Vous êtes envoyés tous les deux pour une mission. Cette dernière se trouve sur les vestiges d'un vieux temple, situé dans le fameux parc Otsuka Yama Koen, dans la région du Kanto.
Là bas, des corps ont été retrouvés, assassinés. Néanmoins, de part l'état des cadavres et surtout la présence de nombreux résidus d'énergie occulte, il est clair que l'être s'étant adonné à ces tueries n'est pas humain. Un fléau en ait la cause, et c'est à vous de le trouver et de l'exorciser avant qu'il ne fasse d'autres victimes. Selon les informations présentes, il serait de classe 3 ou 2, au pire.
Le temple se situe au centre d'une zone boisée du parc, où vous pouvez trouver quelques animaux sauvages de la région. Normalement, suite à votre arrivée, les visiteurs ont été priés de quitter la zone. Gardez en mémoire qu'il est possible que vous retrouviez des non-exorcistes. Des promeneurs perdus, ou des victimes potentielles du fléau.
Cette entité, dépourvue de bras et de jambes, utilise ses membres filaires, tentaculaires, pour se déplacer, tirant son corps sur le sol et les murs. On peut apercevoir ses petits yeux brillants, un rouge et un vert de chaque côté de son énorme bouche verticale béante pourvu de crocs pointu et jauni. La créature dégage une odeur âcre et laisse dans son sillage une traînée de ce qui ressemble à de la bave.
Ce jour là, il pleuvait. Pour autant, même si le temps était des plus maussades, Nagisa exultait de joie et de bonne humeur. Comme à son habitude me direz-vous mais aujourd'hui c'était même un peu plus flagrant que les autres jours. La raison de son entrain ? On lui avait confié une mission. Mais surtout, on lui avait confié une mission avec Toshiyuki. La simple idée d'aller dérouiller du fléau entre amis lui mettait du baume au cœur et c'était d'autant plus vrai quand il s'agissait du jeune Umino. Il nourrissait à son égard, plus qu'une amitié simple, un sentiment de redevabilité sain. Il lui était extrêmement reconnaissant de l'avoir sortit de son infâme famille et il tenait sérieusement à lui rendre la pareille. Il ne savait pas comment ni quand il pourrait le faire mais déjà faire en sorte qu'il reviennent en vie de cette mission serait un bon début ! Préparant ses affaires joyeusement, jetant la housse de sa flûte sur son épaule, il quitta le dortoir des troisièmes années alors que le soleil commençait doucement à décliner.
Vêtu à son habitude d'une chemise blanche et d'un costume noir, le tout rehaussé par une fine cravate, le jeune homme portait également une petite écharpe rouge. Unique touche colorée de sa garde-robe actuelle d'ailleurs. Il ne faisait pas froid en soit mais le fond de l'air était frais et il ne fallait absolument pas qu'il chope la crève. Ça pourrait influencer sur sa façon de jouer et ça risquait de l'agacer fortement si c'était le cas. En effet, même lorsqu'il était en mission, il mettait un point d'honneur à jouer de la façon la plus parfaite qui fut. Déformation professionnelle ? Incontestablement. Tranquillement assit dans le métro tokyoïte qui l'amenait jusqu'à la gare, Nagisa profita de ce petit temps pour relire les informations qu'on lui avait fourni et qu'il avait scrupuleusement noté dans son carnet. Il s’arrêta sur l'état des cadavres, se demandant bien comment ce fléau s'y prenait et à quoi il pouvait bien ressembler. Perdu dans ses pensées, ce fut la voix électronique annonçant son arrêt qui le fit revenir à la réalité. Se hâtant à l'extérieur du wagon, il rangea son carnet dans la poche intérieure de son costume avant de se mettre en marche, direction la gare centrale. Il ne lui fallu pas plus de quelques minutes pour arriver à destination. Coup d’œil à droite. Coup d’œil à gauche. Pas de Toshiyuki en vue. Bon, il ne restait plus qu'à attendre alors. S'adossant au mur froid de la gare, proche des portiques d'entrée, le garçon aux yeux d'ambre attendit tranquillement, se mettant à chantonner légèrement.
En tant qu'exorciste, le meilleur moyen de se faire un peu d'argent, c'était bien avec les missions. Payées directement par les hautes-sphères du monde occulte selon la difficulté de l'épreuve. Si ce n'était pas forcément un énorme plaisir pour le jeune hôte du ver des abysses, ce n'était pas, non plus, quelque chose qui le rebutait. Après tout, si cela lui permettait d'avancer vers son but c'était une bonne chose. En cette journée, l'homme revenait d'ailleurs d'une première mission, qu'il avait réalisé bon grès mal grès avec un membre de son clan. Après tout, les grades deux n'avaient pas encore le privilège de partir en mission. Les manieurs d'énergie occulte étaient rares, alors que les fléaux, eux, se faisaient plus nombreux que jamais. Plutôt qu'envoyer des gens au casse-pipe, les rassembler pour les renforcer n'était pas une si mauvaise idée.
Le tout n'était pas forcément des plus compliqués. Ce n'était pas lié à un fléau, mais à un tout jeune utilisateur qui semblait profiter de ses pouvoirs récemment acquis pour voler son prochain. Toshiyuki et son compère du moment s'occupèrent juste de son cas, avec une petite frayeur, et surtout après l'avoir remis aux autorités compétentes. La suite des événements ne dépendaient que de lui. Et c'était déjà ça de fait.
Mais la vraie surprise, fut lors de son départ. Alors qu'il allait rejoindre la voiture de l'assistant qui s'était occupé du rideau et qu'il s'apprêtait à rentrer au bercail, ce ne fut pas vers le lycée que la voiture se dirigea, mais plutôt vers la gare. Et c'est la que l'hôte de fléau commença à sentir l'entourloupe arriver. Aucun son ne s'échappait des deux âmes présentes dans le véhicule, mais le conducteur sentait très clairement le regard accusateur d'un Toshiyuki qui préférait clairement aller roupiller dans sa piaule, surtout après une nuit à chercher un gamin qui pensait que voler son prochain était une bonne idée.
« ... Tu n'as rien à me dire ? »
Le conducteur sursauta légèrement, alors qu'un panneau annonçant l'arrivée prochaine à la gare passa rapidement devant ses yeux bleutés. Plissant son regard en observant depuis le rétroviseur l'annonce disparaître au loin, il poussa un grognement de désapprobation, avant qu'il ne se gare finalement sur un parking prévu à cet effet.
La suite fut simple : une fois dehors, il lui tendit, sans le regarder dans les yeux, un dossier contenant les diverses informations de la mission à venir. Toshiyuki ne prit même pas la peine de le feuilleter, regardant simplement la destination. Il avait bien le temps de prendre connaissance du dossier dans le train. Ça ne devait pas être la porte à côté, sinon ils seraient encore sur le chemin, plutôt que de simplement l'arrêter à la gare. Le jeune homme soupira finalement avant de saluer l'assistant, qui s'enfonça dans sa voiture pour s'en aller.
« ... Bon bah quand faut y aller. »
Alors qu'il marchait tranquillement, se dirigeant vers l'intérieur de la gare, Toshiyuki observa l'endroit où il devait aller : un parc, dans le Kantô. Ah oui en effet, ce n'était pas la porte à côté. Il espérait avoir un minimum de temps pour se reposer.
Mais d'ailleurs, pourquoi était-il seul ? Il devait bien avoir un partenaire, non ? Bah. C'était sûrement indiqué dans le dossier. Il lirait ça plus tard, de toute manière. L'homme était, pour ce jour, habillé de sa tenue habituelle d'exorciste. Habituel pour lui, certes, mais pas vraiment pour la masse, que ça soit d'un point de vue strictement religieux ou professionnel. Un espèce de manteau blanc, à la cape cette fois légère et à la touffe scellant son col, le tout fermé au niveau de son bassin par une ceinture de cordes. Très singulier mais qu'il appréciait malgré tout, et puis quitte à avoir un métier excentrique, autant en profiter.
Et ce fut Nagisa qu'il reconnut plus loin. Oh ! Pour une surprise, c'était une surprise. Et une agréable. Sa mine légèrement refermée par l'ennui et le désir de retrouver son lit s'effaça pour un sourire plus doux et marqué, alors qu'il vint aux côtés de l'élève de troisième année. C'était un jeune garçon pour qui l'homme avait une affection particulière, quelqu'un qui, comme lui, avait largement subis les brimades d'une famille toxique. Et en le sortant de là, c'était un peu comme s'il prenait une revanche contre un passé dont il ne voulait plus être l'esclave.
« Tiens, mais qui voilà. Désolé, je suis sûrement en retard, je rentre à peine d'une autre mission. Comment tu vas Nagisa ? »
Bon, pour lui, ce n'était sûrement pas une surprise. Il avait sûrement eu le temps de lire le dossier, et devait très certainement déjà tout savoir sur la mission qu'ils allaient devoir faire. Tant mieux, comme ça il n'aura même pas besoin de lire. L'hôte n'aura qu'à lui demander de lui expliquer le tout et tout devrait bien se passer. La chance ! En tout cas, il s'approcha tranquillement de son partenaire du moment, tout en étirant un peu son sourire. Cela faisait quelques temps qu'ils n'étaient pas partis en mission ensemble, et il était curieux de voir un peu les progrès qu'il avait réalisé.
Daisuke Sato
Élève de 3ème année - Tokyo - Classe Semi 1
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Daisuke Sato
Ven 3 Nov 2023 - 22:23
Le temps allait de pair avec la dangereuse tâche qui l'attendait. Pour autant, les fines gouttes de pluie qui tombaient sur ses cheveux faisaient du bien à Daisuke. Rien n'aurait pu entacher sa bonne humeur du jour, si ce n'est les photo du dossier contenant toute les informations nécessaires à la préparation de la mission. Des cadavres dans des états lamentables, du sang sur les feuilles et les arbres, une véritable boucherie qui s'était déroulé dans un parc du Kanto. Le jeune exorciste s'imagina ce qu'avaient pu ressentir ces civils, ainsi attaqués par une forme monstrueuse, avec une vision d'horreur comme dernier souvenir de ce monde. Il eu une pensée pour ces simples habitants qui avaient été pris d'assaut, alors qu'ils ne faisaient rien d'autre que se promener pour se ressourcer, et étaient tombés sur une calamité crachée par ce monde pour éliminer tout ce qui était à sa portée. Il espérait qu'ils avaient pu laisser une trace heureuse sur Terre et qu'ils partaient avec peu de regrets, c'est le moins qu'il pouvait désirer pour ces pauvres âmes.
Mais c'était monnaie courante, pour un exorciste, que de faire face à la mort d'êtres humains. Il fallait s'en détacher pour accomplir au mieux le travail qui leur était attribué. Daisuke pensait être arrivé à cette prise de recul, bien que les morts continuaient quelque peu de l'attrister. Il en était ainsi venu à la conclusion qu'il n'y avait aucun mal d'éprouver de la peine pour ceux qui nous quittaient, surtout de cette manière, mais qu'il fallait le voir comme un cycle naturel. Puisse t-il atteindre une sorte de perfection dans "l'après", qu'elle soit une réincarnation ou un paradis.
Encore fallait il également accorder un repos éternel au fléau responsable de cette tuerie, et c'est pour ça qu'il était envoyé sur le terrain. Il ne manquais pas d'action en ce moment, signe de l'activité à la fois de l'ordre occulte, du culte astral mais également de la prolifération des fléaux classiques. Mais cette mission se démarquait des autres, puisqu'il était accompagné de Toshiyuki Umino, selon les assistants qui l'avaient déployés au dernier moment. Rien que le nom devrait donner envie : faire une quête avec le fruit de l'une des grandes famille, c'est quelque chose de très prometteur. Mais ce n'est pas pour cela que Dai avait hâte de cette rencontre : c'est justement parce qu'il était le vilain petit canard de la famille, le mouton noir du clan. Se pourrait-il qu'il s'entende enfin avec quelqu'un ? Qu'on le comprenne sur le fait de vouloir révolutionner le clan d'où l'on provient ? Peut-être qu'il voulait au contraire se faire remarquer par les siens, qu'il n'était au final qu'un énième produit arrogant du monde de l'exorcisme. Mais peut-être aussi qu'il pourrait s'entendre avec quelqu'un qui le comprendrait : qui dit personne regardé de haut par les autres, dit personne avec une opinion ou personnalité différente. Ou bien c'est une personne faible selon les standards du clan, mais de ce qu'on l'avait annoncé, le bougre était tout sauf faible.
S'il y avait une infime chance que Dai soit compris par un autre exorciste que lui, cela éclipsait tout le reste.
"Y'a combien de sorties là dedans ?"
Dai avait beau avoir traversé quelques régions du Japon en trois ans d'études au lycée de Tokyo, il avait tendance à se perdre facilement, surtout dans les transports en commun : il faut dire qu'il n'était pas un enfant des villes. Réajustant son énorme sac, il rebroussa chemin en ne reconnaissant personne dans la rue et se sachant déjà bien en retard. De près comme de loin, son énorme sac pouvait bien cacher un violon comme plusieurs tronc d'arbres à mettre à la déchetterie, mais elle ne cachait en réalité ... Qu'une "simple" faux, pourtant primordiale à la pratique de son exorcisme. Aujourd'hui, il avait opté pour une natte en guise de coupe, avec bien sûr sa mèche bleue sur le devant. Habillé avec la veste classique de l'école de Tokyo, elle était néanmoins ouverte, laissant apercevoir un t-shirt gris. C'était pour ainsi dire son accoutrement le plus habituel, lorsqu'il n'était pas torse nu, mais avec ses lentilles jaunes et rouge il dénotait tout de même avec le reste de la population.
Il finit par sortir du métro, en reconnaissant du premier coup d'oeil Toshiyuki. En fait, il ne le connaissait pas personnellement, et on l'avait un peu décrit, mais ce qui le trahit fut son costume quelque peu original. A tout moment, il se trompait de personne et passait pour un idiot, mais la personne avec laquelle il conversait était également un élève de l'école de Tokyo, Nagisa Fudo, qu'il avait appris à connaître au cours de ces années d'apprentissage également. Se dirigeant face à eux, il leur adressa un grand sourire.
"Yo Nagisa ! M'sieur Umino ! Excusez le retard. On m'a prévenu au dernier moment en urgence."
Peut-être le fléau avait-il fait plus de victimes ou était moins à prendre à la légère qu'on aurait pu le croire. Il se tourna ensuite vers Toshiyuki. L'homme semblait aussi radieux que son accoutrement. Dai avait hâte de faire connaissance et de se mettre au travail a ses côtés. Sa curiosité montait au fur et à mesure que le temps passait.
"Nous n'avons jamais eu l'occasion de nous croiser. Je m'appelle Daisuke. Sato. Ravi de vous rencontrer."
Une mission avec son petit protégé, ça avait au moins le mérite de rendre cet enchaînement plus agréable que prévu. Quitte à devoir se taper des heures supplémentaires, autant que cela soit en bonne compagnie. Désormais assis sur les petits sièges près de la voie qui devait accueillir le train les menant là où ils devaient aller, ils discutèrent ainsi quelques minutes. Nagisa lui racontant un peu ce qui se passait à l'école, les quelques missions réalisées, bref, rien de plus, rien de moins. Jusqu'à ce que le train finisse par arriver, glissant sur les rails dans cet espèce de bruit métallique à en faire siffler les oreilles.
Les portes s'ouvrirent, sans qu'aucune âme ne s'en échappe, ce qui était plutôt rare, malgré l'heure. Pays des salarymans terminant à des heures impossibles et passant une partie de la soirée à enchaîner les verres de saké, quelques pauvres employés accusant le coup devraient pourtant venir leur tomber dessus. Mais tant mieux, dans un sens. Un wagon seul pour roupiller un peu avant la suite. Nagisa le réveillerait de toute manière, une fois à destination.
Ou pas.
Au même moment, une nouvelle âme les rejoint finalement. Non pas quelqu'un qui serait sorti du train en retard, mais bien quelqu'un rentrant dans l'immense endroit, un retardataire prêt à participer à une mission à trois. Plus on est de fous, plus on ris ? Si Toshiyuki étira un sourire en saluant le nouvel arrivé, il trouva néanmoins bizarre qu'une société occulte en manque de mains prêtes à travailler ne fasse des équipes de plus de deux personnes. Comme s'il avait un léger pressentiment, et pas le bon genre en plus. Mais qu'importe, pour le moment, il était temps d'accueillir le pauvre diable avec qui il partagerait quelques heures.
L'avantage de rester dans les enceintes de l'école, c'était d'avoir une vue directe sur les petites têtes blondes s'enfonçant dans le monde de l'occulte. Certes, il n'en connaissait que très peu personnellement, Nagisa tenant plus de l'exception que de la règle, mais au vu du nombre assez ridicule d'élèves, il était aisé d'à minima se souvenir des visages. Des noms, par contre, c'était déjà plus compliqué. L'exorciste n'avait pas forcément le loisir de se faire des petits jeux de mémoires pour se souvenir de chaque patronymes. Heureusement, avant d'avoir à tenter au hasard parmi les quelques identités qui virevoltaient dans son esprit, Daisuke se présenta de lui même. Ah ! Bon. Tant mieux. Ouf, même.
« Bonsoir ! Eh bien, enchanté, Daisuke. Pas besoin de me vouvoyer voyons, nous sommes tous ensemble dans les mêmes problèmes, après tout. »
D'un mouvement, l'homme se saisit de la main de l'élève pour la serrer avec fermeté. Une manière bien européenne de se saluer, peut-être un peu trop tactile selon certains, mais qui était dans les yeux de Toshiyuki un bon moyen de briser la glace. En forçant ainsi un contact, il était déjà plus aisé de se mettre à l'aise, d'où la poigne, et le petit mouvement de bas en haut, les lèvres fines du Umino figées dans un grand sourire.
L'homme laissa finalement son protégé et Daisuke discuter un peu, après tout il n'y avait pas cinquante classes de troisièmes années. Qu'une seule, plutôt. De son côté, Toshiyuki s'étira ainsi un peu, avant de s'écraser de nouveau contre son siège pour profiter d'un peu de repos. Les yeux légèrement fermés, profitant tranquillement de l'instant où il n'était pas en train de chasser des fléaux, il ne vit pas tout de suite l'assistant qui l'avait mené ici apparaître plus loin.
C'est Nagisa qui tira l'hôte de sa torpeur, le jeune garçon tapotant l'épaule de l'hôte de fléau. Il pointa finalement les escaliers, présent quelques mètres plus loin, qui menait à l'extérieur de la gare, où se trouvait le petit homme. Un petit air inquiet sur le visage, et, en croisant le regard de Toshiyuki, il commença à répéter de nombreuses excuses visuelles, gestuelles, abaissant le haut de son corps en une multitude de pardon. Il en battrait presque l'air comme un éventail, à ce train. Quelques minutes plus tard, le glas était sonné : malheureusement, Nagisa était appelé ailleurs. Toujours un gros manque d'effectif, qui forçait le jeune garçon à partir en renforts à un autre endroit, laissant alors Toshiyuki et Daisuke en duo.
« Bon, eh bien... Ça va être toi et moi, mon pote. Allez, on a un train à prendre ! »
Même s'il était légèrement déçu de ne pas réaliser la mission avec son protégé, Daisuke ne semblait pas être un mauvais bougre pour autant. Toshiyuki s'engouffra finalement à l'intérieur de l'immense bête de métal, prenant place sur un des sièges en poussant un grognement de satisfaction. On dirait qu'ils avaient l'endroit pour eux seuls, et tant mieux, ça évitait le bruit et les broutilles qui ne feraient que détruire le repos qu'il pouvait s'offrir. Il ferma d'ailleurs directement les yeux, baillant au passage, en laissant le temps à Daisuke de lui-même s'installer.
Comme si le conducteur n'attendait qu'eux, le train commença alors sa rapide course une fois le duo installé. Toujours les yeux fermé, essayant de reposer son esprit autant que possible, l'hôte du ver commença néanmoins à parler.
« Interro surprise ! Tu peux m'expliquer en quoi consiste notre mission ? »
En réalité, l'interro, c'était plutôt lui qui devrait y avoir droit. Il n'avait même pas ouvert le dossier qui traînait encore dans la poche arrière de son pantalon. Mais c'était une manière d'inviter l'élève à prendre la parole et à lui faire un peu de lecture, sans réellement le montrer. Après tout, ils allaient très certainement devoir se battre contre des entités occultes malsaines et mettre leurs vies en jeu, alors autant savoir quelle épée de Damoclès s'apprête à les transpercer. Enfin, si le fléau en question en vaut la peine.
Un petit truc de classe 3 pété en deux minutes, bordel, ça ferait du bien.
Daisuke Sato
Élève de 3ème année - Tokyo - Classe Semi 1
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Daisuke Sato
Mer 15 Nov 2023 - 18:03
Dai fut surpris de l'aspect jovial de Toshiyuki lorsqu'il se présenta, et de son enthousiasme lorsqu'il lui saisi la main dans un salut des plus originaux pour lui, mais il lui retourna son sourire, bien évidemment.
Décidément, ça se passerai sans doute mieux qu'il l'espérait.
Il se tourna ensuite vers Nagisa, mais n'avait en tête que ce qu'on lui avait dit sur les Umino. Dai, qui avait passé toute sa vie enfermé dans un monastère par sa propre famille, ne connaissait pas réellement les spécificités des autres familles : il s'imaginait simplement qu'elles usaient de méthodes plus fourbes les unes que les autres pour surpasser les clans concurrents. Les Sato n'avaient pas la même philosophie : plutôt que de se penser au dessus des autres, ils ne se surpassaient que dans le but d'atteindre l'illumination, dans un but plus spirituel que compétitif. Mais on lui avait bien rabâché que les Umino étaient sans aucun doute les plus arrogants, les plus fiers et les plus prétentieux de toute les familles, et ce parce qu'ils étaient sans doute les plus forts, en dehors des Gojo et des Ondo. On ne pouvait pas spécialement se permettre de critiquer leur état d'esprit parce qu'ils n'avaient pas donnés de raison d'en douter : ils étaient dans le haut panier des exorcistes les plus puissants.
Dai se retourna vers Toshiyuki et il ne put s'empêcher de penser que ce dernier était différent de tout ce qu'on avait pu lui cracher sur sa famille. Il ne lui avait échangé que quelques mots et pourtant, il pouvait se dire que ce dernier lui ressemblait plus qu'il n'aurait osé l'espérer. Il n'eut pas le temps de réfléchir plus à la position des familles que Nagisa remarqua l'assistant, informant ses deux compères de son arrivée. Le verdict fut dur : Nagisa était séparé des deux autres pour une mission tout aussi urgente, laissant Dai et Toshi en duo, ce que ce dernier ne manqua pas de remarquer avec entrain, l'enjoignant à le suivre. Le jeune exorciste fut soulagé que Toshi soit aussi familier : Dai avait lui même du mal avec les manières, même avec ses propres profs. D'ailleurs, tous dans cette école d'exorcisme l'avaient bien compris : il n'était pas du genre a faire des chichis. Que Toshi soit également dans cette optique l'arrangeait bien.
Dai lui emboita donc le pas, s'installant dans le train en plaçant son gros sac à côté de son siège, réfléchissant à ce que tout cela signifiait. On lui avait demandé de se joindre à un duo, sans doute parce que le fléau était plus coriace que prévu, puis on enlevait un autre membre de ce trio. Déjà ça montrait deux choses : qu'en effet ils allaient avoir du pain sur la planche, mais ça démontrait aussi la recrudescence de fléaux. Les missions se faisaient plus nombreuses, et les équipes contraintes d'êtres divisées pour traiter le plus de cas possible. Mais Dai fut tiré de ses pensées par le contrôle surprise de l'Umino.
"Enquêter sur des meurtres, près d'un vieux temple au parc Otsuka Yama Koen. Enfin, vu l'état des corps, c'est définitivement un fléau, c'est pas bien joli à regarder. Plusieurs marques de crocs, des parties du corps arrachées, des traces visqueuses ... Rien de très fun."
Daisuke se rendit compte bien vite qu'il n'y avait pas grand chose a dire et que Toshi n'avait probablement pas daigné regarder le dossier qu'on lui avait remis, puisqu'il y avait surtout plus d'images que de texte. Il souris rien qu'à la pensée de s'être un peu fait avoir. Oh, il risquais vraiment de bien s'entendre avec ce gars là. Avec son naturel enjoué, Dai se mit à prendre quelque peu la confiance, mais il faut avouer que c'était le jeune Umino qui faisait tout pour le mettre à l'aise. Il entama alors la conversion, avant qu'ils n'arrivent à destination.
"Ça fait quelques années maintenant que je suis au lycée de Tokyo, et de tout ce qu'on m'a raconté sur les Umino, tu es bien plus sympa que toute l'idée que je me faisais des exorcistes de cette famille."
Bien plus avenant aussi. Dans sa tête, un Umino ne parlait pas, te regardait de haut, te jugeait, était morne et sombre, avait des canines proéminentes, des cornes de diables et peut-être même des yeux rouges vif t'indiquant qu'ils sortaient des enfers : c'est du moins comme ça que des élèves lui avaient décris la famille pour qu'ils s'en fasse une image bien terrifiante d'eux, histoire d'avoir de bons gros préjugés d'emblée. Bien sûr, Dai avait compris que c'était une caricature, mais l'impression lui était restée, aussi restait il surpris que Toshiyuki soit aussi éloigné de la description, en apparence du moins. Il leva néanmoins légèrement les mains en l'air avec un sourire.
"Pas contre ta famille, hein. Mais j'ai l'impression que ceux qui sortent d'un clan qui attends trop d'eux, d'un clan leur mettant trop de poids sur les épaules ... Ils ont tendance a être désagréable. Logique quand on se met trop de pression. Faut voir comment les familles très liées à l'exorcisme les font trimer sous peine d'être méprisés, aussi"
Eeeeet voilà. Le naturel un peu trop bavard de Dai pris dans un sujet qui l'importait beaucoup revenait au galop, presque a en oublier si ça intéressait celui a qui il parlait. Mais il restait quelques stations alors ... Autant bavarder un peu, non ?
Le contrôle surprise eut son effet ! Daisuke commença alors à lui raconter les brèves informations que la base avait bien voulu leur donner. Comme d'habitude, c'était tout de même bien maigre. Ils envoyaient des gens potentiellement se buter contre des créatures maléfiques, certains n'étant même pas encore assez vieux pour boire de l'alcool légalement, et ils allaient au front avec assez d'informations pour recouvrir un simple post-it. Enfin, ils étaient habitués. Des meurtres, près d'un temple dans une zone boisée, et des cadavres retrouvés marqués par des blessures qui ne pouvaient ni être d'origine animale ni humaine. Sauf si un énorme taré se baladait dans le coin. Mais il était plus probable que ça soit une créature occulte qui s'amuse à foutre le bordel.
« C'est bien, je n'ai pas eu plus d'informations non plus. Ça fait plaisir de voir quelqu'un qui sait lire les dossiers ! »
Extrêmement ironique de la part de l'exorciste qui n'avait même pas ouvert la page de garde de son propre recueil. Et si Daisuke avait percé à jour sa petite tentative fainéante de lui faire la lecture comme une mère raconte une jolie histoire à son bambin (même si ici l'histoire tient plus du scénario de snuff movie...), l'hôte du ver des abysses pensait être hors de tout soupçon. Le coup du siècle, qui lui permettrait de pioncer en paix quelques minutes. Quelques heures, peut-être même, au mieux du mieux ! Étirant ses bras contre le dossier des sièges à côté de lui, l'homme poussa un grognement de satisfaction en fermant les yeux, la tête légèrement en arrière.
Malheureusement pour lui, un tout nouveau sujet de discussion vint se poser sur la table. Quelque chose qui, dans un sens, ennuyait bien plus le jeune homme que les cadavres en décomposition et les bouts de membres dévorés trouvés à droite à gauche : sa famille. Après tout, les Umino formaient l'une des cinq grandes familles, qui certes restaient en dessous des maîtres du temps et de l'espace, mais qui s'étaient néanmoins intégrés plus profondément dans le système que certaines familles plus mineures, bien que très certainement plus méritantes.
Il lui indiqua ainsi le trouver bien plus sympathique que la description des membres du clan qu'on lui fit, et ce n'était guère étonnant. Fierté et ambition étaient les maîtres-mots des scelleurs de fléaux, et s'ils voyaient déjà d'un mauvais œil les membres de leurs propres familles incapables d'user du sort inné du clan, alors imaginez bien comment ils se pavanent devant les autres, notamment les exorcistes qui n'avaient pas l'avantage du sang. Oui, ils n'étaient clairement pas les plus agréables à vivre, et c'était le cas de le dire.
« Haha, c'est gentil ! Bah, tu sais c'qu'on dit. Chaque famille a son vilain p'tit canard hein ? »
Il disait cela comme si c'était l'exception à la règle, même si ce n'était pas tout à fait vrai. Les rumeurs étaient, bien sûr, en grande partie vraie. Mais c'était surtout lié au traitement intérieur du clan, qui formait presque à la naissance ses membres à agir ainsi. Certains sortaient néanmoins du moule, moins arrogants, moins regardants. Mais l'ambiance générale, la peur d'être mal vu, le risque que cela peut poser aux promotions, aux missions. Ainsi, même si un Umino était plus doux de caractère, il était soit forgé et changeait naturellement, soit se retenait et imitait ses pairs pour s'enfoncer dans la masse.
Sa mère était l'une des rares à réellement s'élever et à imposer sa manière d'être, mais bien trop minoritaire pour réellement changer les choses.
Mais Daisuke continua sur le sujet, et dans un sens, Toshiyuki avait presque l'impression que c'était à lui qu'on faisait un contrôle maintenant. Ou quelque chose qui s'en rapprochait ! L'homme continua ainsi à parler, expliquant son point de vue. Que de sortir d'une grande famille amenait souvent son lot de problèmes, une pression si lourde qu'elle en avait un impact sur leurs humeurs. Oui, c'était sûrement l'une des raisons. Mais dans un sens, c'était presque comme si Daisuke parlait en connaissance de cause.
« T'inquiètes ! Si la rumeur c'est "Les Umino sont en général des gros cons", elle est de moi, haha ! Mais d'ailleurs, t'as l'air de t'y connaître un peu, en clan. T'en viens d'un, toi aussi ? »
Après tout, en effet, le voyage n'était pas encore tout à fait terminé. Alors autant en profiter pour discuter tranquillement, surtout si ça permettait de cracher sur ses familles respectives. Toujours un bon point pour se rapprocher ça, à quel point la famille parfois, c'est quand même bien de la merde !
Daisuke Sato
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Daisuke Sato
Jeu 23 Nov 2023 - 16:52
C'est une chose d'avoir une réputation, une rumeur qui court sur notre personne. C'est encore une autre chose de l'avouer, et c'est pourtant bien ce que fit l'Umino sans détour. Loin de s'en faire un poids qu'on traîne comme un boulet, il exposait le fait d'être le mouton noir de son clan sans complexe, crachant ainsi à leurs pieds, tout en faisant le travail qu'il devait faire parce que c'était la bonne chose à faire. Parce que c'était juste.
Dai apprécia tout de suite les réponses de son interlocuteur, et il était extrêmement curieux de voir le jour où il accumulerait assez d'expérience et de puissance pour obtenir la possibilité d'affronter les têtes pensantes de sa famille pour leur renvoyer au visage que, même s'il a bon caractère et un chemin bien différent que ces arrogants égocentriques, il était meilleur qu'eux. Dai verrait dans quelques minutes si ce moment était près d'arriver, avec le fléau à exorciser. Mais en tout cas, pour le moment, Dai appréciait ce qu'il entendait : avec un tel détachement dans les propos cours mais révélateurs de Toshi, il n'en fallait pas plus au jeune exorciste pour se voir dans ce dernier. Le sourire qu'il arborait déjà ne fana pas, bien au contraire.
Après tout, ce qu'il voulait voir émerger chez Toshi, c'était un avenir qu'il espérait aussi : réformer une famille. Et ce dernier pointa justement du doigt une information bien réelle : Dai en connaissait un rayon sur le sujet. Assis confortablement devant Toshi, Dai croisa ses mains derrière sa tête pour en faire un appui de fortune et regarda dans le vide avant de répondre.
"Ouais, la famille Sato. Elle est assez axée dans la religion bouddhiste ... jusqu'à son extrême. Le genre de famille a prendre une philosophie optimiste et à la corrompre jusqu'à la moelle dans sa pratique. Pour eux, il faut tenter d'atteindre la perfection de soi le plus rapidement possible. Par tout les moyens, et dès l'enfance. Je te laisse imaginer ce qu'ils font aux pauvres gosses pour leur apprendre à ... S'endurcir."
Il se souvient du travail constant, des coups à supporter sans broncher pour s'habituer, de tout les types de souffrance possibles à endurer pour comprendre les maux du monde ... Une tactique de barbare pour arriver au sommet. En héritant du sort inné, Dai avait morflé plus que tout le monde, il faisait parti de ces gosses, mais il ne sentait pas que les autres avaient réellement moins pris. Cet entraînement de nombreuses années avaient totalement eu l'inverse opposé de ce qui était espéré, certains s'en retrouvant brisés à jamais, leur personnalité joviale virant à la détresse perpétuelle. Dai l'avait vu de ses propres yeux ... Et il comptait bien changer cette horrible méthode. Un jour.
"Avec leur sort inné, j'suis un pur produit du clan. Mais j'compte bien m'en servir pour changer toute la merde qu'ils ont instaurés"
Après tout, même si Dai était généreux, empathique et qu'il aurait voulu apporter paix et équilibre sur la société occulte, il ne pouvait pas prétendre à une telle ambition si son clan était toujours aussi peu exemplaire. Il lui faudrait néanmoins travailler dur pour prendre les rennes de la famille, ou au moins l'entraîner vers un chemin plus lumineux. C'était pas prêt d'arriver, et la route serait longue, Dai en était conscient. Mais il avait espoir, et c'est tout ce qui comptait pour le moment.
Il regarda soudain son partenaire de mission dans les yeux, pour voir comment ce dernier avait réagit à sa courte explication. Faudrait pas le bassiner non plus trop longtemps avec des histoires de famille, surtout pour une première rencontre.
"J'vais te dire, mon ami, les exorcistes ont le devoir de rendre la vie meilleure pour tout le monde, mais les trois quarts des exorcistes l'ont oubliés ici. A la place, ils passent leur temps à pourrir celle de leur confrère. C'est ironique. Mais faut bien jouer avec leurs règles avant de prendre tout ça en main."
Dai s'ouvrait pour le coup quelque peu à Toshi, mais le jeune exorciste avait l'habitude d'être décomplexé, et les deux étaient aussi détachés l'un que l'autre, du moins du point de vue du jeune exorciste. C'était rare de trouver un compère qui lui ressemblait autant, aussi en profitait il pour le cerner dès le départ et poser les bases. Après tout, la suite peut s'avérer compliquée si les gens ne sont pas sur une même longueur d'onde. Mais l'héritier des Sato avait un bon feeling sur l'Umino face à lui, non seulement grâce à tout ce qu'on lui avait dit de lui, mais aussi à sa manière de parler. Mais peut-être cachait il un jeu ? En tout cas, Dai espérait que non, mais il n'aurait pas été contre en avoir le coeur net.
"La rumeur que tu as lancée est bien parvenue jusqu'à mes oreilles"lâcha t-il d'ailleurs avec un rictus"mais quand t'en aura la possibilité ... Tu voudrais pas changer tout ça ? Les changer eux ? Pour un assurer un avenir meilleur à ceux qui viendront après ?"
Toshiyuki n'était pas forcément le plus à l'aise quand il fallait parler de son propre clan. Déjà de par sa position, les autres membres de la société occulte ayant déjà une petite opinion, basée sur les on-dit, le passif, l'histoire. C'était comme être le fils de quelqu'un de célèbre, un chanteur s'étant frayé un chemin sur la route du succès, et être du coup au centre des questions dans la cour de récré, tout le monde venant de sa petite interrogation sur ce que ça fait d'être dans la famille de quelqu'un de ce genre. Et à cela on ajoute le fait que cette famille est loin d'être recommandable, et que sa vie était marquée par les déceptions, les complications, la solitude et bien entendu, la mort. Bref, un cocktail plutôt explosif, restant au travers de sa gorge, et lui donnant plus envie d'enterrer son nom de famille que de raconter à qui veut bien l'entendre l'histoire triste de son existence, sous fond de musique au piano et d'un filtre ton sépia pour bien sous-entendre le flashback imminent. Oui, ce n'était pas trop son genre.
De ce fait, glisser le questionnement sur la famille de son interlocuteur était un bon moyen d'éviter de répondre à d'autres questions ! Quel génie, ce Toshiyuki, quand même. Surtout que les gens appréciaient en général bien plus parler d'eux même que de s'interroger sur les autres. Après, dans le cas de l'hôte du ver des abysses, c'était aussi réellement par curiosité. Il connaissait certaines familles plus mineures, comme celle de Nagisa par exemple, qui fut élevé aussi dans un milieu très anxiogène avant qu'il ne l'en tire tout en faisant de jolis doigts d'honneurs à ses ainés. Et pour le coup, il semblait bien que ce modèle, que ce théorème, se répétait ici aussi dans un autre foyer, celui de Daisuke. Comme si le destin avait rapproché trois âmes souffrantes des mêmes problèmes de l'enfance. Peut-être qu'un psychologue aurait quelque chose à dire à ce sujet. Notamment sur le fait que ça soit plus commun qu'on ne le pense...
« Ouais, on dirait que les chefs de clans ont tous un manuel "faire une famille de merde qui s'auto-détruira pour les nuls" cachés dans leurs placards. À côté du balai qu'ils s'enfoncent dans le fondement, aussi, j'imagine. »
Dai semblait d'ailleurs lui aussi avoir dans l'idée de potentiellement reprendre le contrôle de son clan, et de lui faire prendre un chemin plus doux, moins toxique. C'était tout à son honneur. Et c'était très certainement quelque chose que le jeune homme à la chevelure de neige aimerait aussi bien, à terme. Mais c'était plus simple à dire qu'à faire. Chaque clan avait en son sein des gens sympas s'imaginant finir à la tête de leurs clans pour lui donner des jours meilleurs. Mais même si les chefs semblaient tous d'accord pour être de sales merdes toxiques, cela ne changeait rien au fait qu'ils avaient souvent obtenus leurs postes par la force et la détermination. On pouvait être à la fois un connard et une brute en termes de puissance.
Et c'était bien ça le souci. Surtout dans les clans où le chef n'était pas déterminé seulement par le sang, mais dont le trône pouvait être raflé par la douleur et les larmes.
« T'es bien motivé, ça fait plaisir mon pote. C'est bien le minimum pour réussir à s'élever un peu dans cette société vraiment pas terrible. »
Finalement, il lui posa une dernière question. A propos d'une rumeur dont il n'avait pour le coup pas vraiment connaissance, sur le fait qu'il serait potentiellement intéressée par le même but, la même finalité. Reprendre les rênes d'un clan dysfonctionnel pour en faire une vraie famille. C'était un plan intéressant, et une idée qui forcément lui plaisait en partie. Mais c'était bien plus compliqué que ce qu'on peut le penser. Il le savait aussi.
« Bien sûr, comme tout le monde. Mais si l'énergie occulte est née des mauvais sentiments, ça fait de nos leaders des crasses assez difficile à nettoyer. On risque déjà nos vies à chaque mission, alors pour le moment, je préfère me concentrer sur le fait de revenir en vie et d'aider les gens que je peux. »
C'était ça, son but premier. Un but emprunté, un objectif hérité. Celui de son frère désormais décédé, qui lui-même voulait sauver son prochain. S'il avait réalisé ce pacte avec ce fléau, damné son âme sur l'échiquier de l'occulte et du surnaturel, ce n'était pas en premier lieu pour sauver son clan, mais sauver les non-exorcistes. C'était triste, mais ils étaient là en priorité.
C'est à ce moment que le train entama son arrêt. On dirait bien qu'ils avaient discuté plus longtemps que prévu et que donc la petite pause de Toshiyuki prenait fin. S'il était un peu triste de ne pas s'être endormi pour profiter de quelques minutes de repos, la discussion serait néanmoins très intéressante et l'hôte du ver était content d'être tombé sur quelqu'un de bien sympathique. Levant ses jambes, il se releva alors d'un bond avant de s'étirer tout en poussant un long bâillement.
« En parlant de sauver des gens, et si on allait passer notre colère envers nos familles de merde sur un pauvre fléau qui ne cherche pourtant qu'à semer le mal et la désolation tranquillement dans son coin ? »
Une proposition qui semblait tout de même très tentante !
Daisuke Sato
Élève de 3ème année - Tokyo - Classe Semi 1
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Daisuke Sato
Lun 27 Nov 2023 - 12:37
"Ouais, tu m'étonnes"
Il rit en prononçant ces paroles en voyant son interlocuteur se lâcher sur les mots. Il n'en attendais pas tant, mais ce n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Mais la vanne du manuel pour les nuls n'est pas si en dehors de la réalité que ça. Avant de partir pour l'école d'exorcisme, des élèves du monastère des Sato avaient libérés les fléaux de leur salle spéciale. Sans doute par colère envers les supérieurs et ce qu'ils leur faisaient subir, signe que la méthode drastique pour enseigner les souffrances avait conduit a des conséquences dramatiques, d'autant que cet évènement avait fait eu pour résultat une trentaine de morts, d'autant que les dérives du clan se répercutaient sur les jeunes, et que c'est à cet âge que nos émotions sont décuplés et qu'on peut ainsi faire des actions idiotes sous le coup de la rage. Bien sûr, le clan avait tenté d'étouffer l'affaire, mais au moins tout ceux présent dans ce monastère savaient de quoi il retournait. Au final, ce n'était devenu qu'une grosse rumeur. Nul doute que la famille n'a rien appris de cet évènement déplorable.
"Comme tout le monde, c'est vite dit. Les gens ont du mal à vouloir changer le statut quo. Ils se contentent de le subir, pour la plupart, sans avoir la réelle motivation de changer ce qui les travaille. Mais j'suis content qu'on soit sur la même longueur d'onde pour ce qui est du reste. Pas parce que c'est difficile qu'on pourra pas y arriver ensemble à l'avenir."
Les légendes ne sont pas écrites par un homme seul qui prend le pouvoir sur un autre mec au pouvoir, qui aura lui même de grandes chances d'être défait. Ce genre de compte se perdait dans l'histoire. En revanche, les légendes forgés sur les alliances durables ... C'était plus mémorables. Les gens retenaient plus les confréries et noms de groupes ou alliance que les personnes seules.
Dai respectait bien sûr les paroles de Toshi. Vivre au jour le jour, avancer pas à pas, c'était aussi dans sa philosophie. Il n'aurait pas atteint un tel stade de détachement s'il prévoyait trop de chose pour l'avenir. Mais un but au service des autres en général, c'était nécessaire pour avancer. Pour savoir au moins où l'on va et le chemin qu'on décide d'emprunter. Mais outre le fait de s'occuper de sauver des vies au fil des jours qui passe, Dai compris bien rapidement que Toshi n'était pas si à l'aise que ça de parler famille, parlant ouvertement de son mépris pour la sienne, sans rentrer dans les détails non plus. Sans doute un sujet sensible qu'il refusait de traiter comme tel. Dai se frotta la tête à cette pensée, ramenant ses cheveux en arrière. Avec son sort inné, il avait trop pris l'habitude de sur analyser pour essayer de comprendre ce qui empêchait les personnes de se libérer, et malgré lui l'Umino ne faisait pas exception à la règle. Avant qu'il ne puisse s'en demander davantage, ce dernier parla plutôt de la mission qui les attendait.
"J'suis là pour ça mon pote. Jamais contre de la bonne baston. J'ai été forgé pour, faut dire."
Le métro, ou train ou quelque soit le nom sous lequel se faisait appeler ce truc anxiogène arriverait bientôt à destination de toute façon, mais c'est ce qui rappela à Dai qu'il n'était pas du tout un fin connaisseur des transports tokyoïtes. Et qu'il n'était franchement pas meilleur en orientation, il fallait voir comment il s'était perdu rien que pour rejoindre ses deux compères.
"Par contre, si tu pouvais m'ouvrir le chemin vers ce pauvre fléau, parce que si c'est moi qui prend les devants, je pense qu'on est pas prêt d'arriver ..."
Toshiyuki n'en voulait pas vraiment aux membres mêmes de la société occulte. La vie, c'était compliqué, pour un tout un chacun. S'il fallait en effet qu'ils se réveillent pour se soulever contre le système en place pour le voir changé, et que par conséquent cette inaction commune était en grande partie de leurs fautes, ce n'était pas vraiment par leurs propres volontés. C'était bien de cela que profitaient les chefs de clans : que chaque exorciste soit dans un combat permanent pour sa propre vie, à enchaîner les missions contre des fléaux dont le nombre ne semblait jamais décroître. S'il suffisait du pain et des jeux pour endormir des humains lambdas, plonger des éléments plus problématiques dans un combat perpétuel sans réelle fin visible était une autre manière de les tenir occupés au point qu'ils n'aient plus d'énergie pour embêter les puissants.
Dans un sens, ils attendaient sûrement qu'un réel leader ne se réveille, ne sorte de son cocon de travail barbant et mortel pour les mener sur le chemin d'une révolution à en décapiter leurs dirigeants. Et qui sait, peut-être que ce leader sera lui-même, ou Daï. Enfin, dans le cas des Umino, ça risque d'être compliqué pour le ver des abysses. S'il aime bien les insulter eux et leurs manières de déterminer le statut social à la possession d'un sort inné, le jeune homme à la chevelure blanche était soumis à un serment inviolable, qui impliquait qu'il était impossible pour lui de blesser des membres de sa famille. Et malheureusement, ça inclut aussi d'introduire des objets dans leurs fondements jusqu'à ce qu'ils chantent en allemand.
« C'est sûr, c'est toujours sympa de croiser des membres de famille qui ne sont pas des débiles consanguins. »
Oui, d'accord, les termes de Toshiyuki étaient peut-être un peu violents. C'était surtout la dualité qui choquait : il était propre sur lui, parlait d'une voix fluette et presque chantante, avec un immense sourire sincère sur le visage. On pouvait presque lui donner le bon dieu sans confession, et pourtant il parle presque comme un charretier. Bref, c'était à la fois drôle, et à la fois choquant.
La suite des événements n'était plus vraiment basée sur les familles et les débats, mais sur le plat principal : la mission. Le train s'arrêta, s'ouvrant dans un léger bruit de frottement mécanique, pour ouvrir le passage vers une petite gare délabrée et vide. L'endroit accusait clairement des années, et semblait presque d'un autre temps, en comparaison de la gare de Tokyo qui dégueulait de technologie et d'adaptations. Ici, les panneaux de signalisation étaient en bois, indiquant la sortie de la petite gare. Un escalier qui s'enfonçait dans la terre pour sortir quelques mètres plus loin, donnant sur un parking où ne siégeaient que de vieilles voitures qui n'étaient clairement plus en services, abandonnées là par leurs anciens propriétaires.
« Bah, tu n'as pas vraiment besoin d'être bon en orientation vue la mission. Suis moi, tu vas comprendre. »
Une main dans la poche, et l'hôte du ver des abysses entama la marche. Leurs deux avancées étaient rythmées par le bruit de leurs chaussures se fracassant contre le sol, un dallage en pierre rudimentaire, soulevant quelques petits cailloux et poussières à chacun de leurs pas. Aucun assistant n'était là pour eux, et en même temps l'endroit n'était pas forcément le plus visité. Combiné à l'heure à laquelle ils venaient vérifier le tout, ils étaient quasiment sûr de croiser aucun non-exorciste. Et donc, aucun besoin de rideau.
Une fois à l'extérieur, la forêt s'offrait à eux. Une immense mer de bois, dont ne s'échappait que le bruit des crickets, et quelques branches écrasées par des animaux aléatoires. L'endroit était clairement en vie, et plusieurs chemins s'enfonçaient dans les profondeurs sombres de la prison boisée. Quel chemin était celui menant au temple ? Aucune idée. Mais il y avait d'autre moyens de vérifier ce genre de choses.
« Tiens, regarde. Des traces d'énergie occulte. C'est pas forcément en lien avec notre gros poisson, mais il doit très certainement avoir des fléaux plus petits dans son sillage, on a qu'à suivre ça. »
Il pointa du doigt un endroit, près d'un des chemins. En faisant attention et en se concentrant, on pouvait ainsi voir, et sentir, comme un espèce de chemin invisible. Comme si une odeur prenait forme, sous la forme d'un léger nuage, qui partait dans la direction du chemin en question. C'était l'énergie occulte dégagée par les fléaux, des résidus, bien connus des exorcistes. La meilleure manière d'enquêter. Les fléaux dégageaient leurs résidus, les exorcistes d'autres, et en étant doué on était même capable de reconnaître des résidus et d'en identifier leurs émetteurs. Bon, Toshiyuki n'en étant pas capable. Il voyait les résidus et c'était déjà bien.
« Techniquement, ça devrait nous mener au temple. Ou alors on sera perdu et je vais passer pour un con. Partons du principe que c'est la première solution, hein. »
Lança-t-il avec un petit rire. Après tout il n'était jamais sûr de rien ! Et sans attendre, il s'enfonça alors sur le chemin, tranquillement, sûr (ou tout du moins semblait sûr) d'avoir raison. Il le fallait. Il n'était en fait pas doué non plus pour l'orientation. Alors à eux deux, paumés dans la forêt, la faim et la soif auraient raisons d'eux avant les fléaux.
Daisuke Sato
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Daisuke Sato
Mar 5 Déc 2023 - 11:24
La porte s'ouvrit sur un tout autre espace que la gare bondée et animée qu'ils venaient presque de quitter, causant un léger choc au jeune exorciste qui ne prenait pas tant que ça les transports, ou qui du moins avait un mal fou à s'en souvenir et retrouver son chemin. Le nouvel endroit était bien plus crade et désert que le centre ville, forcément, et les indications qu'on pourrait qualifier "de fortune" pour se diriger indiquaient que l'arrêt n'était pas des plus importants pour les habitants.
Il emboita le pas de son nouveau collègue - dont les dernières paroles et la franchise couplée à son style en avait fait un grand ami en moins d'une dizaine de minutes - en oubliant pas de remettre son grand sac contenant son arme de prédilection sur son épaule, et fit une petite course avant que la porte ne se referme et éviter de laisser son nouveau camarade tout seul. La station n'était malgré tout qu'un prélude à ce qui les attendaient dehors : la nature était encore maître de ces lieux, avec malgré les infrastructures, des cailloux partout et diverses petites plantes sortant du sol. En quittant l'endroit, ils se retrouvèrent immédiatement face à la forêt. C'était exactement le genre de moment où Dai aurait eu envie de se mettre torse nu pour ressentir au mieux l'ambiance des alentours.
S'il avait bien adoré quelque chose lors de sa jeunesse au monastère des Sato, c'était d'être en communion avec celle-ci. S'il changeait beaucoup d'endroit pendant ses entraînements, passant des montagnes enneigées aux jungles parsemés de cascades afin de ne jamais s'habituer au climat, il avait vu ce genre de procédé comme une chance de découvrir le plus de paysage possible et de comprendre tout ce que l'environnement pouvait offrir.
Alors une mission dans une forêt qui respirait la vie, c'était pour lui un privilège, et un excellent moyen d'exploiter au maximum sa maîtrise de l'exorcisme. Il écarta les bras et respira un grand coup pendant que son camarade parlait, un large sourire sur le visage. Il entendait la faune, avec les bruits d'insecte, les petits écureuils se précipitant pour se cacher dans les arbres à la vue des deux exorcistes. Il ressentait la flore, l'envol des feuilles légères et le bruissement des plantes. Ah ... Y'a vraiment rien de mieux qu'une balade en pleine nature pour se ressourcer et se sentir revivre. Dai avait beau trouver que la méthode des Sato pour former les jeunes générations était archaïque et barbare, leur manière de se recentrer sur soi même est plutôt efficace. Lorsque Dai ouvrit les yeux de nouveau, il ressentit ce qui amenait Toshiyuki à choisir une allée plutôt que l'autre, et le jeune exorciste opina du chef avec enthousiasme.
"On sera deux à se tromper, alors"
Dai s'y dirigea donc joyeusement, faisant craquer les bouts de bois froissant les feuilles à son passage. Deux joyeux lurons cherchant directement le grand méchant loup qui avait déjà bouffé mère-grand depuis bien longtemps. Il marcha quelque temps, essayant de dénicher la présence du fléau qui avait troublé ces lieux auparavant ... Et en ce moment même.
Le chemin était en réalité des plus larges, et plus ils s'avançaient, plus les arbres semblaient s'être recourbés exprès pour leur cacher le ciel, d'autant que les feuilles au sol semblaient s'être coordonnées pour dérouler le tapis marron. Dai ne mit pas longtemps à comprendre qu'ils étaient sur le bon chemin, tout comme l'Umino, probablement, à la vue de la fin du sentier. Bien qu'il se divisait de nouveau, ils avaient droit devant eux une large pente et des escaliers pour s'aider, les autres chemins faisant le tour de chaque côté pour tout de même monter sur la hauteur. Ici et là étaient disposés des cadavres que le fléau avait attaqué. Nul besoin pour Dai de les identifier puisqu'il avait pris connaissance de certains clichés avec le dossier qu'on lui avait fourni : en dehors de lui donner mal au bide, il n'apprendrait rien de plus sur la nature du fléau. Ou du moins, c'est ce qu'il pensait.
"Jackpot"
Se permit il de dire comme pour valider le chemin qu'ils avaient pris et calmer la tension qui était en train de lui monter. Mais rien à faire, à la vue des morts, et bien qu'il soit habitué, il ne réussit pas à calmer son mal être et la sensation qu'un truc pouvait lui sauter dessus à tout moment. Il posa et ouvrit son sac, en sorti délicatement la faux cachée à l'intérieur, en prenant soin de la tenir par le bord le plus proche de la lame, pointe vers la droite.
Magie, ça allait mieux, avec de quoi se défendre, mais il ne pouvait tout de même se défaire de la sensation de ne pas être que deux dans cette allée. Pas un signe de la créature, ni même au dessus de sa tête. Il fallait sans doute avancer et prendre ces escaliers, vers les vestiges du temple. Après tout, après avoir autant bouffé, le machin qui s'était adonné à cette chasse avait sans doute besoin de repos. Mais il n'y avait pas besoin d'être un fin déducteur pour suivre la piste du fléau : quand les feuilles ne s'étaient pas écartées à son passage, elles reflétaient un effet huileux, sirupeux. Dai suivit la trace sans un mot et s'accroupit au bas de la colline, devant les escaliers, pour constater qu'un "truc" visqueux avait laissé des traces sur les pierres qui délimitaient les marches. Dai se releva donc et se tourna vers Toshiyuki.
"On dirait qu'on a affaire à une bonne grosse limace. Ou un escargot avec des gros chicots, pour faire ce qu'il a fait à ces pauvres gens. Si on suit les traces, ça nous mène tout droit là haut, j'ai l'impression."
Il avait dit ses mots en prenant déjà les escaliers à reculons, bien déterminé à trouver le fléau avant que ce ne soit ce dernier qui le trouve. L'effet de surprise, c'est pas mal aussi.
Certains pouvaient penser que Toshiyuki était quelqu'un de spécial. Quelqu'un d'étrange, d'unique, même. Pas forcément dans le bon sens du terme. Après tout, il était à la fois quelqu'un de particulièrement jovial, ouvert d'esprit, doux et chaleureux. Quelqu'un qui donne le sourire quand on le voit passer, dont la voix presque chantonnant contait des histoires à en faire rêver le plus aigris des hommes. Et en même temps, il était sec, cassant, froid et insultant. Notamment lorsqu'il parlait des siens, des hautes sphères. Il disait des choses avec un tel aplomb, et surtout avec ce visage doux et presque angélique, que cela semblait faire tourner ces mots comme des blagues. Mais non. Il était à chaque fois sérieux, atrocement sérieux, et chaque insulte était en vérité lancée avec la même vivacité que le tir d'un chasseur sur une proie apeurée.
Cette espèce de doublure, ces deux côtés d'une pièce nommée Toshiyuki, représentaient tout autant son réel lui que son lui fantasmé, sa tentative de recopier son frère décédé, réel rayon de soleil dans un ciel brumeux ou pluvieux. Comme s'il cherchait à prendre sa place, ou plutôt, comme s'il cherchait à en devenir la réincarnation, s'effacer pour qu'il puisse de nouveau fouler le monde de sa bonne humeur et de sa naïveté. Mais les vieilles habitudes ont la vie dure.
« A force de chercher, on finira bien par trouver de toute manière ! »
Toshiyuki était plus expérimenté que Daisuke, en terme d'exorcisme. Si leurs puissances étaient très certainement semblables, tout deux étant de potentiels héritiers de leurs clans respectifs, l'hôte du ver des abysses avait de son côté la force de quelques années supplémentaires dans le monde de l'énergie occulte, des fléaux et autres maléfices. Et dans un sens, c'est un peu comme s'il se prenait pour un professeur, expliquant à son partenaire de mission cette petite technique pour repérer et pister les fléaux, comme un chasseur montrant à un de ses collègues les traces de pas d'un bête apeurée, prête à être tuée et récupérée.
Et ce dernier semblait lui faire confiance, emboitant rapidement le pas pour s'enfoncer dans la lourde forêt marquée par le temps et les saisons, dans laquelle se trouvait quelques petits fléaux mineurs, qui semblaient corroborer la théorie de l'exorciste aux cheveux de neige. Rien de bien grave, les plus faibles classe 4 n'étant que semblables à de petites fourmis qui n'embêtaient réellement pas grand monde, surtout dans un lieu aussi paumé et dénué de vie humaine, si ce n'est les quelques visiteurs qui pouvaient ramener chez eux ces petites surprises.
Le chemin devint sentier, et s'il se divisait parfois, un grand escalier en pierre semblait indiquer que c'était le bon chemin. Ouf, pas de honte pour le moment ! L'ultime confirmation vint tout d'abord à ses narines, une odeur de chaire putréfiée venant directement le faire grogner, une légère plainte de désapprobation alors qu'il se pinçait vivement les naseaux pour s'en protéger. Et après quelques pas, l'origine même de ce doux fumet vint cette fois à ses yeux : les cadavres des différentes victimes du fléau. De pauvres âmes au mauvais endroit au mauvais moment.
« Pour tirer le gros lot, on l'a tiré. »
Lança-t-il en réponse au Jackpot de son partenaire, d'une voix légèrement nasillarde à cause de son pincement de nez. Soupirant intérieurement, il observa d'un œil voir le Sato sortir son arme de prédilection, une belle grosse faux comme on en fait plus. De son côté, c'est une pince à linge qu'il dégaina d'une poche intérieure de son lourd manteau, avant de le déposer délicatement contre son nez, poussant un nouveau grognement sous la légère douleur provoquée par l'objet. Pisteur, Daisuke commença alors à inspecter les traces laissées par le fléau, une espèce de bave étrange qui dégueulait littéralement d'énergie occulte. Et à en suivre les traces, les résidus qui empesaient l'air et le champ de vision, c'était en effet en direction du sommet.
« Quand faut y aller... »
Emboitant le pas, les mains dans les poches de son manteau, Toshiyuki s'avança ainsi en premier dans les escaliers. Après quelques minutes, ils arrivèrent ainsi devant l'immense bâtisse. C'était en effet un très grand temple, marqué par les âges et par l'abandon, malgré les quelques visites visibles par des endroits qui semblaient plus propres que d'autres, les pas des visiteurs soulevant la poussière et donnant cette illusion de propreté. Une cour, tout d'abord, avec en son centre une cloche qui devait sûrement servir à l'appel, avec à côté un espace réservé aux vœux des visiteurs, écrits en katakana sur des petites plaquettes de bois. Des vœux vieux pour la plupart, les morceaux étant touchés par l'humidité et la moisissure, effaçant en grande partie l'encre qui marquaient pourtant autrefois ces preuves de passage.
L'odeur des cadavres désormais disparue, Toshiyuki retira le petit appareil servant à protéger son petit nez dans un soupir de soulagement, posant le tout dans sa poche alors qu'il observe tranquillement les alentours. Pas forcément inquiété pour deux sous, il cherchait les résidus du fléau principal. Malheureusement, ce lieu étant sa tanière, les pistes étaient trop nombreuses et fouillis pour servir à quoi que ce soit. Mais ce qu'il pouvait remarquer, c'était plusieurs fléaux semblables, ressemblant à des chauve-souris mutantes et aussi grosses que de gros loups, qui observaient le duo du haut du temple. Déjà plus embêtantes que les classes 4, ils serviraient très certainement d'amuse-gueule.
« Bon, on va s'échauffer un bout. Peut-être que faire un peu de raffut suffira à ramener le gros, prépare ta faux mon grand. »
Ses doigts mimèrent alors un pistolet, son index pointé en direction des deux fléaux qui observaient attentivement les intrus. Ils se réveillèrent alors en voyant une lumière bleutée, semblable à la lueur animant les yeux de Toshiyuki, apparaître et éclairer les alentours. Sa petite technique occulte à lui, une variante de la projection d'énergie occulte classique, qui prit la forme d'une boule d'énergie siégeant sur le doigt de l'exorciste, qui la projeta alors soudainement en direction des deux créatures, qui s'envolèrent pour esquiver le projectile. Ce dernier explosa derrière eux, les provoquant, les fléaux répondant en fonçant en direction de Toshiyuki et Daisuke.
Daisuke Sato
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Daisuke Sato
Mar 19 Déc 2023 - 0:03
Certes, l'odeur n'était pas des plus agréables. Elle était immonde, même. Mais Daisuke avait finit par s'y accoutumer, au fil des missions. A vrai dire, il s'en était déjà accoutumé depuis l'incident à l'un des monastère, lors de sa dernière année dans ces endroits dans lesquels il avait passé le plus clair de sa vie, quand des jeunes membres de la famille avaient relâché les fléaux de leur fosse pour se venger des maîtres. On ne s'y fait pas, à l'odeur. Le contraire serait inquiétant. Mais il faut apprendre à vivre avec, dans ce métier. Dai fut surpris de voir son aîné sortir une pince à linge, ce qui lui fit esquisser un sourire. Décidément, le bonhomme était paré à toute éventualité. Il avait entendu dire que des Umino gardaient des fléaux dans des poches fermées. Il en était tout autre pour Toshiyuki, qui avait d'autres outils visiblement utile pour certaines circonstances auxquelles il n'aurait pas pensé dans un premier temps.
Bientôt, il furent tout deux à suivre la piste du fléau, montant les escaliers pour accéder au temple. Une promenade de santé pour le Sato qui était ici dans son élément : le temple au beau milieu de la nature, il y avait là de quoi lui rappeler sa jeunesse. Il ne fut donc pas le moins du monde épuisé de gravir les escaliers, bien que les marches étaient nombreuses ici, tant c'était une activité quotidienne dans les divers camps de sa famille. L'Umino non plus ne sembla pas dérangé de les surmonter.
Une fois en haut, ils pouvaient enfin admirer ce que la plupart des touristes venaient admirer ici : l'imposant temple noir du parc. Mais avant de pouvoir y accéder, l'extérieur du sanctuaire était également a admirer. Cela ressemblait à une cour assez petite pour le Sato, qui était habitué à voir de plus grands domaines dans des lieux plus reculés, mais il n'en était pas moins très large, tout en semblant avoir été par endroit réaménagé pour faire de ce lieu un espace plus touristique. Dai se surpris à se perdre quelques instants devant les divers endroits où se retrouvait parfois les touristes, l'activité visant à écrire ses vœux. Dai en eu aussitôt les mains moites devant l'humidité qui s'était engrainé dans le bois, et tenter d'enlever les saletés ne fit qu'empirer les choses. Il abandonna finalement en reposant l'objet où il l'avait trouvé et en se frottant les doigts mouillés sur son pantalon. Tant pis, les souhaits des passants seraient un mystère qu'ils emporteraient avec eux, la curiosité n'est pas toujours récompensée. Mais elle permet au moins à son collègue de prendre les devants.
"Ah, de l'action ! Tout ce que j'attendais ! Il me manquais que ces petits loups pour être chaud comme la braise, on se les parta ..."
Dai s'imaginait tout naturellement en prendre un pendant que Toshi s'occuperait de l'autre. Malheureusement, on est pas dans un conte de fée où tout se passe comme on le souhaite, et Dai l'appris bien rapidement à ses dépens.
"Eh ?"
Les fléaux semblèrent se croiser en zigzag dans une danse aérienne, le problème étant que leur destination semblait être la même. Pour être plus précis, ils se déplaçaient ensemble, et si Dai cru d'abord que c'était parce qu'il l'avait trop ouvert et que les fléaux découlant de ces animaux se repéraient au son, c'était seulement parce que l'exorciste de dernière année était le premier sur leur chemin. Heureusement, ce dernier savait manier sa propre arme d'une seule main pour certaines occasions, et cette dernière était toute trouvée. C'est ce qu'il pensa au premier abord, cela dit, c'est un peu moins ce qu'il pensa au fur et à mesure que les grosses bestioles se rapprochaient. Attaquer de front lui permettrait d'avoir le premier, mais le second aurait sa peau.
Sauf si ...
Dai se prépara à attaquer au bon moment, fit un pas sur le côté pour tromper sa proie - parce que c'était bien Dai, le chasseur - et se propulsa dans le sens inverse, frappant de toute ses forces l'aile du gros volatile de sa faux. Le fléau poussa un cri strident tout en continuant sa course, et Dai força sur le manche pour approfondir la blessure de son ennemi, qui cette fois dériva de sa trajectoire. Cela n'arrêta pas le second volatile qui se dirigea vers l'Umino, mais Dai avait déjà fort à faire de s'occuper de son propre adversaire.
Adversaire qui s'il devait avoir du mal à quitter terre, n'en battait pas moins des ailes avec vigueur, donnant la sensation à Daisuke de jouer à cette attraction où on doit saisir un taureau qui tourne dans tout les sens. Un coup de jambe dans le ventre de la bête la fait ralentir et enrager à la fois. Alors qu'elle tente de donner un coup de croc, Dai retire sa faux, tombe sur le dos et se met à rouler de tout son long avant de se relever vivement, juste le temps de voir la chauve souris géante faire des mouvements bizarres avant de s'emplafonner magnifiquement sur un mur du domaine, moins du au fait de sa blessure sur l'aile qu'à cause de Noble Truth. Forcer la blessure avait déjà dû rendre le fléau confus, mais ça n'empêcha pas ce dernier de se retourner, de s'élancer une nouvelle fois dans les airs malgré sa plaie, mais cette fois ci en changeant de stratégie : il se mit à voler à ras du sol à une vitesse folle, la gueule béante prête à se refermer à tout moment. Dai sauta au moment opportun, ses genoux tellement remontée au niveau de son ventre qu'on aurait pu le croire en boule, et les détendit d'un seul coup quand le fléau passa sous lui.
La créature se mangea le sol mais repris promptement sa course. En ayant marre de se manger ce genre de contre, elle partit aider son congénère et se mit en tête d'attaquer l'Umino. Son allure aurait pu prêté à rire tant il était sonné par les coups et en étant perturbé par le sort inné de Dai, mais dans une mission où chacun risquait sa vie, il n'y avait pas de place pour relâcher prise.
"Attention fléau en renfort !"prévint tout de même Dai en se mettant à courir après le lâche.
Pour le coup, Toshiyuki aussi s'imaginait assez bêtement que les fléaux allaient se séparer. Après tout, on parle d'entités d'énergie négative, des monstres individualistes qui ne vivaient que pour satisfaire les besoins morbides à l'origine même de leurs naissances. Mais parfois certains se ressemblaient, ou naissaient dans des circonstances semblables, ou bien étaient même dominés par des fléaux plus puissant. Et voilà maintenant qu'ils agissaient en équipe, virevoltant l'un à côté de l'autre, échangeant leurs places, perturbant la simili-tactique (si on pouvait vraiment l'appeler comme ça, c'était quand même très basique), du jeune exorciste et de l'élève de dernière année. Enfin, ce n'était que de la piétaille, de toute manière. Qu'un amuse-bouche. Même comme ça, ça n'allait pas forcément être difficile, si ?
Posant son poing à l'index levé contre le plat de sa main, s'en servant comme appui pour mieux catalyser son énergie occulte, l'hôte du ver des abysses prépara ainsi un nouveau tir. Son doigt s'illumina de la même énergie bleutée, accumulant la force nécessaire pour tirer une nouvelle fois. De son côté, Daisuke prépara un autre type d'offensive, esquivant les deux bêtes pour fracasser la première, la seconde continuant sa route pour foncer vers le Umino.
L'homme avait déjà son plan en tête pour abattre la créature d'un coup bien placé. Et pour ce faire, il retira sa main de sa paume. Le fléau lui fonçait dessus, très certainement avec l'idée de le percuter. S'il balançait son rayon occulte trop tôt, son ennemi l'esquiverait. Trop tard, et il se prendrait son propre coup, en plus de ne pas bloquer la créature. L'idée était donc simple. Quand la bête fut assez proche, à un espèce d'entre-deux, il abatis sa main libre, activant son sort inné pour dévorer l'espace les séparant. Soudainement, le fléau fut projeté en avant, stoppant net sa course et le perturbant, la créature ne se doutant clairement pas que celui qui s'était contenté de tirer à distance était capable de ça.
« Boom. »
Il projeta alors son tir, la boule bleutée s'écrasant violemment dans une explosion d'énergie occulte éclairant les environs durant quelques secondes. Désormais hors d'état de nuire, Toshiyuki souffla de manière satisfaite contre son doigt, comme pour imager un cow-boy soufflant le bout de son canon fumant. Mais alors qu'il se pensait tranquille et s'apprêtait à aider son partenaire du moment, il n'écouta pas les mots de Daisuke, se prenant soudainement l'autre créature. Comprenant un peu tard l'attaque il tenta de le bloquer avec son bras, la mâchoire du fléau déchiquetant son membre, heureusement renforcé d'énergie occulte.
Un peu de sang s'échappa des plaies ouvertes, légères mais néanmoins présente. Usant une nouvelle fois de son sort inné, il dévora cette fois l'espace autour de son bras, effaçant subitement la dentition du fléau qui poussa un grognement de douleur. D'un coup de pied bien senti, Toshiyuki balança alors la créature vers Daï pour qu'il puisse s'en occuper et terminer le boulot.
Bon dieu qu'il aurait bien aimé connaître l'énergie positive dans ces moments là, histoire de se soigner un minimum. Soupirant doucement, il déchira un bout de sa veste, venant faire un garrot contre le reste de ses habits pour maintenir le tout. Ce n'était pas forcément très grave pour le moment mais là n'était pas le problème. Ils ne formaient que l'avant-garde, et cette petite bataille suffit déjà à échauffer les esprits. Les leurs, pour commencer, cet échauffement permettant un peu de les éveiller et de les mettre au diapason du combat. Mais aussi les différents fléaux. De nombreuses énergies occultes commençaient à s'approcher, et si pour la plupart ce n'était que des têtes de mouches qui n'attiraient que très peu l'attention, une plus lourde semblait s'avancer.
... Sans pour autant apparaître.
La créature se trouvait dans l'immense temple présent devant eux. Et sans qu'ils ne sachent comment, même si cela semblait évident, les lourdes portes de bois s'ouvrirent dans un bruit de grincement atroce, presque semblable à celui d'os qu'on écraserait d'une bottine d'acier. C'était une pure invitation.
« Bon on est d'accord c'est un piège hein ? »
Bien entendu que c'était un piège. Si le fléau à l'origine de tout ça ne s'attaquait pas à eux tout de suite, ce n'était pas sans raison. L'endroit était dégagé, permettant pourtant à une large créature de se mouvoir avec aisance, et la présence de très nombreux fléaux mineurs pouvant servir de "bouclier humain (plutôt fléau)", ou bien pour gêner de potentiels adversaires était aussi un puissant avantage. Pourtant, la bête cherchait à les faire entrer dans un endroit où ils devraient être plus avantagés. Donc oui. Piège.
Mais Toshiyuki, remettant sa lourde écharpe en place, s'avança néanmoins, très certainement aux côtés de Daisuke. Après tout, ça n'allait pas faire peur à deux grands gaillards comme eux, non ?
Daisuke Sato
Élève de 3ème année - Tokyo - Classe Semi 1
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Daisuke Sato
Jeu 11 Jan 2024 - 13:40
Ouch. "Je vais me faire engueuler" songea Daisuke qui vit la chauve souris géante percuter méchamment son aîné. L'Umino s'était fait avec aisance son propre fléau, tout ça pour recevoir en pleine face celui dont l'héritier des Sato devait s'occuper, ce qui semblait démontrer quelque peu leur différence de niveau. Malgré tout, Dai n'était pas réellement taillé pour affronter des ennemis volants. Son sort inné, c'était fait pour du pur corps à corps, et c'était sans doute l'une des premières fois qu'il se mangeait une créature avec des ailes, disposant ainsi d'une liberté de mouvement accrue. Pas le plus fou pour son match up. Mais loin de ne pas se remettre en question, le jeune homme se maudissait intérieurement pour ne pas avoir terminé la créature de lui même, causant quelques soucis à son camarade. Néanmoins, malgré la surprise, Toshi semble vite se reprendre, et avec un cri strident, la créature tomba vers le sol. Une occasion que l'exorciste à la faux ne rata pas : d'un bond, faux tenue fermement des deux mains, il mit toute sa force dans le déplacement de cette dernière. Avec la force de la chute du fléau et des bras de Dai, la lame rentra dans le ventre de la bête comme dans du beurre. L'élan de la faux emporta le fléau dans un mouvement circulaire, et le jeune exorciste se retrouva bientôt un pied sur son crâne, y prenant appui pour retirer son arme fétiche d'une bête inanimée.
Un bon fléau est un fléau mort. Cela dit, la cause de tout cela ne l'était pas encore.
"Désolé d'avoir été si lent à la détente, l'ami. Je me suis laissé prendre de court."
Il se frotta le front de sueur, l'adrénaline retombant, et son corps comprenant peut-être enfin à quel point il s'était fait trimballé dans tout les sens autour de la vaste cour. On aurait dit une fin de journée à retourner la terre, comme il en avait l'habitude au monastère. Mais malgré le fait qu'il avait bien travaillé, c'était pour autant loin d'être fini. Il avait parlé après avoir regardé l'Umino se faire un bandage de fortune, mais il ne s'apitoya pas sur le sort de son camarade : en sentant l'énergie occulte à l'intérieur du temple s'éveiller ou augmenter, il tourna la tête juste avant que la porte ne s'ouvre avec fracas. Petit blanc juste avant que son compère ne se mette à rompre le silence.
"Ouais, forcément que c'est un piège. M'en fiche. Il a grillé ses chances de me faire flipper en envoyant des Nosferapti géants pour me ralentir."
Il s'avança donc et rentra dans le temple. Bizarrement, personne pour le refermer une fois les deux exorcistes rentrés. Un large sourire s'étira sur ses lèvres alors qu'il utilisait son pied pour refermer lentement son côté de la porte, attendant de l'Umino qu'il fasse la même chose, sans pour autant dire un mot. S'enfermer soit même dans la gueule du loup semblait de prime abord être une idée farfelue si ce n'est suicidaire, mais il n'était pas fou et avait bien senti plusieurs menaces dans ce temple. Aucune ne devait en sortir, aucun fléau ne passera par là tant qu'il serait là pour bloquer le passage. Malgré tout, la présence avait beau être forte, ils n'étaient pas au centre de la pièce. En revanche, il y avait ici pas mal à explorer. Les murmures et les bruits inquiétants parvenaient bien aux oreilles de l'exorciste, qui n'eût pas le moindre frisson : il était préparé a ce qu'il y ait des fléaux à l'intérieur, et le son de plus en plus proche ne faisait que confirmer qu'il était sur la bonne voie.
En face, une cloison coulissante traditionnelle venait de se refermer à la va vite, sans qu'ils aient pu voir le fléau l'ayant poussée, et à droite comme à gauche, on retrouvait le même type de portes. Les créatures gangrénant l'endroit étaient bien sûr derrière chacune d'elles, tentant avec ce qui se rapprochait le plus d'un esprit de créer un piège adéquat qui se repérait maintenant a des kilomètres à la ronde, mais un piège qui pouvait fonctionner sur des civils lambda. Il s'agissait maintenant d'éliminer tout ce beau monde. Dai s'avança donc, pour aller vers la porte qui venait de se clôturer, se disant que Toshi pouvait couvrir l'arrière, juste avant de s'arrêter net. Il leva sa faux le plus haut possible, sentant un poids tomber sur son arme de prédilection.
Le fléau qu'ils cherchaient était là, sur son arme : une masse gluante, dont les crocs pointus mastiquaient la lame de l'exorciste, et dont les pattes tentaient de s'emparer du manche. Il s'était caché sur le plafond, et même s'il avait levé la tête, les ténèbres et l'ombre qui planait sur le toit l'aurait empêché de le voir. Le bruit ignoble sortant de ce qui lui servait de bouche sembla faire remuer les autres fléaux des pièces voisines. Tenant fermement le bout du manche, Daisuke tourna sur lui même et envoya sa faux valdinguer sur la porte face à lui, le fléau accroché sur son arme par la même occasion. La toile de la porte céda. Les autres portes coulissèrent, laissant apparaître des mutants tous plus immondes les uns que les autres : du fléau loup à plusieurs yeux sur le crâne à l'araignée aux bras humains, le duo semblait cerné. Des fléaux pas plus forts que les chauves souris géantes de l'extérieur, cela dit, mais des fléaux qui pourrait permettre au plus dangereux, le symbiote gluant, d'obtenir l'ouverture qu'il recherchait pour mettre fin à la vie des deux exorcistes.
"Oh, ça va être chiant."
Le fléau gluant disparut dans la pièce gluante, se traînant pour monter sur un mur hors de sa vision. Pendant ce temps, le genre de chien aux multiples yeux bondit sur Dai, qui eut le réflexe de s'écarter sur le côté et, dans le même temps, de décocher un coup de pied sur le crâne de son ennemi, qui termina sa course dans la porte principale que Dai avait fermé. Un bond, deux pied en avant, et le fléau chien vit la plupart de ses yeux se faire péter. Il poussa un cri strident avant de s'affaler sur le sol.
"Essaye d'atteindre le gros morceau qui vient de se barrer avec ma faux, mon frère, je couvre tes arrières avec les fléaux qui vienne des portes de droite et de gauche." lâcha t-il en prenant à deux mains le crâne d'un fléau qui avait foncé tête la première sur l'Umino.
Quand l'élève de troisième année s'excusa pour avoir laissé s'échapper son fléau, Toshiyuki leva simplement la main pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Pour le coup, ce n'était pas de sa faute si son adversaire était une créature lâche qui préféra s'attaquer à quelqu'un d'autre par surprise de faire un bon gros 1v1 ouga bouga. Oui, c'est le terme. Et même s'il s'était blessé, le bras touché par les crocs d'énergie occulte du fléau fainéant, la douleur était clairement insignifiante. Et on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, donc bon, c'était comme ça et c'était tout. Tant qu'ils ne se fracassaient pas le dents sur une créature bien trop forte pour eux, tout irait bien. Ils ne formaient pas un mauvais duo.
Ce qui était déjà plus énervant, c'était ce piège tendu, comme une invitation vers la mort. Un tapis rouge de souffrance et de défaites semblait presque s'être déroulé devant leurs yeux ébahis, alors qu'ils se remettaient péniblement d'un premier affrontement. La troupe de fléaux mineurs, qui observaient chacun dans leurs coins comme s'ils attendaient un signal d'un plus gros poisson, rajoutait à l'ambiance pesante et à cette impression de s'être faufilé dans le QG d'un méchant de James Bond, ou comme nous sommes au japon, dans la base d'opération d'un grand méchant Yakuza au corps aussi tagué qu'un mur de banlieue.
« De toute manière c'est pas comme si on avait vraiment le choix, on va pas rentrer la queue entre les jambes à cause d'une vieille maison hantée de fête foraine. »
Autant prendre un peu le tout à la rigolade. En même temps, pour des gens normaux, non habitués à cette étrangeté qu'était le monde occulte, cette scène serait sûrement suffisante pour leurs faire gagner quelques cheveux blancs. Mais déjà, Toshiyuki avait déjà toute la tignasse colorée neige, mais surtout à force de faire face à tout ça, cela devenait une routine. C'était limite plus effrayant d'arriver en retard à la cantine de l'école de Tokyo et de n'avoir plus aucun dessert que de faire face à un temple où siégeait un fléau prêt à les dévorer. Limite.
En parlant de maison hanté, voilà que le duo s'enfonça finalement dans l'immense bâtisse qui transpirait pourtant d'ondes négatives, d'énergie occulte, et d'un destin pas forcément des plus reluisant. La première surprise fut très certainement que les portes ne se fermèrent pas d'elle-même dans un grand claquement, à en étonner les deux âmes qui venaient de pénétrer dans la gueule du loup. Et pour le coup Toshiyuki fut visiblement déçu, levant les épaules dans une mine mélangeant déception et étonnement avant de fermer à son tour sa porte, non sans la claquer violemment comme pour exprimer un peu la chose.
« Niveau mise en scène on repassera, quand même. »
Mais ils se rattrapèrent très vite. Une grande partie du temple était formé de multiples pièces aux barrières traditionnelles, des panneaux de papiers aux motifs divers et variés, néanmoins effacés par le temps et l'usure. Ces dernières étaient coulissantes, servant à séparer les différentes pièces avec aisance, et se refermèrent à tour de rôle dans des bruits de grincements qui n'étaient pas forcément les plus agréables à écouter. Comme pour occuper leurs esprits et les faire se détourner de quelque chose de plus important. Toshiyuki n'avait nullement besoin d'user de son territoire simple pour repérer que de nombreuses entités occultes occupaient les pièces du temples, cachées dans les coins et dans les ombres, prêtes à sauter sur le duo de fortune au moindre instant, à la moindre occasion où ils perdraient un minimum d'attention.
Et cette perte d'attention fut au moment de la découverte du grand manitou de cette mascarade : l'immense fléau pas forcément des plus agréables à regarder, comme un ramassis de chaires et de muscles, qui s'accrocha et tenta de faire de son repas du soir la faux du faucheur. Daisuke projeta alors la faux contre un des cadrans, avant qu'elle ne soit volée par la créature qui s'échappa alors avec l'objet maudit. Ah. Yes.
Surtout que cet assaut, et les bruits gutturaux qui s'échappèrent de ce qu'on pourrait appeler d'une gorge, rappelant le bruit ignoble d'un raclement sur les parois d'une vieille grotte, servi de cri de ralliement aux fléaux présents, qui arrivèrent ainsi en masse, comme pour offrir une meilleure porte de sortie au grand boss qui s'était littéralement barrer en volant en plus quelque chose au passage. Daisuke invita le Umino à partir directement à la recherche de la cible principale, alors qu'il s'occuperait de son côté de retenir la masse de fléaux qui tentèrent et bien... d'attenter à leurs vies. Répétitions.
« Okay, pas de soucis, Brother. »
Lança-t-il, tout en levant le pousse, avec un accent anglais absolument abusé sur le "brother", montrant clairement que son niveau de pratique de la langue de Shakespeare était relativement bas. Voir totalement nul. Ni une, ni deux, Toshiyuki se projette en avant, fracassant l'air de son emptyness pour s'ouvrir un chemin entre les fléaux et pénétrer à l'intérieur de la pièce.
Et c'est là que les choses devinrent plus compliquées : alors qu'ils devaient être dans un temple tout ce qu'il y a de plus normal, en une fraction de secondes, sans même le comprendre, l'endroit était devenu étrange. Bien plus grand, bien plus large, et composé de nombreuses pièces reliées par ces paravents, de multiples pièces carrés, aux murs coulissants. A chaque fois qu'une des portes de papier coulissait, des fléaux en sortaient, s'attaquant à Toshiyuki puis à Dai, qui s'occupait de la défense. Merde. Ils avaient malheureusement oubliés que les fléaux pouvaient agir sur l'espace, modelant les zones dans lesquelles ils habitaient longtemps à l'image de leurs domaines intérieurs. Et c'était du coup un peu... la merde.
Ni une, ni deux, l'hôte du ver des abysses se mit en position, abaissant son corps en prenant une profonde respiration. Son territoire s'éveilla alors, de quelques mètres de rayons, pour tenter de repérer la créature à la faux. Rien. Grommelant d'énervement, il ouvrit alors brusquement une des barrières, s'engouffrant à l'intérieur pour arriver dans une autre pièce carré, bien plus éloignée. Oui, ce serait trop simple s'il n'y avait pas de la téléportation en plus que ça.
« Non mais ça va hein, merde. »
Finalement, plutôt que de chercher le fléau, c'est l'arme de Daï qu'il tenta de sentir. Et ce fut déjà plus simple, s'étant plus habitué à la signature particulière de l'énergie occulte de son partenaire qu'à la présence même du fléau. S'enfonçant dans une nouvelle porte, arrivant encore à un autre endroit, il vit alors la créature tentant d'avaler la faux par sa lame, qui fut visiblement surprise de l'arrivée de l'hôte du fléau dévoreur. Un sourire aux lèvres, l'homme fonça en direction de la créature, attrapant subitement l'arme pour la retirer de la bouche béante de la créature. Au moins, ça, c'était fait.
Mais malheureusement, la créature s'échappa de nouveau. Saloperie.
Prenant une profonde respiration, Toshiyuki revint ensuite en arrière, balançant subitement la faux qui s'échappa d'une des portes pour rejoindre son détendeur original et lui permettre de se battre de manière plus efficace, avant d'être rejoint par l'exorciste.
« Bon, l'autre se planque. Il doit sûrement utiliser les fléaux plus faibles pour nous fatiguer et ensuite nous finir. Belle petite saloperie. J'te propose qu'on se sépare, si on tombe dessus on le fait savoir à l'autre, et on essai de le ramener dans une pièce commune pour le finir. »
Plus facile à dire qu'à faire. Il fallait le trouver, réussir à faire comprendre à l'autre que c'était bon et ensuite lui faire parcourir son propre dédale jusqu'à une pièce où ils se retrouveraient pour ensuite l'attaquer en lui barrant le chemin.
Mais c'était faisable.
Daisuke Sato
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Daisuke Sato
Dim 28 Jan 2024 - 23:33
Un large sourire s'afficha sur le visage du jeune exorciste alors que son aîné le qualifia d'un surnom fraternel. Une haute distinction alors qu'ils ne se connaissaient réellement que depuis quelques minutes maintenant, mais qui revigora complètement l'énergie de l'héritier des Sato : son camarade lui faisait confiance, et ce malgré le fait qu'il n'ait pas pu s'occuper de la chauve souris géante tout seul tout à l'heure. De ce fait, il ne pouvait pas le décevoir. Il se mit donc à le suivre aveuglément, sans se soucier de son plan, de comprendre s'il faisait erreur, d'essayer de prendre le fléau le plus important du temple à revers : il avait annoncé vouloir couvrir les arrières de son ami, il allait devoir s'y tenir.
Et il s'y tenait avec une motivation insoupçonnée : énergie occulte concentrée dans ses poings et ses pieds, il donnait toute la puissance qu'il pouvait aux coups qu'ils mettait. Pas question de faire travailler Noble Truth, il s'agissait ici de finir en un temps record les différents ennemis qui venaient à sa rencontre. Et pour cause, ils étaient en soi assez faibles. En même temps, c'est la première chose que l'on apprend à l'école d'exorcisme : plus les petits fléaux attaquent en groupe, plus ils sont faibles individuellement. Ceux-ci n'échappaient pas à la règle : s'ils parvenaient à attraper Dai, ils n'auraient qu'à le plaquer au sol pour n'en faire qu'une bouchée, mais en contrepartie, ils n'étaient pas du tout résistants, ne faisaient pas spécialement mal même s'ils parvenaient à le toucher sans l'immobiliser.
Le jeune exorciste devait donc compter sur des qualités bien connues pour quelqu'un qui avait travaillé son corps au monastère : agilité, finesse, précision et vitesse. Et c'est exactement ce dont il s'appliquait à faire preuve. Utilisant son environnement - c'est à dire un plafond, un sol, des murs et des fléaux - pour se propulser d'appuis en appuis, il tentait d'éliminer en un ou deux coups ceux qui essayaient de le blesser, lui ou son collègue qui cherchait désespérément la cible principale. Dai devina néanmoins assez rapidement que tout l'espace les entourant était concerné. Même s'il était en plein dans l'action, il finit par se rendre compte que tout était anormalement grand comparé à ce que cela pouvait donner vu de l'extérieur. Peut-être même y avait-il plus de pièces que d'habitude. Un fléau qui étend des bâtiments à l'infini, c'était possible ?
Pas le temps de se poser de questions, néanmoins. Un coup de pied au ventre d'une araignée dont les pattes étaient des bras humains la propulsa sur d'autres fléaux qui l'entouraient et dont la force du coup les envoyèrent valser sur quelques mètres. Il semblait à Dai qu'il en venait de tout les côtés maintenant, et qu'ils étaient tous aussi nombreux les uns que les autres. Coup de poing qui s'écrase sur un loup doté de plusieurs yeux, similaire au premier qu'il avait exorcisé à la porte d'entrée. Deux pieds sur le crâne d'une créature lovecraftienne tout droit sortie de la ville côtière d'Innsmouth, pour s'en servir à la réception et foncer tête en avant sur un loup bipède à l'oeil sur le ventre, et profitant du ralentissement opéré grâce à l'impact, se hissant sur les épaules de ce dernier pour repartir de plus belle ailleurs. Les zigzag qu'il opérait dans le dos de l'Umino étaient effectués à pleine vitesse, et à ce qu'il pouvait faire de mieux dans sa rapidité pour laisser à Toshi le temps de s'occuper de leur objectif.
Malheureusement, ce n'était pas pour rien qu'il combattait avec une faux : c'était un maître d'arme, et un maître d'arme sans son arme, c'était tout de même assez cocasse. Aussi puissant Dai était il, il avait une certaine difficulté à s'occuper des fléaux dans le temps imparti. Oh, il pouvait se les faire sans la faux, sans doute, mais avec une condition supplémentaire - le fait de ne pas toucher Toshi, qui comptait sur lui pour les ralentir au moins - ce n'était pas de la tarte. Néanmoins, au bout d'un certain temps à suer, Dai entendit un son qu'il connaissait bien : une large lame qui fendait l'air. Il tourna la tête et attrapa instinctivement, par la manche, son arme de prédilection. Un sourire carnassier barra son visage alors qu'il la fit tournoyer tout autour de lui. On aurait alors dit que la faux dansait, s'élevant avec grâce alors que Dai semblait à peine la toucher, comme si elle était mue par un esprit classieux. Une démonstration de force en l'honneur de ses retrouvailles avec sa tendre faux. Avec celle-ci, plus grand mal à se débarrasser des fléaux "insignifiants" qui le pourchassaient.
Le remerciement qu'il adressa à Toshi se traduisit par un large sourire habituel et un geste de la main dans laquelle il tenait la faux pour exprimer son contentement.
"Bien. Faisons comme ça, mon frère."
Faut pas donner la main à Dai si vous voulez pas qu'il vous chope le bras.
Fort de sa précédente action, il fléchit des jambes, et s'élança dans une direction au pif, déglinguant totalement une porte coulissante au passage. Croisant tout de même des fléaux faibles sur sa route, il se contenta de faire tournoyer sa faux d'un côté, en maîtrisant la rotation pour que la lame touche l'ennemi se précipitant à sa rencontre. Ainsi, telle une extension de son propre corps, la faux ne ratait jamais sa cible. Cela dit, il est assez facile de s'en vanter lorsqu'on a à faire avec des fléaux de classe basse. Au bout d'une dizaine de salles - Dai n'avait pas réellement compté, occupé à utiliser ses yeux et ses sens pour trouver le poids lourd - ce que le jeune exorciste appelait désormais la limace en référence au liquide visqueux qui marquait son passage - et que Dai avait jugé pertinent de suivre arrivé à la cinquième.
Un bond, un coup de lame sur le mur ... Et le fléau s'échappa. Pas bien loin, néanmoins, juste derrière lui. Mais Dai fut assez rapide pour pointer de sa faux son ennemi. Ce dernier tenta bien de le contourner, mais Dai le suivait de son arme pour lui empêcher tout type d'attaque surprise et se prémunir d'une attaque dans un angle mort.
Il tenta d'alerter Toshi en sifflant, et en poussant dans le même temps sa faux pour faire reculer la limace. Il répéta l'opération quelques fois, attendant que ce dernier n'arrive. Mais il se doutait également que tout les fléaux allaient se rameuter également, et surtout, que le fléau principal allait perdre patience ...
Ce fléau n'était clairement pas le plus simple à appréhender. Toshiyuki avait plus l'habitude d'affronter des créatures occultes confiantes en leurs capacités de destruction, et qui préféraient ainsi s'attaquer directement aux exorcistes tentant de les faire disparaître que de jouer sur le nombre et sur des petites techniques sournoises pour s'en sortir. Pourtant, ce fléau n'avait pas l'air d'être mauvais, bien au contraire. Les coups portés par lui-même et son partenaire de combat du jour n'étaient pas à prendre à la légère, et pourtant il gambadait encore aisément dans son domaine intérieur, qui altérait l'espace autour de lui, autre preuve que l'énergie occulte le faisant mouvoir était de premier choix.
Le plan était donc simple : s'enfoncer chacun dans une des portes pour s'infiltrer dans cet immense dédale de salles, trouver le petit enfoiré qui se planquait, le rapprocher, le buter. Et à deux c'était déjà plus jouable, vu qu'ils pouvaient ainsi gérer les déplacements du fléau de manière à le bloquer à deux dans une des salles. Après tout, c'était bien là le "point faible" de l'endroit : chaque pièce dans lesquels ils étaient téléportées étaient relativement petites, carrés, comme des box séparés par ces espèces de panneaux de bois coulissants qui menaient à d'autres pièces, dans une danse infinie où ils n'arrivaient pas à trouver de sortie.
C'est d'ailleurs Daisuke qui s'élança en premier, n'attendant pas plus d'explications ou de propositions pour exploser l'un des paravents, qui d'ailleurs se recomposa naturellement derrière lui pour l'enfermer. Toshiyuki ne pût que rire légèrement.
« Quel bourrin. »
Pour le coup, il était clair que l'héritier des Sato était prêt à rentrer dans le tas sans vraiment s'attendre à plus d'explications que ça. Étirant un sourire, c'était désormais au vilain petit canard des Umino de montrer ce dont il savait faire. Grommelant dans sa barbe, il s'étira doucement, non sans que plusieurs fléaux mineurs ne viennent doucement s'approcher de lui, s'apprêtant à lui sauter dessus... avant qu'il ne fonce lui-même en avant, laissant les créatures sur le carreaux. D'une main il usa de l'emptyness pour dévorer une porte et s'enfoncer dans la pièce, sans faire attention au fait qu'elle se reconstruisait derrière lui.
S'arrêtant à l'intérieur, il éleva alors son territoire simple pour chercher la présence du fléau. Une manière bien plus rapide que de simplement regarder, surtout si la créature était du genre à se planquer. Rien. Merde. Bon, ce n'était pas la bonne pioche, mais ce n'était pas une raison pour paniquer. Il n'était pas seul dans la panade et avec un allié comme Daisuke tout devrait bien se passer. Soupirant alors que des fléaux tentaient de s'approcher de nouveau, Toshiyuki s'enfonça dans une nouvelle pièce. Il n'apportait que peu d'attentions à la bleusailles, les créatures occultes inférieures n'étant là que pour lui infliger quelques rares blessures, ou bien pour le ralentir. Ils n'en valaient pas la peine. Pas la peine de gaspiller l'énergie qui animait ses membres.
Une nouvelle pièce, un nouveau territoire simple, un nouvel échec. Putain. Il enchaîna rapidement les pièces, sans même comprendre où il était, perturbé par chaque changement. L'hôte du ver des abysses ne savait pas où il se trouvait, mais pourtant il sentait sa masse se déplacer largement d'un endroit à l'autre, sans réellement comprendre. Mais il n'allait clairement pas dans les pièces adjacentes. Malheureusement, il n'était pas au courant que Daisuke avait trouvé la créature de son propre côté !... Jusqu'à attendre son sifflement. Bon, il aurait pu gueuler ce serait quand même plus clair mais c'est déjà ça.
« Tu m'enteeeends ? »
Compliqué de savoir si sa voix allait passer, mais Toshiyuki décida de foncer de pièces en pièces. Si le fléau était avec Daisuke, pas besoin de faire des territoires simples en boucle, il devait simplement trouver la pièce où se trouvait le faucheur. Courant, détruisant des portes, il enchaîna alors les salles, avant de tomber finalement dans celle où se trouvait son partenaire. Tiens tiens tiens. Le sourire aux lèvres, l'héritier des Umino vint doucement faire craquer ses mains l'une contre l'autre tout en s'étirant de nouveau, tendant ses bras pour les faire légèrement tournoyer dans un bruit léger de craquements d'os.
« Ne t'inquiètes pas ça va bien s'passer. »
Souffla-t-il au fléau qui se savait au pied du mur, alors que les portes s'ouvraient pour laisser rentrer de nombreux fléaux mineurs. Merde. Ils allaient devoir bien gérer la suite, au risque qu'il ne profite de ce raz-de-marée de brics et de brocs et de bras cassés pour s'enfuir.
Daisuke Sato
Élève de 3ème année - Tokyo - Classe Semi 1
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Date d'inscription : 28/10/2023
Compétences Hors-Exorcisme: Corps à corps - 700 Sort inné: Noble Truth - 700 Sorts Occultes: 1700
Daisuke Sato
Mar 13 Fév 2024 - 15:59
Pendant toute l'escapade de Toshiyuki dans le temple - qui, il fallait le dire, semblait sans fin visiblement à cause d'un sort de la créature étirant l'espace - Dai ne se doutait nullement qu'il galérait à chercher le fléau malgré au contraire la facilité de ce dernier à le trouver. L'un mettait tout son arsenal occulte à disposition pour trouver son chemin, l'autre avait bondit au pif pendant dix minutes. Comme quoi, le hasard ne récompense pas toujours les plus méritants.
Ou peut-être que ce n'était pas tant une récompense que ça. Le temps que le mouton noir des Umino cherchait sa route de manière plus ou moins bruyante, rameutant avec lui quelques uns des fléaux mineurs qui hantaient ces lieux, la limace ne cessait de vouloir se barrer ailleurs, mais en étant empêchée par la lame fétiche du Sato, le voilà qui se mettait à sautiller sur place, se décidant sûrement intérieurement de la marche à suivre alors qu'il était totalement bloqué, le rendant indécis sur l'action à effectuer pour se sortir d'un tel pétrin.
Dai ne voulait pas exciter encore plus le truc gluant en hurlant sa position au vilain petit canard des Umino, mais visiblement le fléau n'avait pas réellement besoin de cela pour s'énerver encore plus. Acculé, craignant sans aucun doute le fait d'être exorcisé une fois le deuxième manieur d'énergie occultes aux cheveux blancs entré dans la pièce, le temps devait être insoutenable pour le fléau, chaque minute le rapprochant de plus en plus de sa fin.
Mais l'Umino se mit à crier pour retrouver Daisuke, sans comprendre probablement pourquoi ce dernier s'était interdit lui même de gueuler de la sorte. Finalement, le jeune exorciste aperçut son aîné qui, non content d'avoir enfin retrouvé la piste de leur cible, se permit le luxe de s'étirer avant de passer aux choses sérieuses. Malheureusement, certaines portes volèrent en éclat, et de nouveaux fléaux mineurs firent leur apparition. Le fléau le plus important que Dai "tenait en joue" se figea quelques secondes, mais nul doute qu'il s'apprêtait à retourner faire le tour du propriétaire dans une nouvelle tentative de fuite.
Daisuke ne lui en laissa pas le temps.
Il ne leva pas sa faux, d'une peur sans aucun doute justifiée de laisser le temps à la créature gluante de partir. Il ne lui faudrait pas plus que ce petit laps de temps pour réaliser qu'elle était terriblement en danger, et elle aurait ainsi eu deux options : bond en arrière vers ses alliés, bond en avant sans doute plus fâcheux pour l'exorciste. Plutôt que de lui laisser une telle opportunité, il enfonça d'un coup rapide sa faux dans ce qui semblait être la bouche du monstre, pressant l'arme pour écraser ce qu'il y avait au fond plutôt que de le transpercer. De son côté, piégée, la créature utilisa ses genres de tentacules pour attraper le bâton de la faux et s'en éloigner, la rejeter, mais la poigne de Dai était solidement fixée à l'arme. Ce fléau ne s'échapperait pas tant que l'utilisateur de Noble Truth se trouverait à côté.
Il doutait de venir à bout du fléau de cette manière : après tout, il n'avait pas les techniques adéquates pour l'exterminer totalement. Malgré tout, il devait tenir, le temps que Toshiyuki n'utilise ses propres sorts pour annihiler complètement la créature. Bien sûr, de nouveaux fléaux mineurs se mirent à lui foncer dessus pour aider leur "supérieur". Dai les repoussa, pour la plupart, soit en faisant des esquives, des acrobaties, des pirouettes, plaçant quelques coups à certains un peu trop enthousiastes pour oser l'approcher bien près, mais jamais sa main ne quitta le bâton pour forcer sur la pression exercée par la faux sur le fond de la bouche de la créature, qui ne semblait pas pour autant lâcher l'affaire.
Heureusement, lui qui commençait à avoir besoin d'un peu d'aide et d'un peu d'énergie avec lui, il n'était pas seul dans la pièce.
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Dim 17 Sep 2023 - 16:21
