Les sensations commençaient à revenir au bras de l’Umino, elle avait toujours l’impression qu’elle l’avait plongé dans une boîte remplie d'insectes, mais c’était mieux que rien. Elle avait peur qu’il soit cassé, mais elle n’aurait jamais pu attaquer avec si c’était le cas.

“Les Uminos ont des exorcistes avec pour spécificité de capturer des fléaux, vous savez, pour le sort inné. Ce sont en quelque sorte des chasseurs, et ils aiment avoir de nouvelles terres hantées pour maximiser les chances d’avoir de puissants fléaux.”

Et cette forêt remplissait les conditions pour être qualifiée de hantée. Cela ne sera clairement pas pour la charité, mais au moins, elle sera “sous contrôle”. C’est pourquoi elle considère l’option, même si sur le court terme cela profitera plus aux élites qu’au clan tout entier.

Katchushi semblait avoir tiré une réaction de lui lorsqu’il comprenait ce qu'impliquait son nom de famille. Après tout, c’était l’une des grandes familles, évidemment que le nom serait reconnu. Elle comprenait sa surprise, elle n’avait pas montré le sort inné, et aussi loin qu'il était concerné, elle n’a pas utilisé de sort inné. Elle se contente de lui sourire et de poser un doigt sur ses lèvres, avant de renchérir.

“Je ne suis pas aussi prestigieuse que le nom qui m’a été offert. Certains voudraient d’ailleurs bien m’empêcher de l’utiliser. Donc, pour éviter tout problème futur, contentons-nous de Katchushi s’il vous plaît.”

Après qu’il ait refusé son offre, elle alla récupérer son colt délaissé sur le sol, le nettoyant d’un coup de paume avant de changer le chargeur par un plein. Mauvais timing, parce que c’était à ce moment qu’elle entendait ce que lui annonçait sans prévenir.

“Comment ?”

Elle tournait la tête avec une vivacité qu’elle ne se savait pas avoir encore en réserve. Lui ? Faire partie de l’ordre occulte ? Katchushi le regardait dans les yeux, son expression se durcissant dans la seconde. Il ne rigolait pas, il disait donc là probablement la vérité. Elle avait du mal à y croire, mais ne voyait pas pourquoi lui dire -ni mentir sur- ça maintenant.

“... Je vois. Vous ne me mentez pas, je peux voir ça, mais vous vous trompez.”

L’exorciste était sur ses gardes maintenant, son arme de poing à la main, mais que racontait-elle ? Il se trompait ?

“Vous ne pouvez pas être de l’ordre occulte. Pas après ce soir.”

Elle faisait un geste vers le village qu’ils venaient tous deux de sauver, qu’il avait activement participé à protéger.

“Car vous avez risqué votre vie pour des humains tout ce qu’il y a de plus normal. Avant même que j 'interviennes vous leur criez de se mettre en sécurité. Si vous étiez vraiment un occultiste, ça ne vous aurait même pas effleuré l’esprit.”

Evidemment, elle ne savait pas tout des occultistes, mais il y avait une chose de sûr, leur but était la fin de tout les non-exorcistes, donc normalement, il n’avait aucune raison de protéger ces gens, et il ne savait pas qu’il y avait une autre exorciste présente jusqu’à après ses ordres. Non, il n’avait rien à faire parmis ces génocidaires, Katchushi ne savait pas comment il avait fini par en faire parti, mais sa place n’y était pas.

L’exorciste fronça les sourcils, consternée par cette réfection qui mettait tous les maux existant sur les non-exorcistes. Elle ne s’énervait cependant pas, ses arguments étaient bancals, et il admettait être parmi des tueurs sanguinaires… Mais elle ne savait pas pourquoi elle voyait quelque chose de plus en ce manieur de bois. Peut-être avait-elle cette connexion parce qu’ils avaient risqué leur vie ensemble.

“Bien, restons donc dans les faits. Qu’advient-il de l’âme d’un exorciste tué sans énergie occulte. Ne devient-il pas un fléau aussi puissant que de son vivant, voir plus ? Donc, dans votre monde parfait où les exorcistes seront la minorité, où toutes les petites mains faisant tourner les hôpitaux, les centrales, les fermes et les entrepôts, que se passe-t-il si un exorciste meurt d’une maladie ? Ou dans un accident ? Voir même s’il meurt de faim, parce qu’on est qu’une poignée d'exorcistes, si jamais une sécheresse ou une inondation pointe le bout de son nez, un village d’exorciste entier y passe.”

Aller demander aux villageois ? Il avait perdu la raison, pourquoi est-ce qu’elle le suivrait maintenant qu’elle connaissait ses affiliations. Plus que ça, elle n’avait pas besoin de savoir ce qu’il s’était passé dans cette forêt. Les non-exorcistes tuaient ? Les exorcistes aussi, bien plus fréquemment qu’un civil lambda même si on prenait en compte les conflits entre famille et les guerres de succession.

“Je n’ai pas besoin de savoir ce qu’ils faisaient ici. Vous et le reste de votre ordre, vous vous focalisez sur quoi, cinq pour cent, dix pour cent de l’humanité qui est cruelle et sans pitié, laissant donc des milliards payer pour les erreurs de milliers. Vous ne pouvez pas reprocher à une espèce toute entière de ressentir du chagrin et de la colère, c’est insensé.”

Elle pointait son arme à feu vers lui, se décalant entre lui et le village. Elle le croyait lorsqu’il disait ne pas vouloir blesser qui que ce soit aujourd’hui, mais elle ne pouvait pas laisser un occultiste parmi des non-exorcistes en bonne conscience. Quel genre de berger laisserait un loup parmi ses moutons sous prétexte qu’il était repu ?

“Allez-vous en si vous ne comprenez pas à quel point vous avez tort, cela sera la dernière merci dont je ferais part envers vous. Insistez, et je n’hésiterais pas à tirer.”