pourtant, Kanae et Hanabi, il ne les a pas totalement compris. La première a toujours été un mystère, et il s'est souvent demandé pourquoi elle l'a choisi lui, partant parfois sur la mauvaise hypothèse avant de comprendre que la raison ne tient pas la route quelques temps plus tard. Pour Hanabi, c'est différent : il a l'impression de la découvrir à chaque actions, chaque répliques, chaque explications, chaque sourires qu'elle lui octroie. Mais s'il parvient à déceler une gêne chez elle, il ne sait pas si c'est à cause de sa propre présence, ou si c'est le fait d'avoir repoussé quelque peu le sujet Daisuke. Il ne sait pas s'il doit le prendre personnellement, ou si le bref éclair de doute qu'il a perçu chez elle n'a rien à voir avec leur discussion. Il se doute que c'est une position indélicate dans laquelle se trouve la jeune femme, et toute cette situation l'emmerde de tout manière.

Il n'a jamais demandé ça. Il n'a pas voulu que la seule exorciste sur laquelle il a flashé soit la sœur du pire ennemi du moment de son meilleur ami. C'est pas comme si Haru se frittait avec tout le monde. Les relations sociales et lui, c'est la même merde qu'Hanzo, pourtant il a trouvé le moyen d'en avoir quelque chose à foutre d'un Sato. C'est que tout ça doit vraiment être grave, que le gamin est tenace, persévérant et intrusif. Tout ça est putain de chiant. Il veut repousser, le plus possible, jusqu'à ce que ce soit inévitable. Les évènements vont se précipiter, les justifications devront êtres présentées, et tout ça arrivera d'une manière ou d'une autre vu comment ils sont déterminés les potes de l'ordre pour l'attraper. Mais pas maintenant. Pas maintenant.

Et pour le coup, la porte de sortie qu'il a dessinée est également utilisée par le rayon de soleil face à lui. Pourtant, si elle pense sans doute que ça gêne Hanzo qu'on parle de la sorte, elle se trompe réellement. Pour le coup, c'est un sujet qui intéresse beaucoup le masqué, qui à ses propres convictions sur la question. S'il a un sourire et qu'il souffle sur l'humour noir de la jeune femme, plutôt étonné tout de même concernant le recul qu'elle a de sa propre vie, il n'hésite pas à rebondir sur ce qu'elle avance.


"Tu rigoles, mais je pense que c'est réel. Tu aimais forcément les feux d'artifice, avant de connaître ton sort. C'était ancré en toi, t'as l'air d'aimer toutes les occasions festives, tu as un caractère jovial et libre qui pourrait se rapporter à Matsuri. Tiens, pour te prendre d'autres exemples, je suppose que Dai a des ambitions, qu'on l'a bassiné toute sa vie avec le bien que peut apporter son sort, qu'il sera investi d'une grande mission s'il en héritait. Asuma a toujours dû refouler ses sentiments, mais les a souvent laisser exploser de manière virulente, parfois, de ce qu'il m'en a dis, jusqu'à ce qu'il les exprime à travers ses invocations."

Il pose les mains sur la table pour essayer de formuler ses idées, et ne pas paraître pour un fou, parce que pour le commun des exorcistes, tout ce qu'il raconte n'est que fabulation, et il a souvent été incompris et moqué sur ce propos. Lui, il considère ces gens comme des putains d'idiots qui ne comprennent pas ce qui les entoure, qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez. Mais il voudrait bien qu'Hanabi comprenne son point de vue.

"Je vois l'énergie occulte comme ... Une entité vivante. Un peu comme la force, dans star wars. Elle est intimement liée aux exorcistes, et leur sort inné leur correspond. Et c'est pour ça que pour moi, même si Jack est un sort, il est vivant. Il est la représentation de l'énergie occulte. Il représente ce ..." ce que je suis "les voix dans ma tête. Alors tu va me dire que Matsuri ne vit pas, mais l'énergie qui circule dans ton corps, elle donne vie à ça."

Et si elle vit, elle peut-être tuée. Ou si elle donne s'insuffle chez certains élus, elle peut s'insuffler chez tout le monde. C'est ce qu'Hanzo veux essayer d'accomplir, finalement.

Il s'accroche à ce qu'à également dit Hanabi par la suite, faisant un mouvement gêné de la tête alors qu'elle semble avoir remarquée qu'il se faisait atrocement chier au vernissage, en dehors du moment où elle lui a expliquée un tableau qui l'a fait dissocier un petit moment. Il lève quelque peu les mains en l'air au niveau de son menton, haussant les épaules devant sa remarque.


"Démasqué. Je suis plus fan des choses de ce qui nous a permis d'arriver jusqu'ici, ou des choses qu'on a pas encore totalement compris, et ce qui nous permet d'arriver à ce qu'on sait. Les théories sur l'espace, le temps, les fonds marins, les sciences, notre histoire ... Tout un tas de choses."

Il reste quelque peu perplexe lorsqu'il la voit essayer de se dérober, et qu'en croisant de nouveau son regard pendant qu'il la fixe, elle lui donne un joli sourire, avant de lui poser une question, à laquelle il répond au tac au tac, sans même prendre le temps de réfléchir.

"Y'a pas si longtemps, j'ai fait beaucoup de premières fois en une journée. Genre, être coincée dans une boucle temporelle, tirer un feu d'artifice à l'arc, voir une personne s'intéresser à Jack comme une personne ... Et lui donner une bonne correction à cause de ses incivilités" lâche t-il en s'esclaffant quelque peu.

Il retire l'un de ses gants en le posant sur sa jambe, parce qu'il se sent de le faire, et la pose sur la main de son interlocutrice, en y caressant le dos du pouce, tout en accrochant son regard dans le sien, devant un Jack interloqué, passant ses yeux sous ses sourcils froncés de l'un à l'autre, demandant secrètement de pouvoir bouffer tranquille sans que les deux tourtereaux le foute mal à l'aise pendant son dîner.

"Et j'aime bien que tu me dises ce que tu aimes et pourquoi tu l'aimes. C'est le genre de choses qui m'intéresse. J'aime ta voix, comme ta passion et les choses sensées que tu dis. Alors laisse moi l'écouter. Pas de "bref"." continue t-il avec un sourire charmeur dont il n'a que peu l'habitude mais qui lui vient assez aisément. Il veut voir son sourire franc et sincère à nouveau, parce que quand il lui est adressé, il faut dire qu'il n'y a rien qui lui réchauffe plus le coeur, et il n'y a rien qu'il ne ferait pas pour voir s'illuminer sur son chemin sombre la lumière aveuglante du soleil qui a bien voulu le suivre jusqu'ici. Il se perdit quelque peu, lorgnant sur les épaules nues d'Hanabi, réfléchissant quelque peu, avant de relancer la conversation.

"Si tu devais recommencer ta vie, avec toutes les connaissances nécessaires pour éviter les catastrophes et les drames, et les problèmes que tu as rencontrée, tu changerais quelque chose ? "


La réponse semblait évidente pour Hanabi, mais il souhaite surtout savoir si elle, qui est libre, a une explication, une réponse vraiment détaillé. Pour lui, la réponse est plus clairement oui. Il recommence tout, de A à Z, en changeant énormément de choses, en se préparant plus. Le voyage sera clairement différent, et ainsi, l'objectif et le destin aussi. Peut-être.
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Hanabi Sato
Dim 15 Sep 2024 - 20:08

C'était ce qu'elle préférait à chaque fois qu'elle se mettait à discuter avec quelqu'un de nouveau. Partager des points de vue, refaire le monde, le découvrir à travers les yeux de l'autre. Se laisser guider à travers les galeries d'œuvres que possédaient son interlocuteur, écouter ses commentaires et apprendre, parfois même s'armer de pinceaux à deux et peindre ensemble une toile vierge. Les idées fusaient, ponctuées de "et si" et de "pourquoi", et bien souvent on mettait fin à ce genre de conversations à contrecœur d'un manque de temps. Quelquefois se concluaient-elles d'elles-mêmes d'un silence rempli des pensées de chacun, avant que ne s'engage un nouvel échange, sur un autre sujet, et crocheter ensemble le fil d'une complicité découverte.

Hanabi était intimement persuadée que chaque personne avait des choses intéressantes à dire et à partager. Qu'Hanzo soit lui persuadé de n'avoir rien à dire, de n'être qu'un gars paumée de vingt-huit ans pour reprendre les mots qu'il avait utilisé pour se définir ce soir en Hokkaido, ne changeait rien à l'intérêt qu'elle lui portait. Il pouvait ne pas comprendre, et elle lui apprendrait. Elle lui montrerait. Elle lui montrerait que lui aussi était une formidable personne.
Alors, bien sûr qu'elle l'écouta avec une grande attention lorsqu'il évoqua de façon plus approfondie sa théorie sur l'énergie occulte.

Le regard de comète s'accrochait à lui, scintillait d'une grande curiosité, une appétence certaine pour ce qu'il voulait bien partager avec elle. Son idée était loin d'être stupide. C'était la première fois qu'elle entendait un exorciste avoir cette position sur l'origine des sorts innés, et elle se mit à essayer d'appliquer cette théorie à toutes les personnes qu'elle connaissait. Elle mangea distraitement tout en l'écoutant, fronçant quelque peu ses sourcils et plissant les yeux dans une expression marquée par la réflexion.
Si son idée était déjà intéressante, c'était surtout le fait qu'il en parlait avec passion qui la rendait encore plus vibrante. Il n'y avait rien de plus passionnant qu'écouter une personne parler de ce qui l'animait. Elle plongeait avec lui sur les vagues de ses pensées, embarquait sur le bateau qu'il faisait voguer sur le courant de son esprit. Et comme elle avait décodé pour lui les signes, les indices, sur le tableau de Tadashi, il décodait pour elle le paysage peint de son intérieur. Ses yeux blonds s'étaient allumés de la même expression d'émerveillement qu'ont les enfants lorsqu'ils découvrent quelque chose.

« Je ne crois pas avoir déjà vu passer des études sur ce sujet. Tu crois qu'on pourrait le mesurer ? Je veux dire, si on part du principe que c'est une entité vivante, il doit bien y avoir quelque chose à mesurer comme... Un pouls, une respiration, une onde. On peut même théoriser sur le fait qu'on serait tous liés, exorcistes, fléaux et non-exorcistes... Comme dans une grande toile d'araignée. » commenta t-elle avec enthousiasme, avant de se fendre d'un sourire doux. « Imagine si on parvient à comprendre de quoi elle est composée. Pendant longtemps on a cru que l'espace était vide après tout alors qu'il est surtout rempli de matière noire. Peut-être que c'est pareil avec l'énergie occulte. »

Ok, ça partait loin peut-être, mais elle n'avait pas fini et c'était ça, la magie qu'elle aimait tant à discuter et converser avec une autre personne. Les idées s'entrechoquaient, on imaginait, inventait, théorisait. C'était de là que tout partait.
Elle allait rajouter autre chose, mais se ravisa en jugeant avoir déjà beaucoup parlé, ce fut lui qui répondit à propos de ses centres d'intérêt. Eh bien, elle avait bien fait d'évoquer l'espace pour le coup. Hanabi fit flasher ses dents une nouvelle fois, bien heureuse d'apprendre qu'il s'intéressait à beaucoup de choses. Quand bien même il était plus penché sur les traces laissés par l'humanité, et les choses concrètes de la science, elle ne perdait pas espoir de le faire s'intéresser à l'art moderne. Peut-être qu'avec elle, pour lui éclairer la voie comme elle avait fait devant le tableau de Tadashi, il en viendrait à devenir un peu plus critique et à voir les choses d'aujourd'hui comme il regardait celles d'hier.

Hanzo enchaîna en répondant sans besoin évident de réflexion à sa question. Il lui rappelait leur première rencontre dans la montagne, et si elle baissa quelque peu les yeux en se souvenant du toit et de la façon dont elle avait fondu sous son regard alors, elle ne put que tenter la justification.

« Mais tout ça c'est normal, et c'est toi qui a décidé de rester après tout. Et puis Jack est tellement hu- »

Elle revint très vite loger ses prunelles dans les siennes, lorsqu'il posa sa main nue sur la sienne avant qu'elle ne se saisisse de son verre de vin.
Il allumait la mèche, et mettait le feu à la traînée de poudre qu'elle avait laissé dans son sillage. La comète se perdit dans les iris perçantes, happée par l'attraction qu'il exerçait sur elle. Il avait un tel pouvoir sur elle. Il sentait tout à la fois l'odeur du danger, de l'essence, et cet incroyable parfum qui restait en tête des jours durant. Reviens-y, reviens-moi, disait-il. Il la grondait presque d'un ton si calme et de sa voix si grave et roulante, elle ne pouvait qu'hocher doucement la tête et faire ciller ses yeux de son assiette à son visage, son palpitant s'emballant de tout ce qu'il dégageait actuellement. Elle mordit sa lèvre inférieure, dépassée.
Le pire dans tout ça, c'était qu'il avait conscience de l'effet qu'il lui faisait et il en jouait. Il ne s'en cachait même pas. Elle soupira discrètement pour reprendre un peu contenance et lui lança un léger sourire.

« Tout ce que vous voudrez, Monsieur Sanada. » répliqua t-elle, son regard où coulait le miel soutenant celui de l'invocateur.

Cet intense échange fut conclu lorsqu'il retira sa main de la sienne, et elle but une gorgée de son vin alors qu'il remettait son gant pour continuer de manger. Un bref silence, pour reprendre son souffle. Elle laissa divaguer ses yeux blonds sur la salle avant qu'il ne relance la conversation d'un nouveau sujet.
La question était intéressante pour quelqu'un comme lui, mais pour une Sato comme elle, elle ne faisait pas de sens. Sa réponse était toute évidente, pour autant elle se questionna sur le but de la lui avoir posé. Il devait se douter de ce qu'elle allait lui répondre puisqu'il, semblait-il, connaissait Asuma. Les croyances des Sato ne lui étaient pas inconnues, mais peut-être qu'elle se trompait. Elle répondit avec plaisir, donc.

« Si ça se trouve, ça fait déjà cent fois que je recommence. » déclara t-elle d'abord d'un rire discret. « Chez les Sato, on apprend que la vie est un cycle, et que l'on en sort qu'une fois qu'on a atteint le Nirvana dans une de nos existences. Tant que je ne l'aurai pas atteint, alors j'aurai le plaisir d'expérimenter encore et encore d'autres vies. D'autres douleurs, d'autres drames, d'autres traumatismes parfois... Mais aussi d'autres joies, d'autres rencontres, d'autres découvertes. » expliqua t-elle. « Donc ma réponse est évidemment non : je ne changerai rien à cette vie. »

Hanabi le regarda, un court instant. Elle se doutait du pourquoi il lui avait posé cette question, peut-être inconsciemment même. Peut-être que s'était quelque chose qui se demandait parfois, et elle savait ce qu'il changerait, du moins le pensait-elle. Elle laissa couler son regard sur Jack, et lui indiqua d'un léger sourire amusé une tâche sur le bord de sa bouche, avant de tourner de nouveau son visage vers Hanzo. Elle hésitait surtout sur les mots à choisir.

« Tu sais, Hanzo... Les choses arrivent parce qu'elles doivent arriver. Parfois, tu cherches pourquoi toute ta vie, et tu ne trouves jamais la réponse. Parfois, tu le comprends tout de suite et d'autres fois encore, ça peut te prendre plusieurs mois, plusieurs années. Les choses arrivent pour une raison. » Le regard de comète s'était teinté de plus de douceur encore, et de compassion surtout. « Le mieux à faire, c'est de ne pas se demander "pourquoi". Il y a, que tu le veuilles ou non, des choses que tu ne peux pas contrôler. Le moment où tu obtiendras la réponse à un "pourquoi", ça tu ne le contrôleras jamais. Alors... Il faut juste avancer. »

Elle marqua une pause. Peut-être que ça faisait déjà beaucoup, et elle savait qu'il comprendrait évidemment à quoi elle faisait référence. Elle n'avait pas besoin de lui dire. La perte de sa soeur l'avait marqué, c'était évident. Il la portait comme le catalyseur de toutes ses souffrances, le catalyseur qui donnait une raison à son existence sur terre. Qui donnait une excuse à tout ce qu'il avait pu commettre jusque-là. Hanabi n'était pas stupide. Elle savait qu'en face d'elle, l'homme était loin d'être un enfant de coeur. Mais c'était aussi pour ça, qu'elle se permettait de lui parler aussi franchement que délicatement. Hanzo était un homme. Il était en droit de réagir comme il le désirait mais, au fond, que ça soit maintenant ou plus tard, Hanabi savait qu'il finirait par réfléchir à ses mots.

Pour autant, elle préférait garder quelques cartes dans sa main, et surtout pouvoir appréhender au mieux sa façon de réagir et d'interpréter. Elle le savait anxieux, elle se doutait qu'il pouvait avoir des coups de sang, aussi. Sa condition n'était pas facile, mais elle n'était pas définitive. Et ça, Hanabi en était persuadée.
Personne n'avait juste jamais pris le temps de lui montrer qu'il pouvait changer sa façon de voir les choses et de les vivre, juste en tournant le prisme qu'il utilisait pour le faire.

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Hanzo Sanada
Ven 20 Sep 2024 - 22:28
Il appuie son regard, l'accroche au sien. Parce qu'Hanzo Sanada ne le baisse contre quiconque, ça a toujours été une règle. Il ne se couche pas, devant personne, même en amour. Non, en amour, il n'a pas toujours été comme ça. Mais il ne sait plus vraiment comment on fait, dans ce genre de relation. En fait, il ne l'a sûrement jamais su, mais il a réagit d'instinct à divers moments différents, donnant des réactions différentes dans des situations différentes. Mais ici, il ne veut pas baisser les yeux. Non pas pour une histoire d'égo ou quoi que ce soit de ce genre, mais pour une raison simple : ça fait des années, sans doute une dizaine, qu'on ne l'a pas regardé de cette manière. Il y a toujours des femmes qui minaudent, qui attirent l'attention, avec qui l'on a envie de passer un peu de temps. Et puis, il y a celles comme Kanae, et Hanabi. Avec elles, c'est autre chose, c'est spécial. Il en vient presque à se détester à penser de cette manière. Si quelqu'un lui sort "avec ma meuf, c'est spécial" il en viendrait à se foutre de sa gueule à gorge déployée, ou à rouler des yeux devant tant de niaiserie. Les deux en même temps si Haru lui parlait d'Azra de la sorte. Mais s'il ne sait pas comment l'expliquer, c'est ce qu'il ressent. Elles n'ont pas les mêmes yeux, mais elles ont une lueur. Une lueur que chaque homme doivent rechercher sur une femme. Si la votre ne vous regarde pas de la sorte, à quoi bon ?

"Tout ça est possible, ça m'étonnerait pas, qu'on soit tous liés. Y'en a déjà qui ont dû théoriser la dessus. Mais la plupart des gens s'en foutent."

Peut-être que des gens ont essayés de tout détruire, peut-être que les hautes instances savent quoi faire pour la tuer, ou pour l'amplifier à tout le Japon. Mais peut-être que ça ne les arrange pas. Peut-être que la situation leur plaît, que toute une société s'est bâtie dessus et que c'est plus utile de la garder ainsi. Peut-être qu'à la manière d'une guerre profitable, un business s'est fait sur la guerre entre exorcistes et fléaux, entre la position des différentes familles, et que la dernière chose qu'ils veulent c'est que tout rentre dans l'ordre. Sauf si l'ordre, c'est la situation actuelle. Parce que finalement, est-ce que ce pays à un jour été putain d'ordonné ? Les fondations de la société occulte remonte à des siècles. Des fléaux, il y en a sans doute eu partout dans le monde depuis la nuit des temps, on en sait rien. Peut-être que, finalement, si rien ne change, c'est juste parce qu'ils sont aussi fainéants qu'incompétent, et qu'ils se fait des idées en leur accordant plus d'intentions qu'ils n'en ont. Dans tous les cas, c'est la merde.

Et puis soudain, elle lui parle de son point de vue concernant la réincarnation et quelqu'un y réagis plus vite que lui. Lorsqu'il la regarde plus longuement qu'à son habitude, juste avoir fait un hochement de tête à son avertissement d'une tâche sur le coin des lèvres, et qu'il s'apprête à ouvrir la bouche, Hanzo coulisse son regard sur le meurtrier de Whitechapel.


"Eh ben putain, tu devrais essayer d'y arriver dans cette vie, à ton Nirvana. Si ça se trouve tu va te retrouver dans toutes tes prochaines vies sans cette philosophie là. Avec les connaissances que t'as, autant en profiter et faire ton possible pour quitter ce monde de merde. Y'a des vies qui valent franchement pas la peine d'être vécues."

Dans le fond, il n'a pas tord, c'est du moins la première chose qui traverse l'esprit d'Hanzo. Le masqué à beau connaître Asuma de loin, il ne lui a jamais posé de question sur sa famille, ni sur lui, tout simplement parce qu'avant de connaître Hanabi, il n'en avait pas grand chose a foutre. Peut-être même que maintenant non plus, les Sato en eux mêmes, il s'en fiche. Ce qui l'intéresse, c'est le ressenti profond de son interlocutrice, pas les théories établies sur cinquante livres. Et si on ne lui demande pas, le robot de l'ordre occulte n'est pas des plus loquaces non plus. Donc pour lui, les croyances des Sato, c'est quelque peu le noir total.

"Peut-être que la réponse arrivera dans cette vie là, pourquoi j'ai eu une vie à chier dans la précédente. Peut-être que c'est pour bousiller la vie du maestro en investissant sa caboche." se mit à rire le jeune garçon en ricanant, pointant son invocateur du doigt. "T'sais j'trouvais que les chrétiens débitaient un tas de conneries, mais ta théorie, là ... Elle est ... Euh ... Farfelue."

Il change bien vite de ton et de choix de mot en croisant le regard incisif d'Hanzo. Il profite de ce bref échange visuel pour faire intérieurement le point avec lui même, en appliquant la théorie d'Hanabi pour lui même. A l'heure actuelle, il ne voit pas comment il pourrait atteindre un potentiel paradis. Il en a trop fait pour finir au Nirvana, la traînée de sang qu'il laisse dans son sillage est immense, et les corps d'hommes mauvais comme bons, nombreux. Mais il ne croit pas en une réincarnation. Enfin, il n'en sait rien. Tant qu'on ne le sait pas ou qu'on n'en a pas la certitude par la science, on ne peut pas savoir. Alors ouais, des choses, il en changerait plein. Et même s'il vient à bout de son objectif, peut-être qu'il aura des regrets, tout de même. Sur le fait de ne pas y être parvenu avec Ume.

"Je sais que ça arrive pour une raison. Beaucoup trop de raisons."

Les hautes instances, le fait que rien ne change, les fléaux. Une mère qui ne peut pas s'occuper de son enfant, une rage intérieure. Une frustration, un besoin d'étendre un pouvoir. Une jalousie, une affaire de famille. Tout arrive pour une raison, même pour tous les Jack dans sa tête. Le tout, c'est de déterminer la raison et de la régler. De n'importe quelle manière. Mais est-ce qu'elle peut vraiment comprendre ? Il n'en est pas certain. Elle, elle avance, elle est libre. Lui, il convoite ce qui l'anime elle. Il est prisonnier d'un chemin qu'il s'est fixé lui même, mais s'il en dévie, il aura fait tout ça pour rien. Il est sur une montagne de cadavre sans pour autant atteindre le haut de ces escaliers brisés, avec les quatres yeux d'Ume et de Kanae qui le fixe dans le ciel.

"Mais ça, pour avancer, j'avance."

Après tout, il a un plan pour chaque chose, et un plan pour aller au bout de sa vie. Des objectifs qu'il doit accomplir, pour s'occuper de "ces raisons". C'est comme ça qu'il avance, lui.

"Mais je pense qu'on peut plus ou moins tout contrôler. C'est juste qu'il faut savoir quand on s'apprête à perdre le contrôle."

J'aurais pu faire ci, j'aurais pu faire ça. Quand on se dit ça, c'est qu'on l'a perdu à un certain moment, et qu'on ne l'a pas fait. Hanzo se pose ce genre de questions tous les jours, pour les mêmes évènements, parce que finalement, il s'imagine qu'il n'y a que peu de moments où il a perdu le contrôle de sa vie.

"Ou avec qui on le perd."

Ses yeux s'animent d'une nouvelle lueur, et ses pupilles se dilatent, alors qu'il porte de nouveau son regard sur le rayon de soleil face à lui, à ces mots plutôt évocateurs. Mais son attention est coupé par le serveur, qui remarque leurs assiettes vides, et s'apprête à apporter la suite. Il fixe Hanabi de nouveau, complètement attiré par son visage. Il veut l'entendre parler, à nouveau, mais dans l'instant, il est comme hypnotisé.

"T'as déjà été à Londres ? C'est devenu quoi ? Toujours autant la merde ? Comme paraît que t'as voyagée."

Sauvé par le marmot.
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Hanabi Sato
Mer 25 Sep 2024 - 20:10

Il soulevait un point non négligeable et malheureux de la société occulte : peu d'exorcistes s'intéressait vraiment aux origines de leur force. On connaissait à la fois tant et si peu de choses sur l'énergie occulte. On savait comment la manier, comment la stocker, la malaxer, parfois dans des artefacts, des armes, on l'utilisait pour maudire sous différentes formes, on l'utilisait pour protéger, révéler, blesser ou tuer. On en savait les conséquences mais pas les causes, on en connaissait les mécanismes sans en connaître leur réelle utilité et les raisons de leur existence. On la méconnaissait d'autant plus qu'on en abusait. C'était comme l'humain jouant au chimiste d'élite. Il trouvait la bonne combinaison pour provoquer la fission nucléaire, en faisait une arme monstrueusement léthale qui avait laissé derrière elle une traînée de traumatismes à l'échelle d'une nation, sans se douter qu'elle était autant incontrôlable qu'il ne savait pas la neutraliser.
Ils pouvaient théoriser autant qu'ils le voulaient, aucune étude n'était proprement menée actuellement sur ces pistes seulement évoquées. Par manque de curiosité ? Par manque d'argent ? Par manque d'initiative ?

La meilleure chose à faire lorsqu'on voulait que quelque chose soit fait... C'était encore de le faire soi-même.

Hanabi laissa le sujet de côté dans un coin de son esprit, en sourdine mais sans pour autant l'oublier. Loin de là. Elle était loin d'être une élève modèle, au lycée d'exorcisme préférait largement s'entraîner à l'arc et à son sort inné plutôt que rester derrière un bureau et devant des bouquins mais... Elle n'était pas dépourvue d'intelligence. Et elle avait soif d'apprendre sur des sujets qui éveillaient sa curiosité. Alors seulement, elle se montrait passionnée, creusait et creusait, jusqu'à en faire des nuits blanches, jusqu'à en noircir les pages de plusieurs carnets de notes diverses, jusqu'à s'en dégouter.
Ensuite... Elle arrêtait. Tout simplement. Passant d'une passion à une autre, une fois que son cerveau en avait assez.

La comète tourna la tête vers la jeune invocation lorsque celle-ci se mit à commenter ce qu'elle venait de dire à propos du cycle de réincarnation. Elle eut un sourire doux, en décortiquant silencieusement les paroles, et sans le couper, dans l'étincelle de ses yeux blonds. Elle comprenait la logique de Jack, mais il n'avait pas compris comment cela fonctionnait réellement. Après tout, c'était normal si ce genre de concepts lui étaient inconnus, notamment parce qu'ils appartenaient à d'autres religions que ce qu'il avait pu connaître dans sa courte vie à Londres.
Elle le laissa finir poliment, eut un geste d'apaisement vers Hanzo qui semblait vouloir fusiller sur place l'enfant par son choix de ton quelque peu insolent. Rien qui ne puisse froisser Hanabi, loin de là.

« C'est tout de même un peu plus compliqué que ce que j'en ai donné l'air. » commença t-elle d'abord, avant de patiemment expliquer. Jack avait beau n'être qu'une invocation, il n'en était rien pour elle. « La roue de Samsara -celle des réincarnations- est reliée à ton niveau de karma. Pour atteindre l'éveil et le Nirvana, tu dois purifier tout ton karma qui est le résultat de toutes tes existences passées. Si tu as beaucoup de karma parce que tu as été mauvais dans ta vie passée, au lieu de finir en Enfer comme dans la chrétienté par exemple, tu as le pouvoir de purifier ton karma dans une nouvelle vie et d'essayer une nouvelle fois d'atteindre le Nirvana. Tu vois, ce n'est pas une malédiction. Il faut voir ça comme une nouvelle chance. »

Tout ceci était inscrit dans autre chose de plus grand, et plus complexe encore, et si elle simplifiait grandement les choses pour que ce soit compréhensible et accessible pour Jack, elle ne sous-estimait pas sa capacité intellectuelle. Après tout, il avait été capable d'une critique tout à fait constructive, même si formulée improprement, alors elle avait confiance quant au fait de sa compréhension. C'était tout aussi profitable pour Hanzo, d'ailleurs.

« Mmh... Laisse moi penser à un exemple... » Son regard cilla quelque peu sur son verre de vin, sur lequel elle fit rouler la pulpe de son doigt, faisant vrombir quelque peu le cristal qui le composait. « Imagine une mare qui s'étend devant toi : c'est ton âme. Le but, c'est de la vider pour la purifier. Si tu prends un seau, tu vas vite te rendre compte que c'est inefficace. Le seul moyen de l'assécher, c'est de stopper le flux de l'eau à la source. Et donc logiquement dans un premier temps, il faut trouver la source : c'est l'asvara, la source depuis laquelle le mauvais karma s'écoule jusqu'à ton âme et ton esprit. Tant que cette source coulera, tu seras toujours sous l'emprise de ton karma et tu ne pourras pas atteindre l'Eveil. Si tu ne parviens pas à t'en défaire, une autre existence t'attendra pour te redonner une autre chance d'y parvenir. Facile, hein ? » Elle se fendit d'un léger rire. « En pratique, il n'est jamais aisé d'atteindre l'Eveil et de se purifier de tout son karma. Le chemin passe par l'acception de la nature éphémère des belles choses, et celle de la souffrance qui en découle. »

Cela suffisait pour les explications pour le moment, pensait-elle. Elle attrapa son verre finalement et en but une gorgée, son regard coulissant délicatement sur le visage du sniper de l'Ordre Occulte.
Si les paroles qu'il eut à la suite des siennes sur à propos du fait que chaque épreuve d'une vie apportait son lot de raisons la laissèrent insatisfaites tant elles témoignaient du fait qu'il était complètement passé à côté du sens spirituel, elle ne résista pas à la suite. Hanabi ne manqua assurément pas le double sens qu'il donna à ses mots et l'intense regard qu'il lui lançait, qui fit naître un sourire à la fois lumineux et délicat chez elle. Perdre le contrôle, à elle, ça ne lui faisait pas peur. Elle se laissait porter par les courants de son existence, affrontait à cœur vaillant les péripéties qui se pressentaient à elle sans jamais tenter de s'en extraire.
Lui, par contre... C'était indéniable qu'il luttait contre cette force plus grande que tout, sans parvenir à saisir qu'il lui serait plus simple d'accepter de se laisser guider. Sa manie de revivre les évènements avec des "Si j'avais su, j'aurais pu" ou encore des "J'aurais dû" qui n'avaient pas de sens aux yeux de la jeune Sato, soulignaient le fait qu'il s'accrochait dur comme fer à ses croyances autour desquelles il avait bâti sa raison d'être.

Elle pressentait que le chemin pour lui éclairer la voie ne serait pas de tout repos, peut-être potentiellement à double tranchant si elle s'y aventurait et qu'il se révélait en complète incapacité à voir la réalité des choses.
Mais comme elle croyait que rien n'arrivait sans raison, alors ce n'était pas sans raison que les cours de leur vie se soient croisés par deux fois. Ils obéissaient à des lois qui leur étaient plus grandes et incompréhensibles, et qu'Hanzo le veuille ou non, il fallait parfois simplement accepter les choses comme elles étaient.
Enfin, ce n'était certainement pas en une soirée qu'il allait modifier sa façon d'interpréter. Hanabi n'était pas dupe, ni naïve. Mais Hanabi était patiente et conciliante.

Ses yeux blonds tombèrent sur son plat. Elle s'était laissée tenter par un trompe l'oeil de crumble qui n'avait rien de sucré que le nom et était plutôt composé de poisson, légumes et sauce exotique à la noix de coco, au curry et arachides. De quoi ravir ses papilles et lui rappeler des souvenirs de voyage. Tout en écoutant la question de Jack, elle jeta son attention curieuse sur les plats de ce dernier et d'Hanzo avant d'ouvrir grand les yeux sur l'invocation d'un air à la fois interloquée et surprise.

« Hanzo ne t'a pas montré ? Ai, ai, ai, pobre menino. Que homem vilano ! Je vais te montrer, attends garotinho. » s'étonna t-elle en lançant un coup d'œil inquisiteur mais taquin vers l'invocateur. Hanabi dégaina son téléphone et chercha dans sa galerie de photos les quelques fois où elle avait pu se rendre dans la capitale anglaise. « Londres a beaucoup changé du temps où tu y existais. » Exister ou pas d'ailleurs. « Regarde, il y a toujours cette vieille Big Ben sur le palais de Westminster. Et ça c'est le grand quartier de West End, ça a du beaucoup changer mais peut-être que tu reconnais quelques endroits ? » Elle se redressa sur sa chaise après avoir posé le téléphone à côté de lui pour le laisser librement voguer dans la galerie photo de ses souvenirs londoniens. « Quand ils ont reconstruits après la première et la seconde guerres mondiales, ils n'ont pas vraiment respecté un certain type d'architecture, ça donne un aspect très typique au Londres actuel. Aujourd'hui, c'est une des villes les plus cosmopolites au monde. »

Hanabi eut un sourire chaleureux et doux pour l'enfant, avant de poser ses yeux sur Hanzo de nouveau. Avec tout ça, elle avait complètement oublié de gouter son plat. Elle prit une bouchée donc, retournant la fourchette contre sa langue pour apprécier au mieux les saveurs du plat en regardant distraitement les photos défiler sur l'écran de son téléphone, avant de loucher quelque peu sur l'assiette de l'invocateur en face d'elle. Elle jucha ses yeux sur lui, plutôt.

« Je peux gouter ton plat, mon ange ? » demanda t-elle avant de rajouter naturellement : « Tu veux goûter le mien, aussi ? »

La jeune femme attendit sa réponse avant de tendre le bras pour attraper un peu de son plat et l'amener jusqu'à elle, d'un geste léger et délicat. Elle hocha la tête en appréciation à ce qu'elle goutait, les saveurs se déployant dans sa bouche avec délice. Sous la table, sa cheville vint de nouveau se poser doucement contre la jambe du tireur d'élite alors même qu'elle tournait son attention vers Jack pour lui proposer de gouter lui aussi, en profitant pour ranger son téléphone dans son sac.
Hanabi jeta un regard brillant et teinté d'une légère pointe de malice sur l'homme en face d'elle, avant de reprendre une bouchée de son propre plat et de relancer la conversation.

« Et toi, querido, tu as déjà voyagé ? » lui demanda t-elle dans un sourire faisant flasher quelque peu ses dents.

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Sam 5 Oct 2024 - 15:49
Le regard d'Hanzo fait quelques aller retour entre le meurtrier et l'astre. En soi, les paroles d'Hanabi sont intéressantes. Mais il reste spectateur de sa façon de penser, sans se demander si c'est une bonne chose ou non de voir les choses de cette manière. Il prend en note, dessine sur un tableau un élément de plus de quelqu'un qu'il met sur un piédestal depuis le premier jour qu'il l'a vu en action. Une femme libre, joviale, généreuse, avec ses convictions optimistes et utopistes. Hanzo, cependant, ne partage pas sa façon de penser. Pour lui, les religions, c'est une connerie sans nom qui se trimballent tout un paquet d'incohérence. Même de la manière dont elle parle du bouddhisme, il est quelque peu sceptique. Il ne s'est pas intéressé à cette philosophie plus que ça, et il est persuadé que, plus il va se mettre à creuser, plus toute la crasse que cache cette doctrine va finir par se voir complètement. La crasse, ou ses failles. Rien que dans certaines religions, il ne peut pas s'imaginer qu'un dieu à créé les hommes avec des défauts, pour leur permettre d'accéder au paradis s'ils font le bien. Genre, autant créer des bonnes personnes d'un coup, non ? S'il les fait à son image. Les violeurs, les tueurs en série, les déviants, les tortionnaires, les parents qui commettent des atrocités envers leurs enfants ... Toutes ces choses existent, et si ces choses existent, c'est qu'un dieu l'a permis, que ce soit pour faire une expérience ou pour les tester. Ce qui signifie aussi que les gens ne sont pas égaux, ni dans la vie, ni dans la mort, ni dans la religion. Alors il s'est persuadé d'une chose.

Si dieu est tout puissant, il ne peut pas être bienfaisant. Mais si dieu est bienfaisant, c'est qu'il ne peut pas être tout puissant.

Peut-être devrait il néanmoins essayer de creuser ce dont parle Hanabi. La roue, le karma, le Nirvana, Il reste néanmoins circonspect devant toutes ces notions. Pourquoi ne pas arriver dès la naissance au Nirvana, avec la connaissance et la sagesse du bouddha, pour un monde parfait et sans problèmes ? Si ce lieu est assimilé à un paradis sur terre, autant y arriver directement sans avoir à subir toutes les souffrances. A moins que le créateur ne soit pas tout puissant et qu'il se serve de ce monde comme d'un purgatoire, pour laver tous les pêchés des hommes voulant accéder à ce nouvel Eden. Mais dans ce cas là, pas de punition pour un tueur qui hôte la vie d'un gosse par rapport à un gamin qui a plus de difficultés à s'éveiller ?

Il faudra qu'il creuse la question. Pour le moment, ses yeux passent d'une personne à l'autre sur la table, assimilant toutes les informations à sa disposition. S'il n'en donne pas l'air, son cerveau fonctionne à cent à l'heure, stockant tout ce qu'il peut dans son esprit, l'emmagasinant, l'étudiant et l'interprétant, avant de remettre à plus tard une analyse plus approfondie du bouddhisme. Si Hanabi s'y intéresse, si sa personnalité idéale, celle qui représente pour lui le futur de l'exorcisme, s'y plonge pleinement, c'est que ça n'est pas si dénué d'intérêt que ça. Mais pendant que le mercenaire est dans ses pensées, sans jamais cesser de fixer son rayon de soleil, le petit tueur se fend d'un rire clair.


"Bah ton copain est à des kilomètres d'atteindre ton paradis. Mais on va pas s'en plaindre, vu tes explications, j'ai l'impression que sur les milliards d'humains sur terre, ils doivent être une cinquantaine même pas, dans ton Nirvana."

Tel que Jack voit la vie, tout le monde est mauvais, et les gens naissent mauvais par essence. Ou bien est-ce le monde qui est pourrit de l'intérieur et corrompt les gens au point qu'ils ne peuvent plus être de bonnes personnes à partir d'un certain âge. On profite des autres, on évolue personnellement pour s'en sortir et pas toujours de la bonne façon. Vivre sur terre c'est de la survie à l'état pur et c'est à celui qui s'en sortira avec le plus d'aisance. Jack a depuis longtemps compris leur nature éphémère, mais il a décidé de jouer avec les règles imposé par ce monde. Mais du coup, il se demande : est-ce qu'un coeur pur dans sa méchanceté, conscient de tout ce qu'enseigne le bouddhisme, peut tout de même se transcender ? Ah, ce serait drôle, quand même. Peut-être même que ça justifierait l'existence d'un diable dans leur philosophie. Mais ça ne colle probablement pas à ce qu'ils voudraient enseigner, néanmoins.

Hanzo, de son côté, voyait tout sous un aspect scientifique. L'énergie occulte, la magie, le paranormal ... C'est une science qu'on a pas encore comprise, pour lui. Lui qui est d'une nature perspicace, terre à terre et méfiante, il ne comprend pas que, s'il y a un paradis, des gens choisissent de rester pour aider ceux qui ne sont pas parvenus à s'y hisser ... à justement s'y hisser. Pourquoi continuer d'être si altruiste, si un paradis t'ouvre déjà les bras ? Quel est le point ? Est-ce que ce Nirvana n'est pas aussi rose qu'on voudrait le faire croire ? Bah, pas besoin d'essayer d'aller plus loin, de toute manière. Il ne va pas se triturer l'esprit pour ça : des milliers d'érudits s'y sont essayés, et tous n'ont aucune certitude ni réponse. C'est trop spirituel pour lui.

Il s'arrête de dissocier lorsqu'Hanabi le gronde presque sur le fait de ne pas avoir montré à Jack ce qu'il est advenu de sa terre natale. Il s'est machinalement écarté pour laisser au serveur l'espace de poser son plat, qui se trouvait être un petit déjeuner composé d'un cappuccino et d'un pain au chocolat. A vrai dire, même s'il vient souvent ici, il ne s'y fait jamais vraiment, d'autant que la carte change souvent. Le côté artistique et la créativité dont font preuve les cuisinier le laisse toujours agréablement surpris. En l'occurence, ici, il va goûter une brioche de veau, une poêlée de champignon et du jus de bœuf, avec des churros en accompagnement qui se trouvaient tout simplement être des frites.

De son côté, Jack s'attarde avec un intérêt soudain sur les clichés partagés par la femme à ses côtés, laissant tomber toute animosité qu'il partageait quelque peu auparavant.


"Là, c'était plus sombre, et y'avait des pierres partout, et des planches aussi ... Tout était plus sale avant, y'avais des maladies, et tout, on sentait la crasse jusque dans l'air, dans l'humidité, sur notre peau. Tout à l'air plus ... Moderne. Et illuminé. J'aurais pas parié un rond sur le fait que ça deviendrait ... Un truc comme ça. A tous les niveaux ça fait futuriste. Ici ça me faisait pas bizarre parce que je connais pas ce pays, façon de parler."

Hanzo ne contrôle pas ses invocations, et ça lui fait tout drôle que l'une d'elle réagisse de cette manière, la rendant encore plus humaine à ses yeux. Encore plus réelle, comme s'il s'agissait d'une vraie personne. Il n'en est pas surpris : il sait très bien quoi penser de Jack, sur le fait qu'il soit bien vivant. Mais qu'Hanabi parvienne à en extraire toutes les nuances, dévoilant au grand jour son intérêt pour ses origines, ça l'épate quelque peu.

"Ouais, bien sûr, sers toi."

Jack profite de son moment de distraction pour attraper, sans demander de son côté, le plat de leur invitée, prenant une bonne part avec sa fourchette. Une fourchette qui vacille, quand Hanzo tapa dessus avec la sienne, pour lui faire tomber, et prendre ce qu'il a pris à la place. D'un regard outré, le jeune homme se tourne vers le masqué, qui ne donne une explication qu'après avoir dégusté le poisson à la noix de coco lentement, pour en apprécier la saveur, et pour laisser le gosse se remettre en question.

"Tu demandes poliment."

"Sans déconner ?"

"Et plus vite que ça sinon t'aura que dalle."

Si on demande à Hanzo, il veut pas être daron. Certainement pas maintenant, en tout cas. Enfin peut-être un jour. Il sait pas. Enfin bon, le point, c'est qu'il s'occupe déjà assez bien d'un tueur en série de douze ans. Alors un gosse sage comme une image, en soit, ça devrait le faire. Mais est-ce qu'il pourra s'en occuper sereinement justement, avec un tueur en série de son crâne et dans la réalité qui l'accompagne au jour le jour ?

"S'scuse, ça va, vieille habitude. J'peux, miss ?"

Alors qu'Hanabi lui répond, Hanzo de son côté, replonge dans des souvenirs d'enfance qu'il a enterré depuis bien longtemps, tant l'époque est lointaine. C'est vrai qu'il n'a pas beaucoup voyagé, depuis la mort de ses parents. Depuis l'apparition de ses pouvoirs, en fait. Faut dire qu'on se fait plus de thune au Japon qu'ailleurs, avec un taff comme ça. Mais ça n'a pas toujours été ainsi.

"Mes parents aimaient bien la plage, et surtout les endroits un peu tropicaux. Vietnam, Thaïlande, Mexique, ce genre d'endroit. J'y allais pas mal avant les complications avec mon sort. Maintenant c'est quelque peu fini. Puis même quand j'étais petit, j'aimais pas des masses ce genre d'endroit. Je faisais toujours gaffe à ce qu'on me colle pas trop, à éloigner les moustiques et toutes ces merdes. Mais au moins les paysages étaient sans pareil, ça, c'est sûr. Mais les paysages comme ça, ça se mérite. Au final, avec ma sœur et mes parents, on se retrouvait pas mal tous les quatre, en randonnée, ou sur un bateau, a essayer de s'orienter pour trouver le meilleur spot et la plus belle vue. Hmpf. Je dis que j'aimais pas ça mais en y repensant, c'était pas si nul. Quand on en garde les meilleurs souvenirs. Mais j'ai plus le temps. Ou du moins je m'en donne peut-être plus assez. Sauf quand on s'est retrouvé en Hokkaido, où j'étais passé quelques mois dans les régions éloignées du Japon. Mais toujours avec le travail en tête. Une folie qu'on ai pas été payé pour celui qui nous as foutu dans une boucle, d'ailleurs, il aurait valut un paquet."

Il déverse son cappuccino sur son pain, en parlant, ou plutôt son jus sur sa brioche. Tout y est exquis : Hanzo ne choisi pas les restaurants à la légère. La cuisine est l'une des choses qu'il apprécie le plus, alors il met presque tout son argent là dedans, avec son investissement dans le logement. Bien vivre, c'est quand même vachement bien. C'est pour ça qu'il aura du mal à aller dans le Nirvana décrit par Hanabi : il est bien trop préoccupé par le matériel. Tout contrôler, assurer ses arrières, ça demande un coût.

"J'ai pas voyagé des masses, j'garde l'argent pour le confort en un seul et même endroit. J'suis plus sédentaire que nomade. Au moins j'ai mon confort et la bulle dans laquelle il peut rien se produire. En théorie. Toi tu serais bien avec un camping car. Nan ?"
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Mar 8 Oct 2024 - 19:38

Hanzo restait silencieux sur ses explications succinctes quant au karma et la recherche du Nirvana. Mais ce regard assuré ne pouvait tromper celui de la comète : derrière les iris perçantes, elle savait sans même s'y attarder de trop que les multiples et nombreux engrenages de la machine logique tournaient à vive allure pour la faire fonctionner. Procéder à l'analyse de ce qu'elle venait de dire, ranger, stocker, traiter les informations, élaborer d'autres idées et pensées à leurs propos, quand bien même la bouche muette, plutôt préoccupée à manger. Hanzo ne disait rien, mais elle ne s'en affolait pas. Il était un assemblage minutieux de raison et de logique, tandis qu'elle était un cœur translucide intensément émotionnel. Mais petit à petit, c'était peut-être elle qui avait le regard le plus affuté et analyste sur lui. Elle possédait des outils qui lui échappaient, une hauteur qu'il se refusait de prendre, accroché au factuel comme si sa vie en dépendait.

Elle ne remettait pas le fait qu'il ait pu en dépendre, un jour. Qu'il en dépende encore, parfois. Il se réfugiait dans des schémas rassurants, à travers le seul prisme qu'il avait jamais connu et qui n'avait jamais -sûrement peut-être- trahi sa confiance : lui-même. Une relation complexe d'amour en désamour pour sa propre personne, subtilement révélée sous des mots, des phrases anodines, pourtant porteuses silencieuses du nœud autour duquel il articulait son être. Hanzo était autant pour lui-même son allié le plus fidèle que son ennemi juré.
Hanabi s'affublait d'un sourire léger et doux, ses orbes dorées jonglant de l'invocation à son maître, feignant la naïveté et l'innocence alors que la propre machinerie de son esprit décortiquait sans aucun état d'âme tous les faits et gestes, toutes les paroles, tous les mots, les syllabes, jusqu'à la façon dont elles étaient prononcées, du masqué. Le moindre détail était attrapé, mis à nu à la merci de son avide curiosité peut-être un brin mal placée. Elle voulait tout savoir, tout apprendre. Connaître les plus sombres recoins de sa personne, découvrir entièrement le labyrinthe incroyable de la mécanique qui le composait, gratter la surface de l'inox et du métal pour recouvrir ses doigts d'huile à mesure qu'elle décomposait pièce après pièce, d'une douceur implacable, l'instrument qui lui servait de cerveau.

Elle avait faim d'apprendre des autres, et de lui, elle voulait tout savoir.

Les mots prononcés par le jeune Jack à ses explications furent utilisés comme conclusion, alors que d'un délicat plissement de ses lèvres, elle se fendait, l'affublant de crépitement suave de son regard. Toujours, lorsqu'elle posait ses yeux sur un enfant. Quand bien même il s'agissait du meurtrier le plus célèbre de l'histoire de l'Angleterre.
Et lorsqu'il se pencha sur ses souvenirs londoniens, partageant avec elle les siens, elle se laissa porter par la tendresse du moment, dardant ses pupilles qui se dilatèrent d'un poil sur la silhouette d'un Jack occupé à observer l'écran de son téléphone. Elle fondit dans ses mots, et comme bien souvent, il avait plus l'allure d'un enfant perdu et cassé par la vie, en chair et en os, plutôt que celle d'une simple invocation chargée d'énergie occulte qui pouvait disparaitre d'un instant à l'autre selon la volonté du subconscient de son propriétaire.

« Londres a vraiment un charme certain. » répondit-elle, souple dans sa voix d'un compliment subtilement avancé, révélé par un clin d'œil de sa paupière fardée.

Aussi lorsqu'Hanzo le réprimanda de s'être servi dans son assiette en profitant de son inattention, elle glana une expression permissive sur l'enfant. Ses yeux passèrent de l'un à l'autre, dans cette interaction étrange qui avait tout de celle d'un père et de sa progéniture. Hanzo avait beau s'entourer d'une aura froide et impénétrable, il était indéniablement d'une douceur mesurée envers le jeune meurtrier. Sous couvert d'une autorité calculée, il cadrait son comportement avec facilité, le roulement de sa voix grave s'évadant dans un ton familier. Il ne fallait pas être prude pour le côtoyer, assurément pour certains son parler serait peut-être un peu trop piquant. D'aucun pourrait le qualifier de rude et malpoli, et le contraste était plutôt fort avec l'application qu'il mettait à bien s'habiller. C'était sûr qu'il devait en brusquer plus d'un.
Hanabi perdit quelque peu son regard sur les traits du tireur d'élite, alors qu'il réprimandait son invocation. Hanabi se disait qu'il pouvait bien la brusquer un peu, elle aussi, si ça lui permettait d'apprécier le grondement du ton grave de son élocution.

Elle cligna légèrement des yeux et se détacha d'une vision un peu trop précise qui avait pris forme dans son esprit, tournant plutôt son attention sur son assiette, puis sur Jack qui lui demandait de goûter son plat. Hanabi pencha doucement sa tête de côté puis l'hocha, avançant son plat vers lui pour qu'il se serve en toute liberté. Elle s'en fichait bien s'il prenait une grosse part. Elle l'observait faire, lui laissait le choix. Du libre-arbitre. Mais rien n'échappait à la bête analytique du moindre mouvement, vivant dans sa tête, alors qu'elle soulevait son verre d'un geste délicat et élégant, le portant à ses lèvres. Au goût tannique de la boisson, elle réajusta ses prunelles sur ce dernier, le faisant tourner dans son verre à pied, ses papilles agréablement satisfaites, et décida de se resservir.

Tout en même temps, la jeune femme jetait son attention sur Hanzo qui répondait à sa question sur son expérience en terme de voyage. Avec lui, elle suivait l'enchaînement de ses pensées, de mauvais souvenirs finalement de nouveau jugés en "pas si mal", réflexion qui lui tira un sourire teinté d'amusement. Il finit par théoriser sur elle, ouvrit sur une autre interrogation. Hanabi fit quelque peu flasher ses dents entre ses lèvres, mais secoua négativement la tête doucement.

« Non... Quand je décide de voyager, j'aime plutôt marcher et loger chez l'habitant. C'est plus simple logistiquement... Je veux partir, j'ai juste à prendre mon sac à dos et carpe diem ! » dit-elle pour lui répondre, joignant le geste à la parole d'un mouvement de la main vers le large. « Mais je ne suis pas toujours sur la route, j'aime aussi retrouver mon chez moi, même si en ce moment je t'avoue que j'y suis très peu. »

Elle ponctua sa phrase d'un léger rire. Elle tenait à son petit appartement de Tokyo, lumineux et coloré. C'était toujours un plaisir de s'y retrouver, son petit cocon aménagé par ses soins, où elle se sentait assurément en sécurité. Mais avec son emploi du temps chargé, et le fait surtout qu'elle arrivait si peu à refuser de voir du monde, elle avait surtout tendance à y passer en coup de vent. Elle allait à droite, à gauche, et puis, avec son retour au japon, il avait bien fallu rattraper le temps avec les Sato. Aller voir son père, le vieux Yorinobu, passer du temps avec les enfants et commencer à mettre en place quelques visites plus régulières... Elle avait même commencé les leçons, expérimentales, au monastère de Nara, qui n'était pas du tout la porte à côté de son appartement tokyoïte.

« Et je ne risque pas de le retrouver ce soir. » ajouta t-elle d'un air distrait en sirotant son verre de vin.

Mais son regard ne trompait pas, d'une légère flamme allumée dans l'or de ses iris qu'elle dardait sur le visage du sniper. Hanabi reposa son verre, délicatement, ses ongles bordeaux pianotant subtilement sur la matière de leur longueur affutée, elle y laissa glisser ses yeux avant de les jeter, une nouvelle fois, dans ceux d'Hanzo.

« Mais du coup... C'est quoi ton meilleur souvenir de ces voyages avec ta famille ? » demanda t-elle, relevant son verre pour profiter du délicieux breuvage, son dos rencontrant le dossier de sa chaise lorsqu'elle s'y laissa glisser en se redressant.

Elle était curieuse d'entendre sa réponse. Peut-être une anecdote de famille, avec ses parents ou avec sa sœur. Peut-être lui parlerait-il d'un paysage inoubliable. Peut-être que cela serait ultra précis ou qu'il la nourrirait d'une idée plus générale.
Quoi que cela sera, elle s'en contenterait. Et sans aucun doute que ça en dirait plus long sur lui que ce qu'il pourrait penser lui dire. Elle commençait à saisir les subtilités de sa personnalité, soulevait les couches minutieusement et prudemment. Elle n'en était encore qu'à la surface, mais son assurance parfois déconcertante qui se lisait dans son regard perçant ne pouvait, indubitablement, tromper celui de la comète.

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Hanzo Sanada
Dim 20 Oct 2024 - 0:33
Le regard angélique et bienveillant de la jeune femme est un trésor pour le mercenaire. Elle est comme une lumière irradiante qu'aucune obscurité ne peut ternir. Ses gestes sont délicats, Ses yeux pleins de vie, semblant s'animer de plusieurs émotions et manières qui parviennent à le prendre au dépourvu à chaque instant. C'est comme si le monde avait fait des hommes des marionnettes, et qu'ils jouaient tous un rôle, effectuant des actions mécaniques qu'Hanzo parvenait à déceler, mais qu'Hanabi se serait détachée de tout ça, qu'aucune ficelle ne la retiendrait.  Et là où le mercenaire a le contrôle sur n'importe qui, parvenant a anticiper chaque intervention jusqu'au moindre tic d'une personne, tout ce qui vient d'Hanabi est pourtant une découverte constante, qui ne le déplaît nullement.

La liberté. C'est ainsi qu'il voit le rayon de soleil : l'allégorie de sa vision de la liberté, et de son idéal le plus pur. Un mythe devenu réel, le tout synthétisé dans la charmante personne qu'est Hanabi. Alors que son regard remonte de son cou à sa coiffure, avant de repasser dans ses yeux, il ne peut qu'avoir des flash de la nuit passée avec cette dernière, à Hokkaido. De leur complicité dont ils ont fait preuve pour se tirer du piège dont ils ont été victimes, par deux fois. De sa manière de parler, et de minauder De son côté naïf et insouciant, bien que derrière la façade, le masqué sait très bien qu'elle sait comment tourne le monde. Utopiste et optimiste, elle a surtout décidé de voir le bon chez les gens. Aussi, s'il se sait jugé et analysé sous toutes les coutures, pour une fois, ça ne le dérange pas. Hanabi semble vivre au jour le jour, et si elle continue de vouloir le voir, c'est qu'elle s'amuse et se sent bien avec lui. Même si elle détaille tous ses mouvements, toutes ses erreurs, toutes ses réactions, il ne craint pas d'être jugé. Elle est libre, et choisira ce qui est bon pour elle. C'est pour ça qu'il l'admire, et le fait qu'elle ne regrette pas ses choix. C'est cette mentalité, cette présence, qu'il est fasciné. Un tout s'approchant de la perfection à ses yeux, assemblé en une seule personne. Un trésor indigne d'être touché par ses mains impies, mais bien trop tentatrice pour s'en détourner. Car il s'imagine faible, et égoïste. Il a croisé une oasis sur son chemin et il compte bien en profiter au maximum.


"Faut toujours se méfier des apparences, cela dit. Avant, Londres était crasse, et ça se voyait physiquement. La ville faisait rien pour le cacher, l'ambiance était oppressante, angoissante, étouffante. Mais t'aura beau le masquer, enrober d'une papier cadeau magique qui te met des paillettes dans les yeux, tout se fait au détriment de quelqu'un."

La vision du meurtrier de Whitechapel sur le monde est bien plus pessimiste que son interlocutrice. Sans doute ne serait-il pas le plus grand tueur de l'histoire si c'était le cas, et sans doute n'aura t-il plus le loisir de se prouver le contraire. Lui, contrairement à elle, n'est plus si libre, complètement attaché a une personne dont la vision du monde n'est guère plus attrayante. Mais contrairement à son invocation, le masqué a espoir d'une guérison. Surtout lorsqu'il regarde la personne face à lui, purgée de tout maléfice, de tout poison, de tout maux que chaque expérience peut pourtant contaminer. Le sourire et les petits rires qu'elle lui offre lorsqu'il se veut amusant ou agréable le fait fondre, le conforte et le rassure sur le fait qu'elle veuille bien de lui a ses côtés, et il ne peut s'empêcher lui même de réagir d'un air satisfait. Cette femme est une oeuvre d'art bien plus précieuse que tous les piètres tableau qui se targuent de l'être, à l'exposition de tout à l'heure. Elle semble avoir toujours les bonnes réponses, affirmant ses idées d'une manière si confiante et sereine qu'il est difficile de la contredire tant elle semble persuadée et sage. A un si jeune âge. On peut prendre ça pour de l'insouciance, mais Hanzo sait qu'il n'en est rien. Elle en a plus vu et compris que des mecs de quarante piges, la faute, ou grâce, sans doute, a une éducation des plus strictes. Pureté et bonté incarnée en en ayant vu de toutes les couleurs. Et soudain, une vérité tambourine dans son esprit, une pensée effrayante fait son petit bout de chemin dans son crâne.

Il a besoin de ça. Il a besoin d'elle. Et si intérieurement, ça le terrifie, il range ça dans un coin de sa tête, verrouille à double tour et jette la clé. Il s'inquiétera des conséquences plus tard. Remuer trop longtemps que l'émotion prend le dessus sur le contrôle trop longtemps est nocif. Profiter simplement de l'instant présent, comme une pause dans la vie de merde qu'il mène, dégager d'un coup de pied les pics de bois plantés, enracinés dans le sol permettant à la tente qu'elle a installée de rester plus de temps que nécessaire dans sa caboche, et on repart.


"Juste le baluchon, alors."

Le sarcasme, pour reprendre le contrôle. Ses lèvres s'ouvrent d'un côté pour former un sourire ironique, mais qu'il souhaite à la fois doux et taquin. Une confiance assez grande pour s'aventurer chez des inconnus. Confiance dans la nature des gens, ou en elle même, pour prendre de tels risques ? Jamais une telle idée ne peut traverser l'esprit du masqué, de se reposer dans un endroit avec des personnes qu'il ne connaît ni d'Adam ni d'Eve. Pourtant, au vu du personnage, ça ne l'étonne pas du tout. Y'a qu'à voir comment elle s'est fait ami ami avec l'aubergiste rien qu'à la première nuit, à Hokkaido. Hanzo cherche le contact de sa jambe, alors que, perçant une nouvelle fois de ses yeux les siens, son regard se fait plus intense.

"Ah ça non. J'ai mieux à te faire visiter."

La gorgée de vin coulisse à ces mots, prenant pendant ce temps connaissance de la question posée. Une bonne question, d'ailleurs. C'est des souvenirs qu'il a écarté et oublié depuis bien longtemps. Des souvenirs qui ne sont plus que douloureux, maintenant, lorsqu'il y réfléchit seul. Mais en partager les meilleurs moments avec Hanabi le libère, quelque peu. Il espère pouvoir se forger de nouveaux souvenirs avec quelqu'un d'autre. Mais le pourra t-il un jour ? Il a une mission, a accomplir. C'est un soldat qui n'a pas fini sa tâche. Et un soldat ne connaît jamais vraiment le repos. Seulement des pauses.

"On s'est baignée, une fois, dans ces eaux tropicales. Un moment, je faisais une course avec ma soeur, et on s'est éloignés du rivage. On discutait tranquille, et une horde de poisson s'est formée autour de nous. Plein de poissons, des gros comme des petits. Alors moi j'ai flippé, parce que, ben, j'aime pas être oppressé comme ça, humain comme animaux. Et faut dire qu'ils étaient vachement près, prêt à croquer. Mais j'étais statique, et plus j'étais immobile, plus ils se rapprochaient mais ma soeur continuait de faire sa vie, a tourner autour de moi tout en parlant, puis repartant en brasse, et elle m'a dit d'ignorer les poissons, de faire ma vie. Alors comme elle semblait être libre, dans ces eaux, comme si elle évoluait dans cet environnement depuis toujours, je l'ai suivie, et là, la poiscaille s'est écartée, a nagée avec moi, puis m'a ignorée, et puis j'ai eu l'impression de faire parti de leur vie, comme si j'étais normal dans ce lieu qui était pas le mien. Comme s'il m'avaient adoptés dans leur système de vie."

Son regard se perd dans l'assiette du rayon de soleil, et un léger sourire se dessine sur son visage.

"C'était cool. J'repense souvent à ce moment, quand j'me dis que j'ai besoin de me détendre parce que j'suis tendu. Je me rappelle que parfois si les gens agissent bizarrement et sont soupçonneux, c'est parce que j'peux leur donner le sentiment que je suis pas à ma place, alors que je dois prendre l'espace et du contrôle."

Il relève les yeux vers la jeune exorciste. Et d'un geste, évacue un peu son petit discours.

"Laisse tomber, c'est con ce que je raconte, j'me perds."

Il rappelle un serveur en claquant des doigts, puis en faisant un signe de la main une fois qu'il a eu son attention, pour commander les dessert, et une fois fait, il reporte son attention sur elle.

"J'me suis installé à Arashiyama parce que c'est calme et tranquille. Y'a rien de mieux que les espaces verts et la nature pour se sentir respirer. Toi qui aime bien les fleurs, tu devrais revivre. Chez moi y'en a pas beaucoup, mais vu le jardin et le potentiel, y'aurais de quoi faire."

Il repense a l'air enfantin et juvénile qu'elle a adoptée, redevenant comme une gamine, lorsqu'elle s'est penchée en Hokkaido pour ramasser ces fleurs. Une action qui a conduit à quelques paradoxes alors qu'elle devait réitérer son comportement, sans qu'elle ne le puisse, à cause de cette même action de la veille, conduisant à une légère frustration. Mais si elle aime tant ces petites choses, et qu'elle se projette assez, nul doute qu'elle fera des tours dans le jardin du masqué.
Hanabi Sato
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Hanabi Sato
Sam 2 Nov 2024 - 20:16

Hanabi avait parfaitement entendu les paroles du jeune meurtrier à la suite des siennes. Son commentaire enrobé d'un nuage noir de pessimisme ne manqua pas à la jeune Sato. Qui pouvait le lui reprocher ? Elle-même n'était pas certaine d'être la même personne si elle avait vécu la moitié de ce qu'il avait traversé. Elle ne pouvait qu'imaginer sa peine, sa douleur, son mal-être et à son âge, se projeter dans sa vie passée quand bien même n'avait-elle peut-être jamais existé. C'était la moindre des choses que d'essayer de le comprendre, après tout. Mais plus que cela, c'était tellement naturel chez elle, d'être aussi capable d'empathie que parfois elle s'oubliait au profit des émotions et des sentiments des autres. Alors seulement, l'étincelle d'étoile des Sato, souriante et toujours optimiste, s'isolait pour se recentrer sur elle-même. Elle avait beau être une personne extrêmement friande de la compagnie des autres et toujours avide de nouvelles rencontres, elle n'était pas exempte de devoir se laver des énergies d'autrui lorsque d'aventure elle s'y était trop noyée.

Alors, si elle ne commenta aucunement les noires paroles de l'enfant assis à côté d'elle, elle lui adressa tout de même un sourire teinté de tendresse et de compréhension, une façon de lui partager le respect qu'elle éprouvait envers son vécu quand bien même il était, après tout, rien qu'un meurtrier. La notion de bien et de mal était complexe et souvent vouée à l'interprétation de chacun. Si prendre la vie de quelqu'un signifiait en sauver une autre, pouvait-on dire alors qu'il s'agissait d'une mauvaise action ? Tout dépendait du jugement de chacun et s'il était parfois faussé par les sentiments personnels, elle n'était personne pour elle-même juger. Pour faire le bien, il fallait accepter qu'il y ait du mal en ce monde. La vie n'était qu'un long périple semé d'embûches plus ou moins difficiles selon, encore une fois, l'individu. Hanabi Sato était Hanabi Sato parce qu'elle avait vécu certaines épreuves qui l'avait forgée comme elle était. Personne n'échappait à cette règle. L'individu serait-il le même s'il avait seulement vécu la moitié de ce à quoi il avait été confronté ? Hanabi ne le pensait pas.
Aussi, même si Hanzo Sanada était pour le commun des mortels une ordure, elle ne le jugeait pas sur ses choix passés ni même ses actions qui étaient pour le moins discutables. S'il n'avait pas eu le même parcours jusque-là, peut-être bien qu'elle ne se serait pas arrêtée sur lui. Et s'il s'était lui aussi laissé, visiblement, séduire par une personne comme elle, alors sûrement qu'il avait une chance de rédemption quelque part, dans cette vie. Ou dans une autre.

« Mon baluchon et ma bonne humeur, oui. » glissa t-elle pour souligner son léger sarcasme d'un sourire délicat.

Les yeux de comète plongèrent dans ceux du sniper lorsqu'elle sentit contre son mollet le sien. Surprise passagère sur son visage, qui se traduisit d'un trait de feu dans ses iris d'or, assurément qualifiée d'agréable. Il n'avait pas besoin de la chercher longtemps pour la trouver : elle répondait présente à chacun de ses essais de la traquer, se jetait dans ses pièges à peine les avait-il placés, montrait déjà ventre et gorge au coutelas fin qui se trouvait dans son regard. Parfois désirait-elle lui rendre la traque plus difficile mais elle était bien consciente, bien trop, qu'il n'avait même pas besoin d'une peau de mouton pour cacher sa peau de loup elle se jetterait entre ses crocs à peine sa gueule ouverte.
A son toucher, elle roula délicatement sa jambe contre la sienne, la poitrine chaude d'un doux sentiment de tension et d'excitation à leur conversation silencieusement menée entre deux mots parlés. Sous couvert d'une dialogue pour s'apprendre, ils s'apprenaient autant autrement dans une danse à la fois valse et joute, sans jamais se blesser pour autant.

Hanabi écouta le récit de son souvenir partagé, son visage reposant légèrement dans sa paume de main. Son regard coulissait quelque peu sur les traits de l'invocateur, alors qu'elle concédait, d'un sourire doux, quelques hochements de tête à ses mots, témoins silencieux de son écoute. C'était un beau souvenir qu'il avait, et elle ne pouvait que comprendre la nostalgie qui l'habitait lorsqu'il y repensait seul. Hanabi aussi, parfois, se sentait triste lorsqu'elle repensait à Asuma et à ses quelques souvenirs de lui au monastère. L'ombre d'un jeune frère qu'elle n'avait pas su aider, malgré tout. Elle comprenait ce sentiment de douce amertume, et son sourire de douceur se teinta de compatissance.
Mais ce fut celui d'Hanzo qui réchauffa plus encore sa poitrine. Elle décrivit avec attention l'expression de son visage lorsqu'il perdit ses yeux quelque part et son esprit bien ailleurs dans ce souvenir qui lui était cher. Hanabi, elle, perdit les siens dans le sourire qu'il arborait à la fois léger mais si doux. Sans qu'elle n'eut à y penser, elle verrouilla cette image de lui dans sa mémoire et certainement qu'elle le reverrait en repensant à cette soirée et au moment où il lui avait laissé entrapercevoir l'une des dernières couches de son âme. Sans aucun doute le trouva t-elle très beau, alors, dans la sincérité de l'instant et l'authenticité qu'il dégageait. Peut-être que c'était cela, qui l'attirait plus encore et attisait, assurément, le feu d'une affection naissante. L'attraction physique entre eux était indéniable mais c'était quelque chose de bien plus puissant encore qui l'habitait.

Hanabi dévia son regard ailleurs, sur les quelques tables environnantes, s'extirpant avec difficulté à cette force et cette intensité ressenties. Pour autant, les derniers mots du sniper attirèrent de nouveau les pupilles d'or sur lui. D'une esquive maladroite révoqua t-il le sujet, une attitude dénotant de sa pudeur à l'égard de ses sentiments et de la façon dont il se jugeait lui-même. Cela n'échappa pas à la comète qui décidait, avec douceur et délicatesse, de ne pas l'épargner de ces quelques mots, renvoyant sur la table pour quelques secondes seulement le sujet qu'il désirait échapper.

« Hanzo... Tu sais, mon ange, tu n'es pas obligé de toujours forcer les choses pour obtenir ce que tu veux. Je... » Ses mots se perdirent quelque peu alors que, précautionneuse, elle décidait d'en changer, finalement, trop consciente qu'il n'était pas prêt à les entendre. « ... suis d'avis qu'il faut le plus souvent laisser les choses se faire, sans violence. » Elle finit, finalement par évacuer à son tour le sujet, rebondissant d'un sursaut de ses yeux dorés sur le commentaire du masqué à propos de son jardin. « Enfin, j'ai hâte de le voir ce jardin. Ce n'est pas commun une maison avec jardin dans une grande ville... J'ai un petit balcon dans mon appartement à Tokyo, mais... Non en fait, mon appartement est plutôt petit mais il me suffit. Je ne suis pas sûre qu'il te plaise à toi, si tu aimes l'espace mais moi je me sens comme dans un petit cocon de confort. En plus, j'ai tout bien décoré comme je le voulais, alors tu t'imagines bien que je me sens vraiment comme chez moi là-bas. Peut-être qu'un jour où tu passeras à Tokyo, tu pourras venir y faire un tour. Enfin, si tu veux. »

Le poisson noyé, elle conclut sa petite tirade d'un léger rire et de la douceur de son sourire, ses yeux brillant de cette flamme qui ne la quittait jamais. Lorsque le serveur revint pour leur donner les desserts, elle ne manqua pas de le remercier pour équilibrer le geste quelque peu déplacé du masqué à son égard. Si Hanabi ne lui avait rien dit, elle l'avait pourtant bien vu faire. Elle se gardait bien de lui faire un seul commentaire à ce sujet, elle préférait encore montrer que dire, mais aucune réprimande ne se lisait dans son comportement pourtant. Peut-être qu'un jour, à force de la côtoyer, deviendrait-il plus conciliant avec les autres. S'ils se côtoyaient encore, du moins.
Hanabi tourna finalement son attention sur l'invocation, et rapprocha son dessert du sien.

« Est-ce que tu veux partager, garotinho ? » glissa t-elle pour souligner son léger sarcasme d'un sourire délicat.

Alors qu'elle servait le meurtrier de Whitechapel d'une bonne portion de son propre dessert, Hanabi joua de nouveau légèrement de son mollet contre celui d'Hanzo. La fin du repas approchait, et avec elle une nouvelle étape de leur soirée. Dire qu'elle avait hâte de la suite était un euphémisme. Le regard de comète coulissa sur le visage du tireur d'élite, et si elle lui offrit un léger sourire, il se fit plus complice alors que s'intensifiait sur lui le doré de ses yeux. Peut-être que lui aussi était aussi impatient qu'elle. Et pour occuper la fin de ce repas et les faire patienter sans craindre la tension grandissante et l'appréhension, elle relança leur conversation avec l'aisance qu'on lui connaissait.

« Dis-moi bello, est-ce que tu as pu essayer le mélange de plantes que je t'ai proposé à Hokkaido ? Tu sais, pour ton masque. »

Quelque chose de léger, c'était tout à fait adéquat tandis que sous la table se jouait une conversation plus sérieuse.

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