Les événements de l'île aux fléaux étaient encore récents dans la tête du jeune héritier des Umino, l'hôte actuel du ver des abysses. Il n'en parlait pas forcément souvent, ce fut une épreuve compliquée sous les signes d'un combat contre un adversaire qu'il n'aurait jamais pu vaincre seul avec ses capacités actuelles, ce qui était plutôt énervant. Même si se battre aux côtés de ses compagnons fut salvateur, ne pas réussir à être décisif par lui-même prouvait qu'il n'avait clairement pas encore les capacités pour abattre les plus grandes cibles sans mettre autrui en dangers lors de combats à plusieurs. Pouvait-il réellement s'améliorer par lui-même et devenir meilleur ? Peut-être que la solution était aussi de tout simplement augmenter la puissance générale des exorcistes, histoire d'augmenter les chances de survie du groupe. Ne pas forcément penser qu'à lui et à sa force, mais aussi à ce qu'il peut apporter, plus globalement.

Parmi les élèves de Tokyo, Toshiyuki n'en connaissait ainsi que très peu "personnellement". Daisuke, bien entendu, le troisième année qui était devenu plus qu'un compagnon d'armes à force de rencontre, notamment de part les liens du sang qu'ils partageaient, tout deux héritiers d'une famille ancienne aux traditions autodestructrices. Mais durant cette aventure sur cette île aux deux classes S, il y avait une autre élève avec qui Toshiyuki s'entendit très bien. Cette dernière était une jeune première année, qui avait un certain potentiel et qui pouvait très clairement s'améliorer.

C'était cette fameuse petite Sayuki. Et pourquoi pas lui donner un petit entraînement, histoire de voir comment elle pourrait s'améliorer ? C'était une bonne occasion, une mission venant comme par magie se poser entre ses mains. Quelque chose d'assez simple qu'il aurait pu réaliser très simplement tout seul : un ancien bâtiment qui avait, en son sous-sol, une morgue, qui n'était bien entendu plus en service. Un endroit chargé d'une énergie occulte marquée par le temps, aux entités très certainement plus faibles qu'ailleurs. Une très bonne manière de tester une jeune exorciste qui n'était pas encore totalement sûre de ses capacités.

Mais... C'est en retard qu'il arriva, débarquant en courant, légèrement essoufflé, devant la jeune élève bien entendu arrivée en première. Grommelant, les mains sur les cuisses, il en leva une pour lui faire comprendre de le laisser reprendre un peu sa respiration.


Certes, c'était un peu plus cavalier au Japon d'appeler quelqu'un par son prénom, mais dans le cas de l'héritier des Umino, c'était pas mal à cause de sa famille. Il n'aimait pas vraiment ce lien, cette origine, et voir quelqu'un le designer par cette appellation le gênait plus qu'autre chose. Bref, ce n'était pas vraiment sa tasse de thé, préférant très clairement son prénom.

Il s'étira finalement, grommelant encore un peu avant de poser ses mains sur ses hanches et d'ouvrir à la jeune élève un grand sourire sincère.


Enfin "inexpérimentée" n'était plus vraiment le terme qu'il aurait dû utiliser suite aux événements de l'île. Des élèves de sa classe, elle devait très certainement être la seule a avoir fait face et avoir survécu face à un fléau de classe spécial, surtout quand on sait qu'elle a en plus activement participée à sa défaite. Mollement, il attrapa finalement un dossier qu'il ouvrit pour vite fait le feuilleter, pour se remettre en tête les différents détails de la mission.


Après tout, c'était totalement le droit de Sayuki. Toshiyuki n'était rien de plus qu'un collègue exorciste avec qui elle avait réalisée une mission, pas un professeur directement lié à sa classe ou même un "employé" de l'école. Elle était libre de faire ce qu'elle désirait !

Pour le coup, Toshiyuki ne pensait pas vraiment que ces mots pouvaient être mal pris. Sayuki était une jeune élève, et lui un exorciste plus accomplis, même s'il lui manquait aussi une certaine expérience comparé à ces ainés. Et il ne s'imaginait donc pas vraiment que ces mots puissent blesser l'égo de la jeune femme. Peut-être n'était-ce pas une bonne idée de vouloir faire ça, et qu'il aurait du simplement la laisser tranquille et s'occuper de cette mission de son côté ? Il soupira doucement à cette réaction en haussant légèrement les épaules, se disant que de toute manière, c'était déjà commencé. Alors autant terminer et ranger ça dans les mauvaises expériences testées et finales, ça fera au moins ça à raconter.

Le bâtiment était abandonné, marqué par le temps et les usages. Celui d'une compagnie aléatoire, voir même de plusieurs, les quelques étages de la bâtisse permettant très certainement de les séparer et de leurs permettre de travailler dans les meilleures conditions. Mais pas forcément si bonnes que ça, vu qu'ils quittèrent finalement tous l'endroit suite à quelques problèmes liés à de petits fléaux, qui provoquèrent des fatigues massives et un départ assez précipité. Depuis cette absence, l'endroit était devenu un foyer à créatures occultes, un foyer qui se devait d'être nettoyé. Quelque chose rendait possible ce rassemblement malgré le manque d'âme vivante : soit une relique, suffisante pour rassembler mais assez faible pour ne pas être remarqué dans l'instant, ou bien un fléau plus puissant, qui servait comme point de gravité et attirait les créatures occultes aux alentours. Bref. Une mission classique.


Et puis bon, d'une part ce serait tout de même mal vu qu'il la laisse tout faire toute seule, surtout qu'à sa classe ils n'étaient pas autorisés à faire de mission en solo, et en plus Toshiyuki avait toujours une petite peur qu'un fléau plus puissant que prévu ne vienne pointer le bout de son nez. Alors histoire de se rassurer, il était tout bêtement plus simple de l'accompagner.

Il souffle doucement avant de s'étirer, et de venir ouvrir la lourde porte, qui dévoile dans un grincement audible l'intérieur du bâtiment. Un grand hall, tout d'abord, aux quelques tables poussiéreuses et aux quelques affaires de bureaux laissés derrière. Plusieurs comptoirs se trouvaient ici, sûrement les accueils différents des différentes entreprises qui se trouvaient ici. L'énergie occulte semblait d'ailleurs bien présente, mais pas forcément des plus marquées : les résidus les plus importants se trouvaient surtout en direction des escaliers, et si la jeune femme se concentrait pour tenter d'en chercher la source, les étages supérieurs semblaient de bien meilleurs candidats que ce rez-de-chaussée, malgré la présence de multiples énergies concentrés, signes de la présence de quelques fléaux de basse classe. 4 au mieux, peut-être 3. Mais ils ne semblaient pas vraiment être réactifs à la présence des deux exorcistes...

Qu'allait-elle-faire ? Comment allez-t-elle commencer cette mission ? Rechercher, analyser, ou directement attaquer ? Toshiyuki attendait patiemment, les bras croisés.

Comme tout endroit touché par les fléaux, l'énergie occulte y était plus présente, et dans un sens presque étouffante. En tout cas, pour de jeunes exorcistes pas encore habitué au travail. En comparaison de l'antre de la créature de classe S qu'ils avaient affrontés ensemble sur l'île, l'ambiance était bien moins marquée, plus légère. Cela se voyait clairement sur le visage d'un Toshiyuki plutôt de bonne humeur : tout ça n'était vraiment qu'un entraînement, et c'était comme s'il trahissait sans vraiment le vouloir que l'endroit ne recelait pas de réel danger. Pour le moment en tout cas. Il ne fallait être jamais sûr de rien.


C'était une question légitime, que Toshiyuki posait assez souvent aux jeunes âmes qui tentaient de s'enfoncer dans les méandres du monde occulte. Pour son cas à lui, ou même celui de Daisuke, l'influence de la famille était très souvent la raison principale. C'était presque "logique" pour eux de suivre cette voie, tant l'histoire de ce patrimoine propre à leurs sangs était lui même lié à l'affrontement contre les fléaux. Pourquoi faire autre chose, quand tout ton être ne fais que te crier dessus d'aller aider les tiens ?

Mais dans le cas d'une personne comme Sayuki, c'était moins compréhensible. Elle ne venait pas d'une famille. Ou si c'était le cas, l'hôte du ver des abysses n'était pas au courant. Et il semblait tout de même assez étrange qu'une personne lambda, même capable de voir les fléaux, n'en vienne à mettre sa vie en jeu sans en gagner quelque chose d'intéressant. Les payes ne valaient clairement pas le risque encouru.

Cette question était aussi là pour essayer de lui faire penser à autre chose. Après tout, l'homme sentait clairement qu'elle n'était pas à l'aise. Elle décida d'ailleurs d'aller vider chaque endroit, ce qui était plutôt démonstratif : certains n'auraient cherchés qu'à tuer le fléau principal, en ignorant les petites créatures. C'était souvent motivé par la facilité et la rapidité, mais aussi par le fait que des fléaux mineurs seraient malheureusement toujours présent, et que tous les exterminer serait compliqué. Mais elle décida de tenter tout de même sa chance.

Alors qu'ils avançaient vers les bureaux, elle put voir quelques fléaux de classe 4. Des têtes de mouches, comme ils étaient souvent surnommés. Attentif et patient, Toshiyuki posa sa main sur l'épaule de la jeune fille.


Sa voix était lente, grave. Comme s'il faisait en sorte de bien appuyer chaque syllabe, pour être sûr d'être parfaitement compris. Il voulait lui montrer, lui faire comprendre. Qu'elle puisse réaliser que cet endroit n'était en rien comparable avec celui où elle affronta un adversaire particulièrement puissant. Ici, pas de classe S. Elle avait le droit de souffler un peu. Un minimum. Certes, il fallait toujours rester un minimum sur ses gardes, c'était naturel. Mais elle ne devait pas se mettre autant de pression.

Elle était très certainement l'une des rares personnes de son âge, et de sa classe, à être tombé face à un classe S. Même parmi ces camarades directs, qu'ils soient eux aussi de Tokyo ou de Kyoto, elle était peut-être même la seule personne a en avoir affronté et vaincu un.

Surtout qu'en face... Bon, voilà. Des têtes de mouche. En soit, les créatures n'étaient en rien effrayantes : ils ressemblaient à des espèces de têtes grotesques aux visages étranges et aux sourires nerveux et forcés, de petits membres semblables à des excroissances attachés à leurs crânes. De petites ailes étaient en vérité les seules parties de ce corps étrange à leurs permettre de se déplacer, les appendices bougeant avec rapidité alors qu'ils allaient d'un bout à l'autre de la pièce, s'arrêtant parfois sur des objets aléatoires qu'ils mordillaient sans arriver à en arracher un bout. Pour le coup, il était clair qu'ils n'étaient que des créatures attirées par l'énergie occulte générale, et par le fléau qui était à l'origine de bordel.

Quelques coups de lame et c'en était terminé. C'était à elle de s'en occuper, en tout cas ! Toshiyuki observait. Il se tenait néanmoins prêt à aider en cas de soucis.

Devenir exorciste, ce n'était pas de tout repos. C'était même plutôt idiot, quand son sang et l'héritage familial n'étaient pas derrière pour justifier de mettre ainsi sa vie en danger, pour quelques clopinettes. Mis à part les très hauts rangs, les salaires n'en valaient souvent pas le coup, et le respect pour "le métier" était démontré par la simple utilisation d'élèves pour des missions dangereuses. Envoyer une gamine comme Sayuki sur cette île, même si elle fut d'une aide précieuse et capitale, était déjà en soit une idée bien moyenne. Enfin, si par moyenne, on entendait clairement mauvaise. Qui était prêt à risquer sa vie pour n'en tirer aucun réel bénéfice, si ce ne sont quelques billets ? Ce n'était pas un monde de super-héros, où les pouvoirs étaient connus de tous, où les écoles étaient nombreuses et remplies de technologies et où ces mêmes justiciers devenaient des égéries commerciales reconnues par tous.

Non, les exorcistes étaient, pour le grand monde, le véritable, de simples inconnus, dont les affrontements, les victoires et les pertes n'étaient connus de personne. C'était comme ça, et ce n'était pas autrement.

Concernant Sayuki, cette dévotion et ce désir semblaient être liés à son passé, et plus précisément à ce qu'elle appelle un "sauveur". Sûrement fut elle sauvée par un exorciste, qui fit naître en elle ce désir de suivre ses pas, de reprendre le flambeau, sans se douter qu'une fois qu'elle arriverait enfin à son niveau ce dernier ne serait plus là pour l'épauler. Toshiyuki plissa doucement ses yeux, venant tapoter gentiment la tête de la jeune fille en réponse, comme s'il essayait, vainement, de la rassurer, de l'aider. L'hôte du ver des abysses ne se voyait pas forcément comme quelqu'un de doué avec les enfants, avec les plus jeunes. Il n'était pas forcément des plus vieux lui-même, ses vingt-cinq hivers ne pouvant sonner aux yeux de ses ainés que comme des pas timides dans une vie active dont il avait encore tout à apprendre.

Mais il essayait. Parce que c'était bien là ce que son cœur lui dictait.


Le monde occulte était dur, et il était plutôt connu que le nombre d'exorcistes n'était clairement pas suffisant face au nombre croissant de fléaux, aidés par les membres du culte ou de l'ordre. Des élèves, des enfants, des infirmes, tous étaient quémandés, devaient participer à cet effort de guerre constant qui mettait les nerfs de tout un chacun à rude épreuve.


Toshiyuki avait beau dire ça d'un grand sourire sincère, lui-même n'y croyait en réalité qu'à moitié. Ces préceptes, ces pensées, cette manière de faire, ce n'était pas vraiment la sienne, à l'origine. Son idéal n'était qu'un idéal emprunté, celui de son frère, comme s'il cherchait à effacer ses dettes et ses pensées noires en permettant à ce dernier de vivre à travers lui. Mais malgré tout, il essayait, et ses échecs n'en étaient que plus durs à vivre.

La jeune fille semblait, en tout cas, marquée, touchée par ces morts, regardait le sol, comme si elle voyait y refléter ses erreurs. Le mouton noir des Umino vint ainsi près d'elle, s'abaissant pour être à sa hauteur, en revenant tapoter sa tête.


Si elle pensait qu'il allait vouloir arrêter là, être déçu de son comportement et ne pas chercher à l'aider à s'améliorer, elle allait être surprise. Toshiyuki n'était pas de ce genre là, surtout avec son passif. Mouton noir, mal vu par ses pairs et obligé de s'entraîner dans les bas-fonds du manoir sous les coups répétés de son Père, l'homme connaissait bien tout ça. Cette impression d'être inutile, de ne rien pouvoir faire, cette solitude qui est le propre des gens qui se pensent faibles et dont le poids bien trop important des responsabilités rendait toute marche impossible.


Bien entendu, la partie sur le fait de "déboîter la tronche" était plus lancée sur le ton de l'humour, accompagné d'un léger clin d'œil taquin et complice. C'était surtout là pour tenter de remettre l'humeur au beau fixe, contrastant particulièrement avec l'ambiance générale de l'endroit. Mais bon, c'était Toshiyuki, c'était comme ça !

Plus qu'un simple entraînement, qu'une simple manière d'améliorer ses propres capacités occultes, l'occasion semblait plus proche d'une mise-à-niveau mentale. Un affrontement non pas contre des fléaux, des monstres prêts à la dévorer, mais contre elle-même, contre ses peurs et ses mauvaises pensées. Toshiyuki ne se doutait pas que Sayuki était dans un tel état, et qu'elle avait vécu de telles choses, prioritairement à cet affrontement sur l'île, aux côtés de Daisuke. Il pensait que la jeune femme était peut-être un peu sombre et dépressive, mais plus dans le sens où c'était ce qu'elle était visuellement, sans forcément l'être du tréfond de son âme. Comme un masque que l'on porte pour cacher ses vraies émotions. Comme le masque que lui-même portait en permanence. Mais ces mauvais côtés semblaient pourtant ici bien réels, comme les stigmates terribles d'échecs répétés.


Toshiyuki n'était pas totalement sûr de la teneur de ses mots, de l'efficacité de ses paroles, de son petit discours. S'il cherchait à vraiment l'aider, et à vraiment aider son entourage, il tâtonnait plus qu'autre chose pour trouver les bons mots, les bonnes formulations. Ce n'était pas vraiment son genre, normalement. Mais pour se motiver, pour trouver quoi raconter, il se posait simplement la question : que dirait son frère ? Que chercherait-il à faire pour le remotiver, lui ? Copiant, imitant, imaginant, l'hôte du ver des abysses semblait hésitant, sans réellement savoir si ce qu'il disait allait avoir un réel effet.

Mais, de manière surprenante, voilà qu'elle vint lui faire un câlin. Plutôt étonné, Toshiyuki leva subitement les bras, s'attendant clairement à tout sauf à ça. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, il commença finalement à se calmer, doucement, comprenant qu'au moins elle semblait être touchée par ses mots. Tant mieux, c'était le but ! Rassuré, autant qu'elle aille mieux que son discours soit plutôt bon, le mouton noir des Umino vint ainsi refermer son étreinte, glissant lui aussi ses bras autour d'elle pour lui rendre son câlin, avant qu'elle ne vienne le briser pour venir nettoyer une petite larme coulant sur sa joue.


C'était comme ça qu'il fallait faire. Ne pas rester au sol, une fois tombé du cheval. Mais remonter, s'élancer de nouveau, et tenter jusqu'à réussir. Ce n'était pas un métier facile, exorciste. Dire que c'était un métier était même plutôt mauvais, au vu des conditions, au vu des résultats, au vu du danger. C'était bien plus que ça. Ce n'était pas que pour l'argent que la grande majorité des combattants occultes s'élançaient dans la bataille, mais pour aider son prochain, maintenir cette paix qui, pour eux, valaient bien plus que leurs vies. Enfin, c'était comme ça que Toshiyuki voyait les choses, en tout cas.

Finalement, la jeune femme s'élança dans l'escalier, pour arriver au second étage. Et c'était bien ici que les choses allaient se corser : l'énergie occulte y était plus présente, plus pesante. L'ambiance n'était pas du tout la même que quelques marches plus bas, justifiant la théorie énoncée plus tôt. Il était clair que le fléau principal, celui qui contrôlait très clairement le coin, se trouvait par ici. Où ? C'était déjà un peu plus compliqué à trouver.

En tout cas, plusieurs fléaux de classes trois se baladaient dans les couloirs. Ils ressemblaient à des espèces de petites créatures à quatre pattes (image ici !), comme des petits chiens mais qui auraient... un peu trop pris le soleil. En groupe de deux ou trois, ils n'avaient pas encore remarqué le duo, Toshiyuki attrapant Sayuki pour l'approcher du mur, tout en lui expliquant de ne pas faire de bruit, l'Umino mettant son index sur ses lèvres (à lui, hein !). S'ils n'étaient pas forcément très puissants ils étaient peut-être assez nombreux, alors autant ne pas tous les attirer d'un coup...

Petit à petit, les problèmes semblaient prendre de l'ampleur. Toshiyuki était plutôt satisfait de cette mission, elle permettait à minima de faire grimper petit à petit les épreuves dont la jeune exorciste devait se défaire. C'était déjà plus intéressant que d'arriver, tomber directement sur ce qui se rapproche le plus d'un boss final d'un travail aléatoire, avant de partir au bout de vingt minutes d'affrontements. Ici, elle devait faire plus attention, et passait d'un adversaire à l'autre, d'une difficulté à l'autre. Et passé les petits fléaux mineurs, voilà de jolis petits toutous occultes qui pensaient très certainement se trouver en terrain conquis. C'était peut-être le cas jusqu'à aujourd'hui, mais maintenant, un nouveau shérif venait d'arriver en ville. Et ce shérif, c'était bien entendu Sayuki ! Et lui, bah, il était le spectateur.

Observateur, attentionné, l'héritier maudit des manipulateurs de fléau ne pipait mot, glissant ses doigts sur ses lèvres pour simuler une fermeture éclaire. C'était à elle de s'en occuper et il préférait éviter d'attirer à eux les multiples fléaux d'un mot de travers. Ils ne semblaient pas forcément très puissants pris séparément, mais dieu seul savait à quel point le nombre pouvait permettre d'outrepasser les difficultés.

Comment allait-elle faire ? Tenter l'affrontement, même en infériorité numérique ? Non ! Elle fut plus mesurée que ça, et tenta quelque chose de plus original, surtout pour des exorcistes. Plutôt que de les tuer, ou de chercher un moyen de les abattre, elle préféra faire appel à un petit coup de décharge occulte. Pointant du bout du doigt un endroit un peu éloigné, elle lança un espèce de leurre improvisé, un tir occulte venant s'écraser non loin et attirant, de part l'énergie dégagée et le son provoquée, les petits chiens diaboliques hors de vue, leurs ouvrant le passage.


Certains diraient que c'était du temps perdu, et que les exorciser et s'en débarrasser était de toute manière nécessaire, mais ce n'étaient que quelques grades trois, qui partiraient sûrement une fois l'influence du fléau principal disparue. Donc ce n'était en soit pas un mal, c'était une manière de voir les choses, qui permettait du coup au duo de s'économiser, en terme d'état physique et occulte. C'était du coup un bon point !

Il laissa alors le plaisir à Sayuki d'entamer la marche, et de les mener finalement vers l'endroit où se trouvait le fléau. Son foyer était aisé à deviner, à comprendre et à trouver : l'énergie sombre qui s'en dégageait était bien plus concentré qu'à l'accoutumée. En vérité, c'était même semblable à ce qui s'était passé sur l'île, au nid du fléau de classe S. Mais à une échelle bien, bien moindre. Après tout, ce n'était pas une créature de ce niveau qui se trouvait entre ces murs...


La grande porte s'ouvrit. La pièce était bien plus usée que le reste du bâtiment : des meubles semblaient avoir été amassés là, peut-être par les fléaux et leurs activités, ou bien l'endroit servait simplement de débarras. Des bibliothèques à moitiés défoncées aux multiples livres déchirés, des bureaux aux pieds manquants, des chaises brisées en deux. La pièce était aussi bien plus grande qu'à l'accoutumée, elle semblait même plus grande de l'intérieur que de l'extérieur... Comme si l'influence du fléau jouait sur l'espace même. Pas au même niveau qu'une créature occulte puissante, comme celle qu'ils affrontèrent Daisuke et lui-même durant la mission du temple, mais cela suffisait néanmoins à donner à l'endroit un côté plus... étrange, mais aussi, au moins, plus d'espace pour se battre.

La créature en son centre était légèrement semblables aux chiens occultes rencontrés plus haut, d'une apparence presque insecticide, à la chaire étrange révélée au grand jour. Mais contrairement aux canidés, ici l'animal était plus liée au serpent [image] : elle rampait sur le sol grâce à la partie inférieure de son corps, ce qui lui servait de buste tenant une tête informe et ouverte, aux multiples rangées de dents. Des piques se trouvaient sur son corps, et semblaient pouvoir être projetés, des trous dans les meubles et les murs semblant avoir été provoqués par ces mêmes excroissances étranges. Ces deux bras, eux, n'avaient pour mains que d'énormes crochets aiguisés prêts à découper tout ce qui se trouvait sur son chemin...